• Périphéries - D’images et d’eau fraîche - Ode à Pinterest

    http://www.peripheries.net/article333.html

    Très bien Mona Chollet, un long texte superbe comme d’hab, comme j’aime, mais pas un mot sur seenthis et là c’est un peu décevant, vu l’immensité du savoir qui y circule malgré le petit nombre d’abonnés.

    Oubli regrettable, Disons que pour cette fois, dix coups de fouet suffiront sauf erreur ou omission de ma part auquel cas je me fouetterai moi-même.

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    L’une des raisons pour lesquelles les mises à jour de Périphéries sont devenues si rares, c’est que j’ai été avalée par les réseaux sociaux. Maintenant, quand j’ai envie de recommander un livre, au lieu de me fatiguer à synthétiser le propos de l’auteur, à le décortiquer et à le commenter, à le mettre en relation avec des lectures passées, je balance deux lignes sur Facebook ou sur Twitter : « Lisez ça, c’est super. » Une grande avancée pour la finesse de la pensée et la richesse du vocabulaire.

    Dans son étude des usagers du téléphone portable, le sociologue Francis Jauréguiberry (1) analyse ce que change dans les relations humaines le fait d’avoir à disposition des moyens de communication instantanée, et de pouvoir atteindre n’importe qui, n’importe quand, par un appel ou un SMS — mais sa réflexion vaut aussi pour un statut Facebook ou un tweet. Avec le portable et les réseaux sociaux, au lieu de laisser décanter en soi ce qu’on veut dire, au lieu de le ruminer longuement dans son coin, de le laisser mûrir, on s’exprime à flux tendus, par bribes.

  • Nouvelle-Calédonie bagne oublié, exposition en ligne et à la Seyne-sur-Mer (Var).

    http://criminocorpus.cnrs.fr/expositions/16620/?start=0

    L’exposition La Nouvelle-Calédonie, le bagne oublié, que l’on peut voir actuellement à la Seyne-sur-mer (Var) est extrêmement bienvenue. Elle est organisée avec le concours des Archives nationales d’outre-mer, le Musée de l’histoire vivante de Montreuil, la Maison de la Nouvelle- Calédonie à Paris et deux associations maçonniques, le Grand Orient et la Grande loge nationale. C’est dire le sérieux de la documentation réunie.

    http://www.commune1871.org/?Nouvelle-Caledonie-bagne-oublie

    #Nouvelle-Caledonie #bagne #prison #commune_de_paris #communards #Kabyles #Kanaks

  • Le siècle de Hobsbawm , par Enzo Traverso (2009)

    http://www.revuedeslivres.fr/le-siecle-de-hobsbawm-par-enzo-traverso-2

    Le « long XIXe siècle » peint par Hobsbawm est le théâtre d’une transformation du monde dont l’Europe, grâce à l’essor de l’impérialisme, a été le centre et le moteur à la fois. Tous les courants politiques s’identifient à sa mission civilisatrice, incarnée par une race et une culture « supérieures ». L’idée de progrès – un progrès moral et matériel illustré par les conquêtes de la science, l’augmentation incessante de la production et l’essor des chemins de fer qui relient toutes les grandes métropoles du continent, ainsi que les deux côtes américaines – devient une croyance inébranlable, non plus inscrite dans les potentialités de la raison, mais portée par les forces objectives et irrésistibles de la société. Les pages les plus puissantes de L’Âge des extrêmes sont celles du premier chapitre, où Hobsbawm décrit l’ouverture du XXe siècle dans un climat apocalyptique qui renverse littéralement toutes les certitudes d’une ère antérieure de paix et de prospérité. Le nouveau siècle commence comme une « ère de la catastrophe » (1914-1945) encadrée par deux guerres totales destructrices et meurtrières : trois décennies pendant lesquelles l’Europe assiste à l’effondrement de son économie et de ses institutions politiques. Défié par la révolution bolchevique, le capitalisme semble avoir fait son temps, tandis que les institutions libérales apparaissent comme les vestiges d’un âge révolu lorsqu’elles se décomposent, parfois sans offrir la moindre résistance, face à l’essor des fascismes et des dictatures militaires en Italie, Allemagne, Autriche, Portugal, Espagne et dans plusieurs pays d’Europe centrale. Le progrès s’est révélé illusoire et l’Europe a cessé d’être le centre du monde. La Société des Nations, son nouveau gérant, est immobile et impuissante. Face à ces trois décennies cataclysmiques, celles d’après-guerre – « l’âge d’or » (1945-1973) et « la débâcle » (1973-1991) – semblent deux moments distincts d’une seule et même époque qui coïncide avec l’histoire de la guerre froide. L’« âge d’or » est celui des Trente Glorieuses, avec la diffusion du fordisme, l’élargissement de la consommation de masse et l’avènement d’une prospérité généralisée apparemment inépuisable. La « débâcle » (landslide) commence avec la crise du pétrole de 1973 qui met fin au boom économique et se prolonge par une longue onde récessive. À l’Est, elle s’annonce par la guerre d’Afghanistan (1978) qui amorce la crise du système soviétique et l’accompagne jusqu’à sa décomposition. La « débâcle » fait suite à la décolonisation – entre l’indépendance de l’Inde (1947) et la guerre du Vietnam (1960-1975) – pendant laquelle l’essor des mouvements de libération nationale et des révolutions anti-impérialistes se mêle au conflit entre les grandes puissances.

    Eurocentrisme

    La périodisation proposée par Hobsbawm fait la force de sa tétralogie et, en même temps, en indique les limites. Le tome consacré aux « révolutions bourgeoises » évoque à peine les guerres de libération dans l’Amérique latine des années 1820, tandis que les suivants décrivent la guerre civile américaine, mais ne s’attardent que superficiellement sur la révolte des Taiping, le plus vaste mouvement social du XIXe siècle, qui a profondément secoué la Chine entre 1851 et 1864. C’est précisément le dernier volume qui, en restituant le profil d’un siècle mondialisé, montre le caractère problématique de l’eurocentrisme, ou tout au moins de l’occidentalo-centrisme, qui inspire l’oeuvre dans son ensemble. Les découpages historiques choisis par Hobsbawm ne sont pas généralisables. Est-il légitime de considérer 1789 ou 1914 comme des grands tournants pour l’histoire de l’Afrique ? Le congrès de Berlin (1884) et les années de la décolonisation (1960) seraient à coup sûr des clivages plus pertinents. Vues d’Asie, les grandes ruptures du XXe siècle – l’indépendance de l’Inde (1947), la Révolution chinoise (1949), la guerre de Corée (1950-1953), la guerre du Vietnam (1960-1975) – ne coïncident pas forcément avec celles de l’histoire européenne. La Révolution chinoise de 1949 a transformé en profondeur les structures sociales et les conditions de vie d’une portion d’humanité bien plus vaste que l’Europe, mais les décennies comprises entre 1945 et 1973 – marquées par la guerre civile, le « Grand bond en avant » et la Révolution culturelle – n’ont pas été un « âge d’or » pour les habitants de cet immense pays. Pendant cette période, les Vietnamiens et les Cambodgiens ont subi des bombardements plus étendus que ceux qui ont dévasté l’Europe pendant la seconde guerre mondiale, les Coréens ont connu les affres d’une guerre civile et de deux dictatures militaires, tandis que les Indonésiens ont subi un coup d’État anticommuniste aux dimensions littéralement exterminatrices (500 000 victimes). Seul le Japon vécut une époque de liberté et de prospérité comparable à l’« âge d’or » du monde occidental. L’Amérique latine, quant à elle, a certes subi l’impact de 1789 – Toussaint Louverture et Simon Bolivar en ont été les fils dans le continent – mais elle est restée en dehors des guerres mondiales du XXe siècle. Elle a connu deux grandes révolutions – la mexicaine (1910-1917) et la cubaine (1959) – et son ère de la catastrophe se situe plutôt entre le début des années 1970 et la fin des années 1980, lorsque le continent est dominé par des dictatures militaires sanglantes, non plus populistes et desarrollistas(développementiste), mais néolibérales et terriblement répressives.

