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’Je me fracasserai. Je ne suis pas situé en ce monde’ L. Calaferte

  • En pleine visite d’Emmanuel Macron, nouvelle vague d’arrestations politiques en Égypte
    https://www.bastamag.net/En-pleine-visite-d-Emmanuel-Macron-nouvelle-vague-d-arrestations-politique

    Il n’aura pas fallu longtemps pour que les intentions affichées par Emmanuel Macron soient soumises à l’épreuve de la réalité. Au moment même où le président français affirmait, durant son séjour au Caire, vouloir redonner de l’importance à la question des droits humains dans la relation entre la France et l’Égypte, les forces de sécurité du régime d’Abdel Fattah al-Sissi arrêtaient plusieurs opposants politiques appartenant à la gauche égyptienne. Puis, le président français à peine remonté dans l’avion, un (...)

    #Décrypter

    / #Politique, #Proche_et_Moyen_Orient, Démocratie !, #Droits_fondamentaux, A la une

    #Démocratie_ !

  • De plus en plus de voix demandent l’interdiction des armes intermédiaires utilisées contre les manifestants
    https://www.bastamag.net/De-plus-en-plus-de-voix-demandent-l-interdiction-des-armes-intermediaires

    Quarante-trois personnes blessées ou mutilées par les forces de l’ordre viennent de publier un manifeste dans lequel elles demandent « l’interdiction immédiate et définitive » des lanceurs de balle de défense et grenades utilisées pour le maintien de l’ordre. Seront-elles davantage écoutées que le Défenseur des droits et les organisations de défense des droits humains ? Des médecins, constatant la gravité des blessures, ont également lancé une pétition pour un moratoire. Une marche blanche est organisée à (...)

    #Décrypter

    / A la une, #Luttes_sociales, #Droits_fondamentaux

  • A state of the art of decentralized web — Part 1
    https://hackernoon.com/a-state-of-the-art-of-decentralized-web-part-1-54f70fdb7355?source=rss--

    A state of the art of decentralized web — Part 11. IntroductionI am a full-stack web developer with a good expertise in JavaScript and serverless architectures on AWS (take a look to my other articles if you are interested in this topic). I have the feeling that #decentralization might be the next big thing in web development. By the way, one very popular ÐApp library is called web3.js, as being the successor of what we currently know as Web 2.0. In a way, decentralization could enable a true web without servers where every client would contribute to the web (like a #peer-to-peer network).Decentralized is the new ServerlessIn this series, I will try to demystify this whole new ecosystem. I will share with you my findings on a pretty high level. Don’t see this as a complete course or an (...)

    #web-development #blockchain #ethereum

  • Il est allé trop loin, il doit partir, par Frédéric Lordon (Les blogs du Diplo, 28 janvier 2019)
    https://blog.mondediplo.net/il-est-alle-trop-loin-il-doit-partir

    Parfois aussi, c’est sous la forme la plus innocente que se laisse découvrir la vérité : un syndicaliste policier, invité de l’émission d’Arrêt sur images (5), exprime avec une désarmante candeur son désarroi : « Les manifestants ne jouent plus le jeu ». C’est tellement complet, tellement profond, que c’en est vertigineux. En un mot, tout est dévoilé. La pantomime démocratique-sociale, c’était un jeu. Vous faites semblant de demander, nous faisons semblant d’écouter — n’oubliez pas de vous munir de vos merguez, et soyez rentrés pour 18 heures.

  • Soudain, la société, découvre les violences policières ?
    https://www.mouv.fr/emissions/mouv-13-actu/soudain-la-societe-decouvre-les-violences-policieres-347117

    De nombreux collectifs et associations alertent : il y a Désarmons-les, qui comptabilise les victimes de grenades et de lanceurs de balles, les collectifs comme Justice pour Adama, des ONG comme l’ACAT ou encore Amnesty International. Tous ont mis en lumière la dangerosité de ces armes dites « non-létales ».

    Le débat est ouvert, Marion a rencontré David Dufresne, il est documentariste et écrivain, ça fait 20 ans qu’il travaille sur les questions de maintien de l’ordre et il fait le compte des blessés depuis le mois de novembre, ses messages commencent par « Allo Place Beauvau, c’est pour un signalement », à l’heure où on se parle on en est à 350…

    #maintien_de_l'ordre

  • Gilets jaunes : le #décompte des #blessés graves

    Après l’acte X, #Checknews compte désormais, au 21 janvier, 109 blessés graves parmi les gilets jaunes et les journalistes, dont 79 par des tirs de #lanceur_de_balle_de_défense. Au moins 15 victimes ont perdu un oeil.

    https://www.liberation.fr/checknews/2019/01/14/gilets-jaunes-le-decompte-des-blesses-graves_1702863

    #statistiques #chiffres #gilets_jaunes #violences_policières #maintien_de_l'ordre #flash-ball #flashball

    Le compte twitter de @CheckNews (de l’équipe de Libé) :
    https://twitter.com/CheckNewsfr

    • Le terrible #bilan de deux mois de violences policières

      Depuis le début de la mobilisation Gilets jaunes, plusieurs recensements font état d’au moins 97 blessés graves par les armes de la police, dont quatre ont eu la main arrachée et au moins quatorze ont perdu un oeil. La faute aux lanceurs de balle de défense, aux grenades #GLI-F4 et à une doctrine de maintien de l’ordre ultraviolente.

      « J’étais en train de filmer avec mon téléphone portable aux Champs-Élysées quand il y a eu un mouvement de foule. J’ai reculé et j’ai senti cette balle de Flash-Ball percuter ma tête. J’ai eu l’impression que ma joue droite éclatait. » Axelle Marquise, 28 ans, a été blessée par un tir de lanceur de balle de défense (LBD) le samedi 8 décembre à Paris, lors d’une manifestation des Gilets jaunes. C’était la première fois de sa vie que cette serveuse à Six-Fours (Var) descendait dans la rue. Les examens médicaux diagnostiqueront une brûlure au deuxième degré, un hématome majeur, une double fracture de la mâchoire et un trismus – contraction constante des muscles de la mâchoire qui l’empêche d’ouvrir la bouche de plus d’un centimètre. « Je dois manger liquide pendant six semaines. J’ai déjà perdu six kilos. Après le rendez-vous le 29 janvier avec la chirurgienne pour vérifier que la fracture est bien réduite, je devrai faire je ne sais combien de séances de kiné pour soigner le trismus. Quand je pourrai enfin ouvrir la bouche, il faudra voir les dégâts au niveau des dents. J’ai perdu un bout de la molaire au fond à droite et je sens que quelque chose ne va pas », décrit-elle à Reporterre.

