Un projet d’intégration de l’Institut polaire (Ipev) à l’Ifremer est imaginé au 1er janvier 2025. Les deux structures sont invitées faire leurs propositions en juin. Un syndicat dénonce « une fusion à marche forcée ».
L’institut polaire Paul Émile Victor (Ipev), basé à Plouzané avec ses 50 personnels, sera-t-il absorbé par l’Ifremer, dont le siège est situé à quelques centaines de mètres, sur le site de la pointe du Diable. Le 27 novembre dernier, Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche avait demandé aux présidents de l’Institut polaire français (Ipev) et de l’Ifremer, de réfléchir à un rapprochement de leurs instituts respectifs.
Le 29 mars, Claire Giry, directrice générale de la recherche au ministère, faisait le même déplacement à Plouzané pour annoncer aux personnels de l’Ipev que le rapprochement demandé se ferait sous forme d’une dissolution administrative du groupement d’intérêt public (GIP) Ipev, pour une intégration à l’Ifremer à la date du 1er janvier 2025. Et que les deux instituts avaient jusqu’au mois de juin pour préparer le terrain.
Rénovation des bases en Antarctique
L’objectif annoncé de cette restructuration est de faire bénéficier l’Ipev des fonctions support de l’Ifremer pour la réalisation des projets d’envergure à venir (rénovation des bases en Antarctique), l’Ipev étant jugé sous-dimensionné pour la réalisation de tels projets.
Mais pour le syndicat SNTRS-CGT, les contours de cette fusion restent flous. « Les deux instituts ont jusqu’à ce mois de juin pour établir la feuille de route, sans connaître ni les contours ni les moyens humains et financiers qui doivent nécessairement accompagner un tel changement. Le ministère fait reposer sur les deux instituts, dont les capacités sont déjà largement surexploitées, la charge de définir eux-mêmes la solution à un problème qu’ils n’ont pas posé ! » regrette le syndicat.
De son côté, le directeur de l’Ipev, Yan Ropert-Coudert est moins catégorique. « Rien n’est acté, rien n’est décidé. Nous sommes dans une phase d’étude des options. Nous ferons tout pour garder une certaine autonomie administrative et de donneur d’ordre ».
Sur fond de manque de moyens
Selon le SNTRS-CGT, « l’annonce de ce rapprochement entre deux structures, différentes dans leurs fonctions et leurs missions (déjà très éprouvées financièrement et moralement par l’insuffisance chronique des moyens alloués au regard des missions attribuées et des ambitions polaires et maritimes affichées) interroge et inquiète. Cette restructuration impacterait lourdement la cinquantaine de salariés permanents de l’Ipev (pour moitié CNRS, pour moitié contractuels de droit privé), les salariés d’Ifremer déjà durement éprouvés par des moyens constamment en baisse.
Les contractuels déployés sur le terrain (180 personnes pendant les campagnes d’été) verraient leurs contrats être changés en cours de campagne et, plus généralement, les nombreux acteurs de la recherche polaire dont la réussite des programmes dépend très largement du soutien et du savoir-faire unique des opérateurs de l’Ipev. Compte tenu des impacts psychosociaux, juridiques et d’organisation que fait courir un tel rapprochement, il est hors de question d’accepter un calendrier aussi serré ; il est inconcevable pour les personnels de l’Ipev de devoir changer de cadre d’emploi pendant la campagne d’été ».
« Restructuration à marche forcée »
« De plus, un tel rapprochement nécessite des moyens humains et financiers supplémentaires qui n’ont, à ce jour, pas été annoncés. » Le SNTRS-CGT s’insurge contre cette restructuration à marche forcée, « sans moyens dédiés ni études sérieuses d’impact humain et de faisabilité ».
« Quelle que soit la solution que le ministère et nos directions préconiseront, le SNTRS-CGT s’opposera à tout passage en force, revendiquera des conditions salariales, statutaires favorables aux personnels de l’Ipev, et se battra pour que les personnels des deux instituts puissent assurer leurs missions dans de bonnes conditions de travail », complète le syndicat.
« S’il y a intégration, il faudra trouver la meilleure formule possible », rassure le directeur qui a eu le loisir d’échanger longuement avec la ministre, au cours d’un déplacement récent, sur le terrain, au Svalbard.