    Bien qu’il récuse toute attitude condescendante et ethnocentrique à l’égard des pays « retardataires et pauvres », Hobsbawm postule leur subalternité comme un truisme qui évoque par moments la thèse classique d’Engels (d’origine hégélienne) sur les « peuples sans histoire 11 ». À ses yeux, ces pays ont connu une dynamique « dérivée, non originale ». Leur histoire se réduirait essentiellement aux tentatives de leurs élites « pour imiter le modèle dont l’Occident fut le pionnier », c’est-à-dire le développement industriel et technico-scientifique, « dans une variante capitaliste ou socialiste » (p. 266). Avec un argument similaire, Hobsbawm semble justifier le culte de la personnalité instauré par Staline en URSS, en le considérant bien adapté à une population paysanne dont la mentalité correspondait à celle des plèbes occidentales du XIe siècle (p. 504). Ces passages relativisent considérablement la portée des révolutions coloniales qu’il décrit comme des ruptures éphémères et limitées. Au fond, L’Âge des extrêmes ne perçoit pas dans la révolte des peuples colonisés et leur transformation en sujet politique sur la scène mondiale un aspect central de l’histoire du XXe siècle.

    Ce constat renvoie à l’écart souligné plus haut entre deux Hobsbawm : d’une part l’historien social qui s’intéresse à ceux « d’en bas » en restituant leur voix et, de l’autre, l’auteur des grandes synthèses historiques où les classes subalternes redeviennent une masse anonyme. L’auteur de L’Âge des extrêmes est pourtant le même qui a écrit Les Primitifs de la révolte(1959) et Bandits (1969), pour lequel l’acquisition d’une conscience politique chez les paysans du monde colonial « a fait de notre siècle le plus révolutionnaire de l’histoire12 ». Les représentants des subaltern studies, notamment Ranajit Guha, ont reproché à leur collègue britannique de considérer les luttes paysannes comme essentiellement « prépolitiques » à cause de leur caractère « improvisé, archaïque et spontané », et d’être incapable d’en saisir la dimension profondément politique, quoiqu’irréductible aux codes idéologiques du monde occidental13. Cette critique vaut certes davantage pour sa tétralogie que pour ses études d’histoire sociale. Selon Edward Said, cette représentation des sociétés non occidentales comme lieux d’une histoire « dérivée, non originale », est un « point aveugle » (blindspot) tout à fait surprenant chez un chercheur qui s’est distingué pour avoir critiqué l’eurocentrisme de l’historiographie traditionnelle et étudié les « traditions inventées14 ».

    Dans une réponse à ses critiques, Hobsbawm a reconnu l’approche eurocentrique de son livre, tout en affirmant que sa tentative de « représenter un siècle compliqué » n’est pas incompatible avec d’autres interprétations et d’autres découpages historiques15. Les exemples ne manquent pas. En 1994, Giovanni Arrighi publiait The Long Twentieth Century, un ouvrage qui, s’inspirant à la fois de Marx et Braudel, propose une nouvelle périodisation de l’histoire du capitalisme. Il repère quatre siècles « longs » s’étalant sur six cents ans et correspondant à différents « cycles systémiques d’accumulation », bien que susceptibles de se superposer les uns aux autres : un siècle génois (1340-1630), un siècle hollandais (1560-1780), un siècle britannique (1740-1930) et, enfin, un siècle américain (1870-1990). Amorcé au lendemain de la guerre civile, ce dernier connaît son essor avec l’industrialisation du Nouveau Monde et s’essouffle autour des années 1980, lorsque le fordisme est remplacé par une économie globalisée et financiarisée. Selon Arrighi, nous sommes entrés aujourd’hui dans un XXIe siècle « chinois », c’est-à-dire dans un nouveau cycle systémique d’accumulation dont le centre de gravité se situe tendanciellement en Extrême-Orient.

    Michael Hardt et Toni Negri, quant à eux, théorisent l’avènement de l’« Empire » : un nouveau système de pouvoir sans centre territorial, qualitativement différent des anciens impérialismes fondés sur l’expansionnisme des États au-delà de leurs frontières. Alors que l’impérialisme classique s’enracinait dans un capitalisme fordiste (la production industrielle) et prônait des formes de domination de type disciplinaire (la prison, le camp, l’usine), l’Empire développe des réseaux de communication auxquels correspond une « société de contrôle », c’est-à-dire une forme de « biopouvoir », au sens foucaldien, parfaitement compatible avec l’idéologie des droits de l’Homme et les formes extérieures de la démocratie représentative. Reste à savoir si cet « Empire » est une tendance ou un système déjà consolidé qui aurait fait des États nationaux des pièces de musée. Plusieurs auteurs semblent en douter et le débat est loin d’être tranché16. Dans son dernier ouvrage, L’Empire, la démocratie, le terrorisme, Hobsbawm revient sur l’histoire des empires pour conclure que leur âge est définitivement révolu. Les États-Unis disposent d’une force militaire écrasante, mais ne sont pas en mesure d’imposer leur domination sur le reste de la planète. Ils ne représentent pas le noyau d’un nouvel ordre mondial comparable à la Pax Britannica du XIXe siècle, et nous sommes entrés dans « une forme profondément instable de désordre global aussi bien à l’échelle international qu’à l’intérieur des États 17 ».

