tbn

récoltes et semailles

  • Marseille en guerre
    entre effondrements et coquilles vides

    Par Bruno Le Dantec
    https://vacarme.org/article3298.html

    Si le bazar de Belsunce n’a pas bénéficié des réseaux du clientélisme municipal, la place qu’il a occupée en ville est inestimable. Ce qu’on réduisait un peu vite à un « commerce arabe » était ni plus ni moins que la réinvention d’échanges transméditerranéens par des ex-colonisés s’appuyant sur des liens familiers avec l’autre rive. Cela au moment où, avec les indépendances, Marseille cessait d’être « la porte du Sud et de l’Orient ». Ce bazar avait donc une signification politique forte, en cheville avec l’histoire et les affaires de la cité. Mais on n’a pas voulu le laisser prospérer. À droite parce que racisme et « nostalgérie » étaient trop prégnants. À gauche, parce que ni la doxa marxiste, ni le clientélisme du PS ne permettaient d’apprécier la puissance culturelle, économique et sociale du bazar — comparable, à son apogée dans les années 1980, à celui d’Istanbul. Le commerce d’échoppes et l’artisanat qui gravitait autour (comme le cuir travaillé dans les ateliers arméniens de la porte d’Aix) étaient vus comme des archaïsmes. Pourtant, la dimension universelle de cette constellation trabendiste crevait les yeux : le commerce des voitures d’occasion, par exemple, couvrait une géographie mondiale, depuis l’Europe du Nord jusqu’aux ports du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest, en passant par les ateliers mécaniques qui turbinaient en guirlande de l’avenue Salengro jusqu’à la montée de la Viste.

    #Marseille #Bruno_Le_Dantec

  • L’UE va réclamer aux plateformes la transparence sur leurs #algorithmes
    https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/301020/l-ue-va-reclamer-aux-plateformes-la-transparence-sur-leurs-algorithmes?ong

    La Commission européenne va réclamer aux plateformes numériques comme Facebook, Twitter ou Google la transparence sur la manière dont leurs algorithmes recommandent du contenu, afin de « protéger notre démocratie », a annoncé vendredi la vice-présidente de la Commission européenne Margrethe Vestager.

    « Nous ne pouvons pas laisser les décisions qui affectent l’avenir de notre démocratie être prises dans le secret de quelques conseils d’administration d’entreprises », a déclaré la Danoise lors d’un discours devant l’organisation AlgorithmWatch.

    Mme Vestager a expliqué que la future directive sur les services numériques (« Digital Services Act »), que la Commission doit présenter en décembre, donnerait « à tous les services numériques le devoir de coopérer avec les régulateurs » et que les grandes plateformes devront « fournir plus d’informations sur le fonctionnement de leurs algorithmes lorsque les régulateurs le demandent ».

    Ces plateformes devront « dire aux utilisateurs comment leurs systèmes de recommandation décident du contenu à montrer », ce qui leur permettra « de juger » s’ils doivent « faire confiance à la vision du monde qu’elles donnent ».

    Elles devront aussi « fournir des rapports réguliers sur le contenu des outils de modération qu’elles utilisent » et « de meilleures informations sur les publicités que nous voyons », afin d’avoir « une meilleure idée de qui essaie de nous influencer ».

    Les algorithmes des géants du numérique sont régulièrement pointés du doigt. Certains ont déjà été manipulés, comme ce fut le cas avec Facebook lors du dernier scrutin présidentiel aux Etats-Unis et du référendum sur le Brexit au Royaume-Uni.

    Le secrétaire d’Etat français au numérique, Cédric O, a lui récemment dénoncé dans une tribune « l’opacité » des algorithmes et de la modération des contenus des réseaux sociaux, pointés du doigt après l’assassinat du professeur d’histoire Samuel Paty.

    « Ces algorithmes sont le secret du succès de ces énormes plateformes. Mais ils peuvent aussi avoir de graves effets sur la santé de notre démocratie », a souligné vendredi Mme Vestager. « Lorsque les systèmes de recommandation choisissent les informations à promouvoir et celles à cacher, ils affectent profondément ce que nous savons sur le monde ».

    « Tout cela ressemble un peu au Truman Show, ce film où Jim Carrey vit dans un monde qu’il croit réel, mais qui n’est en fait que le décor d’une émission de télévision. Le monde que nous voyons à travers ces plateformes semble si réel qu’il peut être difficile de se rappeler qu’il est en fait construit à travers les choix que font les algorithmes sur ce que nous devrions voir », a-t-elle insisté.

  • Dans la nasse
    https://visionscarto.net/dans-la-nasse

    Description en images des techniques utilisées par la police pour perturber, casser, pourrir les manifestations. par Le Pantale Sortir de chez soi pour défendre ses idées ne relève plus du parcours de manifestation mais du parcours du combattant. Les forces de l’ordre développent des tactiques pour surveiller, maîtriser, réprimer les corps indésirables ; c’est cet art d’imaginer des dispositions dans l’espace pour y manifester son pouvoir qui m’intéresse. Dans cette série, j’ai tenté de poser des (...) #Billets

  • COVID, la mort en FaceTime | Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-l-homme-2020-2-page-33.htm

    Ce récit documente comment des malades sont morts en FaceTime pendant l’épidémie de Covid. À partir d’une enquête de terrain que j’ai commencée en janvier 2020 dans le service de réanimation d’un hôpital de la côte Ouest des États-Unis, je raconte l’apparition de la Covid-19, la séparation des malades de leurs familles, la #mort vécue sur l’#écran des téléphones mobiles, ainsi que les différentes façons d’agir des soignants face à cette situation que, tous, s’accordèrent à trouver « horrible ».

    via @hubertguillaud

  • Le foot, les stades : des laboratoires pour la « sécurité globale », par Nicolas Kssis-Martov
    https://www.sofoot.com/ce-que-la-loi-de-securite-globale-doit-malheureusement-au-foot-491505.html

    La très contestée loi relative à la sécurité globale est discutée depuis hier à l’Assemblée nationale. Elle comporte de nombreuses mesures qui interrogent sur l’évolution de notre État de droit. Toutefois, ceux qui ont suivi, sur ce terrain spécifique, l’évolution du #football, notamment dans son rapport à la vidéo, ne seront guère surpris. Et, une fois de plus, seront tentés de ressortir cette vieille évidence que les #stades [et les #ultras] ont servi de laboratoire au sécuritaire 2.0.

  • « Ces derniers jours, nous voyons de nombreuses personnes, notamment sur les médias sociaux, enjoindre des vidéastes de renom (ou pas) à "passer à PeerTube". Cela ne nous met pas très à l’aise, et il faut que l’on vous explique pourquoi. »

    Un très bon article sur la dégafaïsation, la tension entre actions individuelles et problèmes politiques collectifs, les différentes formules d’hébergement (notamment pour la vidéo). Si vous mettez des vidéos en ligne, c’est un article à lire.

    https://framablog.org/2020/10/29/message-aux-youtubeurs-youtubeuses-et-surtout-a-celles-et-ceux-qui-aiment

    #YouTube #PeerTube #fédération

    • Très intéressant de manière générale quant à l’idée de #militer pour les #logiciels_libres.

      D’abord, Framasoft est une petite association d’éducation populaire aux enjeux du numérique. Nous défendons l’esprit critique et la liberté de choix. Nous pensons que les injonctions au changement induisent de la résistance au changement.

