• La banalité du mâle - Les mots sont importants (lmsi.net)
      http://lmsi.net/La-banalite-du-male

      Louis Althusser, philosophe à l’Ecole Normale Supérieure, assassine Hélène Legotien, sa femme, le 16 novembre 1980. Dans un article publié initialement dans Nouvelles Questions féministes en 2015, Francis Dupuis-Déri revient sur la thèse qui va s’imposer dans les débats publics, celle de la folie, à grands renforts de cautions intellectuelles empressées de disculper le tueur. Un des intérêt de cet article est de fournir les éléments factuels montrant, de façon implacable, la pertinence d’une autre grille de lecture, elle sociologique et féministe, qui donne à voir un meurtre finalement très banal.

  • La banalité du mâle - Les mots sont importants (lmsi.net)
    http://lmsi.net/La-banalite-du-male

    Chaque affaire est traitée à la pièce dans les médias, soit comme un événement isolé, ce qui empêche de voir que la #violence masculine meurtrière est un phénomène social (les journalistes n’évoquent pas les autres affaires similaires même quand plusieurs sont l’objet d’articles dans la même édition d’un journal, ou à quelques jours d’intervalle). Parmi les explications permettant de minimiser la responsabilité de l’assassin, notons la volonté de sa conjointe de le quitter et la dépression. Fait intéressant : tous ces éléments se retrouvent dans les discours médiatiques traitant de l’assassinat de Legotien par son conjoint, mais aussi dans l’autobiographie signée par l’assassin.

    #meurtre #féminicide #patriarcat

    • Démonstration implacable dans la deuxième partie de l’article

      la banalité du mâle : louis althusser a tué sa conjointe, hélène rytmann-legotien, qui voulait le quitter
      http://lmsi.net/La-banalite-du-male-Louis

      En moyenne tous les deux jours en France, un homme tue sa conjointe ou son ex-conjointe. Legotien est l’une de ces femmes assassinées. Il s’agit d’un phénomène social, doté d’une certaine régularité. Les données sont d’ailleurs à peu près constantes depuis plus de vingt ans en France et dans d’autres pays, comme au Canada, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et ailleurs. Déjà en 1977, Questions féministes rappelait que les violences masculines contre les femmes surviennent souvent dans le cadre d’une relation de couple (Hanmer, 2012 [1977] : 98-99). Environ un tiers de ces meurtres de femmes [1] surviennent en situation de séparation ou de séparation annoncée. L’homme décide de tuer sa conjointe ou son ex-conjointe, plutôt que d’assumer qu’elle le quitte et s’émancipe de la relation.

  • Covid-19 et capitalisme génétique, Thierry Bardini, Sociologue et agronome
    https://aoc.media/analyse/2020/04/05/covid-19-et-capitalisme-genetique

    Les formes actuelles de la viralité, qu’elle soit biologique, informatique ou informationnelle, organique ou numérique, caractérisent notre entrée dans une nouvelle phase du capitalisme, le capitalisme génétique. Loin de simplement exploiter une réalité matérielle donnée, le nouveau capitalisme produit cette réalité en l’augmentant.

    I just need to have access to the pure virus, that’s all ! For the future ! Terry Gilliam, Twelve Monkeys, 1995.

    Extension du domaine du confinement

    Nous vivons actuellement la première pandémie virale globale. Aujourd’hui, donc, nous sommes confiné·es, comme tout le monde, ou presque. Aujourd’hui, nous pratiquons la « distanciation sociale » et la « quarantaine » plus ou moins auto-imposée. Aujourd’hui, des drones peuvent nous interpeller dans la rue pour nous enjoindre à rentrer dans l’ordre, à deux mètres de notre prochain·e. Aujourd’hui, le signal GPS de nos téléphones cellulaires sert au contrôle biopolitique d’un État plus ou moins soudainement (selon les régimes, mais globalement) revenu à s’intéresser à notre bien-être, à notre santé. Aujourd’hui, les seuls travailleur·es qui restent sont celleux qui n’ont pas le choix, dans la mesure où leur travail est considéré comme « essentiel », où celleux qui peuvent travailler depuis leur domicile. Les premièr·es ont l’honneur insigne de pouvoir éventuellement mourir pour les autres, tandis que les second·es ont l’avantage de continuer à produire quand même.

    Aujourd’hui, chacun·e est libre de se sentir comme un·e réfugié·e parqué·e dans son camp personnel, comme un·e dissident·e, assigné·e à résidence, ou comme un·e criminel·le en prison. Aujourd’hui, les plus optimistes relisent La Chartreuse de Parme, pour y retrouver la recette d’un allusif bonheur certes agrémenté de panop- tique numérique, version YouTube ou Netfix, 100% garanti par les influenceur·es de l’heure. Aujourd’hui, les plus pessimistes sentent la fin du meilleur des mondes possibles, l’effondrement à venir, l’apocalypse.

    Chacun·e, frappé·e d’une sorte de stupeur débilitante, fait une autre expérience du temps, se réinvente peut- être des routines pour tenir, passe quand même de son pyjama de nuit à son pyjama de jour à huit heures tapantes, fait sa journée comme ille peut, prend son apéro sur Skype ou Zoom, et évite si possible de frapper les autres membres du foyer encore présent·es—la presse rapporte cependant qu’à Montréal la ligne SOS vio- lence conjugale a enregistré une hausse des appels de l’ordre de 15% depuis le début du confinement, pendant qu’à Gatineau elle se demande si c’est parce que les victimes sont confinées avec leurs tortionnaires que les appels baissent.
    Demain peut-être nous serons à l’hôpital, en attente d’éventuels soins intensifs. Soit ça manque d’air (c’est confiné), soit ça manque de respirateur.
    Soit ça manque de corps en présence (c’est confiné), soit ça manque de soin. Ça manque de personnel hospitalier.
    Ça manque de tests, d’antiviraux, de lits, de masques, d’alcool à friction, de thermomètres, de papier toilette, de...
    Ça manque ou ça risque de manquer : ON ouvre quand même, ou pas, les écoles et les universités, les stades et les arénas, les bars, les succursales de la société des alcools ou du cannabis, les cavistes, les coffee-shops, les centres commerciaux, les clubs échangistes, les musées, les salons de coiffure et les officines dentaires. De petites ruées précèdent les fermetures. Ça manque déjà, avant même de manquer vraiment. Ça nous manque. Alors en attendant, nous soignons nos angoisses du mieux que nous pouvons.

    Entrée en scène de virus

    And you may ask yourself How do I work this ?[1]

    Alors oui, nous nous la posons, cette question : que faire (quand même) ? Günther Anders nous indique une voie de réponse : « S’il existe la moindre chance, aussi infime soit-elle, de pouvoir contribuer à quelque chose en intervenant dans cette situation épouvantable, dans laquelle nous nous sommes mis, alors il faut le faire. » Mais quelle intervention est-elle maintenant possible ? Pour ma part, je n’en connais hélas qu’une seule : cher- cher à faire des liens pour prendre la mesure de cette situation épouvantable, traquer l’évidence non réfléchie, instruire par le verbe le procès du monde – participer à donner les moyens d’émettre un jugement à son égard pour mieux pouvoir y agir. Or il me semble justement que la situation actuelle peut donner matière à un tel travail, une sorte d’arraisonnement en retour des discours techniques et politiques au sujet du virus, pour inaugurer une certaine manière de vivre en poète avec virus. En bref, apprendre de cette situation épouvantable, pour peut-être moins nous épouvanter la prochaine fois, et idéalement, « changer le monde » au passage.

    Penser avec virus.

    Le mot « virus » existe certes depuis longtemps, mais les virus biologiques seulement depuis le début du ving- tième siècle, les virus informatiques seulement depuis son dernier quart[2], alors que la viralité sur les réseaux sociaux, quant à elle, est une invention du vingt-et-unième siècle, une sorte de bouche-à-oreille 2.0. « Virus » vient du latin, où il signifiait « suc, jus, bave, humeur ; venin, poison ; mauvaise odeur, puanteur, infection », mais aussi, chez Pline, « semence animale ». En français, il semble qu’une des premières utilisations du mot au sens d’agent infectieux, « substance capable de transmettre la maladie », date de 1478.[3] En anglais, au début du même siècle, il apparaît au sens de « pus suintant d’une blessure » dans une traduction d’un traité du grand chirurgien milanais Lanfranc. Dans cette même langue, son usage au sens d’agent infectieux est bien établi dès 1785, en référence aux maladies vénériennes. En français, un autre chirurgien de renom, Ambroise Paré, avait déjà fait ce lien dès le seizième siècle dans ses traités où il évoque le virus verollique, ou celui de la rage.[4]

    Cependant, en parallèle à ce que nous considérons maintenant comme l’évolution de son sens « propre » (même si toujours utilisé pour qualifier quelque chose de « sale » ou de dangereux), un autre sens, main- tenant considéré comme figuré, travaille en sous-terrain dans nos langues : celui d’un agent de contagion morale. Ce sens est déjà bien établi durant la Révolution française, lorsqu’un chroniqueur évoquait « les com- munes les plus infectées de ce virus », en parlant de « l’alliage du fanatisme, de l’intolérance avec l’amour de la liberté. »[5] Dans un autre document de la même année, un autre chroniqueur parlait de « purifier du limon de l’aristocratie » les sociétés populaires qui en étaient infectées, démontrant ainsi que cette métaphore de la contagion morale était déjà fort commune.