    Adoptant une perspective contemporaine, le XXe siècle pourrait aussi apparaître comme un « siècle-monde ». L’historien italien Marcello Flores en date le début en 1900, année qui marque symboliquement une triple mutation. À Vienne, Freud publie L’Interprétation des rêves, ouvrage inaugural de la psychanalyse : à l’aube du capitalisme fordiste, le monde bourgeois opère un repli vers son intériorité analogue à l’« ascèse intramondaine » que, selon Weber, la Réforme protestante avait mise au service du capitalisme naissant. En Afrique du Sud, la guerre des Boers engendre les premières formes de camps de concentration, avec barbelés et baraques pour l’internement des civils. Ce dispositif d’organisation et de gestion de la violence va projeter son ombre sur tout le XXe siècle. En Chine, finalement, la révolte des Boxers est matée par la première intervention internationale des grandes puissances coalisées (Allemagne, Grande-Bretagne, France, Italie, Autriche-Hongrie, Russie, États-Unis et Japon). Bien d’autres expéditions (punitives, « humanitaires », « pacificatrices », etc.) suivront. Selon Flores, le XXe siècle est l’âge de l’occidentalisme, qui voit l’extension à l’échelle planétaire du système de valeurs, des codes culturels et des modèles de vie occidentaux. De ce point de vue, le XXe siècle n’est pas mort, même s’il est confronté aujourd’hui à de nouveaux défis.

    Dans un passage saisissant de L’Âge des extrêmes, Hobsbawm écrit que, pour 80 % de l’humanité, le Moyen Âge s’arrêta subitement dans les années 1950 (p. 380). Depuis ce tournant, nous vivons dans un monde où le développement des moyens de communication a éliminé les distances, l’agriculture n’est plus la source principale des richesses et la majorité de la population est désormais urbanisée. Cela constitue une véritable révolution, écrit-il, qui a soudainement clôturé dix mille ans d’histoire : le cycle ouvert avec l’avènement de l’agriculture sédentaire18. Si l’on traduit cette remarque en termes historiographiques, cela signifie que, en choisissant l’histoire de la consommation au lieu de l’histoire politique comme ligne de partage fondamentale, le XXe siècle pourrait prendre une coloration bien différente. Entre 1910 et 1950, les conditions de vie des Européens demeurèrent substantiellement inchangées. La grande majorité d’entre eux vivait dans des habitations qui ne disposaient pas de salle de bain et dépensait la plupart de ses revenus pour se nourrir. En 1970, en revanche, il était devenu normal de vivre dans un appartement doté de chauffage central, du téléphone, d’un frigo, d’une machine à laver et d’une télévision, sans oublier une voiture dans le garage (ce qui constituait le lot commun des ouvriers des usines Ford de Detroit dès les années 193019). Bref, d’autres découpages historiques sont possibles. Cela ne remet pas en cause la perspective choisie par Hobsbawm, mais indique que sa périodisation n’a rien de normatif.

    #Hobsbawm
    #histoire
    #19e_siècle
    #20e_siècle

    • Oui, avec Hobsbawm, nous ne sommes plus dans un monde où « le capitalisme » se serait installé et imposé une fois pour toutes. Il n’a jamais cessé d’évoluer et de se métamorphoser, au gré (à la fois cause et conséquence) des rapports de force les + divers et des conjonctures politiques. Cela rend très compliquée, peut-être insoluble, la question classique des « phases » du capitalisme (combien y en a-t-il ? ; où commencent-elles et où s’arrêtent-elles ?). Tout devient instable, multidimensionnel, et Traverso montre très très bien qu’on ne peut plus les distinguer de la question des lignes d’évolution historiques du 20e siècle en général.

  • Réparer le #charset d’une base #SPIP
    http://zzz.rezo.net/Reparer-le-charset-d-une-base-SPIP.html

    Quand on part d’une vieille installation de SPIP il arrive qu’on enregistre les données en utf-8 dans des tables déclarées en latin1. Ca ne gêne pas le fonctionnement normal du site, mais ça empêche d’utiliser proprement les outils #MySQL, de la ligne de commande (qui affiche des « Ã© » à la place des « é ») au moteur de recherche FULLTEXT, qui ne retrouve pas les mots accentués. Méthode de nettoyage.

    (Ce qui permet donc à #seenthis d’afficher désormais les bons résultats de recherche pour les mots accentués.)

  • Les pistes de la géographie
    http://www.globalmagazine.info/article/423/78/Les-pistes-de-la-geographie

    Rien de mieux que quelques bonnes cartes pour y voir clair dans les enjeux géopolitiques du projet d’aéroport de Nantes/Notre-Dame-des-Landes.

    La géographie nous enseigne que l’estuaire de la Loire abreuve la région et que le fleuve souligne en gras, de ses flots puissants, la Bretagne. L’océan, toujours proche, est constitutif d’une partie de l’âme des lieux et fut l’encrier de l’histoire humaine et économique (construction navale, industries nées du commerce triangulaire, pêche) des trois derniers siècles. Le port, aujourd’hui plus prospère à Saint-Nazaire qu’à Nantes est la porte d’entrée de l’alimentation animale (soja, maïs) indispensable à l’élevage breton. Pour le pays nantais et l’Ouest, le fret aérien est quantité négligeable, hormis quelques fleurs produites en Afrique et dont le bilan social, et l’empreinte écologique rendent plus que discutables. L’aéroport Nantes Atlantique traite 30 000 tonnes par an, le grand Port maritime trois millions de tonnes. Cent fois plus.

  • "Bolivie : le « Manifeste de l’Ile du Soleil » d’Evo Morales", Jean Ortiz, L’Humanité , 24 décembre 2012.

    http://www.humanite.fr/monde/bolivie-le-manifeste-de-lile-du-soleil-devo-morale-511650

    Le 21 décembre, le président de l’Etat plurinational de Bolivie, Evo Morales, a choisi de célébrer le Solstice d’été sur l’Ile du Soleil. A cette occasion, il a prononcé une allocution-manifeste : « le Manifeste de l’Ile du soleil ». Vue son importance, ce texte mérite d’être largement connu ; nous en avons traduit quelques passages, qui nous semblent les plus représentatifs.

    Dans ce système capitaliste, les banques ont des droits économiques privilégiés, et sont traitées en citoyens de première catégorie, de telle sorte que les banques importent plus que la vie. Dans cette jungle sauvage, les hommes et les peuples ne sont pas frères, ne sont pas citoyens (...). Ce ne sont que des débiteurs mauvais payeurs, des ’assistés’, des locataires, des clients".

    « Nous vivons le règne de la couleur verte : les politiques monétaires, de développement, écologiques, sont vertes comme le dollar ». « Face à la nouvelle vague de crises du système capitaliste, ses idéologues prônent la privatisation de la nature à travers ce qu’ils appellent ’l’économie verte’, ou ’le capitalisme vert’. Les préconisations du marché, du libéralisme, et de la privatisation, ne font que générer pauvreté, exclusion, faim et marginalisation ». (...)