      La jeune femme s’est vue prescrire dix jours d’incapacité totale de travail (ITT). Pourtant, elle dit avoir eu « énormément de chance » par rapport aux autres blessés qui témoignent avec elle dans une vidéo. Celle-ci a été mise en ligne le 15 janvier par le collectif des « Mutilés pour l’exemple » (attention, images très choquantes). On y voit les cicatrices de Thomas, qui a lui aussi pris un tir de LBD en plein visage. Bilan, « 25 points de suture, une fracture du sinus, la lèvre tuméfiée et l’œil gauche touché ». Et le moignon d’Antoine, 26 ans, qui a eu la main droite arrachée par une grenade GLI-F4.

      Dans un courriel adressé à Reporterre le 17 janvier, le ministère de l’Intérieur a comptabilisé depuis le 17 novembre « 1.800 blessés parmi les manifestants et un millier de blessés parmi les forces de l’ordre » - dont les trois-quarts, selon Le Journal du dimanche, n’auraient pas donné lieu à un arrêt de travail. Ces chiffres ne disent rien de la gravité des blessures. Le 5 décembre, Reporterre recensait trois mains arrachées par des grenades GLI-F4, des blessures à la tête causées par des tirs de LBD et le décès de Zineb Redouane, 80 ans, à Marseille, après qu’une grenade ait été tirée dans son appartement.

      Depuis 2012, le collectif contre les violences d’État « Désarmons-les ! » tient la sinistre comptabilité des blessés graves et tués par la police. « Nous parlons de blessure grave dès lors qu’il y a plaie ouverte avec fracture, traumatisme crânien, perte d’un membre, rupture d’un organe ou blessure à la tête. Les informations nous viennent des réseaux sociaux, de membres du réseau et d’avocats engagés dans la lutte contre les violences policières, explique à Reporterre Ian B., membre du collectif. Quand une information nous parvient, nous demandons confirmation aux proches de la victime ainsi que plusieurs photos à différents stades de la guérison avant de la verser à la liste. » Dans un bilan provisoire mis en ligne le 4 janvier, le collectif dénombrait 97 blessés graves depuis le 17 novembre. « Quasiment les trois quarts ont été blessés à la tête » et plusieurs ont été définitivement mutilés : quatre ont eu une main arrachée, une personne est devenue sourde suite à l’explosion d’une grenade et dix-sept personnes ont été éborgnées.

      Le journaliste indépendant David Dufresne a quant à lui entrepris de signaler blessures et violences les plus graves sur son fil Twitter et au ministère de l’Intérieur. Quand Reporterre l’a rencontré, mercredi 16 janvier, il avait déjà rédigé 307 « signalements ». « La plupart concernent des blessures. D’autres, des manquements à la déontologie ou un non-respect des règles qui sont la matrice de la blessure. Toutes les blessures à la tête causées par des LBD et des Flash-Ball sont interdites, puisque les policiers ne sont pas autorisés à viser la tête et les parties génitales. Les tabassages ne sont pas autorisés non plus. Cette centaine de blessés graves et ce millier de blessés légers sont déshonorants. »

      Le quotidien Libération s’est appuyé sur ces travaux pour établir son propre recensement « non exhaustif ». Bilan le 15 janvier : 94 blessés graves, dont 69 par des tirs de LBD. Et au moins 14 personnes éborgnées.

      Chez ces observateurs, c’est l’effroi qui prime. « J’ai entrepris ce travail à cause d’un sentiment de sidération devant les images de violences policières et le déni politique et médiatique de ces violences, explique David Dufresne, qui avait publié en 2013 un livre d’enquête intitulé Maintien de l’ordre (éd. Fayard). Avec les Gilets jaunes, on a battu les records des mobilisations contre le CIP en 1994, contre le plan Juppé en 1995 et contre le CPE en 2006. Il faut remonter à Mai 68 pour déplorer un tel bilan. Certes, en Mai 68, il y avait eu des morts. Mais là aussi, une dame de 80 ans est morte à Marseille. Une enquête doit établir s’il s’agit d’une victime collatérale, mais elle reste une victime. »

      Même sentiment d’aggravation du côté de Désarmons-les : « Le collectif est né en 2012, quand nous nous sommes rendus compte que des manifestants étaient blessés par les armes de la police et notamment les grenades utilisées depuis les années 2000, raconte Ian B. En février 2014, trois personnes ont été éborgnées à Nantes lors d’une manifestation contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Le nombre de blessés a grimpé en flèche au moment de la mort de Rémi Fraisse à Sivens en octobre 2014, des mobilisations contre la « loi travail » en 2016 et de l’expulsion de la Zad de Notre-Dame-des-Landes en 2018. » Mais la mobilisation des Gilets jaunes fait exploser les compteurs. « Entre 1999 et le 17 novembre 2018, soit environ vingt ans, nous avons recensé 53 blessés graves, dont un grand nombre en-dehors de manifestations. Depuis le 17 novembre, nous en sommes à 97 blessés graves, quasiment tous en manifestations. »

      Comment en est-on arrivé là ? En juillet 2017, l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat) dénonçait dans une note adressée au Défenseur des droits un « tournant majeur dans la doctrine française du maintien de l’ordre » depuis le début des années 2000, avec « le développement des logiques d’interpellation d’une part et la transformation de l’armement d’autre part ». « Allant de pair avec une logique chiffrée de l’action policière, le nombre d’interpellations est devenu un enjeu des opérations de maintien de l’ordre, peut-on y lire. Une interpellation implique un rapprochement au corps à corps, et donc, de facto, un abandon de la logique de mise à distance. » L’évolution de l’armement s’est traduite par l’essor des armes de force intermédiaire – lanceurs de balle de défense dont le #LBD_40, grenades lacrymogènes instantanées GLI-F4 et grenades de désencerclement –, à l’origine de la plupart des blessures graves en manifestation ces dernières années. A noter que seule la France utilise ces armements : ni l’Allemagne, ni le Royaume-Uni, ni la Belgique n’utilisent de grenades à effet de souffle type #GLI-F4 et de #LBD.

