• "Pourriez-vous s’il vous plaît reconnaître l’imposture que vous appelez « démocratie », qui consiste à choisir parmi vos candidats déjà choisis lequel nous manipulera,
    et exposer enfin clairement l’absurdité de cette non vie que vous nous faites vivre, qui se résume à produire comme des machines et consommer comme des zombies des objets empoisonnés qui nous rendent malades et pourrissent la terre, pour la publicité desquels des millions sont investis, qui en augmentent le prix et l’illusion, et l’aberration de l’accumulation d’argent entre les mains des riches au détriment de l’immense majorité des gens qui peinent à joindre les deux bouts, quand il reste des bouts, et nous montrer l’étendue du scandale de vos privilèges qui rendent si insultante votre condescendante démagogie, et comment vous êtes main dans la main avec les fossoyeurs industriels de la terre et de nos jours, et aussi avec tous ces médiatiques rassis bien assis qui nous saoulent de leurs airs complices, et ouvrir pour finir bien grand le rideau en lambeaux censé masquer le mirage qui nous entraîne dans le naufrage universel, sans arche pour en réchapper, ou bien vous pensez-vous ses guides indispensables quoi qu’il en coûtera, tout en préparant ce monde ravagé où vous essaierez de survivre à l’asphyxie depuis vos bunkers et vos guerres sans merci ?
    Merci."

  • Communiqué des parents de Serge - 26 avril 2023

    "Un mois après le tir de grenade qui a gravement blessé à la tête notre fils Serge, le 25 mars 2023, lors de la manifestation contre les mégabassines de Sainte-Soline, l’incertitude subsiste concernant son avenir.

    Selon les critères médicaux purement cliniques, Serge est sorti du coma. Cela signifie qu’il entrouvre les yeux, mais nullement qu’il est réveillé.

    Les soins qui lui ont été dispensés depuis son arrivée à l’hôpital ont visé à juguler diverses lésions et infections. Celles-ci ont pour origine le tir de grenade dont il a été victime, mais aussi les conditions dans lesquelles les premiers secours lui ont été dispensés sur les lieux mêmes de la manifestation – les forces de l’ordre interdisant aux pompiers et aux ambulances d’accéder aux personnes blessées pour les prendre en charge.

    Ces soins ont contribué à ce que l’état de Serge, qui reste d’une « extrême fragilité », ne se dégrade pas davantage. Cela permet d’espérer son retour à la conscience, mais ce n’est pas encore le cas.

    À ce jour, il est impossible d’affirmer que Serge va recouvrer ses esprits et l’usage de son corps (ses membres et ses sens, sa capacité de respirer et de parler) ou d’évaluer les séquelles de sa blessure, et une rechute infectieuse demeure à craindre.

    Son pronostic vital reste donc engagé. C’est pourquoi nous dénonçons toute utilisation qui pourrait être faite de la sortie de son coma : Serge est malheureusement fort loin d’être tiré d’affaire. Prétendre le contraire serait un pur mensonge.

    Les parents de Serge, le 26 avril 2023

    Merci de diffuser ce communiqué le plus largement possible."

  • La Wuamboucherie qui vient.

    Prenons-nous la mesure de la rafle opérée par policiers et militaires à Mayotte ?
    Une rafle systématique de femmes, d’enfants et d’hommes réduits à une masse informe délinquante.
    Il faut appeler Wuambushu par son nom : une opération de remigration telle qu’imaginée par l’extrême-droite.
    A quoi faut-il s’attendre ?
    Salime Mdéré, vice-président du Conseil Départemental de Mayotte sur Mayotte 1ère :
    « Je refuse de les appeler des gamins, ce sont des délinquants, des terroristes, des voyous. A un moment donné il faut peut-être en tuer... Je pèse mes mots. »
    Encore un "détail" peut-être dans toute cette horreur : chacun a l’obligation de prendre seulement une valise, en laissant derrière soi tous ses objets, les histoires affectives qui s’y lient, etc...
    C’est atroce #Wuambushu

  • UN ESSAI SUR LA CONNAISSANCE ANARCHISTE.

    L’ouvrage d’Alain Santacreu est simultanément une « quête » et une enquête. Une enquête sur la nature et les causes de la conscience anarchiste ; et une quête de la sorte de connaissance qui se déploierait dans une société anarchiste.

    Cette connaissance ne serait assurément pas une doxa et pas plus un ensemble de dogmes, car la première évasion anarchiste, que chacun peut expérimenter, s’opère contre « la domination de l’opinion ».