    Nous proposons dix recommandations pour faire face au capitalisme et construire la culture de la vie :
    – refonder la démocratie et la politique, en transférant le pouvoir aux pauvres et en le mettant au service du peuple
    – davantage de droits sociaux et humains, et non la marchandisation des besoins humains
    – décoloniser nos peuples et nos cultures pour construire le « socialisme communautaire du buen vivir »
    – pour une vraie politique écologique contre tout « colonialisme environnemental de l’économie verte »
    – la souveraineté sur les ressources naturelles est la condition pour s’émanciper de la domination néocoloniale et œuvrer au développement intégral des peuples
    – atteindre la souveraineté alimentaire, et le droit humain à l’alimentation
    – l’alliance des peuples du sud contre l’interventionnisme, le néolibéralisme, et le colonialisme
    – le développement de la connaissance et des technologies pour tous
    – la construction d’une union institutionnelle mondiale des peuples
    – le développement économique ne doit pas se fixer pour objectif l’accumulation du capital et des profits, ni les bénéfices des marchés, mais doit être ’intégral’, et viser le bonheur des gens et l’harmonie avec la Mère Terre.

    #Evo_Morales #Bolivie #écologie #socialisme #capitalisme #souveraineté #colonialisme

  • Les agences immobilières expliquent la baisse des ventes de logements depuis 18 mois par les mesures du gouvernement arrivé il y a 7 mois. Faut-il avoir fait des études d’économie pour ne pas les croire ?

    http://www.lemonde.fr/immobilier/article/2012/12/11/les-agences-immobilieres-forcees-d-adapter-leur-strategie-face-a-la-crise_18

    Près de 10 000 suppressions d’emplois et jusqu’à 3 000 fermetures d’agences en 2012. [...] « Moins 20 % environ de transactions immobilières sur un an dans l’ancien et de - 30 à - 35 % sur les dix-huit derniers mois » [...].

    [Pour François Gagnon, président ERA Europe et ERA France], la baisse des transactions s’explique surtout par un manque de confiance. « Les effets d’annonce du gouvernement – taxation accrue, contrôle des loyers, saisie des biens vides – font peur : elles donnent l’impression de vouloir punir les propriétaires, alors qu’il faudrait au contraire leur redonner confiance par des mesures incitatives, afin de favoriser les constructions et ainsi augmenter l’offre », plaide-t-il.

    Du côté d’Orpi, [...] Bernard Cadeau, le président du groupe [...] ne peut s’empêcher d’"avoir des craintes sur l’emploi à terme, d’autant que nous n’avons pas de vision claire du paysage fiscal dans les années à venir".

    Cet argument est largement relayé par le président de la Fnaim, qui dénonce "une évolution en yoyo de la fiscalité.

    Il n’y a pas d’explosion de la bulle immobilière. C’est juste une question de confiance, on vous dit !

    #économie #immobilier #bulle_immobilière #crise #foutaises #le_monde

  • Je viens de vivre un choc, une rencontre qui remet en question beaucoup de choses que je croyais connaître : j’étais ce midi à Buvons nature 2012, « Le salon des vins de puristes », et j’ai découvert quelque chose que les vignerons présents appellent « vin ».

    Une quinzaine de vignerons pratiquant une viticulture plus que bio et travaillant le vin sans recours à l’œnologie et à sa « chimie » pour faire des vins S.A.I.N. (Sans aucun intrant ni sulfite… ajouté). Le résultat est sans aucun rapport avec ce que j’appelais vin jusqu’à présent. C’est une claque !

    Je ne peux pas dire que j’ai apprécié, en particulier les blancs tellement étrangers à ce que je connais. Mais plus jeune, je n’aimais pas l’alcool ni le vin que j’ai appris à connaître et à apprécier petit à petit. Cela peut être le même processus face à ce type de vin. C’est d’autant plus une surprise qu’ils sont proches de ce que l’on faisait depuis des siècles jusqu’en 1950.

    Si vous êtes sur Paris et dipo ce dimanche, voici l’adresse :

    Buvons nature 2012 - Le salon des vins de puristes
    7- 9 décembre (de 12 h à 18 h ce dimanche)
    Espace Beaujon, 208, rue du faubourg Saint Honoré, 75008, Paris
    (On achète un verre 5 euros à l’entrée)
    http://vins-sains.org/post/2012/11/29/Buvons-Nature-!-2012

    #vin #vin_nature #œnologie #biologique #biodynamie

    • J’ai un ami qui est passionné de ce genre de truc. Il me fait goûter des trucs assez extraordinaires dans cette catégorie et j’ai pensé comme toi. Le dernier, c’était un vin cévénol de clinton, un goût de jasmin très prononcé, rien à voir avec ce que nous appelons vin habituellement, mais c’est un peu comme si on réinventait la musique : ce n’est pas parce que c’est différent que c’est mauvais !

    • Cette #bd illustre la façon dont un viticulteur situé en Anjou élabore son vin en biodynamie. Il a refusé tout label pour être libre de travailler son vin comme il l’entend. Il y est question de ce goût différend et surprenant pour les papilles habituées aux vinifications classiques. Pas encore goûté.
      Sinon le livre relate un échange d’expériences entre un dessinateur (l’auteur donc) et un vigneron.
      Les ignorants d’Étienne Davodeau

    • @odilon, j’ai dévoré cette BD excellente, du très bon reportage et beaucoup d’amour et de poésie, ça fait du bien !
      Portrait splendide d’un viticulteur qui aime la terre, son métier, le goût du vrai et le défend. Le passage où il demande à l’auteur de jeter le vin qu’il n’aime pas est génial. Après, ce n’est pas donné à tous de vendre à l’américain qui souffle le chaud et le froid.

    • « Qu’est ce que le vin naturel », par Jean-Pierre Robinot

      http://la.passerelle.over-blog.com/article-qu-est-ce-que-le-vin-naturel-par-jean-pierre-robino

      Pour les amateurs de vin naturel il est facile de distinguer, dès que l’on porte le verre au nez, un vin vivant d’un vin trafiqué. La différence est radicale. Mais les consommateurs qui découvrent pour la première fois le vin vivant et qui sont plus accoutumés aux produits traditionnels, le jugent à travers leurs paramètres habituels et parviennent mal à saisir sa complexité exubérante, sa vivacité et sa finesse. [...]

      J’ai goûté pour la première fois un vin naturel en 1985. Avec une bande de copains, il y a vingt-cinq ans, je m’adonnais a de véritables folies de dégustation. Nous avons été capables de goûter en quatre jours les vins issus de caves de dizaines de vignerons à la recherche d’un je ne sais quoi, vu que nous n’étions jamais pleinement satisfaits. Jusqu’au jour où nous sommes tombés sur les vins vinifiés par Jules Chauvet et Jacques Néauport. cela a été un choque total et, comme tout ceux qui goûtent un vin naturel pour la première fois, je me suis dit : « qu’est-ce qui se passe ? », sans pouvoir comprendre. Etait-ce la vérité du vin, cette pureté fulgurante ?