    Dès 1925, le mot prenait encore un autre sens figuré, cette fois-ci sans connotation péjorative : « goût très vif ou même excessif pour quelque chose, passion. » ON dira alors qu’ON a attrapé le virus de quelque chose, comme, dans une métaphore connexe qui évoque son contraire, le vaccin, ON pourrait dire qu’ON « en a la piqure ». La généalogie de virus – depuis ses sens hérités du Moyen Âge et des discussions théologico-po- litiques de l’excommunication et de la contagion des pêchés, jusqu’à ceux, modernes, d’une science médi- cale triomphante sous couvert du paradigme de la biologie moléculaire et de la thérapie génique, sans cesse annoncée comme remède à tous les maux, ou des virus de l’esprit et autres memes – est donc extrêmement équivoque.
    Cependant, malgré cette profusion de sens, s’il fallait rajouter un qualificatif à l’action des virus, il est fort probable que la plupart s’accorderaient sur « infectieuse ». Les virus, comme chacun·e sait, sont des agents in- fectieux. Pour peu que vous toussiez un peu, vous vous écrierez certainement, « j’ai encore attrapé un mauvais virus ». Ce en quoi vous vous tromperez certainement ! D’abord parce que les mêmes symptômes pourraient provenir d’une infection bactérienne, et ensuite, et surtout, parce qu’ON n’attrape jamais UN virus. Les virus viennent en meutes, en bandes, en hordes, bref, toujours au pluriel. Ce sont des véritables colonies virales que vous avez attrapées, si jamais.

    Certains virus (mais pas le SARS-CoV 2 de la COVID-19) peuvent en outre se transmettre eux-mêmes comme gène et passer ainsi dans le patrimoine génétique d’une autre espèce, non sans emporter des « infor- mations génétiques » venues de leur hôte initial, dans un processus généralement appelé transduction par les biologistes. Des résultats récents de la virologie considèrent la transduction à la fois comme le processus élé- mentaire de l’individuation du vivant et comme un moteur de l’évolution des espèces. La transduction virale décrit donc effectivement une sorte de résonance interne minimale du vivant, dans la mesure exacte où l’exis- tence virale consiste en cette perpétuelle mise en relation du milieu intérieur et du milieu extérieur. Comme un virus transducteur n’a jamais absolument de code propre – son code est toujours à la fois son code et celui d’un autre, il n’a pas systématiquement de milieu intérieur propre – son milieu intérieur est alternativement le sien et celui de son hôte.

    Claude Bernard disait déjà que la vie est le résultat du contact de l’organisme et du milieu ; nous ne pouvons pas la comprendre avec l’organisme seul, pas plus qu’avec le milieu seul. Le virus, comme forme de vie la plus élémentaire, n’est ni intrinsèquement autonome, ni intrinsèquement dépendant, mais bien alternativement
    les deux. Son corps est transitoire et relatif, pure relation, pure immanence. Plus encore, ce qui vaut pour la relation au milieu vaut aussi pour la relation à l’un et au multiple. Le virus, conçu comme entité, n’est ni un, ni multiple, ni individuel, ni population de codes variables, colonie ou meute, mais alternativement les deux. Le virus décrit donc cette limite inférieure de la vie où l’individu est pure relation : il existe entre deux colonies, ne s’intégrant à aucune, et son activité est une activité d’amplification de l’être. Le virus transducteur nous fournit bien ce paradigme élémentaire du vivre ensemble qui caractérise le devenir du vivant, où ce « deux » est toujours déjà n.[6]

    Capitalisme génétique

    Ils sont légion et toutes les bases leur appartiennent, comme le dit le meme sur l’Internet. Ils sont les passeurs de bases, les producteurs de séquences de bases, les transducteurs de bases. Toutes les bases, potentiellement, sont déjà à eux. Ils forment, in-forment et trans-forment les séquences de bases. Ils sont bases ; comme on dit « bases arrières », « bases de données », « bases militaires », et « camps de base ». À la base, vous les trouverez assez systématiquement : assise, support, socle, origine, fondement et principe, ce sur quoi et ce à quoi tient maintenant la vie.

    Ils sont virus. Ils n’existent qu’au pluriel, et font fi des oppositions auxquelles nous semblons tenir avec autant de rancœur, nous les petits humains toujours au singulier. Ils sont légion et multitudes, flux de code, toujours déjà décodés et surcodés. Nous, les humains, croyons avoir tout compris en les réduisant à leur code, à leurs séquences, leurs chiffres et leurs lettres. Comme d’habitude, nous avons tout compris et rien compris, bien sûr : nous commençons à peine à explorer leur réalité. Les bases ne sont que les noms que nous donnons à leur matérialité moléculaire la plus élémentaire, que nous nous plaisons à égrener comme un alphabet à quatre lettres : A, T, C, G. A, adénine ; T, thymine ; C, cytosine ; G, guanine. Quelle simplicité, quelle économie !

    Nous, les humains, croyons connaître leurs formules chimiques et leurs affinités électives. Bases puriques et pyrimidiques, spécifiquement couplées une à une par des liaisons hydrogène : A:T/C:G. Une structure possé- dant des caractères nouveaux d’un intérêt biologique considérable, comme le disaient avec une fausse can- deur les deux individus qui se sont accaparé tout le crédit disponible pour cette « découverte » qui fait époque : il n’a pas échappé à notre attention que l’appariement spécifique que nous avons postulé suggère un possible mécanisme de copie du matériel génétique, écrivaient-ils.[7]
    Intérêt = crédit = mécanisme. Ah la belle équation !
    Nous, les humains, croyons dur comme matière en nos fictions (surtout quand elles rapportent). Un gène, une protéine. De nos fictions, nous inférons un monde que nous arraisonnons par notre technique, pour mieux nous l’approprier séance tenante et en faire notre monde, construit sur et par nos fictions. Nous, les humains, croyons connaître le normal et le pathologique, et divisons le monde en conséquence.

    Nous, les humains, ne doutons de nos fictions que pour mieux leur inventer de nouveaux ressorts causaux. « Efficience » est le nom de notre errance, que nous aimons considérer comme seule logique.
    Devenus industrieux, nous avons capitalisé sur nos instruments, et rebaptisé notre logique en conséquence : instrumentale. Au passage, les virus sont éventuellement devenus nos instruments les plus élémentaires, les vecteurs de nos errances, de notre manie d’appropriation. En fait, ils sont la base même du développement d’une nouvelle phase du capitalisme mondial. Le patrimoine génétique est ainsi devenu le fonds de commerce d’un nouvel eldorado, et les virus leurs nouveaux agents – comme dans « agents de change » ou « agents d’immeuble ».

    Aujourd’hui en effet le vivant, quelle que soit notre incapacité à le définir encore, quelles que soient ses frontières floues, représente le potentiel de développement le plus fantastique pour le marché, un formidable réservoir d’opportunités de business, comme on dit en franglais international. Deux ans avant la fin du der- nier siècle, un gourou de la prospective avait déjà qualifié notre siècle, le vingt-et-unième, de « siècle biotech ». Peut-être ne faudrait-il pas trop le prendre au sérieux – il avait aussi naguère promis la fin du travail, l’âge de l’accès, et plus récemment la civilisation de l’empathie et la troisième révolution industrielle – mais quand même...

    Quand même, l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), véritable fer de lance de l’idéologie libérale des pays les plus riches de la planète, définissait dès 1982 les biotechnologies comme « l’application des principes scientifiques et de l’ingénierie à la transformation de matériaux par des agents biologiques pour produire des biens et services ». La même Organisation considérait que la résolution des problèmes mondiaux de l’alimentation, de la santé et de l’environnement dépendrait dans une grande mesure du développement des industries qui les emploieraient. Rien de moins.
    Trente-huit ans plus tard, les mêmes problèmes continuent d’accabler la planète – et surtout ses habitant·es les plus pauvres, relativement de plus en plus nombreux – mais les biotechnologies sont toujours là, et elles se portent bien, elles. Le 25 mars 2015, la Grande chambre des recours de l’Office Européen des Brevets (OEB) a officiellement conclu (pour un temps ?) une polémique qui aura duré près de quarante ans et ouvert la voie au brevetage du vivant en Europe (pourtant longtemps réfractaire à cette possibilité) en décrétant qu’un produit obtenu par un procédé essentiellement biologique est [dorénavant] brevetable. Les grands acteurs universi- taro-industriels des biotechnologies n’avaient certes pas attendu cette conclusion : selon des travaux publiés au mois d’octobre de la même année dans la prestigieuse revue Science, environ 20% des gènes humains font déjà l’objet de brevets. Sans parler de ceux déposés et acceptés pour rendre propriétaires les séquences en pro- venance d’autres formes de vie – animales, végétales, bactériennes, ou virales, bien sûr.

    À la définition originelle et quelque peu abstraite de l’OCDE se sont substitués de nouveaux vocables, au fur et à mesure du développement de la science et des stratégies de relations publiques des grandes industries biotechnologiques de ce monde : génie génétique hier, biologie de synthèse aujourd’hui. Un crabe, sous n’importe quel nom, n’oublierait pas la mer, écrivait naguère Paul Éluard (avec l’aide de Benjamin Perret). Aujourd’hui, Wikipedia, cette encyclopédique base de connaissances au goût du jour, regrette l’abus de lan- gage qui consiste à restreindre les biotechnologies au seul génie génétique – et plus précisément aux techno- logies issues de la transgénèse, cette capacité à implanter une séquence d’un être vivant dans un autre, faisant ainsi de ce dernier un être vivant transgénique, aussi appelé organisme génétiquement modifié (ou OGM). Wikipedia date un peu, cependant : le vrai goût du jour, c’est maintenant la synthèse d’un organisme entier, et non plus sa « simple » modification. Les OGM, c’est déjà du passé, dépassé. Nous entrons dans l’ère de l’ingénierie de la créature.