      Dit autrement, nous savons que les vidéastes sont des personnes douées d’intelligence et de capacités de veille. Il est peu probable qu’elles acceptent les contraintes de Youtube en s’en fichant complètement. Il est aussi peu probable qu’une personne ne leur ait pas déjà pointé l’existence d’alternatives (il n’y a pas que PeerTube, d’ailleurs). Bref, il est vraisemblable de penser que beaucoup de vidéastes sont dans un processus de réflexion (« Rester sur Youtube ? Partir ? Comment ? Pour aller où ? Avec quelle énergie ? Et qu’est-ce que je fais de l’existant ? de ma communauté ? », etc).

      Nous respectons pleinement ce processus, et nous vous encourageons à le respecter aussi. Peut-être que votre vidéaste préféré⋅e choisira d’expérimenter des alternatives (bien !), de quitter Youtube (bien !) ou même de rester sur Youtube (bien aussi ! C’est son choix, pas le vôtre, pas le nôtre).

      Par ailleurs, cela donne l’impression que vous êtes des « témoins de Framasoft » 😛 Je vous laisse vous mettre à la place du vidéaste qui reçoit son douzième tweet « Tu devrais essayer PeerTube ! » de la journée. C’est… Saoulant ! Et nous, cela nous place dans une situation un peu compliquée, où des personnes croient qu’on a lâché une armée de fidèles à leurs trousses pour les convertir au libre de gré ou de force par le harcèlement. Du coup, et c’est compréhensible, ces vidéastes ont une mauvaise image du libre avant même d’avoir essayé .

      Et donc #troll aussi.

    • Pour les livres c’est un poil plus compliqué, car ce n’est pas l’auteur (ni même l’éditeur) qui en décide, cf. https://www.actualitte.com/article/tribunes/bye-bye-amazon-il-en-va-de-la-responsabilite-de-chaque-editeur/103699

      ne pas vendre de livre sur Amazon. De prime abord ce choix paraît compliqué, car la majorité des éditeurs (dont nous faisons partie) n’a pas de lien direct avec la plateforme : ce sont en effet les diffuseurs-distributeurs qui négocient les conditions de vente avec leurs revendeurs, dont la majorité est constituée de librairies physiques, mais aussi d’Amazon, de Fnac.com, etc. (…)
      Il y a pourtant une solution assez simple qui permet de pallier cette situation et d’éviter que le diffuseur-distributeur ne soit confronté à un problème juridique de « refus de vente » dans le cas où un éditeur voudrait se passer de tel ou tel espace de ventes : le code-barre du livre. Comme l’a relevé avec sagacité notre confrère belge des éditions Vies parallèles, le fait de ne pas mettre le code-barre à l’extérieur du livre le rend inexploitable par (les robots d’) Amazon. Zones sensibles a donc décidé de placer ce code-barre en deuxième de couverture

    • PeerTube

      Vi parliamo un po’ oggi di questo interessante progetto open source 1, si chiama PeerTube e vuole essere l’alternativa decentralizzata a YouTube. Ne abbiamo infatti già parlato all’interno dell’articolo su YouTube e abbiamo tempo fa anche aperto un nostro canale sull’istanza gestita dal collettivo Devol sul dominio peertube.uno. Di recente abbiamo pubblicato anche qualche video-recensione e PeerTube è il nostro punto fermo di riferimento per tutto quello che riguarda la parte video del nostro sito.

      Prima di tutto: cos’è una istanza? Il nostro dizionario Nerd – Italiano è qui per voi, ma vi trascriviamo volentieri il significato di istanza: “In base al tipo di licenza il software libero può essere eseguito da più persone su server differenti. Significa che chiunque può tirare su un server e far girare questo software su qualsiasi indirizzo.“

      Come dicevamo PeerTube è un’alternativa decentralizzata e federata a YouTube. Utilizza inoltre la tecnologia P2P per ridurre il carico sui singoli server. Non spaventatevi per le parole complesse, come al solito vi spiegheremo tutto cercando di essere semplici e chiari.

      Decentralizzato e federato significa che chiunque può tirare su un server su qualunque dominio e far girare questo software. Ogni istanza avrà come al solito le sue funzionalità e le sue regole. In sostanza: su PeerTube.uno ci saranno determinate regole, su video.linux.it altre, su midi-les-animes.moe altre ancora. Tutti questi siti sono però interoperabili tra di loro: per iscrivervi a un canale o per commentare su uno di questi siti vi basterà un qualunque account del Fediverso, come ad esempio un account Mastodon.
      Video: cos’è PeerTube?

      https://peertube.uno/w/qDFZHUUHViLSPs59GQX36U?start=0s

      Utilizzare la tecnologia peer-to-peer, invece, vuol dire permettere agli utenti collegati alla piattaforma di inviare pezzi di video ad altri utenti utilizzando la propria banda. Proprio come funzionano i più famosi programmi di file sharing.

      Oltre a questo fa parte del Fediverso, è dunque compatibile con altri servizi come Mastodon, PixelFed, Funkwhale e tutti gli altri.

      PeerTube 3.0 e lo streaming

      Nella versione 3.0 di PeerTube, rilasciata agli inizi del 2021 2, è stato finalmente rilasciato anche lo streaming live. È stata una release molto importante perché lo streaming può aiutare PeerTube a tenere il passo con i colossi del web, come ad esempio Twich o lo stesso YouTube.

      Se siete curiosi di provarlo, una delle istanze già aggiornate alle versione 3.0 con attivo già lo streaming è questa qui.

      Su PeerTube ad oggi non si possono (per fortuna) inserire annunci pubblicitari prima o durante i video, c’è però la possibilità di inserire sul proprio canale e all’interno di ogni video, il tastino “supporta l’autore” dove saranno presenti tutti i metodi per supportare l’autore ad esempio con donazioni oppure acquistando dal suo negozio.
      Cerca i video con Sepia Search

      Esiste anche un motore di ricerca chiamato Sepia Search che permette di ricercare video all’interno di tutte le istanze di PeerTube. Lo potete utilizzare andando su sepiasearch.org. In alternativa potete provare ad utilizzare anche SimpleerTube, un progetto open source 3 che permette di cercare all’interno di tutte le istanze PeerTube e che permette anche di vedere qualunque video senza mai abilitare JavaScript. Sepia Search è decentralizzato e chiunque può crearne un’istanza. Questa ad esempio è quella italiana dei Devol.

      Ultima nota: grazie all’applicazione NewPipe, che già abbiamo conosciuto per poter vedere YouTube privatamente, è possibile cercare e guardare video di PeerTube su Android attraverso proprio il motore di ricerca SepiaSearch!
      Video: come cercare su PeerTube con NewPipe

      https://peertube.uno/w/9dTsafkZRZ8TswAX64Hxf4?start=0s

      Insomma a noi piace molto, è un’idea affascinante e funziona per ora davvero molto bene. L’unico difetto è che non si trovano molti video ma ovviamente questo non è colpa della piattaforma in sé ma del suo utilizzo. Più siamo, più carichiamo e più verrà utilizzato e più potrà essere considerata una vera alternativa a YouTube. A noi ogni tanto è capitato di chiedere a qualche influencer più o meno famoso di YouTube di portare i suoi video anche su PeerTube. Per ora non abbiamo mai ricevuto risposta, ma prima o poi qualcuno di curioso e interessato a questa nuova tecnologia siamo sicuri di incontrarlo!
      PeerTube su smartphone

      È anche possibile utilizzare PeerTube su smartphone. Lo si può fare usando direttamente i siti delle varie istanze tramite browser ad esempio. In alternativa esistono anche le applicazioni per Android. Potete provare ad esempio l’ottima TubeLab disponibile sia su F-Droid che su Google Play, creata dagli stessi autori di Fedilab.