      J’ai commencé à travailler dans ce sens-là avec mes collègues quand j’étais caviste et restaurateur (notamment René-Jean Dard et François Ribo), mais il m’a fallut quand même près de trois ans avant que j’élimine les autres vins de ma consommation. Je me suis accordé comme dit Marc’O, « la liberté de prendre le temps nécessaire pour comprendre tout ce qui se passe dans le goût ». C’est une période durant laquelle j’ai continué à boire des vins de différentes qualités afin de comprendre, prendre des distances, balayer tout un monde. Puis, un jour, j’ai reçu comme un coup de poignard, ressenti comme une révélation en touchant à la sincérité du vin. Comment avais-je pu être si longtemps dans l’ignorance ? A partir de ce moment là, j’ai progressivement éliminé tous les vins qui ne s’accordaient pas à la vie, à la pureté de l’eau, à cette traçabilité de l’eau de source, preuve que l’homme n’a pas triché. Quand tu l’as en toi, tu ne peux plus en sortir. Et heureusement.

    • oui @touti le viticulteur est dans ce récit un personnage très attachant. D’autant plus attachant qu’il fait ce métier par choix. Pour qui s’intéresse un peu à la paysannerie, c’est un parcours heureux comme il en existe d’autres mais jamais relaté dans les médias et autres formes de culture dite de masse. A quand une série télévisée sur les déboires et les réussites d’un agriculteur bio, ou un long métrage sur la petite paysannerie ou encore sur le lobby de l’agroalimentaire ?

    • Oui @odilon ! J’ai eu l’occasion de discuter avec de jeunes paysans qui ont sans cesse des bâtons dans les roues. Par exemple, l’une (nana passionante de 24 ans) fournit seule des paniers bio sur Limoges en travaillant une terre qu’elle doit partager avec son frère, mais celui-ci est en exploitation intensive et considère qu’elle nourrit l’élite ! J’aimerais voir la confrontation des deux filmée.

  • Surveillance totale - le contrôle des lettres et cartes postalen en RFA

    Le professeur d’histoire Josef Foschepoth vient de publier les résultats impressionnants de ses recherches sur l’amplleur du contrôle des lettres et cartes postale en RFA (République fédérale d’Allemagne) avant 1989.
    (1) http://www.v-r.de/de/newsdetail-0-0/die_brd_war_ein_ueberwachungsstaat-124
    http://portal.uni-freiburg.de/herbert/mitarbeiter/foschepoth_juergen/foschepoth_juergen.jpg

    Dans son livre il décrit que la totalité des lettres arrivant de la RDA dans les centres de distribustion de la poste était contrôlée et ouvert si nécessaire. La base de ces activités était un accord entre le chancelier Adenauer et les alliés de l’ouest datant de 1954. Ce contrat secret leur accordant le droit d’agir librement en la matière est envore en vigeur aujourd’hui . Le gouvernement ouest-allemand profitait de cet accord parce qu’il avait accès aux information collectées illégalement pour espionner l’opposition politique.

    L’existence de ces activités dans le Berlin-Ouest occupé jusqu’en 1990 était un secret de polichinelle, mais leur ampleur couvrant le territoire entier de l’Allemagne de l’ouest est une nouvelle information qui met en question la supériorité morale de la RFA par rapport aux pratiques connués en RDA.

    Überwachungsstaat : DDR-Postkontrolle in der Bundesrepublik (19.11.2012) - YouTube
    http://www.youtube.com/watch?v=daHPpSwVADc

    http://www.hintergrund.de/201211222364/politik/inland/ueberwachungsstaat-brd-postgeheimnis-unter-alliierter-kontrolle-ausgeheb

    Prof. Josef Foschepoth von der Universität Freiburg hat in jahrelanger Archivarbeit nachgewiesen, in welchem Umfang der westdeutsche Staat die Post seiner Bürger ausspionieren ließ. Betroffen waren über hundert Millionen Briefe, Päckchen, Pakete usw. Allein zwischen 1955 und 1972 seien 119 Millionen Postsendungen aus der DDR aus dem Verkehr gezogen worden, stellt er fest. Unzählige Briefe an Parlamentarier, aber auch an Privatpersonen, sollten nie ihre Adressaten erreichen. Den Auftrag für den millionenfachen Verstoß gegen das Grundgesetz erteilten die drei westlichen Besatzungsmächte.

    Willfährige Vollstrecker der staatlichen Überwachung waren die Bundesregierung, Postbeamte, Geheimdienste sowie eine geheime Einheit der Bundeswehr. „Die intensive Überwachung des Post- und Fernmeldeverkehrs in der Bundesrepublik war eine unmittelbare Folge der Weststaatsentwicklung und Westintegration der Bundesrepublik. Durch alliiertes Recht war die Bundesregierung nicht nur gehalten, dies zu dulden, sondern auch aktiv daran mitzuwirken. Adenauer selbst handelte 1954 mit den Westmächten neue Geheimdienst- und Überwachungsrechte aus. Nur so konnte das Grundgesetz in Sachen Post- und Fernmeldegeheimnis umgangen werden“, sagt Foschepoth.


    Dass der Staat mit den Notstandsgesetzen einen Angriff auf das Grundgesetz plante, war im Mai 1968 Hunderttausenden bewusst. Massenproteste gab es in der gesamten Republik. In welch gravierender Weise jedoch das Postgeheimnis bereits eliminiert war, ahnte kaum jemand.

    #espionnage

  • 22 novembre 1918 : écrasement du #Soviet de Strasbourg
    http://forumamislo.net/index.php?act=ephem&s=t #répression #lutte_de_classe

    Texte de Didier Daeninckx de novembre 2000.

    11 novembre 1918 : le drapeau rouge flotte sur Strasbourg et l’Alsace proclame la République des soviets...

    Un jour, venant de Strasbourg où j’étais allé repérer les décors d’une nouvelle, je me suis arrêté devant la plaque d’une importante voie de la capitale alsacienne, la « rue du 22 novembre ». Je ne saurais dire pourquoi cette dénomination avait attiré mon attention, mais j’avais demandé à un passant à quel événement elle faisait référence. « A la Libération, en 1944 », m’avait-il répondu. Un simple coup d’oeil sur un livre d’histoire régionale m’apprit que...

  • SET (74) : SCOP contre multinationale - regards.fr
    http://www.regards.fr/societe/set-74-scop-contre-multinationale,5829

    En avril dernier, une start-up américano-suédoise, Replisaurus Technologies, est mise en liquidation judiciaire. Du coup, sa filiale française, SET, basée à Saint-Jeoire-de-Faucigny en Haute-Savoie est en vente. Concevant et fabricant des machines d’hybridation de puces électroniques, un savoir-faire qui en fait le leader mondial pour les applications à infra-rouge, 32 de ses 42 salariés ont présenté un projet de reprise de l’entreprise en SCOP. Face à eux, la multinationale américano-singapourienne Kulicke & Soffa (KnS).