    Cette connaissance relève de l’anarchie positive – en opposition créatrice aussi bien à la domination qu’à l’anarchie dans le sens du désordre – anarchie positive qui tient ensemble les contraires, non dans leur effacement ou leur dilution, mais dans le dynamisme propre à la vie elle-même ; dynamisme qui signale la conscience éclairée : « pour voir, il faut se tourner à la fois vers la lumière et vers l’ombre, voir le noir et blanc simultanément. »

    Faute de quoi l’on retombe et l’on retombera dans « l’homogénéisation totalitaire », qui rend la vue grise, quelle que soit la profusion des couleurs de nos écrans.

    Il s’agit d’œuvrer à cette “dialectique de l’équilibre” qui faisait dire à Proudhon que « la plus haute perfection de la société se trouve dans l’union de l’ordre et de l’anarchie. »

    Le dynamisme de la vie, Alain Santacreu s’en approche en convoquant la notion complexe de « tiers inclus » (héritée de Stéphane Lupasco), dont on se contentera ici de souligner qu’elle ruine l’absoluité du principe de non-contradiction, invitant à sortir de la binarité, en assumant la tension créatrice qui non seulement permet les dépassements, mais vit de sa vie propre.

    L’auteur développe de là une pensée de l’interstice, de « l’intervalle » par où « il est possible de s’extraire du rêve imposé par la “Société du spectacle” » (un camarade nous a fait remarquer qu’on trouve aussi cette notion d’intervalle, et de manière persistante, dans la culture japonaise ancienne. Le Ma, l’espace entre les choses mais qui est dans le même temps ce qui les relie et où se concentre l’essentiel de la tension. S’y rajoute également la notion de seuil, ce par quoi l’on accède).

    A cette idée d’intervalle s’adjoint celle de talvera : les dictionnaires en donnent une signification négative : « espace qu’on ne peut labourer ». « Pourtant, poursuit l’auteur, il existe en occitan le verbe talverar qui signifie « travailler les bords d’un champs ». En effet, si la lisière du champ peut être laissée en friche pour servir de chemin entre les parcelles cultivées, il est possible de la travailler d’une autre manière que le champ.
    C’est ainsi, qu’aux sillons labourés dans la longueur peuvent s’en substituer d’autres, tracés dans la largeur par le piochage, le bêchage et le sarclage de la terre. On y produit alors des cultures “mineures” : choux, betteraves, pommes de terre, etc. »
    Et de poursuivre : « l’oubli de la talvera – non seulement du concept mais du mot qui le désigne – doit être mis en perspective avec toutes les dominations élitistes qui privilégient le centre aux dépens de la périphérie. Le concept de talvera prouve la nécessaire hétérogénéité de l’espace social. Il rompt l’uniformisation imposée par la réduction centralisatrice d’un modèle unique. »

    Nous voici donc à la lisière d’un autre monde, intervalle d’où se conçoit, renaît et s’expérimente, pour reprendre les mots de Gustav Landauer, « la communauté primordiale et universelle : la communauté avec le genre humain et avec l’univers. »

    Aussi prisonniers que nous nous trouvions du « camp globalisé », « réalisation finale de l’espace capitalistique, l’espace d’exception analysé par Agamben », « zone d’indistinction indéfinie de la marchandise », l’auteur peut donc relever que pourtant « chacun d’entre nous occupe un point de l’espace-camp d’où il lui appartient de s’élever pour renaître à l’humain. »

    http://www.contrelitterature.com/apps/m/archive/2023/02/16/vient-de-paraitre-aux-editions-contrelitterature-6428573.html

  • Les mots sans mode d’emploi.

    Quels mots doivent être abandonnés à la domination, lesquels peuvent être soit retrouvés, soit désinfectés, soit détournés, soit réinventés, soit redéfinis, soit enfin retournés contre la domination ?

    La question n’est pas que théorique, mais concerne les possibilités les plus pratiques de communication, dès lors qu’on sort de l’entre-soi et qu’on se dispose à parler au premier venu.

    Quels mots sont audibles, par qui, à quel prix, avant de se murer dans le silence et l’incompréhension jouée d’avance ?

    Voici quelques repères, qui ne sont pas des réponses mais des mises en perspectives.

    "Le pouvoir donne seulement la fausse carte d’identité des mots ; il leur impose un laisser-passer, détermine leur place dans la production (où certains font visiblement des heures supplémentaires) ; leur délivre en quelque sorte leur bulletin de paye. Reconnaissons le sérieux du Humpty-Dumpty de Lewis Carrol qui estime que toute la question pour décider de l’emploi des mots, c’est « savoir qui sera le maître ; un point c’est tout »."
    – Internationale Situationniste n°8, janvier 1963,

    "La critique du langage dominant, son détournement, va devenir la pratique permanente de la nouvelle théorie révolutionnaire.

    Parce que tout sens nouveau est appelé contresens par les autorités, les situationnistes vont instaurer la légitimité du contresens, et dénoncer l’imposture du sens garanti et donné par le pouvoir."