      Esiste anche Thorium, anche questa disponibile sia su F-Droid che su Google Play (in beta).
      Peerchat

      Aggiungiamo infine che da qualche tempo esiste anche una chat open source 4 per i video di PeerTube. Si chiama Peerchat e potete cliccare qui per provarne un’istanza.

      https://www.lealternative.net/2021/05/26/peertube

  • Petit peuple et bon vaccin (podcast du @mdiplo, novembre 2020)
    https://www.monde-diplomatique.fr/podcast/2020-11-Petit-peuple-et-bon-vaccin

    Au sommaire de cet épisode : un parfum de stade, des médias américains euphoriques après la victoire de Joe Biden et « Big Pharma » contre la médecine. https://www.monde-diplomatique.fr/audio/Podcast_diplo/2020-11-Episode_9.mp3

  • Fred Bladou, ancien d’Act Up, revient sur le traitement du Covid-19 | L’Actualité des Luttes
    https://actualitedesluttes.info/fred-bladou-ancien-dact-up-revient-sur-le-traitement-du-covid-1

    Nous avons contacté Fred Bladou qui était militant à Act Up à l’époque où les malades du SIDA se sont battus pour s’approprier la gestion de leur maladie, pour qu’il revienne sur cette lutte et nous dise ce qu’il pense du traitement gouvernemental de la pandémie de Covid-19. Il dénonce des mesures basées sur la suspiscion et la culpabilité, qui se gèrent à coup de répression alors qu’il s’agit d’inclure le peuple dans la recherche de réduction des risques et de moyens sanitaires cogérants, adaptés et substantiels. Durée : 58 min. Source : Fréquence Paris Plurielle

    http://actualitedesluttes.info/wp-content/uploads/2020/11/201105.mp3

  • The Lost Ways of Programming: Commodore 64 BASIC, by Tomas Petricek
    http://tomasp.net/commodore64

    In this interactive article, we will build a breakout game using Commodore 64 #BASIC in the browser. This is a fun programming hack, but it has quite profound theoretical background. Let me explain.

    en attendant de relire “in the beginning was the command line” cc: @thibnton

  • Naples : nuit de révolte contre l’état d’urgence et le couvre-feu – édito d’Infoaut https://www.infoaut.org/editoriale/napoli-una-rivolta-per-non-morire, traduit par ACTA
    https://acta.zone/naples-nuit-de-revolte-contre-letat-durgence-et-le-couvre-feu

    À Naples, vendredi soir, des milliers de personnes ont participé à une manifestation spontanée contre le nouveau couvre-feu annoncé par le président régional Vincenzo De Luca, suivie de plusieurs heures de combats de rue et d’attaques contre des bâtiments publics. Les médias ont immédiatement cherché à y déceler la mainmise des fascistes, des Ultras ou même de la Camorra. Alors que depuis la révolte s’est étendue à plusieurs autres villes d’Italie, nous avons traduit l’édito de nos camarades d’Infoaut qui revient sur la première nuit d’émeute napolitaine, en s’attachant à déconstruire le « confortable récit raciste et colonial » de la presse mainstream.

    Nous avons écrit à chaud sur Facebook à propos de ce qu’il se passait à Naples : « Les rues de cette nuit étaient peut-être spontanées, contradictoires, ambiguës, stratifiées, comme la société dans laquelle nous vivons, comme son revers. Mais à Naples, ce soir, s’est brisée l’hypocrisie derrière laquelle se cache l’incompétence de ceux qui nous gouvernent, l’échec de ce modèle économique face au virus, la violence qu’ont dû endurer ceux qui pendant des mois ont été abandonnés ».
    Comme prévu, l’aboiement médiatique contre ceux qui sont descendus dans la rue ne s’est pas fait attendre. La fumée des gaz lacrymogènes ne s’était toujours pas dissipée que les commentateurs politiques émettaient déjà des hypothèses sur la mainmise de la Camorra et des fascistes, proposant le fétiche habituel des ultras coupables de tous les maux du monde, associant les manifestations d’hier aux No Mask, alors même que le message porté dans la rue était totalement différent. Et une grande partie de la gauche de ce pays s’est blottie dans ce confortable récit raciste et colonial. Un récit linéaire qui, sans rien saisir des tensions, des contradictions et des instances du mouvement, signifie : au fond, ce sont les Napolitains habituels.

    Exorciser la rébellion.

    Le problème est qu’à notre époque, chaque fois que surgit un phénomène autonome de conflictualité sociale prolongée, qu’il s’agisse des Forconi ou des Gilets jaunes, celui-ci apparaît sous des formes impures, ambivalentes et contradictoires. Souvent se retrouvent dans la rue des personnes qui, théoriquement du moins, sont censées avoir des intérêts opposés, et plus souvent encore, ces contradictions se consomment justement dans la rue. Il est donc beaucoup plus facile de les considérer comme des phénomènes fascistes simplement parce que Roberto Fiore [fondateur et dirigeant du mouvement néofasciste Forza Nuova] essaie de s’en approprier la paternité avec un tweet depuis son confortable fauteuil à Rome, ou comme des actions coordonnées par la Camorra (sans que l’on sache clairement dans quel but), plutôt que d’essayer de les comprendre et d’y prendre part pour contribuer à leur évolution.

    Comme quelqu’un l’a noté à juste titre sur Facebook, le récit mainstream est assez similaire à celui qui avait été fait il y a quelques années devant la crise des déchets. La responsabilité de la crise est mise sur le dos de la population qui, inquiète pour sa santé, se rebelle contre l’incompétence et la corruption des institutions et des entreprises privées, puis finalement apparaît comme par magie l’infiltration du crime organisé dans les manifestations pour les délégitimer et les réduire à un phénomène de pure délinquance. Un scénario déjà vu qui se répète chaque fois que les gens ne s’adaptent pas à la gestion de l’urgence par le haut.

    Oui, car depuis des mois, nous entendons répéter dans le jargon martial que « nous sommes en guerre contre le Covid ». Mais comme on sait, la guerre est la plus hypocrite des activités humaines. Les colonels à la recherche d’un consensus facile crient à travers les écrans que c’est de notre faute si le virus se propage. Pendant ce temps, les « soldats » de cette guerre continuent d’être envoyés au front avec des chaussures en carton et une pétoire pour deux. Une guerre hypocrite, comme nous le disions, dans laquelle le problème serait ce que les gens font entre 23 heures et 5 heures du matin (ils dorment la plupart du temps) et non le fait qu’ils tombent malades au travail, dans les transports, à l’école, à l’hôpital et même dans les files d’attente pour se faire tester. Voilà donc le couvre-feu, encore un mot d’état de siège, revenu en quelques semaines dans le langage commun, encore une mesure ad hoc pour ne pas perdre la face au vu de l’augmentation des infections et en même temps pour ne pas contrarier les vrais coresponsables de cette situation, ceux qui depuis des mois demandent de tout rouvrir à tout prix, ceux qui veulent maintenant licencier à tout prix : les patrons de la Confindustria et ce ramassis de bandits qui dans notre pays s’appellent des entrepreneurs.

    Non, nous ne sommes pas devenus « agambeniens » du jour au lendemain, nous croyons toujours, encore plus face à ce qui s’est passé, qu’il ne s’agit pas d’une simple grippe, que la première tâche pour nous est de prendre soin de nous-mêmes et des autres afin que le virus ne se propage pas. Nous pensons que cela ne doit pas se faire par obéissance envers le pouvoir établi, mais par amour pour les faibles et les opprimés, pour ceux qui sont abandonnés, pour ceux qui souffrent dans la lutte contre le virus. Parce que nous savons très bien que c’est nous, ceux d’en bas, qui payons le plus dans cette crise causée par l’économie mondialisée, les privatisations, la dévastation de l’environnement, la transformation de la santé en marchandise. Mais prendre soin de soi et des autres signifie ne pas ignorer d’un geste égoïste ceux qui ont perdu leur emploi dans cette crise, ceux qui risquent de perdre leur maison et leurs proches. Cela signifie se battre à leurs côtés, car tant que la gestion de l’urgence sera uniquement aux mains du politique, tant que les seuls à faire entendre leur voix seront les industriels, alors c’est nous qui compterons dans nos rangs les morts et les malades, que ce soit du Covid ou de la faim. Il est temps de revenir à l’idée que la santé est un fait social global et que la rébellion est le symptôme que quelque chose doit changer.