    Mardi 6 novembre, le Tribunal de commerce d’Annecy a préféré le rachat par la multinationale KnS plutôt que la reprise de l’entreprise en SCOP. Deux jours plus tard, le parquet d’Annecy a fait appel de la décision du tribunal de commerce d’Annecy « parce qu’il craint que l’entreprise KnS ne s’intéresse qu’à la reprise de la technologie et au carnet de commandes » et qu’il estime que le projet de SCOP garantit mieux la conservation du savoir-faire en France « et à terme la pérennité des emplois à Saint-Jeoire-de-Faucigny », selon les termes de son représentant. Du coup, les deux représentants de KnS, un directeur et une DRH ont du plier bagage et le contrôle de l’entreprise a été repris par l’administrateur judiciaire, Me Meney. La Cour d’appel de Chambéry devra statuer le 27 novembre.

    Une vidéo réalisée par des journalistes de France 3 qui montre la rencontre entre Bruno Guilmart, PDG de KnS, et les salariés de SET : une magnifique leçon de mondialisation néolibérale exprimée dans sa meilleure novlangue : offset, érendé, nucléus, vécé, tailleme-tou-marquette, couartère, costcenter...

    http://www.youtube.com/watch?v=pihMl1I4XJM&feature=player_embedded#

     !

    #scop #néolibéralisme

  • Et si le problème de la France était la gouvernance de ses entreprises ? | 365 mots
    http://www.365mots.com/2012/11/et-si-le-probleme-de-la-france-etait-la-gouvernance-de-ses-entreprises

    je reste persuadé que les 20 milliards de crédits d’impôts distribués aux entreprises ne serviront à rien. La précédente décharge fiscale date de 2011 et a permis, via la suppression de la taxe professionnelle, de transférer 7,5 milliards d’euros par an des entreprises vers les ménages. La croissance et la courbe du chômage n’ayant même pas esquissé un début de frémissement depuis cette date, je vous prie de bien vouloir me permettre d’émettre de forts doutes sur l’utilité de la nouvelle mesure.

    Une question d’objectifs et d’intérêts

    Depuis maintenant plusieurs décennies, on écoute les chefs d’entreprises et leurs conseils pour la bonne marche du pays si benoîtement que c’en est suspect. Certes, ce sont des gens très intelligents au sens stratégique souvent hors normes, mais ne nous voilons pas la face : leur intérêt n’est pas celui du pays.

    • En tant que dirigeant d’entreprise (oui j’avoue :-) je suis mille fois d’accord avec tout ça...

      La France a un problème de gouvernance d’entreprises

      La réponse à ces question est que ceux qui prennent les décisions, les actionnaires, ont trouvé à l’étranger un moyen d’utiliser leur capital de manière plus efficace : au lieu de gagner 3 % tous les ans, ils ont obtenu 15 %. Une fois que leur stratégie court-termiste n’a plus fonctionné – dans le cas de Lejaby, suite à l’absence de toute R&D et à la suppression de tout investissement – ils ont mis la main sur d’autres sociétés et ont fait la même chose. Prendre possession de quelque chose, le vider de sa substance, et l’abandonner, cela s’appelle de parasitisme.

      La France a un gros souci de gouvernance d’entreprise. La force actuelle de l’Allemagne, où malgré l’absence de salaire minimum, le coût du travail est équivalent au nôtre, c’est qu’elle a un tissu très important de moyennes entreprises, dont les actionnaires sont les patrons, des gens qui y travaillent, qui y mettent physiquement les pieds tous les matins, qui ont des attaches personnelles dans leur région d’implantation et qui ne peuvent pas se dire, tous les quatre matins « allons-y, délocalisons en Chine ». C’est de ce patronat-là que la France a besoin, c’est ce patronat-là qu’il faut aider, ces entreprises-là qu’il faut développer.

      #gouvernance #parasitisme

    • C’est de ce patronat-là que la France a besoin, c’est ce patronat-là qu’il faut aider, ces entreprises-là qu’il faut développer.

      J’ajoute que de notre côté on bannit le mot « patron », sans doute un peu par idéologie, mais parce ce qu’on veut abandonner cette distinction. On est pour le moment les 3 actionnaires uniques d’une boite de 30 personnes, mais on ne s’estime propriétaire de rien, juste responsables, au niveau de la stratégie générale. J’allais dire « au plus haut niveau », mais c’est une vision hiérarchique. On est juste responsable de la trajectoire de l’entreprise, de sa pérennité dans le temps. On est l’arbitrage de dernier recours. Mais on n’est pas « au dessus ».

      La notion de propriété ne sert à rien, on ne veut pas de ses privilèges, il n’y a donc pas de dividendes. On considère que le bénéfice est un déficit inversé, c’est à dire le fruit d’une mauvaise gestion : soit une remunération trop faible de nos ressources (collaborateurs, fournisseurs..), soit un coût de vente trop cher de nos produits.
      Bon comme nos clients sont d’affreux capitalistes, on leur vend cher, et on met de l’argent de côté, mais idéalement faudrait pas, car on sait tous que dans la chaîne de valeur, celui qui paie la note à la fin, c’est l’individu...

      On agit dans notre société comme si on était mandaté pour la développer, créer de l’emploi et la rendre performante, comme un élu local a en charge une collectivité qui ne lui appartient pas et dont il ne doit en tirer aucun privilège, si ce n’est que le fait d’avoir un boulot intéressant grâce aux responsabilités.

      On ne veut pas distinguer le « patron » du reste de l’équipe, car chacun a une fonction, une mission et des responsabilités indispensables, on veut sortir du schéma hiérarchique, paternaliste et infantilisant traditionnel de l’entreprise.

      Voilà pourquoi je ne suis pas un révolutionnaire, j’espère encore un peu faire tâche d’huile, même s’il faudra 18 générations pour devenir un modèle dominant, j’espère encore un peu :-)

    • Je ne comprends pas ton distinguo : même si dans la pratique quotidienne vous vous efforcez d’être au service de tous les employés (ce que je veux bien admettre), le jour où quelque chose va mal, vous n’êtes pas à égalité. Si l’un de vous est malade, ou désire se barrer, ou si vous vous fâchez, les trois actionnaires sont dans une bien meilleure posture que les 27 autres.

    • @fil : bien sûr, au niveau des institutions, la distinction existe. Ensuite, à nous de gérer le projet pour évoluer dans une direction satisfaisante : on vise une scoop à terme si on est sûr que la gouvernance sera ok. Pour le moment il y a encore besoin de sortir de l’infantilisme culturel du salarié.
      Dans le mot patron, on entend à la fois « patrimoine » et « paternalisme ». C’est tout ça qu’on veut bannir...

