• Alain Gresh diagnostique la fin du rôle historique de la France au Moyen-Orient -
    Le compte-rendu de Lina KENNOUCHE - L’Orient-Le Jour
    http://www.lorientlejour.com/article/958545/alain-gresh-diagnostique-la-fin-du-role-historique-de-la-france-au-mo

    Lors d’une conférence-débat qui s’est tenue hier au Centre consultatif pour les études et la documentation, think tank du Hezbollah, dans la banlieue sud de Beyrouth, le politologue français Alain Gresh, spécialiste du Moyen-Orient et actuel rédacteur en chef d’Orient XXI, analyse les implications des attentats de Paris sur la diplomatie française au Moyen-Orient.
    Alain Gresh part du « constat » de la fin, depuis une décennie, d’une politique régionale autonome de la France. Cette crise de la diplomatie française au Moyen-Orient s’inscrit dans un contexte international marqué par « le recul de la puissance américaine », l’affirmation de nouveaux acteurs mais l’absence de leadership qu’illustre la difficulté à enrayer les nouvelles menaces.

    Alain Gresh estime qu’après 2004, la France a rompu la tradition diplomatique de la « neutralité » impulsée par le général de Gaulle, qui lui conférait son rôle de médiateur dans les conflits régionaux. Selon lui, la diplomatie française se caractérise depuis par la remise en cause du principe de non-ingérence, une attitude de « suivisme aveugle » à l’égard des États-Unis, et de « rapprochement inconditionnel » avec Israël. Pour Alain Gresh, cette « involution » s’explique par l’accession au pouvoir d’une nouvelle élite dirigeante dans un contexte où la gouvernance tend à remplacer la politique et où la diplomatie est soumise à l’impératif économique, sur fond de crise politique économique et culturelle. L’exemple du conflit israélo-palestinien traduit cette nouvelle donne. Le principe de la sacralité de la sécurité d’Israël a, selon lui, remplacé dans les déclarations françaises la revendication légitime des Palestiniens à disposer de leur propre État.
    Par ailleurs, les « erreurs d’évaluation stratégique » de la France en Syrie, Paris ayant dès le départ apporté son soutien aux groupes d’opposition armés pariant sur l’effondrement du régime, puis appelé à une intervention de l’Otan en septembre 2013, pour finalement s’engager dans le combat contre l’État islamique (EI) en septembre 2015. Tout cela illustre, pour Alain Gresh, « l’absence de vision politique cohérente » qui s’insérerait dans une stratégie française au Moyen-Orient. Comme le soutient l’analyste, en s’engageant sur différents théâtres au Moyen-Orient, la France « n’a pas mesuré les retombées de ses actions sur le plan de sa sécurité intérieure ».

    Islamophobie en hausse
    Sur le plan interne, Alain Gresh note que les attentats de Paris ont renforcé le climat délétère de rejet de l’islam auprès d’une partie importante de l’opinion. Cette islamophobie est alimentée par un discours de défense d’une conception dénaturée de la laïcité et son instrumentalisation. Alors que comme le souligne l’intervenant, la laïcité historiquement garantit à tout citoyen le libre exercice de sa religion, y compris dans l’espace public, une relecture de la laïcité a permis, selon lui, de justifier une nouvelle forme de racisme au nom de la moralité républicaine et de ses valeurs. L’absence d’examen critique d’un discours et d’une pratique politique de marginalisation et d’exclusion d’une composante de la population explique l’érosion des valeurs humanistes et le malaise qui constitue un terreau favorable à la radicalisation. Depuis les attaques de Charlie Hebdo jusqu’aux attentats de Paris, de nombreuses voix critiques se sont élevées réclamant un changement d’attitude de la France au Moyen-Orient.

    Or le politologue constate « la même absence de réflexion » sur les causes de la crise des valeurs politiques et la prégnance du discours de la lutte contre le terrorisme alors que 15 ans de guerre contre le terrorisme, loin d’éradiquer le phénomène, l’ont au contraire renforcé. Pour l’analyste, l’engagement de la France contre le « terrorisme » de l’EI non seulement ne transformera pas le rapport de forces sur le terrain en Syrie, mais ne lui offrira aucun rôle diplomatique majeur et constructif en Syrie. « Suivisme, ingérences, improvisations, incohérences », autant de symptômes qui semblent marquer la fin du rôle historique de la France au Proche-Orient, soutient Alain Gresh.

  • « عرب سات » تضغط على لبنان لإقفال « الميادين » : : الصفحة الرئيسة | جريدة السفير
    http://assafir.com/Article/1/454871

    «عرب سات» تضغط على لبنان لإقفال «الميادين»

    Le Liban risque d’être "sanctionné" par Arabsat à travers le transfert du relais terrestre du Liban à La Jordanie. Il s’agit en réalité pour les Saoudiens de punir les Libanais qui hébergent Al-Mayadeen, une chaîne TV ouvertement anti-saoudienne.

    #eadlt #liban #médias

  • Bachar et les russes « bombardent » et « attaquent », nous « frappons » des « cibles », ce qui est « justifié par la légitime défense »…

    Comme à chaque fois que les autorités lancent une nouvelle guerre, nos journaux se mettent à retranscrire servilement des communiqués de presse écrits dans l’admirable novlangue des bidasses. À ce titre, l’annonce dans le Monde des premiers bombardements français en Syrie est un chef-d’œuvre : l’euphémisation de la violence militaire par le France est totale, les termes pour désigner notre action sont « frappes », « frapper », « frapperont » (jusqu’à la parodie), « interviendront », « déployés », « opérations aériennes ». Pas de bombardements, pas de bombes, pas de morts de tués ni même de « dommages collatéraux », juste des « cibles » « visées »… et tout cela « justifié par la légitime défense »

    La répétition systématique des euphémismes devient carrément comique :
    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/09/27/la-france-a-mene-ses-premieres-frappes-en-syrie_4773677_3218.html

    La France a mené ses premières frappes en Syrie

    L’Elysée a annoncé dimanche avoir mené de premières frappes aériennes en Syrie contre l’Etat islamique, en coordination avec la coalition internationale.

    L’armée française a mené de premières frappes en Syrie. […]

    Selon nos informations, des frappes auraient eu lieu jeudi 24 septembre – ce que démentent formellement les autorités. Les cibles concernées se situaient notamment à Rakka, la ville du centre du pays qui est considérée comme le fief de l’organisation Etat islamique. […]

    Le président François Hollande avait annoncé le 7 septembre qu’après de premiers vols de reconnaissance en Syrie menés dès le lendemain, des frappes suivraient, justifiées par la légitime défense.