    L’heure est en effet à la biologie de synthèse, et le rêve démiurgique de la production artificielle du vivant semble (enfin ?) à la portée des ambitions humaines – qui, comme chacun sait, sont sans limites. Ce rêve-là n’est certes pas nouveau. Il suffit pour s’en convaincre de citer, comme tout le monde qui s’intéresse à cet apparent destin des savoirs et pratiques biologiques, la fameuse injonction du professeur Stéphane Leduc, dès 1912 : La biologie est une science comme les autres, soumise aux mêmes lois, aux mêmes règles, à la même évolution ; les mêmes méthodes lui sont applicables. Comme les autres sciences, elle doit être successivement descriptive, analytique et synthétique.
    En notant qu’en ce début de siècle, seule la chimie organique synthétique était déjà constituée, reconnue, et admise, Leduc se demandait non seulement pourquoi les autres parties de la biologie synthétique n’existaient pas encore, mais surtout pourquoi leur étude n’était même pas admise. S’il ne se hasarda pas à donner une réponse à sa propre question, il en proposa une autre (rhétorique ?) en lieu et place : en quoi est-il moins ad- missible, se demanda-t-il, de chercher à faire une cellule que de chercher à faire une molécule ? Aujourd’hui, c’est chose faite : dès 2003, Craig Venter et son équipe annonçaient la création du premier virus de synthèse, le phage φX174.

    Depuis les années soixante, « virus » s’est en fait imposé tranquillement comme la signature d’une nouvelle forme du capitalisme, que j’appelle capitalisme génétique. Comment, en quelques décennies, ce qui paraissait antérieurement comme le germe du mal, l’ennemi invisible et redoutable de tous les accros de l’hygiène phy- sique ou psychique, a-t-il pu devenir ainsi la mesure même du succès, le parangon de la réussite numérique ? Aujourd’hui en effet, il semble que nous pouvons tout autant craindre être contaminés par un virus que rêver d’en devenir un, et contaminer les autres (sur Facebook ou Instagram).

    D’aucun·es ne manqueront pas de penser que tout ceci n’est guère que métaphore, que ce n’est que par les hasards d’une culture de plus en plus globale, et donc de plus en plus aliénante, que le même mot, virus, peut désigner à la fois un coronavirus, une infection de votre disque dur, ou vous-même sur Twitter – autant de manifestations étrangères les unes aux autres, qu’aucune causalité certaine ne paraît lier entre elles. Celleux-là diront que ce n’est que par la malchance résultante d’une pauvreté lexicale affligeante que le même mot, virus, en vint, au début des années quatre-vingt, à passer à la fois pour la cause du mal de cette fin de siècle, le ter- rible Syndrome d’Immuno-Déficience Acquis, et des infections qui affecteraient dès lors nos ordinateurs en nombre proliférant.[8]

    À ceci je rétorque[9] que le virus est le moteur de notre subjectivation à venir, sous le régime rénové des dispositifs des sociétés génétiques, qui feront bientôt passer ceux des sociétés disciplinaires et des sociétés de contrôle pour de grossiers jeux d’enfants. Non plus : je peux te mater, te contrôler, te surveiller ou te punir. Mais bien : je peux te faire (et te défaire). We can build you, comme l’écrivait un visionnaire (Philip K. Dick) dès 1972. Ultime avatar de la honte prométhéenne jadis diagnostiquée par Günther Anders comme le symp- tôme le plus clair de l’obsolescence de l’homme, transformée aujourd’hui en vecteur de l’angoisse terminale des sujets désaffecté·es des sociétés post-post-industrielles, le virus s’impose comme la forme à venir de notre condition, son actualisation fatale et prolifique. Baudrillard l’avait compris dès la fin du siècle dernier[10]. Et il avait raison : ceci n’est pas une métaphore.

    Machine du quatrième type et subjectivation virale

    Ma thèse, brièvement énoncée, est la suivante : les formes actuelles de la viralité, qu’elle soit biologique, informatique ou informationnelle, organique ou numérique, caractérisent notre entrée dans une nouvelle phase du capitalisme, le capitalisme génétique. Dans cette nouvelle phase, les dispositifs de subjectivation s’articulent sur des machines cybernétiques maintenant capables d’effectuer concrètement la convergence des codes, du code binaire des ordinateurs au code génétique du vivant, et vice-versa, du « vrai monde » de la matière à une couche d’information qu’elles lui surimposent, et vice-versa. Loin de simplement exploiter une réalité matérielle donnée, le nouveau capitalisme produit cette réalité en l’augmentant.

    Ceci est particulièrement vrai dans le domaine du vivant. Dans ce domaine, le capitalisme génétique dépasse toute forme d’amélioration antérieure (domestication, dressage, élevage, croisement, sélection génétique), en ouvrant la voie vers la synthèse d’êtres vivants ou de parties d’êtres vivants augmentés par des moyens issus de la maîtrise de ces nouvelles machines cybernétiques (de l’ADN recombinant à CRISPR-Cas9). L’espèce humaine apparaît donc en mesure de devenir le designer du vivant, du fait du développement de ces tech- nologies. Alors que jusqu’à présent l’humain transformait les performances du vivant, il peut maintenant en modifier les compétences mêmes, inaugurant ainsi l’ère de l’ingénierie de la créature : par-delà le phantasme de « la production de l’homme par l’homme » (sic), se profile la machine du quatrième type et sa production de matériau vivant partiellement ou totalement synthétique.

    Quelle est donc cette machine, qui reconfigure maintenant le vivant comme potentiel produit, comme mar- chandise manufacturée ? Après les machines archaïques des sociétés de souveraineté (I), après les machines motorisées des sociétés disciplinaires (II), après les machines informatiques des sociétés de contrôle (III), l’humanité fait maintenant face à l’émergence de ses machines bio-informatiques (IV). La dernière phase en date de la série souveraineté/discipline/contrôle, théorisée par Michel Foucault[11] et Gilles Deleuze[12] au siècle dernier, est l’encodage/décodage cybernétique du vivant même, ADN et bits.
    Le prototype de la machine de troisième espèce, le régulateur à boules de James Watt, est advenu avec la pre- mière machine motorisée fonctionnelle, le moteur à vapeur. De la même manière, la machine génétique est advenue avec le premier ordinateur pleinement fonctionnel, la machine informatique personnelle et distribuée. Le chiasme de la modernité tardive est donc le suivant : la machine génétique est à la machine cyberné- tique ce que le régulateur à boule était au moteur à vapeur. Ce n’est qu’une fois que le monde a été enveloppé dans un réseau global d’ordinateurs personnels gonflés à bloc que le vivant a pu être réduit à une banque de données génétiques.

    Le génome décrypté est le nouvel étalon, remplaçant la monnaie en un nouvel équivalent général, et la banque de données génétiques est l’institution financière du futur. La théorie de la valeur rapidement esquis- sée ici se conçoit comme suit. Comme le voulait l’économie politique marxiste, le temps de travail aurait dû être à l’ère industrielle le référent de la valeur d’usage, traduit en salaire par le medium de la monnaie. Mais sous la forme du capital fixe, le référent ultime devint plutôt la machine, moteur d’une économie entièrement tournée vers la valeur d’échange. Lorsque le capitalisme est devenu essentiellement financier, la monnaie s’est affranchie de son rôle d’intermédiaire et de son ancrage dans la matérialité du travail pour devenir sa propre cause, son propre medium : la monnaie sert alors avant tout à produire de la monnaie, dans une spirale de virtualisation hors contrôle, où la monnaie devient essentiellement information.

    Or voici qu’apparaît un type d’information qui change à nouveau la donne : l’information génétique, comme en témoigne l’usage de la notion de « patrimoine génétique ». La dernière frontière du capital, c’est la mon- naie vivante, et lorsque la matérialité revient dans l’équation, ce n’est plus en tant que cause première, mais bien cette fois sous la forme de la conséquence. D’organe reproducteur de la machine, l’humain en devient le produit. Virus est le stade élémentaire de la monnaie vivante.

    L’ère des biotechnologies informatisées inaugure ainsi de nouvelles formes de subjectivation. Les êtres hu- mains ont d’abord été asservi·es aux machines de premier type, lorsqu’illes apparaissaient à toutes fins pra- tiques en être des pièces constituantes. Illes devinrent ensuite assujetti·es aux machines de deuxième type,
    en apparaissant non plus comme une de leurs composantes mais comme leur opérateur, leur ouvrier. La machine cybernétique, ou machine du troisième type, construit à son tour un mode subjectivation généralisé, qui agrège dans un mode de contrôle étendu l’asservissement machinique et l’assujettissement social comme ses pôles extrêmes : quarante heures par semaine devant un clavier, le cyber-prolo, chauffeure d’Uber ou Turc mécanique d’Amazon se détend le reste du temps en consultant Facebook.

    Mais qu’arrive-t-il au sujet lorsque le code même du vivant devient l’objet de son travail productif, et ses gènes brevetés ? C’est ce que j’appellerai ici subjectivation génétique. Le virus – en tant qu’unité minimale du vivant et moyen essentiel du transfert d’information génétique – est la forme élémentaire de cette subjectivation, à la fois le message et son medium.

    Le vivre ensemble qui caractérise le devenir du vivant apparaît finalement comme un enchâssement de processus transductifs, où chaque phase redouble et complexifie la transduction virale originelle. Il culmine dans la suzugia, cette relation si solide et pourtant muette de la sympathie, la communauté de joug.[13] Le joug, ici, rappelle la machine du premier type, propre aux sociétés archaïques. Mais, depuis ces sociétés de souveraineté, le joug s’est déphasé dans les machines motorisées des sociétés disciplinaires, puis les machines informatiques des sociétés de contrôle, pour maintenant faire place à l’émergence des machines génétiques.