  • Voyage au sommet de l’oligarchie : La France de tout en haut 3/3 | François Ruffin (Fakir)
    http://www.fakirpresse.info/Voyage-au-sommet-de-l-oligarchie,477.html

    Il faudrait écrire, sérieusement, tranquillement, une Histoire de l’oligarchie, de son « renouveau ». Au doigt mouillé, je vais l’ébaucher à grands traits. Années 85-95 : le basculement L’argent, d’abord, nerf de leur guerre. Entre 1983 et 1989, après une décennie 70 sur la défensive, le Capital a reconstitué ses forces. Les taux de profits atteignent des sommets. La part des dividendes, comparé à la masse salariale, triple rapidement. On en a fini avec les « conquêtes sociales » en série (SMIC, allocations chômage, retraites à 60 ans, etc.) qui grèvent les bénéfices – tandis qu’à l’inverse, les facilités fiscales se multiplient. (...) Source : Fakir

  • Les cartes marines à la BNF Toute la splendeur du monde - Libération

    http://www.liberation.fr/culture/2012/10/11/les-cartes-marines-a-la-bnf-toute-la-splendeur-du-monde_852613
    11 octobre 2012 à 20:06
    Par BRICE GRUET Maître de conférences à l’université Paris-XII

    Guides maritimes et riche évocation des lieux explorés, les cartes exposées à partir du 23 octobre à la Bibliothèque nationale de France éclairent sur la représentation du monde des premiers navigateurs.

    C’est un coup d’éclat. La BNF propose au public d’explorer l’univers des cartes marines, que l’on appelle plus communément les portulans. Mais en fait, alors que les portulans ne sont que des descriptions écrites des routes maritimes et des principaux ports, les cartes marines, elles, sont de véritables cartes, qui proposent un faisceau d’informations aussi riches que possible. Non seulement à propos des traits de côte et des noms de lieux, mais aussi sur les peuples, la faune et la flore, voire les merveilles des pays et contrées représentées. On y trouve ainsi des sortes de bandes dessinées qui mettent en scène les cannibales d’Amérique, les ors et les épices des Indes, les animaux inconnus de l’Afrique…

  • Taxer Google, oui, mais pour quoi faire - Les blogs du Diplo

    http://blog.mondediplo.net/2012-11-01-Faire-payer-Google

    Le paysage médiatique a changé, et il serait vain de vouloir le ramener aux années du Minitel, avec ses accès surtaxés et contrôlés de façon centrale par un opérateur public.

    La stratégie économique qui consistait à vendre des journaux aux lecteurs, et à vendre des lecteurs aux annonceurs, prend l’eau de toutes parts. Internet oblige les journaux à inventer d’autres modèles.

    ...ces nouveaux modèles passeront forcément par une implication plus grande des lecteurs dans les titres qu’ils veulent lire, soutenir et partager.

  • Henri Guillemin livre son « arrière-pensée » (entretien avec Guy Peeters publié dans Le Soir des 20 et 21 novembre 1977) :

    http://www.spa-entouteslettres.be/hgarriere-pensee.html

    Extrait :

    « Les arrière-pensées qui m’animent. Eh bien, vous employez ce mot sans doute parce que moi-même je l’ai utilisé dans mon livre sur Jaurès. C’était une phrase de Jaurès lui-même qui m’avait déclenché. Cette phrase, je l’ai trouvée au chapitre X de son livre sur L’armée nouvelle, écrit entre 1910 et 1911, et je me permets de la citer ici puisque je la sais par cœur : « J’ai sur le monde, si cruellement ambigu, une arrière-pensée sans laquelle la vie de l’esprit me semblerait à peine tolérable à la race humaine. » Un point. Donc, nous avons de l’aveu même de Jean Jaurès une affirmation que derrière son entreprise politique, il y a une arrière-pensée métaphysique puisqu’il s’agissait bien d’une explication du monde. Cette arrière-pensée de Jaurès, elle n’était pas difficile à définir, étant donné que lui-même avait écrit son livre De la réalité du monde sensible en 1892, livre dont il a dit en janvier 1910 à la Chambre : « Je n’en renie pas une syllabe et il est resté la substance même de ma pensée. » J’étais donc autorisé par Jaurès lui-même à découvrir cette arrière-pensée à laquelle il a fait allusion. D’autre part, lorsque j’ai fait ce travail sur Jaurès, j’avais déjà moi-même une autre arrière-pensée qui était qu’il n’était pas le seul à avoir une arrière-pensée politique. Prenons le cas de Robespierre. Robespierre est quelqu’un qui est critiqué, qui est haï, qui est détesté par des tas de gens, et qui, même du côté de ceux qui se prétendent ses héritiers, a un aspect de sa pensée que l’on masque le plus souvent possible, c’est-à-dire la Fête de l’Être Suprême qu’il avait organisée. Comme si on lui « pardonnait » ce côté périmé de sa pensée. Or, un homme comme Robespierre était un homme qui considérait que la modification des structures économiques et politiques d’une Cité n’avait d’intérêt que dans la mesure où elle permettait un développement de l’individu. Je n’en veux pour preuve qu’un discours dont la date m’échappe maintenant (je crois début 1794) sur les « Principes d’un gouvernement républicain » où Robespierre ose dire cette phrase qui me touche tellement : « Ce que nous voulons, c’est une organisation de la Cité où toutes les âmes s’agrandiront » — vous entendez bien. Il s’agit donc bien d’un prolongement de la réforme structurelle, de la réforme politique, de la réforme sociale en vue d’un développement de l’individu. « Où toutes les âmes s’agrandiront... » Il faut savoir qu’un homme comme Robespierre était extrêmement influencé par la pensée de Jean-Jacques Rousseau. Et, à mon sens, on ne peut comprendre le Contrat social de Rousseau si on ne se réfère pas à la Profession de foi du vicaire Savoyard. Il y a un certain chapitre du Contrat social qui s’appelle « Le Législateur ». Ce législateur, il ne s’en explique pas ; c’est un texte qui demeure obscur et volontairement réservé sous la plume de Jean-Jacques. Mais, il est facile de comprendre, quand on a lu sa Correspondance et qu’on a pénétré sa pensée, que pour lui ce législateur n’est pas autre chose que Jésus-Christ. La pensée politique et sociale de Jean-Jacques Rousseau repose sur une métaphysique, il ne cessera pas de l’exprimer depuis ses premier et deuxième Discours — deuxième discours qui porte en épigraphe un vers latin de l’auteur Perse : « Quem te Deus esse jussit, disce » ; ça veut dire : « Homme, apprends ce que Dieu veut que tu sois ». Cette épigraphe à elle seule montre que Jean-Jacques Rousseau est préoccupé de la destinée de la personne humaine, qu’il veut permettre à l’homme d’accomplir sa destination, et que, dans sa pensée, cette destination dépasse le plan temporel et va jusqu’au plan spirituel et même surnaturel.