  • Comment Ant Group, le bras financier d’Alibaba, a révolutionné la finance en Chine
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/10/27/comment-ant-group-le-bras-financier-d-alibaba-a-revolutionne-la-finance-en-c

    L’entreprise s’apprête à lever 35 milliards de dollars à Hongkong et Shanghaï, soit la plus importante introduction en Bourse de l’histoire.

    Jack Ma aime les records. Alibaba, le géant chinois de l’e-commerce qu’il a fondé, en avait établi un premier, en 2014, en levant 25 milliards de dollars (21 milliards d’euros) à Wall Street, avant d’être détrôné d’un cheveu par Aramco, la compagnie pétrolière nationale d’Arabie saoudite (25,6 milliards de dollars). Le fondateur et ex-patron, aujourd’hui à la retraite, pourrait en établir un nouveau avec le bras financier d’Alibaba, Ant Group. Ce géant du paiement en ligne, connu pour son système Alipay, se prépare à lever 35 milliards de dollars lors d’une double introduction à la Bourse de Hongkong et sur le nouveau Star Market, spécialisé dans les valeurs technologiques, à Shanghaï.

    L’entreprise, qui a géré l’équivalent de 15,2 milliards d’euros de paiements en 2019, soit plus que Visa et Mastercard réunis, pourrait atteindre la capitalisation boursière de 318 milliards de dollars, autant que la banque américaine JPMorgan. Les préventes devaient commencer lundi 26 octobre, d’après Bloomberg, pour une introduction dans les semaines à venir. Alibaba, qui détient 33 % d’Ant, a annoncé acquérir 22 % des actions mises en vente pour garder la main sur l’entreprise.

    Né comme un outil de paiement pour la plate-forme de vente en ligne d’Alibaba Taobao en 2003, Alipay est une société indépendante depuis 2011. Depuis, son portefeuille électronique s’est diversifié pour qu’il devienne un géant de la finance, proposant des placements, des prêts et assurances, effectués en direct, et des centaines d’autres services de la part de partenaires sur l’application Alipay (commande de repas, réservation de taxis, de voyages, paiement de factures…). Autant de services qui offrent à Ant des montagnes de données sur les consommateurs chinois, qui, passées à la moulinette de ses algorithmes, lui permettent d’évaluer la solvabilité de ses clients pour leur proposer des services financiers.

    En dix-sept ans d’existence, cette application a profondément changé le paysage de la finance en Chine. En 2003, Alibaba, alors une plate-forme pour professionnels, lance Taobao, destinée aux particuliers. Mais elle se heurte à la difficulté d’effectuer les paiements à travers les sites Web des banques chinoises, peu numérisées.

    « Le trésor mis de côté »

    Alipay est mis au point quelques mois après le lancement de Taobao. Mais l’adoption du service est difficile, en témoigne la première transaction effectuée : elle est annulée par un étudiant, qui craint une arnaque. Les employés de Taobao doivent l’appeler pour le convaincre de maintenir son achat.

    « Les gens n’avaient pas du tout confiance dans les sites Internet et les achats en ligne. Tout le monde avait peur de se faire arnaquer, de se faire voler son numéro de carte, que les produits ne soient pas livrés, rappelle Matthew Brennan, expert numérique en Chine. On peut dire que la plus grande contribution d’Alibaba à la Chine, c’est d’avoir été pionnier pour les transactions en ligne et d’avoir donné confiance aux consommateurs. »

    L’activité se répartit désormais dans quatre domaines : le paiement, le placement financier, le crédit et l’assurance.

    Le premier créé concerne les paiements en ligne et dans les magasins physiques, grâce à des codes-barres QR omniprésents dans les points de vente depuis 2011, avec la systématisation des smartphones.

    Viennent ensuite les produits de placements, en 2013, alors que la finance en ligne explose, avec une myriade de nouveaux acteurs plus ou moins douteux. Alipay démarre avec Yu’e Bao (« le trésor mis de côté »). Connecté à l’application, le service est simple et rapide, et permet de placer ses économies à partir de 0,1 yuan, avec la possibilité de les retirer instantanément. Présenté comme le produit d’investissement des masses, condamnées à voir leur argent végéter dans les grandes banques chinoises, le fonds dépasse les 100 milliards de yuans (12,6 milliards d’euros) dès la première année. Aujourd’hui, Yu’e Bao est devenu une porte d’accès à une trentaine de fonds monétaires, mais le produit financier a perdu une partie de son intérêt en Chine, après une série de mesures imposées par le régulateur financier pour réduire les risques.

    Une révolution

    Mais Ant ne s’est pas arrêté là : depuis 2015, l’entreprise propose un service de paiements différés, l’équivalent d’une carte de crédit en ligne, Huabei, ainsi qu’une véritable offre de crédits à la consommation, Jiebei. Là encore, le régulateur empêche Ant de jouer le rôle d’une banque, mais le géant technologique s’en accommode : grâce à l’accès aux données de ses utilisateurs, Alipay évalue la solvabilité de ses clients et vend son analyse aux acteurs traditionnels. Ant gagne beaucoup, mais gère peu de fonds, transférant les risques à d’autres.

    En 2018, il a ajouté une quatrième corde à son arc : après avoir assuré des colis pendant une quinzaine d’années, l’entreprise propose sa propre offre d’assurance. Aujourd’hui, le paiement et le crédit représentent 80 % du chiffre d’affaires d’Ant, la gestion de fortune et l’assurance apportant le reste.

    « Avant l’émergence de la finance en ligne en Chine, le marché était monopolisé par les grandes banques d’Etat, et les principaux bénéficiaires de ces fonds étaient aussi des entreprises d’Etat, explique Jiazhou Wang, professeur de finance à la City University de New York. De ce fait, on avait 80 % des demandeurs, principalement des consommateurs individuels et des PME, qui étaient en concurrence pour obtenir les 20 % de ressources restantes. Beaucoup se retrouvaient à emprunter sur le marché de la finance souterraine à un coût exorbitant : les intérêts pouvaient atteindre 30 % à 50 %, comparés à des intérêts à un chiffre dans les banques d’Etat. Ant a fourni un moyen alternatif de financer ces gens-là. Cela a une valeur énorme pour l’économie ! »

    Cependant, son développement pourrait être freiné. En Chine, il existe un risque réglementaire fort. « Nous pensons qu’Ant [l’]a bien géré par le passé, et ne sommes pas excessivement inquiets », estime Kevin Kwek, un analyste du cabinet Bernstein. De même, Alipay, qui assure 55 % des paiements mobiles du marché chinois, est confronté à la rude concurrence de son rival Tencent, qui en assure 40 %, d’après une étude de la société iResearch publiée fin juin. Enfin, à l’international, où Ant reste peu actif, les menaces de sanctions des Etats-Unis contre les entreprises chinoises qui s’aventurent hors de leurs frontières lui ferment de nombreuses perspectives.

    #Alibaba #Tencent #Alipay #payement #smartphone #technologisme #finance #domination (...)