    À l’heure du Venter-capitalism, nous assistons à un nouveau déphasage de la transduction, qui boucle la boucle de la transduction vitale originelle : une nouvelle transduction virale, à ceci près que le virus peut maintenant autant référer à une forme de vie organique, à base de carbone, qu’à une forme de vie à base de silicone ou à un message encrypté sur des réseaux dits « sociaux ». Que devient le joug, lorsque nous avons passé le seuil de la convergence des codes, analogique et numérique, naturel et artificiel ?

    Nous en avons une expérience directe avec ce confinement. Comme beaucoup, je pense qu’il faudrait remplacer l’expression « distanciation sociale » par « distanciation physique et solidarité sociale », et anticiper la sortie de « la panique virale » (et pas seulement de la pandémie) pour penser la suite avec des égards renou- velés[14].
    Je prends donc le pari qu’il nous faut donc désormais produire une ontologie et une politique virales, où les termes d’individu et de population (ou d’espèce), comme d’unité et de multiplicité, ne peuvent absolument plus être réifiés, et n’existent qu’en fonction (et même après) les relations qui les lient, plutôt maillage que réseau. Une ontologie et une politique relationnelles pour qui les termes sont seconds, et procèdent de la rela- tion ; une ontologie qui commence entre, et se fonde sur, la médiation transductive. Une sorte de démocratie participative où TOUT aurait droit de cité, y compris les virus.
    Dans ce sens, le virus apparaîtra comme l’entité modèle pour comprendre les modes de subjectivation propre au capitalisme génétique, et ce confinement nous permettra de commencer à faire l’expérience d’une subjectivation qu’il nous appartient maintenant d’infléchir.

    [1] Talking Heads, « Once in a lifetime », 1980.
    [2] À ce sujet, la référence est le livre de Jussi Parikka, Digital Contagions : A Media Archeology of Computer Viruses (Peter Lang, 2007).
    [3] Le Guidon en françois d’après Sigurs.
    [4] Dans ses Œuvres complètes, aux éditions Malgaigne, en 1575.
    [5] Documents du 23 avril 1793, Recueil des Actes du Comité de Salut Public, édité par F. A. Aulard, t. 3, p. 418
    [6] Ces deux derniers paragraphes reprennent et synthétisent un développement bien plus long paru sous le titre « Devenir animal et vie aérienne. Prolégomènes à une biologie transcendantale » dans la revue Chimère (73 : 109-125, 2010).
    [7] Francis H. C. Crick, James D. Watson, « Molecular Structure of Nucleic Acids : A Structure for Deoxyri- bose Nucleic Acid », Nature, vol. 171, no 4356, 25 avril 1953, p. 737. Voir mon papier intitulé « Variations sur l’insignifiant génétique : les métaphores du (non)code » (Intermédialités, 3 : 163-186, 2004) pour un développement de ce point.
    [8] Voir mon papier intitulé « Hypervirus : A Clinical Report » dans la revue en ligne CTheory, (http://www. ctheory.net) Février 2006.
    [9] Plus en détails dans le chapitre 4 de mon livre Junkware (Presses de l’Université du Minnesota en 2011) et en français dans mon article intitulé « Vade Retro Virus. Numéricité et Vitalité », paru dans la revue Terrain (63 : 103-121, 2015).
    [10] « Ce n’est donc plus l’Humain qui pense le monde. Aujourd’hui, c’est l’Inhumain qui nous pense. Et pas du tout métaphoriquement, mais par une sorte d’homologie virale, par infiltration directe d’une pensée virale, contaminatrice, virtuelle, inhumaine. » Jean Baudrillard, « Vue imprenable » (1986) dans Cahiers de l’Herne. Baudrillard, dirigé par François L’Yonnet. Paris, Éditions de l’Herne, 2004, p. 176.
    [11] À partir de Surveiller et punir (Paris : Gallimard, 1975)
    [12] En particulier dans son « Post-scriptum sur les sociétés de contrôle » (paru dans le premier numéro de L’Autre Journal, en 1990).
    [13] Gilbert Simondon, L’individuation à la lumière des notions de forme et d’information. Grenoble, Jérôme Millon, 2005, p. 249.
    [14] Voir le texte d’Yves Citton paru dans AOC à ce sujet. Thierry Bardini

    Sociologue et agronome, Professeur titulaire et directeur du département de communication de l’université de Montréal

    Trop de jargon, mais pas seulement...

    #capitalisme #capitalisme_génétique #subjectivation

    • Comme beaucoup, je pense qu’il faudrait remplacer l’expression « distanciation sociale » par « distanciation physique et solidarité sociale », et anticiper la sortie de « la panique virale » (et pas seulement de la pandémie) pour penser la suite avec des égards renouvelés.

  • Les mystérieux et puissants effets du placebo
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/06/18/les-mysterieux-et-puissants-effets-du-placebo_5477641_1650684.html

    En matière de placebo, une précision s’impose d’emblée : on pourrait croire que les termes « effet placebo » et « réponse placebo » sont strictement synonymes. Il n’en est rien.

    « L’effet placebo traduit la réaction psychologique et neurobiologique, fonction des attentes du patient, faisant suite à l’administration d’un placebo. La réponse placebo désigne un changement positif chez le patient, tel qu’un soulagement de la douleur, de l’anxiété, des nausées. Celui-ci peut être effectivement dû à l’effet placebo, mais aussi à l’histoire naturelle de la maladie ou à l’effet Hawthorne, qui correspond à la modification des réponses des patients du seul fait qu’ils se sentent observés pendant l’essai clinique et souhaitent faire plaisir aux investigateurs », souligne Luana Colloca, professeure à l’université du Maryland (Baltimore, Etats-Unis).

    Le premier essai, dirigé par Ted Kaptchuk, professeur à la faculté de médecine de Harvard (Boston, Etats-Unis), a été publié dans la revue PLOS One en 2010. Baptisé « placebo en ouvert » (open label placebo), il a consisté à administrer à 80 patients souffrant du syndrome du côlon irritable un placebo en plus de leur traitement habituel ou uniquement ce dernier.

    Après trois semaines, les résultats ont été des plus surprenants : 60 % des patients du groupe « placebo ouvert » ont obtenu un soulagement adéquat, contre 35 % dans le groupe traité par le seul médicament. Un résultat statistiquement significatif.

    Trois autres essais cliniques en placebo ouvert vont ensuite être réalisés auprès de patients souffrant de lombalgie chronique, de fatigue associée au cancer, de crises épisodiques de migraine. Là encore, les résultats surprennent, suggérant que donner un placebo ouvertement à un patient peut l’aider à soulager ses symptômes.

    Attentes du patient

    Des suggestions peuvent induire des attentes positives de la part du patient. Or celles-ci constituent l’un des principaux leviers de l’effet placebo.

    Ainsi, après chirurgie, lorsqu’un patient sait qu’on lui administre de la morphine en même temps qu’on lui dit qu’il s’agit d’un puissant médicament antalgique, le bénéfice sur le soulagement de la douleur postopératoire est plus important que lorsqu’il ignore qu’il en reçoit à travers une seringue automatique.

    Ce phénomène psychobiologique apparaît indissociable du contexte clinique et environnemental, comme l’illustre une approche expérimentale dénommée « procédure ouvert-­caché » (open-hidden study). Son originalité tient à ce qu’elle évalue la part de la réponse placebo alors même qu’elle n’emploie pas de placebo.

    Dans le premier groupe, le médicament est administré au vu et au su du patient (« en ouvert »), le médecin étant présent et délivrant des informations verbales contextuelles. Dans le second groupe, le patient reçoit le médicament à son insu (« en caché »), celui-ci étant délivré par l’intermédiaire d’une pompe, en l’absence de médecin. La différence entre l’effet du traitement ouvert et celui du traitement caché correspond alors à la réponse placebo. Selon le professeur Benedetti, « le traitement caché est moins efficace, voire parfois inefficace, ce qui indique que le fait de savoir que l’on reçoit un médicament et que l’on en attend un bénéfice s’avère crucial en matière d’efficacité thérapeutique ».

    En effet, il se produit une association entre un stimulus et des réactions automatiques de l’organisme. Exemple : des individus présentant fréquemment des maux de tête et prenant régulièrement de l’aspirine peuvent associer la couleur, la forme et le goût du comprimé avec le soulagement de la douleur. Lorsque, après plusieurs dizaines de prises de ce médicament, on administre à ces patients un placebo ayant la même couleur, la même forme, le même goût qu’un comprimé d’aspirine, ils ressentent un effet analgésique comparable.

    Les travaux sur le rôle du conditionnement dans l’effet placebo ont récemment permis de créer un nouveau concept : donner au patient un placebo à la suite de l’administration répétée d’un traitement efficace. L’idée est d’alterner la prise d’un placebo avec celle d’un médicament à l’efficacité reconnue. Cette nouvelle stratégie thérapeutique pourrait entraîner une baisse des doses d’antalgiques utilisés en même temps, réduire la survenue des effets secondaires et diminuer les coûts de traitement.

    Si le conditionnement du traitement tient une place importante dans l’apparition de l’effet placebo, il en va de même de sa présentation, de son prix, de sa couleur, de son goût, de sa voie d’administration.

    Ainsi, dans la douleur, une étude a comparé la même crème placebo. On avait cependant indiqué aux participants que l’un des deux produits avait un prix plus élevé que l’autre. La réponse placebo a été plus importante lorsque les participants pensaient utiliser la crème antidouleur la plus chère. Par ailleurs, par rapport au placebo bon marché, l’autre a entraîné une activation plus importante du cortex cingulaire antérieur, région impliquée dans le contrôle endogène de la douleur.