      Le maintien de l’ordre en France, « une exception française »

      Cette évolution néfaste s’est faite avec la complicité du politique. Dans leur article « Un splendide isolement. Les politiques françaises du maintien de l’ordre », les sociologues Olivier Fillieule et Fabien Jobard s’intéressent à « la certitude, largement entretenue par policiers et gendarmes, que le maintien de l’ordre ’à la française’ est d’excellence et qu’il est prisé dans le monde entier. Cela fut peut-être vrai par le passé, mais ce n’est plus le cas. » En outre, « cette difficulté à se remettre en question s’adosse à un discours sur les spécificités de la situation française avec l’idée que les casseurs sont d’une détermination jamais vue auparavant et que l’on bascule dans un cycle inédit de violence (...). Le politique se contente de reprendre à son compte les déclarations des principaux syndicats de police, selon lesquels la violence de l’adversaire exonère le dispositif de maintien de l’ordre. (…) Se laissant convaincre par les arguments policiers sur la ’violence extrême’ des adversaires, les ministres de l’Intérieur par cette seule posture s’empêchent tout examen au fond de l’action policière. » La déclaration de Christophe Castaner le 16 janvier à Carcassonne, illustre bien ce soutien sans faille : « Moi, je ne connais aucun policier, aucun gendarme qui ait attaqué des Gilets jaunes. Par contre, je connais des policiers et des gendarmes qui utilisent des moyens de défense de la République, de l’ordre public. »

      Mais de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer la multiplication des blessures causées par les violences policières et réclamer l’interdiction des armes de force intermédiaire. Le 1er décembre, six avocats écrivaient à M. Castaner pour lui demander l’interdiction des grenades GLI-F4. Le 7 décembre, environ 200 personnalités, dont des élus de gauche, des sociologues, des historiens et des écrivains, appelaient à cesser « immédiatement » l’usage des LBD en manifestation. Le 14 décembre, c’était au tour d’Amnesty international de prendre la plume. Le 17 janvier, le Défenseur des droits Jacques Toubon réclamait une nouvelle fois la suspension de l’usage des LBD.

      Il avait déjà préconisé l’interdiction des lanceurs de balle de défense dans un rapport remis le 10 janvier 2018 à l’Assemblée nationale. « Au cours d’une manifestation où, par définition, les personnes visées sont généralement groupées et mobiles, le point visé ne sera pas nécessairement le point touché et la personne visée pourra ne pas être celle atteinte », y lit-on. « Par ailleurs, le caractère “non létal” des armes de force intermédiaire conduit en pratique les agents à les utiliser avec moins de précautions que les armes traditionnelles. Comme le relève Cédric Moreau de Bellaing, sociologue, l’introduction “des armes sublétales a plus d’effets délétères que positifs” car elles induisent “l’absolue certitude qu’au pire on amochera mais qu’on ne tuera pas” , ce qui explique qu’“on les utilise plus souvent” », poursuit le Défenseur des droits.

      « Les victimes sont issues de toutes les franges de la population »

      L’explosion du nombre de blessés joue dans la prise de conscience, mais pas seulement. Avec les Gilets jaunes, le profil des victimes a changé ; plus possible de mettre en avant l’image de « casseurs », « anarchistes » ou « zadistes » qui, quelque part, « l’auraient bien cherché ». « Les victimes ne sont plus issues du monde militant mais de toutes les franges de la population », observe David Dufresne. « Ce sont des citoyens ordinaires, des gens qui travaillent et qui ont une famille, et qui pour beaucoup descendent dans la rue pour la première fois pour défendre leurs droits », confirme Ian B, de Désarmons-les. « Avant d’aller en manifestation, je me disais que les personnes blessées avaient elles-mêmes commis des violences. Je ne pensais pas qu’un manifestant lambda pouvait se faire tirer dessus, témoigne Axelle Marquise. Mais aujourd’hui, quand je vois les images de Fiorina, 20 ans, qui a perdu un œil à cause d’un tir de Flash-Ball, j’ai des frissons dans tout le corps et les larmes aux yeux : comment une fille si jeune, qui allait à sa première manif, a-t-elle pu être mutilée de cette manière ? »

      La riposte judiciaire s’amorce. Le 11 janvier, l’Inspection générale de la police nationale avait été saisie de 207 signalements pour des dénonciations de violences policières, dont 71 enquêtes judiciaires et une enquête administrative, depuis le début du mouvement. 25 réclamations sont actuellement en cours de traitement par le Défenseur des droits, dont certaines concernent des groupes de personnes.

      Axelle Marquise, elle, a porté plainte contre X pour « violence aggravée avec menace ou usage d’une arme ». Elle n’est pas retournée manifester depuis sa blessure : « J’ai pensé accompagner mon compagnon la semaine dernière, mais je n’en ai pas dormi de la nuit. Je me suis vue prendre à nouveau un tir de LBD dans la tête et perdre un œil ou être défigurée à vie. » En revanche, elle se dit prête à répondre à l’appel du collectif des Mutilés pour l’exemple, pour des rassemblements le 2 février devant les commissariats et gendarmeries, avec des manifestants couverts de bandages demandant l’interdiction des armes de force intermédiaire. « Je ne sais pas si on obtiendra cette interdiction. De plus en plus de personnes ont conscience que ces armes peuvent mutiler et même tuer. Mais en même temps, je crains que le gouvernement trouve encore des excuses, en prétendant que les manifestants sont violents, qu’ils n’avaient pas à être là, comme l’a insinué Castaner en disant que ceux qui iraient manifester se rendraient complices des violences. »

      Le courriel du ministère de l’Intérieur n’est pas très encourageant : « Il s’agit d’armes de défense qui sont utilisées par les forces de l’ordre en réponse à des violences, en situation de légitime défense et dont l’usage qui en est fait est proportionné. Les manifestations, à Paris et en province, la plupart non déclarée, ont été caractérisées par des actions particulièrement violentes, et une volonté affichée d’en découdre avec les forces de l’ordre », a-t-il laconiquement répondu à Reporterre.

      https://reporterre.net/Le-terrible-bilan-de-deux-mois-de-violences-policieres

    • Avec les Gilets jaunes, on a battu les records des mobilisations contre le CIP en 1994, contre le plan Juppé en 1995 et contre le CPE en 2006. Il faut remonter à Mai 68 pour déplorer un tel bilan.

      Pourquoi on oublie à chaque fois les méfaits des gouvernements socialistes (Valls) au moment du vote de la Loi Travail (et ANI, etc).

    • La manif pour tous s’est aussi fait tabasser en mars 2013 : nasse, lacrymo, matraque…

      À l’époque « Valeurs actuelles » et autres sites de droite-droite étaient critiques des violences policières et relayaient le défenseur des droits. Une enquête avait été ouverte au Conseil de l’Europe.

      (EDIT : je répondais à un commentaire, depuis effacé)

    • Mais la version officielle dit : 4 gravement blessés à l’oeil...