    ##AntGroup

  • L’eau devient un produit financier en Californie | Les Echos
    https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/leau-devient-un-produit-financier-en-californie-1255502

    La Bourse de Chicago et le Nasdaq vont lancer des contrats à terme sur l’eau de Californie. Ces instruments financiers permettront de se couvrir contre la volatilité des prix de cette ressource naturelle sous tension dans l’Etat américain.

    Après avoir fait fortune en anticipant l’effondrement du marché immobilier américain, Michael Burry a concentré ses investissements sur une matière première : l’eau. L’investisseur rendu célèbre par le livre de Micheal Lewis « Le casse du siècle » et le film « The Big Short » expliquait en 2010 avoir investi dans des exploitations agricoles disposant de réserves hydriques sur place.

    En 2020, Wall Street lui donne une nouvelle fois raison : les opérateurs de Bourse, le Chicago Mercantile Exchange (CME) et le Nasdaq s’apprêtent à lancer d’ici à la fin de l’année des contrats à terme sur l’eau californienne. Une grande première pour cette ressource naturelle, devenue une matière première et un actif au même titre que le blé, le cuivre ou le pétrole.

  • « La question de l’origine du SARS-CoV-2 se pose sérieusement » | CNRS Le journal
    https://lejournal.cnrs.fr/articles/la-question-de-lorigine-du-sars-cov-2-se-pose-serieusement

    Près d’un an après que l’on a identifié le coronavirus SARS-CoV-2, les chercheurs n’ont toujours pas déterminé comment il a pu se transmettre à l’espèce humaine. Le virologue Étienne Decroly fait le point sur les différentes hypothèses, dont celle de l’échappement accidentel d’un laboratoire.

    Quelques extraits de ce long entretien avec le virologue Étienne Decroly :

    SARS-CoV-2 ne descend pas de souches humaines connues et n’a acquis que récemment la capacité de sortir de son réservoir animal naturel.
    .../...
    L’étude des mécanismes d’évolution impliqués dans l’émergence de ce virus est essentielle pour élaborer des stratégies thérapeutiques et vaccinales.
    .../...
    Y a-t-il des indices pointant vers d’autres candidats au rôle d’hôte intermédiaire ?
    É. D. : Dans les zoonoses, les hôtes intermédiaires se retrouvent généralement parmi les animaux d’élevage ou sauvages en contact avec les populations. Or, en dépit des recherches de virus dans les espèces animales vendues sur le marché de Wuhan, aucun virus intermédiaire entre RaTG13 et le SARS-CoV-2 n’a pu être identifié à ce jour. Tant que ce virus intermédiaire n’aura pas été identifié et son génome séquencé, la question de l’origine de SARS-CoV-2 restera non résolue. Car en l’absence d’éléments probants concernant le dernier intermédiaire animal avant la contamination humaine, certains auteurs suggèrent que ce virus pourrait avoir franchi la barrière d’espèce à la suite un accident de laboratoire ou être d’origine synthétique.
    .../...
    Tant qu’on n’aura pas trouvé l’hôte intermédiaire, l’hypothèse d’un échappement accidentel ne pourra être écartée par la communauté scientifique.

    Mais au final, c’est la cause accidentelle qui semble privilégiée

    Le mot de la fin :

    Dans mes cours consacrés à l’ingénierie virale, j’ai l’habitude de présenter à des étudiants de Master cet exercice théorique : je leur demande d’imaginer un procédé procurant au virus VIH la capacité d’infecter n’importe quelle cellule de l’organisme (pas seulement les lymphocytes). Ces étudiants sont brillants, et la plupart sont en mesure de me proposer des méthodes efficaces, conduisant à la construction de virus chimériques potentiellement dangereux. Je donne ce cours depuis une dizaine d’années et les étudiants s’attachent exclusivement à l’efficacité de la méthode sans s’interroger une seconde sur les conséquences potentielles de leurs mises en œuvre.

    L’objectif pédagogique que je poursuis est de les sensibiliser à ces problématiques et de leur montrer qu’on peut dans bien des cas construire des systèmes expérimentaux tout aussi efficaces et permettant de mieux contrôler les risques biologiques. il faut intervenir dès la formation, en formant les futurs biologistes à toujours questionner le risque et la pertinence sociétale de leurs travaux, aussi novateurs soient-ils.

    #recherche_médicale #virologie #protocole_expérimental #techno-science #technolâtrie #éthique

  • La gérante de l’escape game où l’un des scénarios consistait à tuer Macron ressort libre de sa garde à vue
    https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/la-gerante-de-l-escape-game-ou-l-un-des-scenarios-consistait-a-tuer-macro

    À Toulouse, la gérante de l’escape game qui proposait de tuer le Président de la République Emmanuel Macron ressort libre de sa garde à vue. Sept heures d’audition ce mardi au commissariat de police. Son commerce a été perquisitionné. Mais elle n’est pas été mise en examen. 

    […]

    Le profil des assassins présumés est on ne peut plus atypique : « sorcières féministes, zombies gauchistes, fantômes de la République en Marche, vampires de la Finance et hackers mutants ». La gérante de l’escape game est sortie libre de sa garde à vue ce mardi mais il lui reste à prouver qu’elle n’a pas incité ses clients à tuer Emmanuel Macron. Elle devrait donc se pencher sur son listing de clients pour récupérer au moins cinq témoignages.

    La liberté d’expression c’est pour les dessins islamophobes. Pas les jeux qui se foutent de la gueule de notre Président.

    (On n’avait pas eu, également à Toulouse, quelqu’un qui avait passé du temps en garde-à-vue à cause d’une banderole insultant le « Macronvirus » ?)

  • 1347 : la peste noire - Quand l’histoire fait dates - Patrick Boucheron | ARTE
    https://www.arte.tv/fr/videos/069117-004-A/quand-l-histoire-fait-dates

    Alors qu’en l’espace de cinq ans la grande peste a décimé un tiers de la population européenne, il reste finalement peu de traces de la pire catastrophe que le Moyen Âge ait connue. Que s’est-il réellement passé entre 1347 et 1352 sur notre continent ? Il apparaît que cette épidémie a été le marqueur d’une première mise en relation massive de l’Eurasie et du monde méditerranéen.

    #épidémie #histoire #vidéo

  • Denis Colombi : en finir avec l’idée que les pauvres gèrent mal leur argent
    https://www.franceculture.fr/economie/denis-colombi-en-finir-avec-lidee-que-les-pauvres-gerent-mal-leur-arge

    (…) [Il y a] d’abord une relative méconnaissance de ce qu’est la pauvreté. Les pauvres, et les classes populaires en général, ont peu accès à la parole publique et donc peu l’occasion de défendre leur façon de consommer, leur utilisation de l’argent etc.
    Les travaux des sciences sociales là-dessus sont aussi mal connus et peu diffusés.
    Enfin si chacun imagine facilement ce qu’il ferait s’il était riche, il est très rare qu’on se demande comment on vivrait ou consommerait si on était pauvre. Et si jamais on se pose la question, on le fait avec une forme d’ethnocentrisme de classe.

    C’est-à-dire qu’on plaque nos points de vue et représentations ?

    Par exemple, on se dit “moi si j’étais pauvre, j’épargnerais”. On ne se rend pas compte qu’il existe déjà certaines formes d’épargne dans les classes populaires, même si elles ne prennent pas une forme monétaire. Par exemple, le stockage de nourriture. Les biens sont moins volatiles que l’argent sur un compte en banque car il suffit d’une facture imprévue, des agios ou autre, pour que l’argent fonde comme neige au soleil. Quand on est pauvre, laisser de l’argent sur son compte est plus dangereux que de le stocker, sous forme de nourriture par exemple. Or ce comportement, nécessaire dans cette situation, n’est pas valorisé, parce qu’il n’est pas considéré comme de l’épargne et est moins efficace puisqu’il ne produit pas d’intérêts.