    […] L’armée frappera « tous ceux qui menacent la France », avait pour sa part indiqué le ministre Jean-Yves Le Drian dans un entretien au Monde le 18 septembre. Mais si l’armée de l’air française est intégrée au commandement américain pour frapper en Irak, Paris insiste pour dire que les opérations en Syrie sont menées en autonomie. « Nous sommes intégrés à la sécurisation du ciel syrien faite par les Américains, mais nous avons notre liberté d’appréciation, de nos cibles de renseignement et de nos actions », a précisé M. Le Drian au Monde.[…]

    Seront ainsi visés dans les semaines qui viennent les centres de commandement, les camps d’entraînement et la logistique de l’organisation terroriste, ce que les militaires nomment les « centres de gravité » de l’adversaire. Selon la défense, il ne s’agira pas d’une « campagne de frappes massive », mais de « coups ciblés ». […] Ces premières frappes pourraient avoir visé un QG duquel seraient commandités de nombreux attentats visant l’Europe et la France en particulier.

    […]

    A Paris, les sources de la défense avaient dans un premier temps laissé entendre que l’armée de l’air n’interviendrait que dans des zones dans lesquelles les avions syriens ne volaient plus […]

    Quelque 200 frappes françaises en Irak

    Quelque 800 militaires français sont déployés dans l’opération Chammal depuis 2014. En Irak, elle recouvre des opérations aériennes au sein de la coalition internationale dirigée par les forces américaines, mais aussi des missions de conseil de l’armée irakienne à Bagdad, et des missions d’assistance armée aux peshmergas kurdes. […] En Irak, la France a mené quelque 200 frappes, soit 5 % du total, depuis septembre 2014.

    Mais alors, personne ne tue personne ?

    Si, tout de même (ouf !) : « l’armée de Bachar », elle, « continue de bombarder », et les Russes sont associés à des « attaques au sol » et ne doivent pas « commettre » des « attaques » :

    En outre, la Russie a, ces derniers jours, renforcé ses moyens militaires en Syrie en soutien du régime, en y installant une trentaine de d’avions de reconnaissance et d’attaque au sol, des Sukhoi 24 et 30. […]

    Or, à Deir Ei-Zor comme à Rakka, l’armée de Bachar continue de bombarder l’EI.

    […] Les avions de chasse russes, mais aussi syriens, ne seront pas des cibles, à condition qu’ils ne commettent pas d’attaques contre les avions de la coalition anti-EI.

    La logique fréquente ici est que lorsque « la France » « frappe » « des cibles » à plus de 3000 kilomètres de ses frontières, c’est en état de « légitime défense » ; mais contre nous « l’armée de Bachar » serait en situation d’« attaque »…

    Cette absence totale de recul par rapport à la communication officielle est vraiment… frappante.

  • D’après les Israéliens, première participation directe des Russes aux combats, aux côtés du Hezbollah et des Syriens :

    Before dawn on Thursday, Sept. 24, Russian marines went into battle for the first time since their deployment to Syria, debkafile’s military and intelligence sources reveal. Russian Marine Brigade 810 fought with Syrian army and Hizballah special forces in an attack on ISIS forces at the Kweiris airbase, east of Aleppo.

    http://www.debka.com/article/24902/Russian-marines-join-Hizballah-in-first-Syrian-battle-%E2%80%93-a-danger-sign

  • Notes rapides pour un billet sur le câble de l’ambassade US en Syrie de décembre 2006, proposant des « actions possibles » pour la déstabilisation du régime de Bachar Assad :
    https://wikileaks.org/plusd/cables/06DAMASCUS5399_a.html

    Au Liban, ce que dévoilent les câbles de Wikileaks
    http://blog.mondediplo.net/2013-06-24-Au-Liban-ce-que-devoilent-les-cables-de-Wikileaks

    Ainsi M. Samir Geagea, dirigeant de l’extrême droite chrétienne, suggère-t-il (25 juillet 2006, 06BEIRUT2471) : « La clé pour démanteler le Hezbollah comme force militaire est d’en faire “un problème intérieur”, c’est-à-dire de faire comprendre au peuple libanais que le Hezbollah est la menace qui a causé tant de destruction au pays. La pression politique résultante, accompagnée de la dégradation continue de ses capacités infligée par l’armée israélienne, est le seul chemin vers le désarmement. » Pour M. Geir Perdersen, envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies au Liban (5 août 2006, 06BEIRUT2539), « Israël a besoin de trouver rapidement un moyen pour permettre à des “facteurs politiques” de gérer la menace du Hezbollah (…) Un tel facteur serait l’opinion publique libanaise ».

    WikiLeaks : Saad Hariri a demandé en 2006 le départ d’Al-Assad
    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/04/15/wikileaks-saad-hariri-a-demande-en-2006-le-depart-d-al-assad_1508069_3218.ht

    Selon un câble diplomatique de l’ambassade américaine au Liban daté du 24 août 2006, soit dix jours après la fin de la guerre dévastatrice entre le mouvement chiite libanais Hezbollah et Israël, M. Hariri a exhorté la communauté internationale à isoler le président Assad. M. Hariri a également mis en garde les responsables américains contre des troubles au Liban si la communauté internationale ne parvenait pas à isoler M. Assad avec des sanctions.

    A la question de savoir qui pourrait combler le vide en cas de chute du régime de M. Assad, M. Hariri a proposé une alliance entre les Frères musulmans, interdits en Syrie, et d’anciens responsables syriens en exil comme l’ancien vice-président Abdel Halim Khaddam et un ex-chef d’état-major, Hikmat Chehabi, toujours selon les documents.

    The Redirection (mars 2007) : rencontre de Hersh avec Nasrallah datée de décembre 2006
    http://www.newyorker.com/magazine/2007/03/05/the-redirection

    Nasrallah accused the Bush Administration of working with Israel to deliberately instigate fitna, an Arabic word that is used to mean “insurrection and fragmentation within Islam.” “In my opinion, there is a huge campaign through the media throughout the world to put each side up against the other,” he said. “I believe that all this is being run by American and Israeli intelligence.” (He did not provide any specific evidence for this.) He said that the U.S. war in Iraq had increased sectarian tensions, but argued that Hezbollah had tried to prevent them from spreading into Lebanon. (Sunni-Shiite confrontations increased, along with violence, in the weeks after we talked.)