      Quatre personnes ont été gravement blessées à l’oeil par des lanceurs de balle de défense (LBD) depuis le début du mouvement des « gilets jaunes », a affirmé ce mardi le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner lors d’une audition devant les députés.

      https://www.nouvelobs.com/societe/20190122.OBS8950/seulement-quatre-gilets-jaunes-eborgnes-par-la-police-vraiment.html

      signalé sur seenthis par @davduf :
      https://seenthis.net/messages/754776

  • La prison parisienne de la Santé rouvre, avec téléphones fixes et brouilleurs
    https://actu.orange.fr/france/la-prison-parisienne-de-la-sante-rouvre-lundi-avec-telephones-fixes-et-brouilleurs-CNT000001bGI8s/photos/la-prison-de-la-sante-a-la-veille-des-travaux-le-10-septembre-2014-83def

    Après quatre ans de travaux, la maison d’arrêt de la Santé, à Paris, accueillera lundi ses premiers détenus, dans des locaux entièrement rénovés et, pour la première fois en France, équipés à la fois de brouilleurs et de téléphones fixes en cellule. L’établissement pourrait atteindre dès la fin 2019 un taux d’occupation de 150%. Source : Actu Orange

  • Stopper la montée de l’insignifiance
    https://www.monde-diplomatique.fr/1998/08/CASTORIADIS/3964

    par Cornelius Castoriadis

    Il manque la voix de Cornelius Castoriadis, ce dissident essentiel, en ces temps de « non-pensée ». Il n’a pas sombré dans le renoncement esthète, ni dans le cynisme ni dans cette apathie repue qui dit : « Tout se vaut, tout est vu, tout est vain. » Il dénonce une élite politique réduite à appliquer l’intégrisme néolibéral, mais souligne aussi la responsabilité du « citoyen » que la précarité désengage de l’activité civique. Silencieusement, s’est mise en place cette formidable régression : une non-pensée produisant cette non-société, ce racisme social. Jusqu’au bout Castoriadis a recherché une radicalité : « Je suis un révolutionnaire favorable à des changements radicaux, disait-il quelques semaines avant sa mort. Je ne pense pas que l’on puisse faire marcher d’une manière libre, égalitaire et juste le système français capitaliste tel qu’il est. »

    #révolution #époque #Castoriadis

  • Des enfants emprisonnés à vie | Métro

    http://journalmetro.com/opinions/trajectoires/2048810/des-enfants-emprisonnes-a-vie

    Bravo à Andréane pour l’article.

    Cyntoia Brown avait 16 ans lorsque, en 2004, sans domicile ni argent, elle a été forcée à la prostitution par un proxénète surnommé Kut-Throat. Le soir du 5 août 2004, craignant pour sa vie, elle tire sur Johnny Allen, un homme de 43 ans à qui elle avait été vendue. Deux ans plus tard, sa sentence tombe : coupable de meurtre au premier degré et de vol. Elle devra purger une peine à vie, avec libération conditionnelle possible après 51 ans.

    La réalisation d’un documentaire sur Brown par PBS (2011), l’intérêt de certains législateurs et la médiatisation du cas ont permis une modification de la loi du Tennessee afin d’éviter qu’une personne de moins de 18 ans puisse être reconnue coupable de prostitution. Et pourtant, malgré ce changement législatif, la Cour suprême de l’État a jugé, en décembre 2018, que Brown devait servir 51 ans de prison avant d’être éligible à une libération conditionnelle.

  • "Je cite souvent Spinoza : « il n’y a pas de force intrinsèque de l’idée vraie. » C’est une des phrases les plus tristes de toute l’histoire de la pensée. Cela signifie que la vérité est très faible, sans force. Par conséquent, nous qui travaillons à produire de la vérité, qui croyons tacitement qu’il est important de produire de la vérité, qui croyons tacitement qu’il est important de diffuser la vérité puisque nous enseignons, nous parlons, nous écrivons, etc. est-ce que, pour être en accord avec nous-mêmes, pour ne pas être trop contradictoires et trop désespérés, nous ne devons pas essayer de réfléchir sur la nécessité de nous unir pour donner collectivement un peu de force sociale à la vérité ?"

    [ Bourdieu , Dévoiler et divulguer le refoulé ]

    #Bourdieu
    #Spinoza
    #Vérité
    #Lutte

  • Les forcenés, par Frédéric Lordon (Les blogs du Diplo, 8 janvier 2019)
    https://blog.mondediplo.net/les-forcenes

    propos recueilli d’un « haut responsable des forces de maintien de l’ordre » : « c’est nous, l’institution, qui fixons le niveau de violence de départ. Plus la nôtre est haute, plus celle des manifestants l’est aussi ». Voilà ce qu’on ne lira jamais dans la presse mainstream.

  • Manifestants blessés : le fabricant du «Flash-Ball» parle du LBD40: « C’est un calibre de guerre » - Le Parisien
    http://www.leparisien.fr/faits-divers/manifestants-blesses-le-fabricant-du-flash-ball-plaide-non-coupable-09-12

    Remplacé par une arme plus précise… mais plus puissante

    En 2015, la police des polices, l’IGPN, a jugé l’usage des Flash-Ball dépassé, et préconisé son retrait progressif de l’équipement des policiers. A la place, les forces de police ont été encouragées à se munir de LBD40
    #Maintien_de_L'ordre
    Le LBD40, comme le Flash-Ball, est une arme de quatrième catégorie. Mais contrairement au second, il est utilisé pour les longues distances. Il a été mis au point en 2008 par la police après les émeutes de Villiers-le-Bel en novembre 2007, au cours desquelles des armes à feu avaient été utilisées pour la première fois contre les policiers.

    « La balle est d’un calibre de 40 mm… c’est beaucoup plus dangereux que le Flash-ball. C’est un calibre de guerre », avance Jean-Verney Carron. Sur de courtes distances, le risque de traumatismes graves existe, voire de décès dans des cas exceptionnels.

    #Maintien_de_L'ordre

  • « Avec les Gilets jaunes, Facebook dispose d’une formidable base de données d’opinion »
    https://www.alternatives-economiques.fr/gilets-jaunes-facebook-dispose-dune-formidable-base-de-donnees/00087367

    Manifestation sur les Champs-Elysées, occupation de ronds-points, de péages... Les Gilets jaunes se sont exprimés dans de nombreux lieux, mais celui d’où le mouvement est parti et où il s’est organisé est le réseau social Facebook. Que ce soit les Facebook live (vidéo en direct), les groupes Facebook avec quelques millions de membres ou encore les événements Facebook pour se donner rendez-vous, la plate-forme a servi d’outil de mobilisation. Mais cette dernière est avant tout une entreprise (...)