    Plusieurs études semblent également montrer que les piqûres et les injections intraveineuses induisent de plus fortes attentes, et de ce fait un plus grand effet placebo que l’administration d’un traitement par une voie non invasive comme la prise orale ou nasale. Comme le souligne le professeur Benedetti, « le placebo ne se résume pas à la seule substance inerte. Son administration s’intègre au sein de stimuli sensoriels et sociaux qui disent au patient qu’on lui administre un traitement bénéfique ».

    #Médecine #Santé_publique #Placebo

  • Le business mondialisé des fruits et légumes
    https://reporterre.net/A-LA-TELE-Le-business-mondialise-des-fruits-et-legumes

    Bio ou pas, presque tous les fruits et légumes sont calibrés comme des produits industriels. Pour cela, les multinationales ont mis au point des semences totalement standardisées. Dans ce nouveau numéro, le magazine « Cash Investigation » révèle pourquoi les tomates ont par exemple perdu plus de 50% de leurs vitamines en un demi-siècle.

    Les semences à l’origine des fruits et légumes mangés par les consommateurs sont désormais la propriété d’une poignée de géants mondiaux comme l’allemand Bayer, ou le français Limagrain, qui pèse plus de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Un business mondialisé où la graine se vend plus cher que de l’or.

    La journaliste Linda Bendali s’est rendue en Inde, où les multinationales font produire leurs graines. Elle y a découvert des femmes et des enfants qui triment pour une poignée de roupies. Et le magazine présenté par Élise Lucet a enquêté sur ces blés destinés à la fabrication de pains que certains consommateurs ne digèrent plus.

    L’hypersensibilité au gluten n’est en effet pas seulement une mode et il y a des raisons pour expliquer que les partisans de l’alimentation sans gluten soient aussi nombreux… Menace pour la santé, perte de nutriments, privatisation du vivant... « Cash Investigation » met en lumière le grand hold-up des industriels sur les fruits et légumes.

    Multinationales : hold-up sur nos fruits et légumes, une enquête de Linda Bendali diffusée mardi 18 juin 2019 à 21 heures sur France 2.

    https://www.france.tv/france-2/cash-investigation/1018991-moins-de-gout-et-de-nutriments-les-fruits-et-legumes-c-etait-mieux-av

  • Inde : des travailleuses des champs privées de leur utérus « pour améliorer leur rendement »
    RTBF, le 18 juin 2019
    https://www.rtbf.be/info/monde/detail_inde-des-travailleuses-des-champs-privees-de-leur-uterus-pour-ameliorer-

    Beed : High hysterectomy rate among sugarcane cutters signals unethical medical practices, poor work conditions
    Meena Menon, First Post, le 16 juin 2019
    https://www.firstpost.com/india/beed-high-hysterectomy-rate-among-sugarcane-cutters-signals-unethical-med

    Voir des histoires analogues de par le monde sexiste ici :
    #contraception_forcée

    #Inde #femmes #pauvres #stérilisation #hystérectomie #utérus #discriminations #sexisme #classisme #capitalisme

  • It’s Murder on the Dancefloor: Incredible Expressionist dance costumes from the 1920s | Dangerous Minds
    https://dangerousminds.net/comments/its_murder_incredible_expressionist_dance_costumes_from_1920s


    Lavinia Schulz and Walter Holdt were a wife and husband partnership briefly famous in Germany during the early 1920s for their wild, expressionist dance performances consisting of “creeping, stamping, squatting, crouching, kneeling, arching, striding, lunging, leaping in mostly diagonal-spiraling patterns” across the stage. Shulz believed “art should be…an expression of struggle” and used dance to express “the violent struggle of a female body to achieve central, dominant control of the performance space and its emptiness.”

    In his book, Empire of Ecstasy—Nudity and Movement in German Body Culture, 1910–1935, author Karl Toepfer notes that “Husband-wife dance pairs are quite rare on the stage; in the case of Schulz and Holdt the concept of marriage entailed a peculiarly deep implication in that it also referred to a haunting marriage of dance and costume.”

    The couple created dances and costumes together and at the same time, so that bodily movement and the masking of the body arose from the same impulse. Schulz was a highly gifted artist whose drawings and sketches invariably startle the viewer with their hard primitivism and demonic abstraction, but Holdt assumed much responsibility for the design of the costumes and masks; for most of the costumes deposited in Hamburg, it is not possible to assign definite authorship to Schulz. The mask portions consisted mostly of fantastically reptilian, insectoid, or robotic heads, whereas the rest of the costumes comprised eccentric patchworks of design, color, and material to convey the impression of bodies assembled out of contradictory structures.

    According to Toepfer, these costumes “disclose a quality of cartoonish, demonic grotesquerie rather than frightening ferocity.” The couple gave these designs descriptive names like Toboggan, Springvieh, and Technik, which they also used as titles for their performances. Their designs sought something pagan, pre-Christian, that tapped into the “redemptive organic forms of nature and the animal world.”

  • Je dois avouer que je suis un peu surpris par l’indécence crasse des éditorialistes venant défendre la légitimité de la théorie du grand remplacement au lendemain du massacre de Christchurch. Non pas le fait qu’il y ait des islamophobes en roue libre dans nos médias (ça, dirais-je, on a l’habitude), mais le fait qu’au lendemain d’un massacre aussi horrible, ils viennent se lâcher aussi ouvertement dans leurs émissions et sur leurs flux Twitter, sans même faire semblant d’attendre ne serait-ce qu’une petite période symbolique de respect pour les victimes. Le fait qu’il ne semble y avoir aucune vague d’indignation vertueuse de l’intérieur du système après un tel niveau de dégueulasserie fait partie, également, de l’aspect insupportable de ces interventions (on se souvient, à l’inverse, des interminables commentaires indignés quand tout le monde n’était pas au garde-à-vous après le massacre de Charlie Hebdo) – l’idée qu’on vienne défendre ouvertement la théorie du « Grand remplacement » au lendemain même d’un massacre que l’assassin justifie lui-même par la théorie du « Grand remplacement », ça n’a pas l’air de provoquer une large indignation médiatique.

    Pour le coup, je suis sidéré par cette attitude aussi ouvertement et immédiatement dégueulasse et irrespectueuse.

    Je vais te dire : j’y vois un marqueur de suprématisme blanc, cette façon de cracher à la gueule des « autres » en affichant sciemment son mépris raciste. Une signe des temps typiquement MAGA. Je veux dire que l’affichage du mépris raciste n’est pas un élément secondaire de leur comportement raciste, mais c’est l’élément central de leur communication. Il ne s’agit pas simplement de dire une saloperie raciste (ce qui se fait déjà très bien depuis longtemps dans notre culture), il s’agit désormais de le faire ostensiblement, avec la « fierté blanche » d’un facho bas du front.

    Dans le racisme ambiant usuel, on passe à la télé 7 jour sur 7 pour balancer les phrases codées du genre : « non mais on a bien le droit de critiquer l’islam ». Dans le suprématisme blanc en voie de banalisation, on passe spécifiquement à la télévision au lendemain du massacre d’une cinquantaine de fidèles dans une mosquée pour commenter l’évènement sous l’angle « ça ne doit pas nous interdire de critiquer l’islam et le grand remplacisme ».

  • Les forcenés, par Frédéric Lordon (Les blogs du Diplo, 8 janvier 2019)
    https://blog.mondediplo.net/les-forcenes

    propos recueilli d’un « haut responsable des forces de maintien de l’ordre » : « c’est nous, l’institution, qui fixons le niveau de violence de départ. Plus la nôtre est haute, plus celle des manifestants l’est aussi ». Voilà ce qu’on ne lira jamais dans la presse mainstream.

  • Pollution de l’air : de premiers signes d’Alzheimer chez des adolescents - Journal de l’environnement
    http://www.journaldelenvironnement.net/article/pollution-de-l-air-de-premiers-signes-d-alzheimer-chez-des-

    Liée à la pollution de l’air, notamment aux particules fines, la maladie d’Alzheimer pourrait apparaître très tôt chez les citadins les plus exposés, ceux vivant dans de grandes métropoles. Publiée dans le Journal of Alzheimer’s Disease, une étude menée à Mexico révèle même de premiers signes biologiques chez des enfants et adolescents.

    #paywall
    l’étude en question : https://content.iospress.com/articles/journal-of-alzheimers-disease/jad180853
    #Alzheimer #pollution

  • Des « jardins-forêts » comestibles au coeur des villes face au réchauffement et à l’effondrement de la biodiversité
    https://www.bastamag.net/Des-jardins-forets-comestibles-au-coeur-des-villes-face-au-rechauffement-e

    Imaginer des villes où le béton laisserait progressivement la place à des « jardins-forêts comestibles » : c’est le pari lancé à Budapest, grâce à l’autogestion et à des initiatives spontanées. « Dès le premier jour les habitants du voisinage se sont rapidement appropriés le lieu, témoignent Paloma de Linarés, coordinatrice du projet et Vincent Liégey, co-auteur d’Un projet de Décroissance. « Réduire la consommation des espaces urbains pour ouvrir des espaces verts et comestibles permet de réduire notre (...)