    Nasrallah said he believed that President Bush’s goal was “the drawing of a new map for the region. They want the partition of Iraq. Iraq is not on the edge of a civil war—there is a civil war. There is ethnic and sectarian cleansing. The daily killing and displacement which is taking place in Iraq aims at achieving three Iraqi parts, which will be sectarian and ethnically pure as a prelude to the partition of Iraq. Within one or two years at the most, there will be total Sunni areas, total Shiite areas, and total Kurdish areas. Even in Baghdad, there is a fear that it might be divided into two areas, one Sunni and one Shiite.”

    He went on, “I can say that President Bush is lying when he says he does not want Iraq to be partitioned. All the facts occurring now on the ground make you swear he is dragging Iraq to partition. And a day will come when he will say, ‘I cannot do anything, since the Iraqis want the partition of their country and I honor the wishes of the people of Iraq.’ ”

    Nasrallah said he believed that America also wanted to bring about the partition of Lebanon and of Syria. In Syria, he said, the result would be to push the country “into chaos and internal battles like in Iraq.” In Lebanon, “There will be a Sunni state, an Alawi state, a Christian state, and a Druze state.”

  • Chiffres formidables, une fois de plus, sur le nombre de morts en Syrie, cette fois sous l’angle : le régime syrien est responsable de 80% des morts en Syrie, et tue essentiellement des civils.

    C’est sorti il y a 3 jours dans le Washington Post : Islamic State has killed many Syrians, but Assad’s forces have killed more
    https://www.washingtonpost.com/world/islamic-state-has-killed-many-syrians-but-assads-forces-have-killed-even-more/2015/09/05/b8150d0c-4d85-11e5-80c2-106ea7fb80d4_story.html

    Between January and July, Assad’s military and pro-government militias killed 7,894 people, while the Islamic State killed 1,131

    et c’est repris dans le Monde aujourd’hui : En Syrie, qui de l’EI ou du régime de Bachar Al-Assad a fait le plus de victimes ?
    http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/09/08/en-syrie-qui-de-l-ei-ou-du-regime-de-bachar-al-assad-a-fait-le-plus-de-victi

    Le Réseau syrien des droits de l’homme (RSDH) estime ainsi qu’entre août 2014 et août 2015, 80 % des victimes ont été tuées par les forces gouvernementales (armée régulière, milices locales et milices chiites étrangères alliées du régime), et 10 % par l’EI. La proportion reste assez similaire que l’on considère les civils ou les militaires tués.

    La source n’est pas l’habituelle OSDH (Observatoire syrien des droits de l’Homme) mais le RSDH (Réseau syrien des droits de l’homme) :
    http://sn4hr.org/blog/2015/09/01/11533

    A. Le premier point à noter est que nos médias passent des chiffres d’un organisme à l’autre sans prévenir. Le Monde cite le chiffre de 240.000 morts, et le Wapo de 250.000 ; ce sont habituellement les chiffres de l’OSDH. Or si l’on travaille avec les chiffres de l’OSDH, il n’est pas possible de défendre les affirmations de l’article basé sur le RSDH (voir plus loin).

    B. Le second point tient à la « méthodologie » du RSDH. Même en admettant que les chiffres qu’il fournit sont fiables, il faut tout de même noter la limite indiquée ici :
    http://sn4hr.org/public_html/wp-content/pdf/english/SNHR%20Methodology.pdf

    The lifted case that SNHR not documenting is the victims of government forces like se- curity forces, intelligence, Shabiha and army, as there are no specific criteria or methodol- ogy can be followed, as known for everybody government forces prevent all human rights organization from working on the Syrian ter- ritories and even persecute them.

    En clair : le RSDH ne fournit pas d’estimation du nombre de combattants du régime tués. Il ne compte que les civils et les combattants de l’opposition. La phrase des Décodeurs du monde, selon laquelle « La proportion reste assez similaire que l’on considère les civils ou les militaires tués » est donc très fausse.

    D’ailleurs, si l’on survole le joli graphique du Monde, on obtient ceci :


    Lisez bien : les groupes armés non-radicaux de l’opposition auraient tué en un an 1006 civils et 73 militaires : un taux de 93% de civils ! Ça n’a l’air de chagriner personne… La raison est que le RSDH ne compte pas les combattants du régime, et ce qui est appelé « militaires », ce sont des combattants de l’opposition et des islamistes.

    C. J’ai repris le dernier rapport du RSDH sur le nombre de tués en août 2015 pour en faire cette synthèse :
    http://sn4hr.org/wp-content/pdf/english/2040_people_killed_in_august_2015_en.pdf

    Forces gouvernementales ont tué :
    – 1213 civils
    – 410 combattants de l’opposition

    Forces kurdes ont tué :
    – 14 civils

    ISIS a tué :
    – 117 civils
    – 119 combattants de l’opposition

    al-Nusra a tué :
    – 6 civils
    – 5 combattants de l’opposition

    L’opposition armée a tué :
    – 104 civils
    – 1 combattant de l’opposition

    La coalition internationale a tué :
    – 14 civils

    Des groupes non identifiés ont tué :
    – 25 civils
    – 12 combattants

    Maintenant, si on reprend les chiffres de l’OSDH pour avril 2015 et début août 2015 :
    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/04/16/plus-de-220-000-morts-dans-la-guerre-en-syrie_4616855_3218.html
    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2015/08/06/97001-20150806FILWWW00329-plus-de-250000-morts-en-syrie.php

    on obtient ce tableau :

    Ce qui ferait, depuis le début du conflit, la répartition suivante :

    Plus intéressant, l’évolution entre avril et août 2015 :

    Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce graphique ne donne pas du tout la même impression que celui du Monde reproduit ci-dessus.

    D. Les médias ont tendance à passer d’un organisme à l’autre en fonction de l’idée du moment.

    Les chiffres du RSDH permettent de mettre en avant l’idée qu’il s’agit purement et simplement du massacre du peuple par son dictateur. Le problème, c’est qu’alors on ne peut pas comprendre pourquoi ce régime serait en permanence au bord de l’effondrement, et pourquoi il aurait besoin d’être soutenu à ce point par ses alliés étrangers. De son propre aveu, le RSDH ne compte pas l’ensemble des morts et ignore les combattants tués côté régime, et ne prétend donc pas livrer d’estimation globale du nombre de morts.

    Les chiffres de l’OSDH, à l’inverse, permettent de montrer que le régime subit des pertes particulièrement importantes, mais dans le même temps ne donnent plus l’image d’un peuple massacré sans défenses (certains comparent le nombre de soldats américains tués en Iraq au nombre de civils irakiens qu’ils ont tué comme « dommages collatéraux » – même exercice avec les guerres menées par Israël au Liban et à Gaza).

    Je n’en tire pas grande conclusion, en dehors du fait que l’on s’enthousiasme bien rapidement pour les chiffres pourtant extrêmement contradictoires de ces « organismes », sans prévenir le lecteur de ces problèmes.