    #CambridgeAnalytica #Facebook #algorithme #manipulation #données #électeurs #profiling #BigData

  • Appel à action : le Conseil européen doit rejeter la « définition IHRA » de l’antisémitisme !
    https://nantes.indymedia.org/articles/43826

    Sous la pression de lobbys favorables au gouvernement israélien à Bruxelles, un projet de résolution « pour la lutte contre l’antisémitisme et la protection des communautés juives en Europe » sera soumis à la décision finale du Conseil européen « Justice et affaires intérieures » ce jeudi 6 décembre 2018. Ce projet demande aux États membres d’adopter la « définition IHRA » de l’antisémitisme qui assimile la critique de l’État d’Israël à de l’antisémitisme et vise à criminaliser les défenseurs des droits des Palestiniens.

    #Racisme #Répression #Resistances #antifascisme #Racisme,Répression,Resistances,antifascisme

  • Europe is using smartphone data as a weapon to deport refugees

    European leaders need to bring immigration numbers down, and #metadata on smartphones could be just what they need to start sending migrants back.

    Smartphones have helped tens of thousands of migrants travel to Europe. A phone means you can stay in touch with your family – or with people smugglers. On the road, you can check Facebook groups that warn of border closures, policy changes or scams to watch out for. Advice on how to avoid border police spreads via WhatsApp.

    Now, governments are using migrants’ smartphones to deport them.

    Across the continent, migrants are being confronted by a booming mobile forensics industry that specialises in extracting a smartphone’s messages, location history, and even #WhatsApp data. That information can potentially be turned against the phone owners themselves.

    In 2017 both Germany and Denmark expanded laws that enabled immigration officials to extract data from asylum seekers’ phones. Similar legislation has been proposed in Belgium and Austria, while the UK and Norway have been searching asylum seekers’ devices for years.

    Following right-wing gains across the EU, beleaguered governments are scrambling to bring immigration numbers down. Tackling fraudulent asylum applications seems like an easy way to do that. As European leaders met in Brussels last week to thrash out a new, tougher framework to manage migration —which nevertheless seems insufficient to placate Angela Merkel’s critics in Germany— immigration agencies across Europe are showing new enthusiasm for laws and software that enable phone data to be used in deportation cases.

    Admittedly, some refugees do lie on their asylum applications. Omar – not his real name – certainly did. He travelled to Germany via Greece. Even for Syrians like him there were few legal alternatives into the EU. But his route meant he could face deportation under the EU’s Dublin regulation, which dictates that asylum seekers must claim refugee status in the first EU country they arrive in. For Omar, that would mean settling in Greece – hardly an attractive destination considering its high unemployment and stretched social services.

    Last year, more than 7,000 people were deported from Germany according to the Dublin regulation. If Omar’s phone were searched, he could have become one of them, as his location history would have revealed his route through Europe, including his arrival in Greece.

    But before his asylum interview, he met Lena – also not her real name. A refugee advocate and businesswoman, Lena had read about Germany’s new surveillance laws. She encouraged Omar to throw his phone away and tell immigration officials it had been stolen in the refugee camp where he was staying. “This camp was well-known for crime,” says Lena, “so the story seemed believable.” His application is still pending.

    Omar is not the only asylum seeker to hide phone data from state officials. When sociology professor Marie Gillespie researched phone use among migrants travelling to Europe in 2016, she encountered widespread fear of mobile phone surveillance. “Mobile phones were facilitators and enablers of their journeys, but they also posed a threat,” she says. In response, she saw migrants who kept up to 13 different #SIM cards, hiding them in different parts of their bodies as they travelled.

    This could become a problem for immigration officials, who are increasingly using mobile phones to verify migrants’ identities, and ascertain whether they qualify for asylum. (That is: whether they are fleeing countries where they risk facing violence or persecution.) In Germany, only 40 per cent of asylum applicants in 2016 could provide official identification documents. In their absence, the nationalities of the other 60 per cent were verified through a mixture of language analysis — using human translators and computers to confirm whether their accent is authentic — and mobile phone data.

    Over the six months after Germany’s phone search law came into force, immigration officials searched 8,000 phones. If they doubted an asylum seeker’s story, they would extract their phone’s metadata – digital information that can reveal the user’s language settings and the locations where they made calls or took pictures.

    To do this, German authorities are using a computer programme, called Atos, that combines technology made by two mobile forensic companies – T3K and MSAB. It takes just a few minutes to download metadata. “The analysis of mobile phone data is never the sole basis on which a decision about the application for asylum is made,” says a spokesperson for BAMF, Germany’s immigration agency. But they do use the data to look for inconsistencies in an applicant’s story. If a person says they were in Turkey in September, for example, but phone data shows they were actually in Syria, they can see more investigation is needed.

    Denmark is taking this a step further, by asking migrants for their Facebook passwords. Refugee groups note how the platform is being used more and more to verify an asylum seeker’s identity.

    It recently happened to Assem, a 36-year-old refugee from Syria. Five minutes on his public Facebook profile will tell you two things about him: first, he supports a revolution against Syria’s Assad regime and, second, he is a devoted fan of Barcelona football club. When Danish immigration officials asked him for his password, he gave it to them willingly. “At that time, I didn’t care what they were doing. I just wanted to leave the asylum center,” he says. While Assem was not happy about the request, he now has refugee status.

    The Danish immigration agency confirmed they do ask asylum applicants to see their Facebook profiles. While it is not standard procedure, it can be used if a caseworker feels they need more information. If the applicant refused their consent, they would tell them they are obliged under Danish law. Right now, they only use Facebook – not Instagram or other social platforms.

    Across the EU, rights groups and opposition parties have questioned whether these searches are constitutional, raising concerns over their infringement of privacy and the effect of searching migrants like criminals.

    “In my view, it’s a violation of ethics on privacy to ask for a password to Facebook or open somebody’s mobile phone,” says Michala Clante Bendixen of Denmark’s Refugees Welcome movement. “For an asylum seeker, this is often the only piece of personal and private space he or she has left.”

    Information sourced from phones and social media offers an alternative reality that can compete with an asylum seeker’s own testimony. “They’re holding the phone to be a stronger testament to their history than what the person is ready to disclose,” says Gus Hosein, executive director of Privacy International. “That’s unprecedented.”
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    By WIRED

    Privacy campaigners note how digital information might not reflect a person’s character accurately. “Because there is so much data on a person’s phone, you can make quite sweeping judgements that might not necessarily be true,” says Christopher Weatherhead, technologist at Privacy International.

    Bendixen cites the case of one man whose asylum application was rejected after Danish authorities examined his phone and saw his Facebook account had left comments during a time he said he was in prison. He explained that his brother also had access to his account, but the authorities did not believe him; he is currently waiting for appeal.