    #Témoignages

    / #Alimentation_et_agriculture_biologique, Economie partagée et gratuité, Biodiversité

    #Economie_partagée_et_gratuité #Biodiversité

  • Jérôme Laronze, paysan mort pour avoir dit non à l’agriculture industrielle

    L’éleveur Jérôme Laronze a été tué de trois balles tirées par un gendarme en mai 2017. Il fuyait les représentants d’une administration au service, selon lui, de l’industrialisation de l’agriculture. Enquête :

    « Sa mort est plus un problème politique qu’un problème d’éleveur. On l’a fait taire parce qu’il avait une grande gueule. » « On l’a abattu en disant qu’il avait la rage, comme un chien », insiste Lydie. Ses sœurs ont la même interprétation : « Le but de l’administration n’était pas dissimulé, ils voulaient l’amener à arrêter son activité », rappelle Martine. « Ils ont commencé en se focalisant sur les pertes de traçabilité ; mais à quel moment cela va-t-il empoisonner quelqu’un ? » interroge Marie-Noëlle. « Par ailleurs, ça bloquait avec la contrôleuse responsable de son dossier, cela devenait une affaire de personnes. Quand un autre agent venait, les procès-verbaux étaient beaucoup plus mesurés. S’ils n’ont pas changé l’interlocuteur, c’est qu’ils ne voulaient pas que les choses s’arrangent. »

    https://reporterre.net/Jerome-Laronze-paysan-mort-pour-avoir-dit-non-a-l-agriculture-industriel

    En octobre 2018 une lettre-témoignage de #Jerome_Laronze datant du printemps 2017 a été publiée. On y lit l’acharnement du contrôle et la montée en puissance de la violence des conditions dans lesquelles il s’execute :
    https://nantes.indymedia.org/articles/43144

    @karacole avait fait des lectures des textes du Collectif contre les Normes qui s’est monté suite à sa mort, en hommage. Ces textes m’ont énormément marquée et donné à réfléchir dans le cadre de la lutte pour la #zad #nddl. La mauvaise reception du dernier texte sur zone, à cause de la critique du choix en force du « mouvement » pour négocier, et envoyée à l’occasion des un an du décès de Jérôme Laronze et surtout le texte de certain-e-s habitant-e-s méprisant-e-s qui lui a été répondu, a été une énorme déception, une de plus qui m’a eloignée de cette lutte à laquelle j’avais consacré tant de temps ces dernières années
    https://archive.org/details/Agriculture_Collectif-contre-Normes

    #normes et #capitalisme ou #violencespolicières

  • Les blessés éborgnés par les forces de l’ordre ne le sont pas par accident | Reflets.info
    https://reflets.info/articles/les-blesses-eborgnes-par-les-forces-de-l-ordre-ne-le-sont-pas-par-accident

    Le LBD 40 doit être retiré de la liste des armes de maintien de l’ordre

    Selon le décompte partiel du collectif Désarmons-les, douze personnes ont perdu un œil dans la répression du mouvement des gilets jaunes. Quatre ont perdu une main. Les tirs de balles en caoutchouc avec les LBD 40 ne sont pas, contrairement à ce qu’affirme la police, imprécis. Enquête.

    Une série de description insoutenables (je vous épargne les photos).

    Jim venait pour sa par de l’île d’Oléron, avec sa femme, pour participer à la manifestation du 8 décembre à Bordeaux. « On ne connaissait pas la ville. On a essayé de partir par les petites rues mais les policiers en civil bloquaient et nous tiraient dessus. J’ai voulu protéger ma femme, indique-t-il. Après… Je ne me souviens plus de rien ». Il a été victime d’un tir de LBD 40 au visage et a perdu un œil tandis que l’autre a perdu en acuité. « On m’a fait une piqûre d’adrénaline. Je me rends compte que j’ai failli y passer. Je me suis réveillé le dimanche. J’ai 15 fractures au visage et désormais, j’ai une plaque en titane sur le côté droit ». Tout comme Franck, qui a eu le crâne ouvert d’une oreille à l’autre pour passer sa plaque en titane.

    Selon les tests du bureau de l’armement de la police nationale effectués avec un LBD 40 muni de ce viseur, le cercle de dispersion, l’écart constaté entre deux tirs à 25 mètres est de 14 centimètres. On peut en conclure que pour être parfaitement précis, il faudrait utiliser cette arme à moins de 10 mètres, distance minimale retenue par la police pour un tir sur une personne si l’on veut éviter des lésions graves. Quoi qu’il en soit, la doctrine impose un tir dans les membres inférieurs, le thorax ou les membres supérieurs. C’est à dire des parties du corps qui sont à plus de 14 centimètres de la tête et plus particulièrement des yeux.

    Au cours des dernières manifestations, nous avons pu constater que les tirs de LBD ne se font pas dans les jambes ou le torse, mais toujours à hauteur de visage ou au mieux, de plexus.

    #Police #Violences

    • Cet art qui doit tant au labeur des artisans de tout l’Orient n’est pas l’expression de l’ « excellence française » mais d’un brassage millénaire de savoir-faire et il est particulièrement mal venu à l’heure où l’Occident se referme comme une huître pourrissante face aux migrations que son économie provoque, de s’instaurer en représentants d’une excellence nationale, quelle qu’elle soit.

      Bravo !

    • Hier, me promenant. Vu l’espace public squatté par le privé, m’a fait pensé que c’est dès Louis XIV qu’il eut fallut trancher, car son héritage de petit nantis de province perdure encore.
      J’ai vérifié que le parc Raymond VI restait ouvert jusqu’à 20h30 tous les jours. Pourtant les grilles d’accès le long de la Garonne sont fermées, celles vers la Grave aussi. De loin on voit bien un groupe de pingouins qui pérorent au soleil sur l’esplanade de la Garonne et se goinfrent de petits fours tandis que s’affaire une armée de serveurs autour de tables dressées pour l’occasion. Ils montent et descendent les escaliers avec des plateaux, un cordon entoure leur forfait. Il faut vous dire qu’il y a à cet endroit un musée d’art, une sorte d’extension de la royauté qui recompose sans cesse son adoration contemporaine du veau d’or, un entre soi culturel loin du peuple mais avec son argent.
      Leurs voitures rutilantes sont d’ailleurs garées dans la cour du musée, en épi comme il se doit. Et le petit personnel de toute sorte ne manque pas. A l’entrée principale du parc, dont les grilles sont à peine entrouvertes, sont postées en faction des femmes habillées d’un même uniforme, juchées sur des talons pour que leurs fesses paraissent plus galbées, carnet en main pour recevoir les invités. Tout cela donne l’impression que le parc, en sus de la partie musée, a été privatisé pour une réception de haut vol. Mais en fait, pas du tout, il me suffit de pousser la grille pour entrer. Sauf qu’il faut faire ce geste rapidement et avancer d’un pas assuré, être prête à défendre ce petit espace public de promenade, je m’étonne d’avoir le cœur qui bat la chamade. Je m’attends à me faire arrêter par les hôtesses, rien de rien, je passe. Dans l’herbe il y a quelques inconscients, l’intimidation a réussi, le monsieur qui promène d’habitude son petit chien dans les allées du parc a poursuivi par le trottoir et n’a pas osé entrer.

  • #Jindi_Mehat : L’horreur de la chasse aux sorcières demeure omniprésente dans la culture moderne.
    http://tradfem.wordpress.com/2017/05/20/lhorreur-de-la-chasse-aux-sorcieres-demeure-omnipresente-dans-la-

    Samedi soir le 13 mai, au SFU Harbour Center de Vancouver, l’historienne féministe et fondatrice des Archives d’histoires supprimées, Max Dashu, a livré une puissante présentation sur les chasses aux sorcières qui ont balayé l’Europe au Moyen-âge, en exposant la raison d’être, les méthodes et les résultats de cette période de féminicide religieux et laïque. Bien qu’il soit tentant de considérer ce long spasme de misogynie meurtrière comme un incident historique isolé qui ne pourrait jamais survenir de nouveau, cela équivaudrait à ignorer que notre oppression continue à être ancrée dans le contrôle patriarcal des corps féminins. Cela passerait également sous silence les motifs de chasse aux sorcières qui résonnent encore tel un écho dans le mouvement de ressac aujourd’hui opposé à un féminisme centré sur les femmes.

    Max Dashu a méthodiquement guidé son auditoire à travers des siècles d’histoire européenne, alors que des milliers de femmes ont été torturées et brûlées comme sorcières, notamment en Allemagne, aux Pays-Bas et en Espagne. Elle a parlé de villages où des massacres avaient éliminé toutes les femmes sauf deux. Les victimes comprenaient des guérisseuses, des adultères, des femmes qui avaient leur franc-parler ou des talents extraordinaires, et des femmes qui avaient simplement élevé la main pour se protéger quand des hommes les battaient. Toute femme qui défiait les attentes patriarcales devenait une cible de féminicide.

    Le contexte sexué de la chasse aux sorcières est impossible à ignorer. Des jurys entièrement composés d’hommes décidaient quelles femmes allaient vivre et quelles femmes allaient mourir. Les femmes étaient enchaînées dans des positions qui tordaient leur corps dans des positions facilitant l’accès à leurs organes sexuels. Elles étaient systématiquement violées avant d’être immolées. Leurs tortionnaires utilisaient des outils spécialement conçus pour leur enlever les seins, brûler la vulve et déchirer le vagin. Ces horribles atrocités visaient à contrôler et éradiquer spécifiquement les corps féminins, et le fait que cette lecture soit aujourd’hui qualifiée de controversée démontre combien de femmes ont oublié, ou n’ont jamais appris, les leçons de l’hystoire (herstory).