    Je crois qu’on atteint très clairement ici les limites de ce « data journalism » qui prétend que les chiffres seraient, par eux-mêmes, suffisamment « parlants » si l’on fait de jolis graphiques.

  • When NGOs Call For Military Intervention in Syria : The Case of the International Crisis Group
    http://www.huffingtonpost.com/nicholas-noe/when-ngos-call-for-intervention_b_8136362.html

    En réaction au dernier article de l’#ICG http://seenthis.net/messages/405430

    L’auteur rappelle d’abord les #prévisions erronées de l’ICG dès le début des événements en #Syrie, qui ont contribué à écarter l’option de la #diplomatie,

    In July 2011, a mere four months into the Syria revolt, the venerable, Brussels-based conflict-mitigation NGO, International Crisis Group (ICG), released a lengthy report with the provocative title, “The Syrian Regime’s Slow-motion Suicide.”

    “The situation has reached an apparent stalemate,” the report’s authors declared, “but it would be wrong to bet on the status quo enduring. Economic conditions are worsening; should they reach breaking point the regime could well collapse. Predominantly Allawite security forces are overworked, underpaid and increasingly worried. They could conclude that the regime is unsalvageable and defect, precipitating its end.”

    By projecting such certainty that the regime was essentially in its death-throes, and then ignoring any serious discussion about how Russia, Iran or Lebanon’s Hezbollah might possibly intervene to change the calculus (the trio are barely mentioned in the report), ICG laid an important intellectual plank for the erroneous assumption that was then gathering steam in so many world capitals: It was just a matter of time before the regime led by Syrian President Bashar al-Assad imploded.

    Regrettably, ICG’s overconfidence in regime suicide not only encouraged the premature and disastrous rejection of diplomacy that has helped prolong the Syria war. It also essentially abdicated the main role for which peace, promotion, and conflict mitigation NGOs exist in the first place: Advocating for strong international engagement and negotiated solutions that regard the safety of civilian populations as paramount.

  • Decoding the current war in Syria : The WikiLeaks Files - Robert Naiman
    http://www.versobooks.com/blogs/2219-decoding-the-current-war-in-syria-the-wikileaks-files

    By 2014, the sectarian Sunni-Shia character of the civil war in Syria was bemoaned in the United States as an unfortunate development. But in December 2006, the man heading the US embassy in Syria advocated in a cable to the Secretary of State and the White House that the US government collaborate with Saudi Arabia and Egypt to promote sectarian conflict in Syria between Sunni and Shia as a means of destabilizing the Syrian government. At that time, no one in the US government could credibly have claimed innocence of the possible implications of such a policy. This cable was written at the height of the sectarian Sunni-Shia civil war in Iraq, which the US military was unsuccessfully trying to contain. US public disgust with the sectarian civil war in Iraq unleashed by the US invasion had just cost Republicans control of Congress in the November 2006 election. The election result immediately precipitated the resignation of Donald Rumsfeld as secretary of defense. No one working for the US government on foreign policy at the time could have been unaware of the implications of promoting Sunni-Shia sectarianism.

    L’auteur évoque le plan de déstabilisation proposé dans le cable 06DAMASCUS5399_a (note : il faut absolument lire ce câble) :
    https://www.wikileaks.org/plusd/cables/06DAMASCUS5399_a.html

    –- Vulnerability:

    –- THE ALLIANCE WITH TEHRAN: Bashar is walking a fine line in his increasingly strong relations with Iran, seeking necessary support while not completely alienating Syria’s moderate Sunni Arab neighbors by being perceived as aiding Persian and fundamentalist Shia interests. Bashar’s decision to not attend the Talabani ) Ahmadinejad summit in Tehran following FM Moallem’s trip to Iraq can be seen as a manifestation of Bashar’s sensitivity to the Arab optic on his Iranian alliance.

    –- Possible action:

    –- PLAY ON SUNNI FEARS OF IRANIAN INFLUENCE: There are fears in Syria that the Iranians are active in both Shia proselytizing and conversion of, mostly poor, Sunnis. Though often exaggerated, such fears reflect an element of the Sunni community in Syria that is increasingly upset by and focused on the spread of Iranian influence in their country through activities ranging from mosque construction to business. Both the local Egyptian and Saudi missions here, (as well as prominent Syrian Sunni religious leaders), are giving increasing attention to the matter and we should coordinate more closely with their governments on ways to better publicize and focus regional attention on the issue.

    #cablegate #wikileaks

    Note : câble référencé ici en septembre 2013 :
    http://seenthis.net/messages/177610

  • Salameh Kaileh: Is the Syrian regime sectarian? Sectarianism, part two (october 2014)
    https://www.opendemocracy.net/arab-awakening/salamah-kileh-victorios-shams/is-syrian-regime-sectarian

    Mohammad Dibo: Salameh, should we consider Assad’s regime, or the Alawites as a group, sectarian?

    Salameh Kaileh: Any investigation into the reasons of how a dictatorship chooses the groups that support its hegemony must be approached through a sociological lens, rather than a sectarian one. The difference here is that a sectarian, or religious approach to the subject focuses on superficial markers in determining the nature of the regime; e.g. the sectarian background of the president and the surrounding ruling class. The real question should be what is the logic that lies behind the dictator’s choice of collaborators? Why might he surround himself with members of the same background?

    Let’s be frank. Hafez al-Assad was part of a nationalist party, and that was the underlying consciousness that predated his ascendance to rule. In that sense, one cannot accuse him of being sectarian—unless one subscribes to Islamist notions of the esotericism of Alawites, which I believe is bigoted nonsense. The main struggle inside the Baath party was actually between two Alawites—Salah Jadid and Hafez al-Assad. Thirdly, this struggle completely divided the ruling class at the time between the two factions, including the Alawites, whereby many Alawite officers from Tartous supported Jadid, while the officers from Jableh supported Assad. Moreover, the power vested in [Sunni] figures like Mustafa Tlass, and Abdulhalim Khaddam, under Assad, was well on a par with that of Alawites like Ali Duba or Ali Haydar.

    Viewed from a sociological perspective, we notice that such dictators depend on individuals from the same environment they themselves grew up in. The rural environment they were brought up in first and foremost establishes linkages that are regionally-based. This is “rural consciousness”, it attaches confidence to regional linkage, which is natural at a time when the countryside is so isolated. As Engels remarked, a peasant believes that his village is the world, the whole world. This isolation breeds fear of the outside world and strengthens the importance of regional links. Wherever the peasant goes, it is only his neighbours, or those connected to his village that he considers trustworthy and dependable. That is, in a nutshell, why a dictator surrounds himself with those who share his own regional background.