    A spokesperson for the UK’s Home Office told me they don’t check the social media of asylum seekers unless they are suspected of a crime. Nonetheless, British lawyers and social workers have reported that social media searches do take place, although it is unclear whether they reflect official policy. The Home Office did not respond to requests for clarification on that matter.

    Privacy International has investigated the UK police’s ability to search phones, indicating that immigration officials could possess similar powers. “What surprised us was the level of detail of these phone searches. Police could access information even you don’t have access to, such as deleted messages,” Weatherhead says.

    His team found that British police are aided by Israeli mobile forensic company Cellebrite. Using their software, officials can access search history, including deleted browsing history. It can also extract WhatsApp messages from some Android phones.

    There is a crippling irony that the smartphone, for so long a tool of liberation, has become a digital Judas. If you had stood in Athens’ Victoria Square in 2015, at the height of the refugee crisis, you would have noticed the “smartphone stoop”: hundreds of Syrians, Iraqis, and Afghans standing or sitting about this sun-baked patch of grass and concrete, were bending their heads, looking into their phones.

    The smartphone has become the essential accessory for modern migration. Travelling to Europe as an asylum seeker is expensive. People who can’t afford phones typically can’t afford the journey either. Phones became a constant feature along the route to Northern Europe: young men would line the pavements outside reception centres in Berlin, hunched over their screens. In Calais, groups would crowd around charging points. In 2016, the UN refugee agency reported that phones were so important to migrants moving across Europe, that they were spending up to one third of their income on phone credit.

    Now, migrants are being forced to confront a more dangerous reality, as governments worldwide expand their abilities to search asylum seekers’ phones. While European countries were relaxing their laws on metadata search, last year US immigration spent $2.2 million on phone hacking software. But asylum seekers too are changing their behaviour as they become more aware that the smartphone, the very device that has bought them so much freedom, could be the very thing used to unravel their hope of a new life.

    https://www.wired.co.uk/article/europe-immigration-refugees-smartphone-metadata-deportations
    #smartphone #smartphones #données #big_data #expulsions #Allemagne #Danemark #renvois #carte_SIM #Belgique #Autriche

  • GILETS JAUNES ACTE IV : RECIT D’UN STREET-MEDIC A TOULOUSE
    (quelque part sur Facebook)

    La sidération. J’ai passé la soirée à y réfléchir, et ce matin je pense que c’est le mot qui convient le mieux à ce que j’ai ressenti en rentrant chez moi, vers vingt heures. Hier, Toulouse a flambé, Toulouse a crié, Toulouse s’est révoltée. Le temps d’une journée, Toulouse la rose est devenue Toulouse la rouge. D’épaisses fumées en ont strié le ciel, fendant sa clarté, comme autant de points de rendez-vous et d’appels, dissimulant, derrière elles, les multitudes d’avions qui font d’ordinaire sa fierté. Des barricades se sont érigées l’une après l’autre, partout dans ses rues, formant l’écume de cette houle de colère, de violence et d’embrasement. Des milliers de projectiles, tirés par les deux camps, en jonchent le sol ce matin, tandis que le froid mordant et irrésistible a regagné son lit, et les bris de verre dans les allées me font penser à de la neige. Sidéré, c’est bien le mot, après cet après-midi passé au coeur des affrontements, porté par l’arrogance de vouloir me rendre utile en pareilles circonstances.
    J’ai manifesté pour la première fois quand j’avais quinze ans, et je crois être descendu dans la rue chaque année depuis. Non pas que je sois un « dur » ou un « révolutionnaire » (on ne s’auto-proclame pas révolutionnaire, on l’est ou on ne l’est pas), mais je crois profondément que la mobilisation est un point de rupture qui permet d’ouvrir les yeux sur le monde, de rencontrer des gens hors de notre zone de confort, de s’en rendre solidaire, de s’engager, et surtout, d’échanger, de se confronter à des idées parfois en rupture avec les nôtres, mais qui sont les adversaires nécessaires de l’esprit critique. Je crois qu’agir fait grandir, et que même si on se trompe parfois, on mûrit d’avoir essayé.

    C’est lors de la mobilisation « Loi Travail » en 2016 que mon regard sur les manifestations a changé. C’est là que j’ai vu, pour la première fois, des violences parfois insoutenables, des « bavures », des crânes fissurés, des litres de sang versés, et la sensation d’une injustice flagrante. Et encore, je n’avais pas fait les pires si j’en crois les médias. Les images de Nantes, Rennes, Paris défilaient sur mon écran sans que je puisse y croire. C’est à ce moment que j’ai commencé à faire le « street medic », tout en me disant que j’étais dingue d’en arriver à penser à ça alors qu’il ne s’agissait que d’une manifestation. En théorie me disais-je, car la naïveté est parfois persistante, les forces de l’ordre ne sont pas sensées « casser », si ?

    Eh bien si. Et ça s’est normalisé. Mais jamais je n’avais vécu ce que j’ai vécu hier.

    Les appels au cortège unitaire s’étaient succédé toute la semaine, la convergence était réclamée afin de former un bloc massif. Le trajet et l’horaire des manifestations étaient incertains du fait des multiples retournements de veste de la préfecture, dont il était clair qu’elle cherchait à diviser les cortèges afin que tout le monde ne parte pas en même temps. Raté. Des lycéens avaient été nationalement humiliés dans la semaine, et à travers eux toute une partie de la jeunesse qui s’est enfin lassée d’être le défouloir permanent de la violence d’Etat, tout à tour muselée, molestée ou infantilisée par des porte-paroles toujours zélés quand il s’agit d’étouffer tout ce qui ne leur ressemble pas. Des étudiants avaient rejoint le mouvement, les AG se mettaient en place, les blocages furent réclamés ou actés (Université du Mirail, Sciences Po). Certains, dont moi, pressentant peut-être les événements de samedi, avaient choisi de s’organiser pour mettre en place un comité de secours volontaire, ou « street-medic », composé d’étudiants, de pompiers, d’infirmiers ou de simples citoyens. Nos compétences étaient inégales, mais l’organisation permettait à chaque unité de quatre ou cinq personnes de disposer d’un « confirmé », d’un soutien et de deux personnes faisant les aller-retour dans la foule pour repérer, extraire et ramener les blessés à des arrière-postes de fortune, improvisés dans les halls, les ruelles ou simplement derrière les buissons. Plusieurs comités similaires s’étaient formés, rassemblant à mon avis une bonne centaine de medics dispersés dans le cortège. Je profite de ce témoignage pour remercier toutes les pharmacies qui ont accepté avec bienveillance de nous donner du matériel de premiers secours (kits médicaux, sérum phy, compresses, gaze, mallox, bandes, etc.). La ligne était claire : on ne participe pas à la manifestation, on se contente de soigner les blessés, manifestants comme policiers. Je sais que certains s’en étonneront, mais pour moi, si la cause du désordre est le système, on ne peut pas en vouloir seulement aux individus. Les victimes de la violence sociale sont des deux côtés.