    "Il n’y a pas de mots interdits ; dans le langage, comme ce sera partout ailleurs, tout est permis. S’interdire l’emploi d’un mot, c’est renoncer à une arme utilisée par nos adversaires."
    – Internationale situationniste n° 10, mars 1966.

    "L’insatisfaction radicale à propos de tout ce qui fait ce monde : aliénation, séparation, falsification, cette insatisfaction est communément sans mots qui puissent en exprimer l’intensité, l’aggravation. Elle ne peut donc que se radicaliser.

    Mais pour que cet écœurement sans nom trouve le courage de s’exprimer, il faut certaines conditions : un dysfonctionnement important du système, qui mette les gens à l’arrêt, de sorte qu’ils ne puissent plus courir dans ce vide à remplir qui leur tient lieu de vie – le temps que monte en eux une nausée profonde par rapport à tout ce qui les faisait courir quelques jours auparavant -, un dégout pour tous les exutoires qu’ils s’empressaient de saisir, et les mots justes à mettre sur cette étrange situation.

    C’est la conscience vraie de l’insatisfaction radicale qui produira alors d’elle-même son langage, et la plupart s’y reconnaitront."
    – Observatoire situationniste, 25 avril 2022.

  • L’emprise du Spectacle est à son sommet ou plus très loin. Ce n’est pas seulement la vie quotidienne qui est colonisée par la vie des images, c’est que les gens sont devenus des images, « le mouvement autonome du non-vivant », jusque dans les moments extraordinaires qu’ils peuvent encore connaître.
    Une révolte collective par exemple.
    Le spectateur-contestataire veut avant tout briller, laisser sur les réseaux une image qui attire, être une vedette en somme. Et l’on sait à quel point c’est le besoin qu’on a d’elle qui fait la vedette, la misère du besoin.
    Le contestataire-vedette permet au spectateur-contestataire ordinaire de vivre par procuration l’excellence de sa révolte.
    Les images de la révolte ne font que renforcer le monde des images, quand il s’agit de rompre avec lui, d’agir dans l’ombre du Spectacle, de se dérober aux clichés, au propre et au figuré.
    Tant que le spectacle de la révolte tiendra lieu de révolte contre le Spectacle, celui-ci ne fera qu’augmenter son emprise sur les actes, les paroles, les rencontres, ruinant à la base toute reprise de contact réel avec soi-même et les autres.
    A ce petit jeu de marionnettes, ce sont évidemment les metteurs en scène de la société du spectacle qui seront toujours gagnants, ayant pour finir tous les moyens de siffler la fin de la « séquence », comme ils disent.
    Agir anonyment, refuser tout vedettariat, fuir et décourager les prises de vues, c’est commencer à vivre et faire grandir les émotions et la conscience où reprend forme une communauté désaliénée.
    Le reste est affaire d’humanité à développer.

  • Le mal n’est jamais banal.

    « Les seuls responsables, ce sont mes chefs, ma seule faute a été mon obéissance. » Eichmann.
    Non, Eichmann n’était pas un simple rouage de la mécanique nazie, pas plus qu’il n’était incapable de penser ses actes.
    Son argument était au contraire le produit d’une pensée minutieusement élaborée, allant jusqu’à se référer à Kant et préparant méticuleusement sa défense.
    Il n’y a pas de « monstre » au sens où un être humain n’aurait plus la moindre conscience ou, plus encore, la moindre sensibilité par rapport au contenu inhumain de ses actes.
    Il n’y a pas de simples rouages.
    Il n’y a pas de banalité du mal, sauf dans le sens où la personne entreprend intérieurement de banaliser le mal à ses propres yeux en le légitimant d’une façon ou d’une autre.
    Cette légitimation est une production de la pensée, de même qu’il reste toujours une racine sensible pour éprouver en son for intérieur ce que l’on fait.
    Par contre cette pensée peut être particulièrement tordue, et cette racine bien pourrie, mais soyons en sûr, ils savent ce qu’ils font.

  • On lit de ces commentaires parfois, à se demander quelle mouche les a piqués, à 3 heures du matin.

    « Certains commencent à dire qu’il faudrait changer de méthode. Ils parleraient de stratégies de guerillas urbaines non contrôlables. D’autres, d’actions coup de poing symboliques à la racine du mal : le fric et les institutions du capital.
    Chaque petit geste compterait dans un pourrissement généralisé...
    Mais bon, c’est certains seulement...
    Les autres comme nous, gentils manifestants pacifistes, on s’interroge seulement car on envie secrètement les riches, et on aime nos patrons. Bien entendu. »

  • Démocratie qui n’en a que le nom, où tout est faussé, manipulé, coopté, joué d’avance, et qui est détenue par une classe menant une guerre totale aux « classes inférieures », qui n’a d’autre choix que se bunkeriser et se durcir en prévision des catastrophes, effondrements, crises en tous genres qui vont nécessairement s’amplifier.
    Les dérives autoritaires sont les premiers signes de l’accouchement du monstre.