    Most of the power struggles in the Syrian army before Assad’s ascent were based on such ’regional factions’. Many of the urban officers were purged after the March 8 coup d’etat in 1963 (that brought the Baath party to power); many other urban officers, as well as those from Rif Dimashq and Hama, were sidelined in the purge of Nasserist loyalists in June 1963; many Druze officers (from the south of Syria) were also removed following Salim Hatoum’s failed coup in 1967; Alawite officers were also divided, as previously mentioned, along regional lines (between Tartous and Jableh) during the power struggle between Assad and Jadid.

    In that light we can see that the regime’s dependence on a core of Alawi officers is based on regional linkages and confidence rather than on sect. The sectarian insurrection led by the Muslim Brotherhood and its military wing (the Vanguard Force) in the late 1970s and early 1980s did reinforce a sectarian tendency, crystallizing in Rifaat al-Assad’s Defense Companies. But even this tendency within the elite was suppressed following the power struggle between the two brothers in 1984. Another attempt at sectarianising community at the time, the al-Murtada association founded by Jamil al-Assad, was also shut down. There is no doubt that a certain sectarian feeling seeped into the structure of the ruling class, but it did not gain any overall hegemony. It was only later taken advantage of by that same ruling class.

    As for ordinary citizens who are Alawites, considered as a group, I do not consider them sectarian despite their significant support for the current regime. This is mainly because there are few beliefs that unify them. Ordinary Alawites were not behind the regime before the revolution: on the contrary, they suffered a great deal at the hands of regime thugs, from poverty, marginalisation, land expropriation, and an overall lack of services in their areas. It is no secret that the Syrian coast was one of the most impoverished regions in the country. The brutality of the Hama massacre of 1982 was, nevertheless, attributed to them as a whole societal component, and the regime played its part in spreading the belief that ’the other’ will always seek revenge on all Alawites for that.

    This has created a state of fear in the collective conciousness, that any political change will bring Islamists to power who will then proceed to take their revenge on Alawites. Generally speaking, most of the other religious and confessional minorities shared the fear that Islamists are the only alternative to Assad. This has led to many of them standing by the regime, including the majority of Christians. Without a doubt, this process was encouraged by the regime from the early days of the uprising, but it was also buttressed by some factions of the opposition, like the Muslim Brotherhood, and by some regional powers, like Saudi Arabia, as well as by the mainstream media.

    Most Alawites have very little knowledge of their own religious teachings. There is a hardly a specific ’religious doctrine’ for Alawites to impose on society. It is their debilitating poverty that has led them to join the army in large numbers since the days of the French mandate. And the regime offered very little by way of enhancing their overall quality of life for them to try and hold on to it. However, a general consensus has developed in the country that has identified Alawites with the Assad regime, and with the Hama massacre, despite the fact that a large proportion of political prisoners in Syria were Alawites.

    That is the reason why Alawites ended up as staunch supporters of the regime, fear from their perceived connection in the mind of ’the other’ between them as a community and the regime, and the fear of the consequences of any political change. Thus, their support is not sectarian in nature so much as simply born out of fear.

    The wave of Islamic fundamentalism, the assertion of the Islamists’ right to power and the sectarian war that wrecked Iraq, entrenched this aforementioned fear in large sectors of society, in both the minorities and parts of the ’majority’ as well. This very effective fear is the main reason why the Syrian regime has focused all its energy on promoting and augmenting the Islamist “bogeyman” and presenting the revolution as a fundamentalist movement with the sole aim of usurping power and taking revenge on Alawites. That this has proved a successful strategy, is not due to sectarian feelings amongst Alawites, but rather thanks to the Salafist and fundamentalist sectors of the opposition who were promoted by the mainstream media in the Gulf and even in the west. These elements confounded Alawites from the beginning and made them hesitant in joining the revolution. Over time, as these elements gained more influence within the revolution, Alawites were pushed into blind support of the regime.

  • « Le leadership russe serait sérieusement déçu par Assad » - Propos recueillis par Caroline HAYEK - L’Orient-Le Jour
    http://www.lorientlejour.com/article/941355/-le-leadership-russe-serait-serieusement-decu-par-assad-.html

    Alors, juste pour s’amuser à faire un petit rappel, très incomplet mais tout de même !

    3 août 2015 - Vadimir Poutine « ne partage plus l’opinion selon laquelle la Russie doit soutenir Assad jusqu’au bout. Je pense qu’il peut lâcher Assad »

    3 août 2015 - Le président turc estime que Poutine est en train de "lâcher" le président syrien Assad, alors que la La Russie est un allié de premier plan

    1 juin 2015 - La Russie est-elle sur le point de lâcher Bachar el-Assad ?

    9 mars 2015 - Idem de la Russie de Poutine, autre allié de poids du régime ... sur la Méditerranée, elle pourrait se laisser convaincre de lâcher Assad

    9 janv. 2015 - Pour sauver le régime, Vladimir Poutine serait-il prêt à lâcher Bachar el-Assad ?

    31 janv. 2014 - L’Arabie Saoudite veut contraindre la Russie à lâcher Assad.

    21 sept. 2013 - La Russie pourrait lâcher Assad s’il trichait

    28 août 2013 - Saoudite qui lâchera ses hordes de terroristes tchétchènes sur les J.O. d’hiver en Russie.

    14 déc. 2012 - Pour la première fois, la Russie a voulu "regarder les choses en face". ... un changement d’attitude de la Russie vis-à-vis de Bachar el-Assad.

    10 août 2012 - Selon François Fillon, « si la Russie accepte de lâcher Assad, il s’effondrera dans la minute".

    6 juil. 2012 - Vladimir Poutine a finalement cédé aux pressions des Etats-Unis et des pays européens sur le dossier syrien. Le président russe a fait savoir à à son homologue américain que la Russie était désormais prête à accepter un autre président en Syrie.

    27 juin 2012 - Syrie-Russie : Vladimir Poutine lâche-t-il Bachar Al-Assad ?

    8 juin 2012 - La Russie ouverte à un départ d’Al-Assad !

    6 juin 2012 - Diplomatie. La Russie se dit ouverte à un départ d’Assad. Damas autorise l’aide humanitaire de l’ONU.