    Ce matin, la presse parle de douze blessés à Toulouse. Ce n’est même pas le nombre de personnes que j’ai pu prendre en charge dans l’après-midi. Certains parmi nous ont raconté avoir chargé les personnes quatre par quatre dans les véhicules de secours qui parvenaient jusqu’à nous. J’ai même du mettre un blessé à bord de la voiture d’un riverain qui passait par là, à quelques mètres de la charge de police, et qui a rapidement accepté de le conduire à l’hôpital. En ne parlant que des flash-balls, je me suis occupé de dix personnes : deux blessés à la tête, un à la poitrine, un à la main, un au coude, trois au pied, un à l’aine et un à la hanche. Et nous n’étions qu’une unité medic parmi une vingtaine. Ce matin, la préfecture comptait 5.500 manifestants dans Toulouse : il faut vraiment être resté chez soi toute la journée pour y croire. A 14h, le boulevard Lacrosses dégueulait une foule compacte, un cortège tellement long qu’il permettait aux premiers de ne pas entendre les grenades qui visaient les derniers.

    C’est en effet l’arrière du cortège qui était en situation d’émeute hier. Moins de quinze minutes après le départ de la manifestation, toute l’esplanade de Compans était noyée de fumée, de gazs lacrymogènes. Tout est parti d’un face à face entre quelques manifestants et une unité de la BAC (du moins, je crois). Et puis le coup classique : une bouteille en plastique vole, les gazs lacrymogènes sont tirés sans sommation, tout le monde s’énerve, le premier tir de flash-ball part, tout s’embrase. Il était 14h15. La situation, très tendue, se résume au même mouvement répétitif : gazs, riposte, charge sur vingt mètres, recul de la foule qui reforme le bloc quelques minutes après et reprend le terrain. C’est une guerre de position usante physiquement, mentalement, nerveusement. Les blessés commencent à affluer : le premier, un homme de quarante ans, est touché à la tempe par un tir. Je commence les aller-retours entre le lieu des affrontements et un abri improvisé sur un banc derrière les immeubles, où je ramène blessé après blessé. La manifestation avance de quelques dizaines de mètres, les premières barricades s’enflamment, la stratégie de maintien de l’ordre échoue déjà : trop peu nombreux pour contenir une telle foule, les gendarmes laissent les rues adjacentes ouvertes et la foule les envahit et s’y disperse. Conséquence : les gendarmes se dispersent aussi. En trois heures, ils ont à peine repris le boulevard : la vérité, c’est que la manif s’étire, avance, et que la queue de cortège suit mécaniquement. Les gens sont en colère...

    Je n’ai pas envie ici d’exprimer mon point de vue sur la violence en manifestation ; la vérité, en tout cas, est qu’il ne s’agissait pas d’une « centaine de casseurs » comme l’évoquent les journaux, mais de milliers de personnes qui se succédaient, se soutenaient, se soignaient, s’encourageaient. Impossible pour les gendarmes de faire quoi que ce soit, hormis contenir bien imparfaitement l’émeute et répliquer à coups de flash-balls et de grenades. Médiatiquement, les violences qui ont eu lieu sont peut-être un mauvais coup (les photos sont nombreuses sur les réseaux, je ne vais pas tout détailler), mais elles ont été un vrai coup de génie tactique. La queue de cortège a concentré l’essentiel de l’attention sur elle, servant de point de fixation pour les forces de l’ordre qui étaient déjà trop peu nombreuses pour l’enrayer. Pendant ce temps, la tête de cortège continuait sa route et s’emparait de la ville. A 17h, les trois ponts étaient pris (Pont des Catalans, Pont Saint-Pierre et Pont-Neuf). On comptait quatre manifestations sauvages en même temps dans la ville -le cortège des Gilets Jaunes, de la CGT et de la marche pour le Climat ayant emprunté différents chemins pour accéder à la place du Capitole- et une émeute -il n’y a pas d’autre mot- à l’entrée de Saint-Cyprien, qui a rapidement contaminé tout le quartier. Sans la queue de cortège, jamais la manifestation n’aurait réussi à remonter jusqu’au coeur de la ville et à se visibiliser : vers 17h30, c’est une marée de gilets jaunes qui a déferlé dans un centre-ville que la préfecture souhaitait précisément préserver. Les théâtres d’affrontements se sont multipliés dans le quartier de Saint-Cyprien jusque tard dans la soirée, poussant même les gendarmes à tirer les lacrymos depuis un hélicoptère.

    La presse raconte que les « casseurs » étaient des banlieusards profitant de l’occasion pour « tout casser » -comme si la violence révolutionnaire était un simple loisir. De mon côté, j’ai passé la journée à soigner des gens très divers : lycéens voulant riposter à la violence subie toute la semaine, étudiants, travailleurs de tous secteurs et tous âges (vers 18h30, j’ai même administré du sérum phy à un retraité qui avait été gazé), filles et garçons, « anars » comme gilets jaunes et écolos, tous unis et constamment solidaires sans regarder leur origine. Moudenc (le maire), disait sur BFM avoir vu des gens de l’ultradroite et de l’ultragauche main dans la main. Premièrement, il faudra qu’il m’explique comment, d’un seul regard, il devine l’orientation politique des gens. Deuxièmement : tout le monde s’en foutait. La barrière politique s’était effacée entre les uns et les autres, pour la raison très simple que par-delà la divergence des solutions, il y a une convergence réelle des problèmes. Sur le référentiel médiatique, j’appartiens à l’ultragauche ; pour autant, hier, je ne sais absolument pas qui j’ai soigné en termes d’appartenance politique, parce que le même sentiment de foutage de gueule était partagé finalement par tout le monde. Et au milieu de tout ça, oui, il y avait des banlieusards (enfin, si tant est qu’on puisse le deviner à l’apparence). Mais je pense ne pas avoir besoin de lister le nombre de raisons qu’ils auraient de toute façon à être en colère, eux qui sont sans doute la partie de la population qui connaît le mieux ce que veut dire « violence d’Etat ». Je me fous de savoir pour qui votent les manifestants qui étaient présents, car hier ils étaient ensemble, vraiment ensemble, pour dénoncer la même chose et s’entraider. Le reste du discours n’est qu’une tentative de dispersion. Le problème est identifié. On discutera des solutions plus tard.