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : http://www.feministcurrent.com/2017/05/15/horror-witch-hunts-remains-ever-present-modern-culture

    #gynocide #violences_masculines #histoire

    • L’article a l’air très intéressant (je n’ai pas encore eu le temps de le lire), mais il me semble que dès le premier paragraphe il y a une grosse erreur :

      Max Dashu, a livré une puissante présentation sur les chasses aux sorcières qui ont balayé l’Europe au Moyen-âge

      Les chasses au sorcière ont eu lieu en masse pendant la Renaissance au moment où les prémisses de l’État moderne se mettaient en place (contrôle accru des territoires et des populations, imposition étatiques de monopoles professionnels, développement du système juridique)

    • Je me souviens de cet article, à propos de Caliban et la sorcière, de Silvia Federici, https://blogs.mediapart.fr/helene-duffau/blog/080416/caliban-et-la-sorciere-femmes-corps-et-accumulation-primitive

      Au Moyen Âge, les femmes étaient artisanes, elles avaient leur place dans les corporations. Paysannes, elles produisaient dans les communs une agriculture vivrière. Elles étaient guérisseuses, accouchaient les parturientes et faisaient aussi « passer » les grossesses non désirées. Elles disposaient d’un savoir ancestral transmis de génération en génération. L’histoire omet aussi de rappeler que les paysan-nes d’alors vivaient en lien avec la Nature, instance supérieure à laquelle ils devaient respect et bienveillance.
      La chasse aux sorcières qui débute alors et persécute les femmes durant deux siècles est historiée comme une période de superstition collective née dans l’Église qui, jetant son dévolu sur les femmes, brûle les impies. Pas si simple.

      [...]

      Pour Silvia Federici, cette période marque le moment où la classe dominante se procure, à l’extérieur, les moyens de développer sa richesse et de réprimer les luttes. Les savoirs ancestraux doivent êtres dénigrés : l’État officialise une connaissance qui se théorise, s’étudie, s’écrit. Les femmes qui soignaient doivent être réprimées au profit des pratiques des médecins et de la science officielle qui se déploient. Les croyances impies en les signes de la nature doivent être méprisées, rendues dangereuses : la croyance culpabilisante et asservissante de la religion prend le pas sur l’animisme et les croyances naturalistes.

      ...

      Les 13e et 14e siècles sont pour l’historienne des temps de découverte politique forts. Les fabliaux rapportent des portraits de femmes combattives, exprimant leurs désirs, à mille lieues de l’iconographie suivante de femmes faibles, discrètes et soumises à l’autorité paternelle puis maritale.

      Au Moyen Âge se développe le principe d’une société monétaire tournée vers le commerce et l’exportation de denrées. Dans une société rurale, agricole, dont les terres sont cultivées par la communauté — femmes et hommes dans les communs — le peuple est en lien et en lutte : refus de la taxation, de la mise à disposition des denrées…

      https://blogs.mediapart.fr/helene-duffau/blog/080416/caliban-et-la-sorciere-femmes-corps-et-accumulation-primitive

      Caliban et la sorcière. Femmes, corps et accumulation primitive est publié aux éditions Entremonde.
      Publié le 8 avril 2016 par Hélène

      #silviafederici #sorcières #Federici

    • 1233 - Vox in Rama, première bulle contre la sorcellerie.

      Le pape Grégoire IX "institua l’Inquisition en 1231, et en confia l’exécution aux frères prêcheurs (franciscains et dominicains). Ainsi, il enleva au pouvoir laïque le pouvoir doctrinal de juger, mais faute d’effectifs suffisant, l’Inquisition devra s’appuyer sur les princes locaux, qui trouveront les moyens de renforcer leurs pouvoirs. À le demande de son inquisiteur exerçant en Allemagne Conrad de Marbourg, il édicta en 1233 la première bulle de l’histoire contre les sorcières, la Vox in Rama décrivant le sabbat des sorciers et leur culte du diable. Parmi ses nombreuses particularités, cette bulle considère le chat, comme le crapaud, comme une incarnation du Diable et déclare que toute personne abritant un chat noir risque le bûcher.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Gr%C3%A9goire_IX

      Jean XXII publia, en août 1326, la bulle Super illius specula, assimilant pratiquement la sorcellerie à l’hérésie. Une voie que suivirent ses successeurs de Benoît XII à Alexandre V en pérennisant la chasse aux sorcières.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_XXII

    • Les chasses au sorcière ont eu lieu en masse pendant la Renaissance au moment où les prémisses de l’État moderne se mettaient en place (contrôle accru des territoires et des populations, imposition étatiques de monopoles professionnels, développement du système juridique)

      en effet @apichat c’est vrai que l’inquisition a surtout persécuté les femmes à la renaissance mais ca à quant même commencé au moyen age ; sur le lien donné par @eoik http://books.openedition.org/pup/2664?lang=fr

      1326 : Le pape Jean XXII autorise par sa constitution Super illius specula l’emploi de la procédure inquisitoriale contre les sorcières."
      et sur wikipédia la fin du moyen age est associé à la fin du XVeme et debut du XVIeme
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Fin_du_Moyen_%C3%82ge

      Mais en voyant l’article sur la Renaissance, c’est vrai qu’on pourrait parlé de pré-renaissance
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Renaissance
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Pr%C3%A9-Renaissance

  • A propos de #post-vérité, un autre angle, les études de #neurosciences sur la #mémoire :

    La fabrique du #souvenir
    Kheira Bettayeb, Le Journal du CNRS, le 9 décembre 2016
    https://seenthis.net/messages/549854

    Pourquoi s’offusquer de la post-vérité ? C’est le mode par défaut de notre #cerveau
    Peggy Sastre, Slate, le 4 janvier 2017
    http://www.slate.fr/story/133049/post-verite-mode-defaut-cerveau

    #Dormir pour se souvenir
    Marine Corniou, Québec Science, le 2 janvier 2017
    http://www.quebecscience.qc.ca/10-decouvertes-2016/5-Neurosciences-Dormir-pour-se-souvenir

  • « Pourquoi l’islamisme ne peut pas être expliqué à partir de la religion », par Norbert Trenkle - 16 Novembre 2015

    http://www.palim-psao.fr/2015/05/pourquoi-l-islamisme-ne-peut-pas-etre-explique-a-partir-de-la-religion-pa

    Une confrontation sérieuse avec le phénomène du fondamentalisme islamique requiert un changement de point de vue et une critique conséquente des spéculations culturalistes. Pour aller à l’essentiel, vouloir expliquer l’islamisme à partir de l’islam est à peu près aussi insensé que tenter de faire dériver le national-socialisme de l’épopée des Nibelungen ou de l’Edda poétique. Évidemment, les islamistes fanatiques se réclament avec une insistance aussi provocante que lassante du Coran et du prophète, mais en réalité ils se moquent totalement des discussions et spéculations théologiques ; pour eux, l’islam, c’est ce qu’ils en font, c’est-à-dire exactement ce qui correspond à leur besoin identitaire et subjectif. Les récits religieux transmis ne sont rien d’autre pour eux que des chiffres et des codes culturels dont ils se servent pour consolider leur statut-sujet précaire. Les islamistes sont tout sauf des religieux traditionalistes qui auraient manqué le train de la modernité ou refuseraient de sauter dedans. Il s’agit bien plus d’individus tout à fait modernes, marqués par le capitalisme, qui en tant que tels cherchent un appui dans un collectif en apparence puissant, auquel ils puissent s’identifier.

    Cette soif d’identification à un sujet collectif n’a rien de nouveau. Il fait partie de l’équipement de base constitutif de l’individu moderne formaté pour la société marchande et accompagne l’histoire de la modernisation depuis le début du XIXe siècle. Cela ne peut guère surprendre. Car la gageure de devoir se rendre socialement actif comme sujet particulier isolé, toujours soucieux de défendre ses intérêts privés et de ne considérer finalement les autres membres de la société que comme des instruments pour atteindre ce but, cette gageure engendre le besoin pressant de se fondre dans une communauté imaginaire, au sein de laquelle cet isolement et cette instrumentalisation réciproque seraient abolis en apparence. Cette identification à un grand sujet apaise en même temps le sentiment d’impuissance devant son propre rapport à la société, qui fait face à l’individu comme contrainte collective chosifiée, car cela offre la surface de projection idéale pour des fantasmes compensatoires de toute puissance. Si au cours de l’histoire de la constitution du capitalisme ce sont en premier lieu les grands sujets classiques comme la nation, le peuple et les classes qui se sont trouvés sur le devant de la scène, ce sont pourtant les communautés religieuses qui ont depuis bien trois décennies le vent en poupe – et certainement pas seulement dans l’espace estampillé islamique mais également sous la forme du fondamentalisme protestant, des sectes évangéliques en Amérique Latine et en Afrique ou du nationalisme hindou. Au macro niveau de la société, les causes de cette « mégatendance » globale se trouvent certainement dans le déclin des grandes religions séculières de l’époque bourgeoise, avant tout du socialisme et du nationalisme. Car dans la foulée de la mondialisation engluée dans la crise, soit l’État est largement privé de son pouvoir de contrepoids régulateur face aux impératifs du marché, soit – comme dans de nombreuses régions de l’ancien tiers monde – il a été complètement broyé, tandis que dans le même temps la croyance quasi religieuse dans le progrès qui régnait au début tout comme au moment culminant du capitalisme se voit démentie tous les jours par les catastrophes écologiques de plus en plus aigues ainsi que l’exclusion sociale grandissante.

    • Très intéressant, l’article comme le site de manière plus générale.
      Deux petites réserves : le terme générique d’islamisme manque un peu de précision, à mon avis : on y subsume habituellement trop de choses pour que tout ce que dit l’article sur l’islamisme soit valable.
      Par ailleurs cette assertion me semble très fausse et être une erreur très commune dans une certaine gauche radicale européenne :

      S’ajouta à cela le conflit israélo-palestinien, qui a été chargé, au sein du monde arabe et de l’idéologie anti-impérialiste, d’une énorme signification symbolique largement au-delà de son véritable caractère de problème territorial limité et relativement mineur, et transformé en une surface de projection du ressentiment antisémite, dont l’islamisme recueillit également l’héritage.