    « Trois exemples, trois grands penseurs — Jaurès, Robespierre et Rousseau — auxquels on pourrait adjoindre Hugo et Lamartine, ce Lamartine qui, en février 1848, alors qu’il se lance dans la politique violente écrit : « C’est la bataille de Dieu que nous entreprenons. »

    « De quoi s’agit-il ? Il s’agit de donner à l’être humain une vue du monde qui lui permettrait de dépasser le désespoir. Je dis bien désespoir, parce que, quand je pense à Tolstoï — autour de ses 50 ans, un homme comblé, un homme qui avait six beaux enfants, qui avait une femme qui l’aimait et qui le désirait, qui était le plus grand écrivain de son temps et qui le savait — je vois un homme sur le bord du désespoir et du suicide parce qu’il n’arrivait pas à répondre à une question qui lui paraissait fondamentale et pour laquelle il n’y avait pas de réponse : « À quoi ça sert ? Qu’est-ce que c’est que la vie ? Nous sommes condamnés à mort, mais c’est une absurdité que cette mort, étant donné que nous avons un esprit capable de concevoir des tas de choses, et puis, tout à coup, il n’y a plus rien. » Tolstoï, au terme de cette année 1878, a eu une illumination, il a cru avoir compris, et cet homme qui était désespéré a cessé de l’être. Aujourd’hui, vous le voyez, il y a des quantités de jeunes qui sont attirés vers le suicide. Le suicide des jeunes en Occident ne cesse pas de croître. Parce que — je les comprends tellement bien — on leur présente une vue du monde qui ne serait qu’une jouissance, qui ne serait qu’une utilisation de leur sexe ou de leur argent, et ils finissent forcément par un mur du fond. Je comprends très bien que notre mode de vie débouche sur l’absurdité, et c’est justement pourquoi je suis tellement attaché à la pensée métaphysique qui est la mienne, parce qu’elle seule — il me semble — est capable de délivrer la jeunesse de ce désespoir vers lequel elle va obligatoirement, forcément, foncièrement.

    « Il s’agit pour moi, de découvrir ce que nous sommes, ce que l’individu est dans sa substance. Et c’est là que je suis profondément d’accord avec un homme comme Jaurès qui dit : « L’humanité n’a de valeur que comme expression de l’infini » ; avec Pascal qui affirme que « l’homme passe infiniment l’homme » ; avec Jean-Jacques Rousseau qui croit que « notre vrai moi n’est pas tout entier en nous ».

    « Ma certitude fondamentale, c’est que ce qui nous constitue dans notre substance même, c’est une revendication. L’individu humain est fait d’une vibration, d’une espérance. Ce qui me frappe d’ailleurs beaucoup, c’est que les physiciens contemporains voient se modifier d’une manière extraordinaire leur conception de la matière. Autrefois, chez Épicure et chez Lucrèce, la matière, c’étaient de petits atomes, pondérables, qui avaient une densité et qui tombaient. Aujourd’hui, quand on parle de matière, on parle de plus en plus d’une section de cette matière — l’atome se décompose — et on en arrive à une espèce d’idée que la matière ne serait qu’une vibration, une énergie. Eh bien, je me demande si la personne humaine, au fond, dans sa substance, n’est pas elle-même une vibration et une énergie. Quand je vous parlais de la réclamation, c’est tout de même vrai que, nous tous, nous désirons quelque chose, nous sommes aspirés par quelque chose ; nous voudrions ce que nous appelons dans un bredouillage : Dieu, une solidarité, amour, tendresse, bonté. Nous voulons quelque chose qui réponde à une demande de nous-mêmes, à une espèce de mise en demeure du monde de nous satisfaire, parce que nous ne sommes pas satisfaits.

    « Or, pour aimer et désirer quelque chose, il faut déjà avoir une certaine connaissance, au moins un pressentiment de ce quelque chose. On ne peut pas désirer ce dont on n’a pas d’idée. Cette réclamation, elle est non seulement viscérale mais elle est en elle-même la preuve que ce quelque chose que nous désirons existe. C’est là que j’aime à citer une phrase de Lamartine, qui est dans Utopie, écrit en 1838 : « Cette aspiration qui prouve une atmosphère ». De même qu’il n’y a de poumons que parce qu’il y a une atmosphère concrète, de même ce qui est le fond de nous-mêmes, cette revendication, ce cri vers quelque chose, prouve que ce quelque chose existe. Ce quelque chose, je l’appelle Dieu ; Teilhard de Chardin parlait de l’Oméga ; nous appelons cela aussi, dans un vocabulaire misérable, le Bien, la Solidarité, etc.

    « Voilà, dans mes conférences et dans mes livres, j’essaie de donner à ceux qui m’écoutent ou me lisent l’idée que la vie ne se ferme pas sur elle-même, que la mort est un transfert d’existence, que nous sommes bien autre chose qu’un carrefour de réflexes et de reflets — ce que prétendent les structuralistes. Il y a en nous un noyau qui nous permet de dire je ; et ce qui nous permet de dire je, c’est le contact que nous avons avec cet infini dont nous dépendons et qui nous a créé. »

    Écouter aussi « Ma conviction profonde », dont voici le début :

    Entendu ; je jouerai le jeu. Je ne l’ai jamais fait. Le prosélytisme n’est pas mon fort, mais puisqu’on m’interroge, les yeux dans les yeux, je ne me déroberai pas.
    J’ai essayé de bien réfléchir, posément, de me prendre en mains, de me rassembler. Il ne s’agit pas de discourir, mais d’atteindre et de livrer le noyau de moi-même.
    ....Tant pis. Avec tout ce que je puis d’intelligence et de bonne volonté, la voici, ma conviction.
    Peut-on vivre sans une idée précise de ce que c’est la vie, du sens que ça peut avoir, cette course à la mort ?
    .... Et si l’on me demande à présent : "Alors pratiquement, la vie, d’après vous, c’est pourquoi faire ?"je dirai c’est de tâcher, si je suis incapable de faire grand bien, c’est de tâcher, oui, au moins, de ne pas faire de mal ; de travailler, comme je peux, dans mon coin, à dire ce qui me semble vrai ; et d’essayer, enfin, d’être bon, de ne pas me tromper sur le sens de ce mot : aimer.

    http://www.youtube.com/watch?v=VMblvGKDAIE&list=PL3FE0F0801FEAED00&index=113&feature=plpp_video

    #Henri_Guillemin #Guillemin #politique #spiritualité #métaphysique

  • Vendredi 31 juillet 1914 à 21 h 40, alors qu’il dîne au café du Croissant, rue Montmartre, dans le 2e arrondissement de Paris, à deux pas du siège de son journal L’Humanité, Jean Jaurès est assassiné.

    C’est arrivé il y a près d’un siècle, mais relire cette histoire me fait encore frissonner.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Assassinat_de_Jean_Jaur%C3%A8s

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k253902z

    Sur Jaurès, voir aussi :
    http://seenthis.net/messages/95216
    http://seenthis.net/messages/95096

    #Jean_Jaurès #Jaurès #socialisme #capitalisme #guerre #14-18 #Première_guerre_mondiale #histoire