    Si j’ai arrêté ma mission de street-medic vers 19h, ce n’est pas parce que la manif était terminée, c’est parce que j’étais épuisé, comme tous les autres. On a été complètement dépassés. Je n’avais pratiquement plus une cartouche de sérum phy. J’avais la peau brûlée par les gazs, les poumons en feu, les jambes lourdes et l’esprit en éclats. Je n’arrivais plus à réfléchir et je ne me sentais plus capable de prendre les bonnes décisions en cas d’urgence. Physiquement, nerveusement, psychologiquement, j’étais épuisé. Je n’avais jamais connu ça.
    Ce matin, les médias ne parlaient que de Paris, en disant que tout avait été contrôlé. Ne doit-on pas voir dans ce parisiano-centrisme la preuve que le message n’a toujours pas été entendu ? Hier, toute la province était en feu : j’ai vu les images de Caen, Nantes, Bordeaux, Lyon, Saint-Etienne, et j’ai vu le mouvement prendre en ampleur et en force. J’ai vu la répression policière s’accroître encore et mettre à nouveau le feu aux poudres, tout comme j’ai vu un haut degré de violence chez des manifestants qui n’ont plus le coeur pour se laisser faire et ripostent. Cela fait trop longtemps qu’on casse les gens, qu’on les arrête, qu’on les condamne, au seul motif qu’ils crèvent la faim et qu’ils osent se montrer. Il n’y a eu aucune réponse politique majeure à ces revendications, et c’est trop tard. Tout le monde est à cran, y compris chez les forces de l’ordre. J’espère au moins qu’ils ont conscience que c’est précisément parce que les manifestants ne chargent pas encore et se « contentent » de caillasser qu’ils sortent presque indemnes de cette journée. Je me pose quand même la question : combien de temps est-ce que ça durera ..?
    Je ne sais pas comment ça va finir, mais je suis à peu près sûr d’une chose : je ferais mieux de garder mon matériel de medic sous la main, parce que je risque de courir encore longtemps avec mon sac sur le dos avant de ne plus en avoir besoin.

    • Ce matin, la presse parle de douze blessés à Toulouse. Ce n’est même pas le nombre de personnes que j’ai pu prendre en charge dans l’après-midi. Certains parmi nous ont raconté avoir chargé les personnes quatre par quatre dans les véhicules de secours qui parvenaient jusqu’à nous. J’ai même du mettre un blessé à bord de la voiture d’un riverain qui passait par là, à quelques mètres de la charge de police, et qui a rapidement accepté de le conduire à l’hôpital. En ne parlant que des flash-balls, je me suis occupé de dix personnes : deux blessés à la tête, un à la poitrine, un à la main, un au coude, trois au pied, un à l’aine et un à la hanche. Et nous n’étions qu’une unité medic parmi une vingtaine. Ce matin, la préfecture comptait 5.500 manifestants dans Toulouse : il faut vraiment être resté chez soi toute la journée pour y croire. A 14h, le boulevard Lacrosses dégueulait une foule compacte, un cortège tellement long qu’il permettait aux premiers de ne pas entendre les grenades qui visaient les derniers.

      @davduf

  • Julien Coupat, le Préfet de Police Delpuech, les Gilets Jaunes, Tarnac et moi
    http://www.davduf.net/julien-coupat-le-prefet-de-police-delpuech-les

    Sitôt connue, l’interpellation de Julien #Coupat « à titre préventif », le matin de l’acte IV des #GiletsJaunes, a tourné en boucle sur les radios et TV.

    Lors de l’affaire dite de « #Tarnac », j’avais rencontré celui qui n’était pas encore Préfet de Police de Paris, mais qui avait été à la manœuvre lors de l’affaire. Michel #Delpuech était l’ancien directeur de cabinet de Michèle Alliot-Marie au plus fort des événements.

    Afin d’éclairer les événements du week-end, voici le chapitre complet que je lui consacre dans mon livre « Tarnac, Magasin général » (Calmann Lévy / Pluriel)

    #Police #Justice #Répression

  • Dans le complotisme de Laurence Marchand-Taillade qui dénonce sur CNews le rôle des « Frères musulmans » dans les événements de samedi dernier, un aspect est insuffisamment mis en avant : elle se base ouvertement sur la seule propagande officielle de la dictature égyptienne pour assoir son explication. Elle commence ainsi :
    https://www.youtube.com/watch?v=LbyFCE-bVX8

    Ce qui est inquiétant, c’est qu’on a quand même des journaux étrangers, notamment des journaux égyptiens [elle insiste par son intonation sur « égyptiens »] qui rapportent que les modes opératoires correspondent aux modes opératoires qui étaient employés en Égypte au moment des Printemps arabes. [blah blah]… issus des Frères musulmans.

    Puis :

    C’est une hypothèse qui est soulevée par des journaux tout à fait sérieux égyptiens.

    M’enfin ça devrait faire bondir. « Des » journaux égyptiens ? La dame ne sait pas que l’Égypte est une épouvantable dictature, dirigée par le maréchal Sissi, dont l’intégralité de la propagande est basée sur la dénonciation des Frères musulmans, puisqu’il est arrivé au pouvoir en renversant le Président élu Mohamed Morsi (issu des rangs des Frères) ?

    Et que, de manière très inquiétante, ce complotisme anti-Frères, seule parole autorisée dans les médias égyptiens, sert à justifier la répression des manifestations, notamment à Rabaa en août 2013, qui a vu la mort de plusieurs centaines de manifestants (au moins 800, sans doute plus de 1000).

    Sur la crédibilité (ou la gravité) d’une information qui reposerait « notamment » sur « des journaux tout à fait sérieux égyptiens », voir par exemple la loi de 2015 :
    https://www.lexpress.fr/actualite/medias/l-egypte-promulgue-une-loi-menacant-la-liberte-de-la-presse_1707470.html

    Alors que l’Egypte détient dans ses geôles dix-huit journalistes, le chef de l’Etat a ratifié dimanche une loi plus que litigieuse.

    […]

    Ainsi, par cette nouvelle loi promulguée dimanche, les journalistes de toutes nationalités qui contrediraient les communiqués officiels s’exposeraient à de lourdes poursuites. Parmi les sanctions possibles : une amende pouvant aller de 200 000 à 500 000 livres égyptiennes (entre 23 000 et 58 000 euros) et une interdiction d’exercer la profession de journaliste durant un an maximum.