  • Georges Corm, L’Europe et l’Orient, extraire de la « Préface à l’édition de 2002 »

    […]

    En particulier, ce livre décrit et explique l’usage et la promotion de l’intégrisme islamique à des fins purement profanes de puissance, ce qui a été si longtemps ignoré par la plupart des analystes. Aujourd’hui, de nombreux auteurs ou éditorialistes de grands quotidiens occidentaux découvrent enfin « avec horreur » cet intégrisme qui a été un allié précieux États-Unis dans la Guerre froide, alorts qu’il était pourtant largement étalé sous leurs yeux durant des années. Il était simplement de bon ton, tant que la guerre froide battait son plein, de croire que l’intégrisme islamique était la seule spécialité de la révolution iranienne à couleur « chiite » et anti-occidentale ; comme il était de bon ton de taire les liens de la CIA avec les principaux mouvements d’intégrisme islamique d’inspiration wahhabite, financés par l’Arabie Saoudite et soutenus et développés par le Pakistan.

    Il fallait au contraire dans cette conjoncture délicate ignorer cette coalition hétéroclite menant la « guerre sainte » contre le régime prosoviétique régnant en Afghanistan envahi par l’armée russe en 1979, année de la révolution « religieuse » en Iran qui faisait craindre à Moscou une déstabilisation de ses républiques musulmanes. Ou au mieux donner à penser que l’intégrisme islamique, travaillant alors contre les régimes du tiers monde hostiles à l’Occident, était un mal nécessaire, un passage obligé vers la modernité et la démocratie. C’est ainsi d’ailleurs que les principales capitales occidentales ont longtemps reçu, voire honoré les chefs de ces mouvements, qui obtenaient sans problème des visas d’entrée ou des statuts de réfugiés politiques. Par la suite, et jusqu’au premier attentat de l’organisation Al Quaida contre des objectifs américains en Afrique et dans la péninsule Arabique, il a fallu continuer de faire silence sur le régime des Talibans en Afghanistan, alliés pro-américains de l’Arabie Saoudite et du Pakistan, jugé utile pour empêcher une extension de l’influence « chiite » iranienne en Asie centrale, hostile aux intérêts occidentaux.

    Dans ce contexte mouvant, il a donc d’abord été impératif en Occident de présenter les mouvements militants islamiques comme des expressions authentiques de l’identité musulmane que les dictatures laïques et nationales postcoloniales du tiers monde, plus proches de Moscou que de Washington, auraient opprimés de façon scandaleuse. Il s’est agi pour les États-Unis et ses alliés européens, saoudiens et pakistanais, de liquider tout à la fois l’URSS et ses alliés du tiers monde qui avaient fait considérablement reculer l’influence impériale de l’Occident libéral et capitaliste dans le monde au profit de celle de l’URSS et des régimes autoritaires et socialistes qu’elle soutenait. La Guerre froide a été, en fait, une véritable troisième guerre mondiale qui s’est principale déroulée dans le tiers monde et où une mobilisation maximale de l’Islam a été une arme redoutable. Tout comme Paris valait bien une messe, Moscou valait bien le soutien à des États et des milices armées se réclamant d’une application rigoriste et brutale de l’Islam.

    On ne s’étonnera donc pas que chercheurs et journalistes, naïvement ou consciemment, aient produit toute une littérature savante ou de vulgarisation sur les mouvements islamiques, présentés comme un phénomène authentique d’expression identitaire, nécessaires pour le passage à la modernité. Ces auteurs ont, en effet, estimé que les politiques dictatoriales des pays musulmans du tiers monde devenus indépendants n’avaient pas réussi à accomplir le passage à la modernité, pour avoir voulu être laïcs et socialisants et d’avoir persécuté les différents mouvements islamiques radicaux, censés exprimer la psychologie collective réelle des peuples musulmans.

    […]

    Beyrouth-Paris, mai-juin 2002

    • marrant ce commentaire. Pas lu l’article, mais je connais d’autres travaux de cette historienne qui a fait un énorme travail de documentation et d’analyse des posters de la guerre civile au Liban, montrant évolution, spécificités et points communs de la communication politique des milices au Liban (cf. http://rumor.hypotheses.org/2660). Si je comprends bien son point ici, cette adoption du « cosmopolitan chic » serait une manière de rupture avec une esthétique antérieure plus martiale et terriblement kitch, telle qu’on peut la voir dans les clip d’Al Manar au moment de la libération du Sud. Il se trouve que je viens de voir le documentaire That’s all in Lebanon, réalisé par Wissam Charaf ( www.youtube.com/watch ?v=nREoUp9Aih8 ), produit entre autres par Monika Bergman de Umam, et qui donne longuement place aux analyses de Lokman Slim, et où sont justement opposés de manière très caricaturale trois esthétiques libanaises des vidéos : celle, martiale et kitch du Hezbollah, celle de Future TV, de la geste heureuse de la reconstruction à la déploration du martyr Rafik Hariri en bon père de famille, et enfin celle des clips du rêve libanais mettant en scène de pulpeuses chanteuses dont l’emblème est Haifa Wehbeh.
      Question @nidal : wadi hujayr, c’est bien ce congrès chiite de 1920 ? Y avait il un sens particulier à cette commémoration cette année ?

    • Sinon, je ne peux pas voir le documentaire maintenant, la connexion à la montagne ne permet vraiment pas de regarder du Youtube… mais bon, s’il y a du Lokman Slim dedans, je ne doute pas que ce soit totalement caricatural.

      Sur la communication graphique du Hezbollah, il me semble avoir vu il y a quelques années un article du Akhbar sur l’équipe de « communication graphique » du Hezbollah chargée du graphisme de la Nasr min Allah, constituée il me semble d’étudiants de l’AUB. (Mais c’est vraiment un vague souvenir.)

    • OK, merci. Autant pour moi : la première réf qui sort lorsque je tape Wadi Hujayr est ce rassemblement de 1920, « premier » moment de cristallisation communautaire chiite. Mais je comprends mieux le sens de la commémoration s’il s’agit du cimetière des Merkavas.
      L’adresse donnée pour le docu n’est qu’un trailer.

    • L’article est dans la ligne de ses travaux précédents (tels que tu les mentionne - je ne les ai pas lus) et vraiment passionnant. Mais tu peux aussi ne regarder que les images ;-)

      Elle mentionne avoir mené de nombreux entretiens avec les concepteurs des différentes campagnes et, notamment, celle de 2006.

      The observations in this article are based on fieldwork I conducted between 2005 and 2007 on Hizbullah’s posters. This was part of my larger study on the political posters produced by the various factions during war-time Lebanon (1975–90). I documented and studied around 200 printed posters published by Hizbullah dating to a period between the mid-1980s and 1990s and kept in the party’s archives.^5 The process also involved inter-viewing key media personnel and extensive conversations with some of the designers of these posters.
      ________________________
      Note 5 These posters were meticulously kept in large-scale archival albums at the Beirut Media Unit of Hizbullah located in Haret Hreik in the southern suburb of Beirut. Unfortunately, this archive was lost as the building that housed the unit was razed to the ground in the Israeli bombings of July 2006.