  • Un combat perdu d’avance :
    "Au bout de ce processus, l’humain n’aurait plus qu’à se battre pour la définition de lui-même devant une machine qui lui disputerait cette définition."

    Retour vers le futur déjà présent :
    "La biocréativité et la biointelligence étaient assurément destinées à s’appauvrir autant que la biodiversité. Elles transformaient les humains en gestionnaires de processus automatisés."

    Le désert de la critique rejoint la critique du désert :
    "Que faisaient les penseurs critiques dans toute cette histoire ? En général, ils étaient consternés par l’état de la défense. Ils voyaient bien que la lutte pour le biotravail ne constituait pas une défense viable. Mais ils voyaient aussi que l’avancement de l’automatisation réduisait toujours plus l’humain à un reste ontologique de sa propre création monstrueuse qui grignotait même l’activité de penser."

    La vie pendant ce temps :
    "Bien sûr, colonisée par le Capital, la vie quotidienne imposait de choisir en pratique : le producteur finissait toujours par produire ou bien une carotte traitée ou bien une carotte non traitée au nom de sa petite conviction personnelle et par subir les conséquences qui s’ensuivent, pas très différentes ; le traducteur choisissait ou bien une traduction humaine ou bien une traduction automatique assistée ; et le consommateur rentrait toujours à la maison avec une carotte ou une autre, souvent fier de son « choix » entre deux marchandises. Choisir entre une carotte traitée vendue en promotion moins chère que celle du supermarché voisin et une carotte bio, sans emballage et « zéro carbone », c’était devenu le sommet du sens moral de l’homo œconomicus."

    La vraie vie est ailleurs :
    "Le refus d’ériger la carotte bio en divinité de l’émancipation sociale ne signifie en rien l’obligation d’absoudre sa consœur chimique, trônant sur les étalages de marchandise capitalistes."

    Rupture ontologique :
    "Si toute la rue est fasciste, ce n’est pas encore un argument pour la rejoindre. Être jeté en prison n’expliquera jamais l’amour de la geôle. Lorsqu’une technologie se généralise, cela ne constitue en rien un argument en faveur du zèle de son adoption."

    https://observatoiresituationniste.com/2023/04/14/naissance-du-biotraducteur

  • La créativité poétique du « peuple des bassines » s’inscrit dans un mouvement d’autodéfense du vivant appelé à croître, à se fédérer, à multiplier, non par volontarisme mais parce que c’est cela ou se momifier dans un environnement sans insectes et sans oiseaux.
    Raoul Vaneigem, 5 avril 2023.

    https://observatoiresituationniste.com/2023/04/10/soutien-aux-zones-dautodefense-du-vivant-en-hommage-aux-

  • "Le « peuple » ne sera alors légalement plus rien d’autre que les représentants de sa dépossession, qui auront été cooptés pour être sélectivement désignés à son approbation.

    L’Etat de droit sera d’avoir droit à l’Etat, et d’être à part ça privé de tout.

    Ainsi s’épanouit la dictature des apparences de démocratie."
    https://observatoiresituationniste.com/2021/08/23/bienvenue-en-democtature

  • Ils n’ont que la violence à la bouche.
    Les minuscules violences qui résultent de la gigantesque violence de leurs profits pourris, de leurs valeurs pourries, de la vie pourrie qu’ils infligent à leurs esclaves humains et non humains, et des violences aveugles et sourdes de leurs polices.
    Ils n’ont que les black blocs à la bouche, qu’ils savent dérisoires, et le blackrock à la place du cœur, qu’ils pensent intouchable.

  • Comme analysé sans mérite dans « Généalogie du dieu argent », la situation sociétale est en théorie assez simple : d’un côté, diversifiée selon les diverses panoplies du Spectacle, une masse conditionnée pratiquant la servitude volontaire, certains ayant atteint un état zombie très avancé, de l’autre, minoritaire, un ensemble hétéroclite d’individus plus ou moins isolés luttant contre leurs conditionnements, plus ou moins émancipés de toutes sortes d’idéologies.
    Le tout sous la pression des désastres écologiques présents et à venir, de la mise en place accélérée du despotisme technoscientifique, de la dictature renforcée des apparences démocratiques, d’une déshumanisation en profondeur des relations, sur fond de survie en sursis perpétuel.
    Le fond stratégique est alors lui aussi assez simple, puisque, comme le disait la chanson, la vie n’est pas la mort, la mort n’est pas la vie - puisque le Spectacle est déjà fini.
    Les bouleversements seront permanents et le réaliser suffira à les rendre bouleversants.
    https://observatoiresituationniste.com/2023/04/05/bouleverser-les-bouleversements