    Ce sont ces stratégies qu’il faudrait davantage reconnaître ?

    Souvent, quand on aborde la question de la pauvreté, on donne l’impression qu’il faudrait que les pauvres adoptent le comportement qui leur permet de devenir vraiment riches. Par exemple, s’ils mettaient de de l’argent de côté, ils pourraient lancer une entreprise. Alors que le plus souvent, le premier problème des pauvres, c’est simplement de survivre. Car pour devenir riches ils devraient faire des efforts démesurés par rapport à ce qui est vraiment possible.

    Les travaux sociologiques montrent que ce qui explique la pauvreté, c’est d’abord la pauvreté. Cela peut sembler être une tautologie, mais en fait c’est la condition dans laquelle on est, en tant que pauvres, qui fait que l’on adopte certains comportements, lesquels s’imposent à nous, comme les solutions pour gérer cette situation.
    Pour mettre fin à cette situation il faut disposer d’assez de ressources pour ne plus être pauvres. Ce que disent de nombreux travaux, c’est que pour ne plus être pauvres, il faut donner de l’argent aux pauvres.

    Est-ce que la crise peut changer ce regard sur les pauvres ?

    Il est possible que l’augmentation du chômage et des difficultés économiques produisent une plus grande tolérance vis-à-vis des plus pauvres. On se sentirait plus proche d’eux. Mais ce n’est pas mécanique, et cela pourrait tout aussi bien s’accompagner d’une plus forte condamnation des pauvres et de la pauvreté. Ceux qui s’en sortiraient le mieux, pourraient avoir le sentiment d’être plus méritants que les autres, voire faire peser sur certains la responsabilité de la crise.
    En 2008, une façon de raconter la crise a été de dire que c’était la faute des “ménages subprime”, autrement dit des plus pauvres qui voulaient acheter des maisons sans en avoir les moyens. Et que c’est l’avidité des pauvres qui avait provoqué la crise !
    Notre regard dépendra en fait de la mobilisation des associations, et de la manière dont nos dirigeants poseront le problème comme étant, soit une question de responsabilité des pauvres, soit une question de responsabilité politique.

  • Le Nigeria fatigué des violences policières (Viviane Forson avec AFP, 21/10/2020) https://lepoint.fr/afrique/le-nigeria-fatigue-des-violences-policieres-20-10-2020-2397341_3826.php

    (…) Après les stars nigérianes, le mouvement bénéficie de soutiens internationaux : les stars américaines CardiB ou Kanye West, le champion du monde de football Kylian Mbappé et même le PDG de Twitter Jack Dorsey s’engagent à leurs côtés sur les réseaux.

    Colère et frustration contre des dirigeants déconnectés
    Face à la contestation, le président Muhammadu Buhari annonce le 11 octobre au soir la dissolution de la SARS. Son gouvernement promet une réforme de la police, annonce la création de la SWAT, une nouvelle brigade qu’elle veut « éthique » et en accord avec « les désirs des citoyens », et assure que les agents accusés de violences seront poursuivis en justice. Les manifestants arrêtés sont également libérés.

    Mais ces annonces ne calment pas les manifestants, toujours plus nombreux. En première ligne, les femmes. Ce sont elles qui organisent, qui vont collecter des fonds, et surtout élaborer des stratégies pour faire durer le mouvement. Nombreuses sont celles qui préfèrent être loin des feux de la rampe, d’autres en revanche assument un rôle plus visible. « Les Nigérians sont sceptiques face à la promesse gouvernementale de mettre fin aux abus policiers, alors que leurs précédentes promesses de réformer la SARS n’avaient été que de vaines paroles », selon le directeur d’Amnesty International au Nigeria, Osai Ojigho.

    Ce conflit social est également le symbole de la fracture générationnelle d’une jeunesse du sud du pays qui ne se retrouve pas dans ses dirigeants. Muhammadu Buhari, 77 ans et musulman conservateur, est à la tête d’un pays dont plus de la moitié de ses 200 millions d’habitants ont moins de 30 ans, et dont l’âge médian est de 18 ans.

    L es manifestants appellent à une réforme structurelle de la police, et réclament, étonnamment, l’augmentation des salaires des policiers. Au Nigeria, « les officiers supérieurs sont connus pour maintenir une pyramide de corruption perverse qui exige que les agents de base soient mal payés et transfèrent les pots-de-vin extorqués aux citoyens en haut de la chaîne de commandement », selon Leena Koni Hoffmann, du think-tank britannique Chatham House.

    Lutte contre le terrorisme, une aubaine pour les dirigeants nigérians, par Marc-Antoine Pérouse de Montclos (@mdiplo, décembre 2019) https://www.monde-diplomatique.fr/2019/12/PEROUSE_DE_MONTCLOS/61144

    En utilisant la base de données du projet Nigeria Watch, des chercheurs de l’université d’Ibadan ont montré que les forces de sécurité méritaient bien le surnom que les Nigérians leur ont donné : shoot and kill. En effet, l’armée et la police « tirent et tuent » dans plus de 50 % des cas de violences mortelles où elles interviennent pour, prétendument, rétablir la paix.

    Par faiblesse, par crainte de la mutinerie ou tout simplement par indifférence, les gouvernements civils qui se sont succédé au pouvoir n’ont pas voulu sévir. Bien souvent, ils se sont contentés de réformes cosmétiques ou d’annonces restées lettre morte. La lutte contre la corruption qui gangrène les forces de l’ordre en offre l’un des exemples les plus symptomatiques. En janvier 2005, le renvoi du chef de la police, M. Tafa Balogun, un Yorouba, comme le président Olusegun Obasanjo, avait un moment laissé espérer qu’un gouvernement plus démocratique allait enfin reprendre en main l’administration. M. Nuhu Ribadu, un inspecteur nommé à la tête de la Commission sur les crimes économiques et financiers (EFCC), a en effet réussi à faire condamner son supérieur hiérarchique à près de cinq ans de prison. Mais M. Balogun fut finalement relâché au bout de six mois et ne remboursa qu’une infime partie des fonds qu’il avait détournés.

    Élu en avril 2007, le successeur de M. Obasanjo, le président Umaru Yar’Adua, s’empressa quant à lui de revenir sur la promotion que M. Ribadu avait obtenue peu de temps auparavant. En proie à l’hostilité de ses collègues au sein de la police, ce dernier fut contraint de suivre une formation professionnelle qui l’obligea à renoncer à ses fonctions à l’EFCC, où il fut remplacé par une intérimaire délibérément privée de tout moyen, Mme Farida Mzamber Waziri (7). En guise de remerciements, il fut renvoyé de la police pour indiscipline en décembre 2008. Parti en exil, il revint se présenter à la présidentielle d’avril 2011, où il ne remporta que 5 % des voix.

    Depuis, les tentatives de réforme démocratique du secteur de la sécurité ont toutes été enterrées au nom de l’urgence à combattre la menace terroriste. Ainsi, durant la dernière campagne présidentielle, en février 2019, le parti au pouvoir a sciemment évité d’évoquer les exécutions extrajudiciaires. Il a préféré lancer un débat sur une régionalisation de l’appareil de sécurité qui permettrait, selon ses promoteurs, de créer des polices de proximité répondant aux aspirations d’une société multiculturelle de 200 millions d’habitants. Statutairement, les forces de sécurité demeurent en effet déconnectées de leur environnement immédiat, car les autorités cherchent à développer un esprit de corps en ventilant les effectifs policiers et militaires, d’origines diverses, à travers tout le territoire national. L’objectif : éviter des collusions entre les représentants de la loi et les communautés dont ils sont originaires. Mais ce système a pour effet de parachuter des policiers et des militaires à des postes où ils doivent s’adresser à des populations dont ils ne parlent pas la langue. Ces difficultés de communication nourrissent des méfiances et des peurs réciproques qui peuvent être fatales lorsque les villageois ne comprennent pas les instructions qui leur sont données, notamment dans les régions les moins alphabétisées du nord du Nigeria, où sévit Boko Haram.