      Add to this the pervasive social stratification of taste in Lebanon according to sectarian groups, in which al-zawq al-shii (Shii taste) comes last. The derogatory expression is familiar among an urban elite, denoting rural, unsophisticated and kitschy taste—an issue I will return to later in this article; nevertheless, its brief mention here is important to point to the hierarchal dimension, linking sect and social class, by which the group’s aesthetic competence is classified and distinguished from that of a dominant Lebanese urban elite.
      Hizbullah’s desire to challenge this stigmatizing image has brought self-discipline to its poster undertakings.

    • au debut de son discours, il y a 2 jours, Hassan Nasrallah precise que le lieu a ete choisi pour des raisons symboliques. il fait reference a 1920, et lit meme un passage du discours prononce par un Imam a ce moment la. Mais je n etais pas tres concentree...


    • Preparations are underway for Hezbollah’s « victory ceremony » in Wadi al-Hujeir, Wednesday, Aug. 12, 2015.
      The Daily Star/Mohammed Zaatari

      En tous cas, la mise en scène fait plus qu’évoquer le cimetière des Merkavas…
      Et cette année, la tendance graphique pour naSr min allah est à la lecture de bas en haut.

      http://www.dailystar.com.lb/News/Lebanon-News/2015/Aug-13/310893-hezbollah-prepares-to-mark-2006-victory-in-wadi-hujair.ashx

    • Je me faisais aussi la réflexion @Simplicissimus, on est d’accord que c’est nouveau chez le Hezb cette graphie ? Forme de réponse aux jihadistes qui, depuis plusieurs années déjà, inscrivent « Mohammed rasoul Allah » de bas en haut ? Quelqu’un sait s’il y a une quelconque justification religieuse à devoir inscrire « Allah » en haut ?

  • Georges Corm répond longuement aux critiques d’un certain docteur Baalbaki dans le Safir. (Évidemment, c’est le genre de niveau qu’on atteint rarement dans un quotidien français…)

    جورج قرم : معوقات النموّ العربي بين المسؤوليات الداخلية والخارجية : : رأي | جريدة السفير
    http://assafir.com/Article/435626/Archive

    إن مقاربة الدكتور بعلبكي هي ايدولوجية الطابع وقدرية، إذ تؤدي الى انتظار ظروف دولية وجيوسياسية ملائمة لدخول الأقطار العربية في حلقة حداثة علمية وتكنولوجية تؤمّن للشباب العربي فرص عمل وتطلع إيجابي الى المستقبل. فهذه دعوة الى البقاء على ما نحن فيه او الاكتفاء بانتقاد أداء هذا او ذاك من الحكام القطريين من دون السعي الى التغيير الشامل المطلوب في كل الاقتصادات العربية، وكأن صرخة العنصر الشاب العربي من المحيط الى الخليج في بداية العام 2011 كانت صرخة بائسة، لا فائدة فيها.

    ويا ليت بعلبكي قد صاغ أفكاره وانتقاداته بشكل هادئ وبشيء من التواضع والتساؤل وليس بموقف فوقي كأنه الوحيد العالِم بيقين مفرط، وبالتالي يخاطب الآخرين كأنّهم من الجاهلين أو «المؤدلجين» قومياً؛ مما يحول دون إقامة حوار راق وبنّاء، في جو من المناقشة العلمية الرصينة التي تبحث بجدية عن سبل الخروج من النفق الذي يمرّ به العرب قومياً وقطرياً.

  • Important: Rise of Islamic State was ‘a willful decision’: Former DIA Chief Michal Flynn
    http://www.foreignpolicyjournal.com/2015/08/07/rise-of-islamic-state-was-a-willful-decision-former-dia-chief-

    n Al Jazeera’s latest Head to Head episode, former director of the Defense Intelligence Agency Michael Flynn confirms to Mehdi Hasan that not only had he studied the DIA memo predicting the West’s backing of an Islamic State in Syria when it came across his desk in 2012, but even asserts that the White House’s sponsoring of radical jihadists (that would emerge as ISIL and Nusra) against the Syrian regime was “a willful decision.” [Lengthy discussion of the DIA memo begins at the 8:50 mark.]
    http://www.aljazeera.com/programmes/headtohead/2015/07/blame-isil-150728080342288.html

    Amazingly, Flynn actually took issue with the way interviewer Mehdi Hasan posed the question—Flynn seemed to want to make it clear that the policies that led to the rise of ISIL were not merely the result of ignorance or looking the other way, but the result of conscious decision making:

    Hasan: You are basically saying that even in government at the time you knew these groups were around, you saw this analysis, and you were arguing against it, but who wasn’t listening?

    Flynn: I think the administration.

    Hasan: So the administration turned a blind eye to your analysis?

    Flynn: I don’t know that they turned a blind eye, I think it was a decision. I think it was a willful decision.

    Hasan: A willful decision to support an insurgency that had Salafists, Al Qaeda and the Muslim Brotherhood?

    Flynn: It was a willful decision to do what they’re doing.

  • Connaissance du monde : les bières du Liban


    Almaza, la bière industrielle leader du marché (quasi-statut de « bière nationale »), omniprésente (et il n’y a pas si longtemps, la seule). S’est diversifiée ces derniers temps, avec des trucs encore moins bons, genre une version « light », une version avec du citron.
    http://www.almaza.com.lb


    Beirut Beer, lancée en 2014 par Kassatly Chtaura, marque de boissons en tous genres, appréciée pour ses sirops (jelleb, mûre, rose…) et qui détient également la marque de vin Château Ka. Comme c’est une grosse marque, elle est désormais distribuée partout au Liban. Franchement franchement ? Je trouve ça aussi peu enthousiasmant que la Almaza.
    http://beirutbeer.com

    Ces deux grosses bières industrielles reposent essentiellement sur l’idée qu’une bière ça doit (juste) rafraîchir, pas forcément avoir du goût. Heureusement, c’est en train de changer.


