L’usine Sanofi qui produit la Dépakine encore à l’origine de rejets toxiques hors-norme
Hasard du calendrier, c’est aussi le 15 novembre qu’une première plainte a été déposée contre X pour mise en danger d’autrui par une riveraine de l’usine #Sanofi de Mourenx : Mélanie S., qui s’est confiée au Monde, n’a jamais pris de #Dépakine mais ses deux enfants présentent des troubles neurodéveloppementaux (autisme) similaires à ceux constatés chez les enfants exposés in utero. Elle travaille depuis 2011 dans un bureau situé à une cinquantaine de mètres de la cheminée de Sanofi. Deux jours après le dépôt de la plainte, le 17 novembre, Sanofi assurait au Monde avoir « entrepris un large programme d’investissements sur son installation de Mourenx, qui répond à toutes les prescriptions préfectorales en matière d’émissions ».
« Contrairement à ce que prétend le groupe, ces nouveaux rejets toxiques sont la preuve que Sanofi n’a pas fait tout le nécessaire et continue à émettre dans l’atmosphère des substances dangereuses pour la santé de la population, réagit Marine Martin, la présidente de l’Association d’aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anticonvulsivant (Apesac), partie civile dans la procédure en cours. C’est pourquoi il est d’autant plus important que la justice aille au bout de son enquête sur les conséquences sanitaires de cette pollution. »
« Incident grave »
La CGT est également partie civile dans l’instruction ouverte en 2022. « Sanofi n’a pas informé les instances représentatives de cet incident grave, ce n’est pas normal, tonne Jean-Louis Peyren, coordinateur de la CGT chez Sanofi. Il ne faut pas s’étonner ensuite si les gens doutent de la bonne foi de Sanofi. » Contacté, le groupe pharmaceutique évoque un « évènement isolé et très bref lié à la dégradation des charbons actifs de l’unité de traitement à la suite des fortes intempéries qui ont touché la région les jours précédents ». « Les charbons ont été remplacés et les émissions en bromopropane sont redevenues conformes, permettant la reprise de la production après accord des autorités », indique-t-on de même source.
Les filtres à charbon auraient été saturés à cause de problèmes d’étanchéité. Des explications qui ne convainquent pas la CGT : « Nous demandons des investigations pour lever les doutes sur ce qui a conduit à cet incident », commente Jean-Louis Peyren.
Une plainte avait été déposée en 2018
Elles laissent également dubitative la Société pour l’étude, la protection et l’aménagement de la nature dans le Sud-Ouest (Sepanso), à l’origine la plainte en 2018 sur les rejets massifs de Sanofi qui a conduit la justice à ouvrir une enquête. « D’une part, ce n’est pas la première fois qu’il y a des intempéries avec de fortes pluies à Mourenx et Sanofi n’avait jamais mentionné un tel dysfonctionnement ; d’autre part, s’il y a un problème d’étanchéité sur les filtres qui laissent entrer de l’eau, cela signifie qu’en sortie ils laissent aussi passer des substances qu’ils sont censés bloquer », fait remarquer Patrick Mauboules, représentant la Sepanso au comité de suivi du site.
Selon un rapport de l’inspection des installations classées de février, que Le Monde a pu consulter, le contrôle des eaux pluviales du site a également mis en évidence des dépassements des valeurs limites d’émission pour le valproate de sodium dans des prélèvements effectués fin 2021 et début 2022, en sortie de lagune, avant d’être rejeté dans le Gave. Contactée, la préfecture des Pyrénées-Atlantiques n’a pas répondu à nos sollicitations.