  • Sortir de la sidération et refuser la destruction de l’hôpital public | Pauline Londeix et Jérôme Martin
    https://www.humanite.fr/sortir-de-la-sideration-et-refuser-la-destruction-de-lhopital-public-694438

    Nous savons tous que l’austérité est en train de détruire l’hôpital et notre système de santé publique. Depuis vingt ans, des dizaines de milliers de lits hospitaliers ont été supprimés, l’activité à l’hôpital augmente, notamment aux urgences, mais le recrutement des personnels ne suit pas. Pourtant, l’action politique ne change pas. Source : via L’Humanité

  • « Souveraineté numérique : les câbles sous-marins, un enjeu aussi important que la 5G ». La tribune de Cyrille Dalmont, chercheur associé à l’Institut Thomas-More https://www.lopinion.fr/edition/economie/souverainete-numerique-cables-marins-enjeu-aussi-important-que-5g-225405

    Le débat sur la souveraineté numérique relatif à la 5G fait rage depuis quelque temps en France, en particulier en raison des risques pour notre souveraineté et notre sécurité intérieure que soulève une éventuelle participation de l’entreprise Huawei au déploiement des antennes relais. Ce débat, selon des modalités et une intensité variables, la plupart des pays occidentaux l’ont ou l’ont eu. La 5G et ses implications (comme la crise sanitaire d’ailleurs) nous ramènent inévitablement aux fondamentaux de la politique : qui commande ? Qui dit « nous voulons » ?

    Mais une autre guerre des mondes sévit dans le même temps à bas bruit : celle des câbles internet. La réalité est simple : pour les communications internationales, plus de 99% du trafic Internet passe par des #câbles_sous-marins. En 2020, on en recense près de 380 à travers le monde, pour un total de 1,3 million de kilomètres posés. (…)

    Accélération chinoise. Sur le terrain, la Chine est particulièrement offensive et son fer de lance était jusqu’à il y a peu la société #Huawei marine networks, créée en 2008. Dans le cadre des « Routes de la soie numériques », elle a travaillé à elle seule sur près d’une centaine de projets de construction ou de modernisation de liaisons par fibre optique sur les fonds marins. Cet expansionnisme a connu un coup d’arrêt avec l’embargo récent (15 mai 2019) de l’administration Trump à l’encontre de la firme chinoise Huawei. Accusé d’espionnage à grande échelle au profit du gouvernement chinois, il est désormais interdit aux sociétés américaines de travailler avec le constructeur chinois. Donald Trump a encore haussé le ton en mai dernier et cet embargo s’applique désormais aux fournisseurs basés hors des Etats-Unis, dès lors que leurs produits ou services utilisent des technologies américaines, qu’il s’agisse de propriété intellectuelle, de logiciels ou d’équipements de production.

    Mais cet embargo sera vite contourné car la Chine a trouvé rapidement la parade : Huawei a annoncé en juin la cession de 51% de Huawei marine networks à Hengtong optic-electric, une autre entreprise chinoise. Bien évidemment, la Chine non seulement ne ralentit pas mais entend amplifier son programme de pose de câbles comme l’a confirmé, au retour de sa tournée européenne, le ministre des Affaires étrangères Wang Yi, lors de la signature d’un accord avec le Kazakhstan.

    De leur côté, les Etats-Unis, inventeurs d’Internet, dominent toujours aujourd’hui le marché mondial du transfert de données, notamment grâce à l’activité débordante des Gafam, en particulier Facebook et Google dont l’appétit pour la pose de câbles est à la hauteur des ressources, c’est-à-dire sans limite. Google possède ou contrôle aujourd’hui pas moins de 14 câbles (dont trois en propre). Facebook en possède 10, Microsoft quatre et Amazon trois.

    Si elle est moins dépendante des câbles sous-marins que les Occidentaux, en raison du continuum de son territoire, et moins active dans la pose de câbles, la Russie, quant à elle, n’hésite pas à jouer les trouble-fêtes avec ses mini-sous-marins espions de plongée profonde à propulsion nucléaire, connus sous le terme russe AGS. Ou à mettre la pression sur des pays de son environnement pour imposer sa volonté quant au choix d’une société de pose de câble.

    C’est ce qui s’est passé en Géorgie, pour le groupe azéri Neqsol avec l’acquisition de Caucasus Online, seule société géorgienne détenant la gestion du réseau de fibre venant d’Europe à travers la Mer Noire, dans le cadre d’un projet de route de fibre optique entre l’Europe, la Géorgie, l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan et l’Asie, qui devait permettre une alternative aux routes terrestres actuelles à travers la Russie. Cette opération, finalisée en 2019, est bloquée depuis juillet, la Commission nationale géorgienne des communications semblant chercher tous les moyens d’annuler la vente. Tous les coups sont ainsi permis dans cette guerre où le droit du plus fort devient le droit tout court.

    Et l’Europe dans tout cela ? Dans ce domaine comme dans tant d’autres, dotée d’une expérience industrielle indéniable (notamment avec le groupe Alcatel submarine networks, désormais filiale de Nokia) mais privée de direction comme de volonté politique, elle n’a ni stratégie, vision de long terme. Les entreprises européennes se contentent donc le plus souvent de participer à des projets de groupement internationaux telle que le projet 2Africa de câble sous-marin de 37 000 kilomètres reliant 23 pays d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Europe et s’étendant vers l’Asie. (…)

    Les câbles sous-marins au centre des tensions entre Pékin et Washington https://www.zdnet.fr/actualites/les-cables-sous-marins-au-centre-des-tensions-entre-pekin-et-washington-399105

    Dernière illustration en date début septembre, lorsque Facebook et Google ont dû renoncer à leur ambitieux projet de câble sous-marin reliant Los Angeles à Hong Kong, baptisé "Pacific Light Cable Network" (PLCN). Annoncé initialement en 2016, ce projet constitué de six paires de fibres optiques visait pourtant à connecter directement Hong Kong à Los Angeles. Un trajet de près de 13 000 kilomètres, qui a dû être remanié en catastrophe afin d’obtenir l’approbation du régulateur américain, dont la direction est réputée proche de l’administration Trump – particulièrement hostile au régime chinois.

    En juin dernier, le gendarme américain des télécoms avait en effet refusé l’exploitation de ce système de câbles sous-marins se connectant directement à Hong Kong, arguant que ce projet serait contraire à l’intérêt de la sécurité nationale américaine.

    La FCC faisait également valoir que la grande capacité et la faible latence du réseau encourageraient le trafic de communication américain traversant le Pacifique à faire un détour par Hong Kong avant d’atteindre la destination prévue, ce qui augmenterait inutilement la quantité de données passant par les infrastructures contrôlées par le gouvernement chinois. Ce qui a conduit Google et Facebook à revoir leurs plans. Si Google et Facebook ont indiqué qu’elles déposeraient bientôt une nouvelle demande de licence « pour un système reconfiguré » acceptable par l’administration de Trump, celle-ci n’a toujours pas été rendue publique.