    La marque qui a cassé le monopole d’Almaza, c’est la 961 (l’indicatif téléphonique du Liban), lancée en 2006 pendant la guerre. Je ne sais pas si c’est encore une bière artisanale, parce que la marque devient plutôt bien distribuée, notamment en supermarché (mais malheureusement très rarement en restaurant). La blonde est excellente, la rousse est épatante, la brune super, et il y a aussi une blanche. Ma préférence va à la « Red » quand j’en trouve. Appréciable : chez 961, ce sont des champions du design, ce qui ne gâte rien. Je découvre sur leur site qu’ils ont une Pale Ale, il va falloir que je trouve ça. On me dit que c’est désormais exporté, mais dans les restaurants libanais à Paris je n’en ai jamais trouvé.
    http://www.961beer.com


    La bière Colonel est une micro-brewery qui produit 4 bières, celle que j’apprécie est la « unfiltered », la blonde la plus recommandable à mon avis au Liban. Ils ont une Irish Red, et je crois une brune (mais je ne suis pas certain, et je n’arrive pas à entrer sur leur site Web). En revanche, c’est peu distribué : ils ont un lieu très sympa avec une grande pelouse, où ils organisent parfois des événements culturels à Batroun, et ils sont distribués dans quelques endroits à Beyrouth.
    http://www.colonelbeer.com


    La Schtrunz, carrément ultra-artisanale. C’est une India Pale Ale, ultra-goutue, un véritable bonheur dans un pays où l’on ne trouvait jusqu’à récemment que la Almaza blonde super-fadasse. Si j’ai bien compris, si au moins la Colonel a un lieu à Batroun, pour la Schtrunz, la distribution est beaucoup plus confidentielle, et on ne la trouve que dans quelques lieux à Beyrouth (je suppose qu’on peut trouver ça sur le Web). J’ai dégusté ça hier, et ça m’a rappelé mes jeunes années dans les bars à bière de Saint-Michel.
    http://www.schtrunzbeer.com

    (Et sinon, puisque tu demandes, oui : on croise pas mal de hipsters au Liban.)

  • Un drone israélien tue 3 membres des Forces de Défense Nationale et deux membres du Hezbollah dans un village druze du Golan sous contrôle syrien, selon l’OSDH :
    http://www.middle-east-online.com/english/?id=72455

    An Israeli air strike on a government-held village on the Syrian side of the Golan Heights ceasefire line killed five pro-regime forces on Wednesday, a monitoring group said.
    “An Israeli plane hit a car inside the town of Hader, killing two men from [Lebanese Shiite group] Hezbollah, and three men from the pro-regime popular committees in the town,” said Rami Abdel Rahman, director of the Syrian Observatory for Human Rights. Hader is a Druze village that lies along the ceasefire line, with the Israeli-occupied portion of the Golan Heights plateau to the west, and the border with Damascus province to the northeast. An Israeli army spokeswoman declined to comment on the incident.

  • L’infâme Samir Kuntar, tué par Israel par une frappe aérienne au dessus de la Syrie | LPH INFO
    http://lphinfo.com/2015/07/29/linfame-samir-kuntar-tue-par-israel-par-une-frappe-aerienne-au-dessus-de-la

    Vous pouvez préférer « le monstre palestinien » (http://www.dreuz.info/2015/07/30/samir-kuntar-le-monstre-palestinien-qui-avait-fracasse-le-crane-dune-petite-) ou le « child-killer » (http://www.israelnationalnews.com/News/News.aspx/198787).

    Apparemment (tweet du frère de Kuntar), des types ont été tués (en toute illégalité faut-il préciser) sur le territoire syrien mais pas la cible de l’opération : http://www.alquds.co.uk/?p=379479

    • The truth about the Saudi meeting with Assad envoy - Al Arabiya News
      http://english.alarabiya.net/en/News/middle-east/2015/08/07/Saudi-official-uncovers-the-details-of-a-meeting-with-al-Assad-en

      These leaks, denied by Saudis, revealed that this meeting with the representative of the Syrian regime aims to form a quadruple alliance involving Saudi Arabia, Turkey and Jordan to fight terrorism.

      The Saudi source denied those claims clarifying that this meeting was initiated by Riyadh after another Saudi-Russian meeting during which Moscow accused Riyadh of obstructing a political solution and fueling terrorism through supporting the opposition. However, Saudi officials denied these accusations back then and invited the Russians to find a new solution to end the crisis.

      The Saudi source further said that Riyadh informed Moscow of an initiative aiming to bring peace and satisfy the Syrians or show the true face of al-Assad to its Russian allies.

      The tripartite meeting was held in Jeddah, and both planes, Russian and Syrian, arrived each alone and not on one single Russian plane as al-Akhbar reported. The Saudi source also stated that the Russian delegation made sure the Syrian delegation does not join them on their plane so Russians do not appear as a guarantor of al-Assad but serve only as a witness.

  • Le discours de Nasrallah ce matin était important, mais tu n’en entendras pas parler (même chez les partisans occidentaux des Palestiniens à mon avis) : Nasrallah : nous faisons face à une bataille existentielle, les développements régionaux n’ont rien à voir avec l’Islam
    http://nna-leb.gov.lb/fr/show-news/47362

    Sayyed Nasrallah a alors regretté que les développements des dernières années dans le monde arabe aient nui au projet de la Résistance, pour l’intérêt de celui « sioniste », surtout qu’à cause de ces rebondissements, « la Palestine et la lutte contre Israël ne figurent plus parmi les priorités de la communauté internationale et du monde islamique ».

    « Nous craignons que les minorités n’arrivent à considérer Israël comme leur protecteur parce qu’au coeur de leur lutte pour leur existence, le danger représenté par cette entité est relégué au second plan », a-t-il mis en garde, appelant à la mise en place d’une campagne politique et médiatique qui rappellerait aux peuples de la région la monstruosité de l’ennemi et les atrocités qu’il avait commises à leur encontre.

    En outre, le secrétaire général du Hezbollah a braqué l’éclairage sur les efforts déployés pour garder les Chiites à l’écart de la bataille avec Israël, afin de les éloigner de la Palestine et de sa cause, « mais aussi afin de les convaincre que ce sont les Sunnites qui représentent la véritable menace pour leur présence ».

  • Turkey conflict with Kurds: Was approving air strikes against the PKK America’s worst error in the Middle East since the Iraq War? - Patrick Cockburn
    http://www.independent.co.uk/news/world/middle-east/turkey-conflict-with-kurds-was-approving-air-strikes-against-the-pkk-

    Turkish air attacks on the PKK have provoked bloody Kurdish retaliation. With claims that America approved the strikes that restarted the conflict, Patrick Cockburn argues that the US may have made its worst mistake since invading Iraq

    • Je dois être d’une grande naïveté, mais comment une personne sensée, sensément au courant de la géopolitique régionale, pourrait, dans les cercles du pouvoir US, prendre une telle décision (ie laisser les Turques cogner sur le PKK) sans imaginer que ça va tourner vinaigre ? Je sais, je suis #conspirationniste