  • Mélenchon, « République » etc. « La créolisation n’est pas un projet ou un programme, c’est un fait » https://www.nouvelobs.com/debat/20200925.OBS33823/tribune-jean-luc-melenchon-la-creolisation-n-est-pas-un-projet-ou-un-prog

    « Créolisation ». Un mot dans mon discours sur la République a fait parler. Je laisse de côté la poignée de sots pour qui ce fut une nouvelle occasion d’essayer de me faire endosser la camisole de force de leurs hantises identitaires. Ainsi de madame Saporta. Son ignorance crasse éclata quand elle affirma que le concept de créolisation renvoyait aux « origines » de chacun. Elle ignore donc ce que veut dire ce mot depuis qu’Edouard Glissant l’a mis en scène. Commençons donc par lire ce qu’en disait Edouard Glissant en 2005 dans une interview au journal « le Monde » :

    « La créolisation, c’est un métissage d’arts, ou de langages qui produit de l’inattendu. C’est une façon de se transformer de façon continue sans se perdre. C’est un espace où la dispersion permet de se rassembler, où les chocs de culture, la disharmonie, le désordre, l’interférence deviennent créateurs. C’est la création d’une culture ouverte et inextricable, qui bouscule l’uniformisation par les grandes centrales médiatiques et artistiques. Elle se fait dans tous les domaines, musiques, arts plastiques, littérature, cinéma, cuisine, à une allure vertigineuse… »

    Le verbe riche d’Edouard Glissant fonctionne ici dans toute sa performance. Il permet de comprendre ce que désigne le mot « créolisation » sans aucun doute d’interprétation.

    Notons l’essentiel. Primo : la créolisation n’est ni un projet ni un programme. C’est un fait qui se constate. Il se produit de lui-même. D’où la sottise de ceux qui m’attribuent la créolisation comme un objectif politique. Veulent-ils s’opposer au processus spontané de la créolisation ? Mais alors il faudrait qu’ils disent pourquoi. Et surtout comment comptent-ils s’y prendre. Secundo : la créolisation ne concerne pas exclusivement la langue comme fait semblant de le croire Eric Zemmour. Elle implique bien davantage l’ensemble des usages de l’existence sociale. Ce sont ces habitudes par lesquelles chacun accède à la vie en société et qui lui paraissent naturelles, évidentes. J’aurais dû écrire « habitus » pour être aussi précis que possible. Cela désignerait alors la façon personnelle avec laquelle cette intégration des usages se fait pour chacun, en relation avec ses appartenances sociales telles que le lieu de vie, la classe sociale, les réseaux de vie collective.

    Le vieux Thomas Legrand en faisait sa chronique ce matin : https://www.franceinter.fr/emissions/l-edito-politique/l-edito-politique-30-septembre-2020

    Au moins, en posant ce débat, Mélenchon fait-il réfléchir… On l’avait oublié [non, toi], mais ce devrait être aussi ça, la politique.

    Faut que je regarde ça maintenant, je ne te remercie pas @fil.
    https://www.youtube.com/watch?v=4nNP1g5_6-M

    Anyway, depuis le temps que je veux lire ceci de feu Alain Ménil :

    Édouard Glissant, signataire du Manifeste des 121 en 1960, « pour un droit à l’insoumission », jusqu’à la créolisation de la FI en 2020, tout s’explique — en attendant le ticket Mélenchon-Taubira : )

    Déformation professionnelle oblige, deux archives du @mdiplo :

    Il n’est frontière qu’on n’outrepasse (octobre 2006)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2006/10/GLISSANT/13999

    La Martinique : une société morbide et ses pulsions (juin 1977)
    https://www.monde-diplomatique.fr/1977/06/GLISSANT/34289

    Dépouillée de ses valeurs culturelles, condamnée à une mendicité officielle, parée d’une bourgeoisie de pure fiction, la Martinique pourtant résiste à la politique d’assimilation.

    • écrire en compagnie - Vacarme
      https://vacarme.org/article2999.html

      Dire « le monde », c’est penser avec Édouard Glissant ?

      Tiphaine Samoyault : Glissant est central pour moi. Avec lui, on quitte l’équivalence entre monde et universel et on rattache monde et divers. Il y a eu un moment historique où mondial fonctionnait avec universel et avec cosmopolitisme. Ce moment est passé. Monde doit être branché sur d’autres mots. J’emprunte à Glissant la façon dont il s’en sert comme d’un adjectif, comme dans « littérature-monde ». Quand il parle du « Tout-monde », il créolise le français, parce que monde en créole, c’est « les gens ». « Tout moun » est une expression des plus courantes pour dire « les autres », « la bande », « la fine équipe ». Glissant ne l’invente pas, mais il en joue, parce que « Tout-monde » en français a une résonance autrement plus autoritaire, avec laquelle il ironise.

    • Dans le fond, on ne peut que se féliciter qu’un penseur comme Édouard Glissant puisse être pris comme référence dans les débats politiques que connaît la France aujourd’hui. Et cela, pour tout un tas de raisons qui me conduisent à dire (avec d’autres) que Glissant fait partie de ces penseurs dont on a besoin en ces temps de confusion, tant il a envisagé je crois des perspectives qui peuvent être très utiles face aux enjeux que l’on connaît aujourd’hui en France. Je ne crois pas personnellement qu’en évoquant la notion glissantienne de créolisation, Jean-Luc Mélenchon puisse être accusé en quoi que ce soit d’opportunisme, de récupération ou même de provocation comme cela a été dit par ceux qui ont voulu créer là une polémique stérile. Certaines voix ont tenté de simplifier ce qu’il a dit, qui me paraît au contraire non seulement bienvenu, mais de surcroît porteur de pistes stimulantes pour le présent. On pourra bien sûr étayer çà et là, discuter, préciser (et c’est nécessaire parce que Glissant est un penseur de la nuance et de la complexité du réel), mais justement, c’est ce que je trouve stimulant : le fait que cette évocation ouvre des voies intéressantes dont il est nécessaire de débattre. Donc oui, pour le redire, je pense que cette référence a été faite à bon escient.

      https://blogs.mediapart.fr/loic-cery/blog/111020/edouard-glissant-la-creolisation-et-son-interpretation

  • Reprise de l’audience pour l’extradition d’Assange | Craig Murray
    https://lundi.am/Reprise-de-l-audience-pour-l-extradition-d-Assange

    Nous re-publions ici une traduction du compte-rendu fait par Craig Murray du premier jour de la reprise de l’audience en extradition vers les États-Unis du fondateur de Wikileaks. Craig Murray, ancien diplomate ayant lancé l’alerte sur les manigances criminelles de l’empire Britannique, a suivi l’affaire Assange de près et depuis bien longtemps. Il était parmi les 5 (!) membres du public autorisés à assister physiquement à l’audience. Source : Lundi matin

    • Your Man in the Public Gallery : Assange Hearing Day 13
      September 20, 2020 Craig Murray
      https://www.craigmurray.org.uk/archives/2020/09/your-man-in-the-public-gallery-assange-hearing-day-13

      Friday gave us the most emotionally charged moments yet at the Assange hearing, showed that strange and sharp twists in the story are still arriving at the Old Bailey, and brought into sharp focus some questions about the handling and validity of evidence, which I will address in comment.

      NICKY HAGER

      The first witness of the day was Nicky Hager, the veteran New Zealand investigative journalist. Hager’s co-authored book “Hit and Run” detailed a disastrous New Zealand SAS raid in Afghanistan, “Operation Burnham”, that achieved nothing but the deaths of civilians, including a child. Hager was the object of much calumny and insult, and even of police raids on his home, but in July an official government report found that all the major facts of his book were correct, and the New Zealand military had run dangerously out of control:

      “Ministers were not able to exercise the democratic control of the military. The military do not exist for their own purpose, they are meant to be controlled by their minister who is accountable to Parliament.” (...)