      Sans partir dans de grands développements, je pense que l’auteur sous-estime grandement d’une part la projection de puissance israélienne dans le monde qui va bien au-delà des territoires occupés voire de son environnement proche-oriental immédiat, d’autre part sa capacité d’influence sur les politiques étrangères au Moyen-Orient de plusieurs Etats occidentaux. J’ajoute que la singularité radicale d’Israël, qui n’est ni un classique Etat-nation, ni une puissance coloniale, ni même un régime d’apartheid, semble échapper à l’auteur. J’en veux pour illustration ce que dit l’auteur du thème du choc des civilisations, popularisé par Huntington, phénomène perçu par l’auteur comme symptôme du fait que l’Occident en général avait besoin de se trouver un nouvel ennemi à la fin de la guerre froide. Ce à quoi je veux bien souscrire. Mais l’auteur semble ignorer qu’en même temps ce thème n’a pas été inventé par Huntington mais par son mentor l’orientaliste Bernard Lewis (double national américano-israélien) qui a été une des référence principale des néo-conservateurs pour dépeindre le Proche-Orient.
      De plus ce passage reprend une représentation commune des Arabes, panarabistes ou islamistes, obsédé par Israël et les complots, et donc antisémites. Ce n’est pas entièrement faux mais il faut voir aussi qu’en « Occident » il y a une doxa officielle qui agit dans les médias et le champ universitaire (par intimidation/répétition) qui consiste à minorer tout cela et à écarter d’un revers de main toute explication historique recourant à la thèse du complot comme si l’histoire politique au vingtième siècle de cette région n’en était pas remplie...

      Bref, quelqu’un qui s’y connaît pourrait-il me dire s’il existe un ouvrage clair et accessible en français qui permette de s’initier aux enjeux théoriques de la critique de la valeur ? Perso je n’ai lu que le « Debord » de Jappe (qui n’aborde pas la question) et le bouquin de Kurz « les Habits neufs de l’empire ».

    • Texte intéressant trouvé sur le site signalé et écrit par le petit groupe post-situ des Amis de Némésis :
      http://www.palim-psao.fr/2015/03/etat-islamique-inc-par-les-amis-de-nenemis.html

      Une fois de plus, la Maison Blanche veut rassembler une coalition mondiale contre l’Axe du Mal. Trois années de guerre devaient suffire, et la première campagne inclut des frappes aériennes en Syrie, ainsi qu’un budget exceptionnel de 500 millions USD. Il s’agit à présent d’aider les « rebelles syriens modérés », après avoir aidé avec les monarchies du Golfe une opposition syrienne comprenant toute une série de milices islamistes, dont l’EI. Ces prétendus « modérés » sont en réalité eux-mêmes dirigés par des islamistes concurrents de l’EI, comme l’alliance baptisée Front Islamique, fortement liée au groupe djihadiste Al-Nosra. Ces groupes islamistes issus d’Al-Qaida essaient de se différencier de l’EI, qui les a défaits militairement, et s’entraînent désormais en Arabie saoudite. En résumé, l’Occident est à nouveau en train d’armer des islamistes contre d’autres islamistes, en espérant servir ainsi ses intérêts géostratégiques et abattre le régime d’elAssad. La radicalisation successive des groupes instrumentalisés n’est qu’une affaire de temps. La personnalité autoritaire est le profil commun entre le fascisme et l’islamisme. Dans les deux cas, il s’agit de se soumettre à un destin inamovible, atemporel, dans les deux cas la haine de celui qui ne se soumet pas (l’infidèle, le chômeur, le marginal, le librepenseur) exprime la souffrance de celui qui a décidé de se soumettre mais ne veut pas avouer que son fétichisme consenti le mutile, dans les deux cas (le lecteur est renvoyé à Psychologie de masse du fascisme de Wilhelm Reich). Les nombreuses et terribles exactions sexuelles au Proche-Orient en sont un exemple pesant. Une vie sexuelle libre y est aussi impossible que la fondation d’une famille tant la misère l’interdit. En même temps, l’imposition du voile et d’autres rituels aux femmes traduit l’échec complet des tentatives d’occidentalisation de ces pays. Rappel de la théorie de l’Abspaltung et du fait que la dégradation capitaliste de l’ordre patriarcal et agricole, qui avait pris des siècles en Europe, se présente brutalement dans les pays arabes et y engendre une peur terrible des femmes, et donc une haine décuplée contre elles. Les autres points sont identiques avec l’article précédent.

      Notes :

      [1] http://www.konicz.info/?p=2929

      [2] http://www.exit-online.org/textanz1.php?tabelle=aktuelles&index=9&posnr=622

      [3] [1. L’expansion par la conquête est une constante dans l’histoire, à commencer par la guerre menée par le Prophète aux débuts de l’Islam. De même, la guerre a toujours été une entreprise rationnelle et son succès dépend largement de cette qualité. Ce n’est donc pas en cela que l’EI se singularise forcément. Note des Amis de Némésis]

      [4] [2. Samuel Laurent, dans son livre hâtivement concocté L’Etat islamique, s’étend à juste titre sur la présence massive de l’Etat islamique sur les réseaux sociaux, Twitter et Facebook, qui leur assure une visibilité mondiale, mais ne mentionne même pas la publication des bilans « al-Naba ». Note des Amis de Némésis]

      [5] [3. Chiffres qui pour l’occasion semblent assez ridicules. Note des Amis de Némésis]

      [6] [4. Cette différence semble moins évidente que cela : d’une part l’EI ne se livre à ses horribles destructions que pour mieux accumuler et dominer des pays à exploiter, tout comme l’avait fait le nazisme, et d’autre part sa mainmise sur les ressources (notamment pétrolières) peut très bien produire un return on equity, direct ou indirect, pour ses commanditaires et sponsors. Note des Amis de Némésis]

      [7] [5. Ce qui est sûr, c’est que dans les deux cas, ces massacres génocidaires ont effectivement lieu et sont proclamés comme des objectifs supérieurs à tout le reste : les deux aspects paraissant du coup parfaitement cohérents ; il n’en reste pas moins que, 4 dans un cas comme dans l’autre, ces massacres répondent au souci de s’accaparer les richesses des étrangers ainsi dépossédés (les juifs étant considérés comme des étrangers de l’intérieur) et la « politique » nazie (ou islamiste) traduisant ainsi une « économie » de pillage. Note des Amis de Némésis]

      [8] [6. La formule reste elliptique. Nous supposons qu’il s’agit d’une récession à l’échelle mondiale de la socialisation par le travail, à laquelle répondent des formes de socialisation barbares. Dans ce cas, la formule s’applique aussi bien aux pays condamnés à une guerre civile ininterrompue, comme l’Iraq, la Syrie, la Libye, le Liban, l’Afghanistan, le Yémen, et aux zones « de non-droit » dans les pays occidentaux. Note des Amis de Némésis]

      [9] [7. Cette nouvelle armée en expansion permanente, prête à exécuter les basses œuvres un peu partout où ses chefs, connus ou cachés, lui disent d’aller semer la destruction, est dirigée comme on sait par un certain Abou Bakr al-Baghdadi, de son vrai nom Ibrahim Awad Ibrahim Ali al-Badri, natif de Samarra (d’autres sources disent Fallujah ou Diyala) en Iraq. Selon certaines sources (Samuel Laurent, op. cit., Seuil 2014, p. 121 à 124), qui sont contredites par d’autres, lui ainsi que l’Etat-Major qui l’entoure (une dizaine d’hommes), aurait été faits prisonniers par les Américains en 2004, en raison de nombreux crimes déjà commis à cette époque. Ce qui leur était reproché justifiait donc de très longues périodes de détention. Or, ces hommes auraient tous été libérés en bloc quelques mois plus tard, sans aucun motif visible. Donc, avec des motifs invisibles. De là à imaginer que se répète ici la politique secrète et absurde qui avait déjà présidé à la création d’Al-Qaida, il n’y a pas très loin : mettre en place des organisations criminelles pour les utiliser contre un ennemi commun (à l’époque les Soviétiques en Afghanistan, aujourd’hui les régimes iranien, iraquien et syrien) et pour s’assurer d’une main mise directe sur les champs pétrolifères. Laisser une armée de criminels détruire des pays entiers en se disant que le moment venu, on les remettra dans leur boîte. Pour d’autres sources, comme Wikipedia, les dates ne sont pas les mêmes – arrestation en 2005 et libération en 2009 – et il est avancé qu’al-Baghdadi aurait été arrêté par erreur, et donc relâché sans problème au bout de quatre ans. Note des Amis de Némésis

    • @souriyam en français, c’est surtout Jappe du coup, donc il y a Les aventures de la marchandise, en 2003. Je ne crois pas qu’il y ait de brochure plus courte avec uniquement les trucs de base, sans rentrer dans les détails. @ktche une idée d’un ouvrage ?

      M’est-avis que les participants aux groupes de critique de la valeur feraient bien de s’associer avec des spécialistes de l’éducation populaire, pour vulgariser les théories dans un langage commun, avec des exemples, des schémas, ou que sais-je encore…

    • M’est-avis que les participants aux groupes de critique de la valeur feraient bien de s’associer avec des spécialistes de l’éducation populaire, pour vulgariser les théories dans un langage commun, avec des exemples, des schémas, ou que sais-je encore…

      Oui surtout Clément :-p

  • Avant que la droite israélienne ne se réjouisse des événements de Paris - mardi 17 novembre 2015 par Gideon Levy - Traduction française Robert Zimmerman
    http://www.ujfp.org/spip.php?article4518

    Avant que la droite en France et dans toute l’Europe ne commence à se réjouir, nous devons leur dire : ne dansez pas non plus sur le sang répandu. Le nationalisme, la haine des étrangers, le racisme, l’expulsion des réfugiés, l’isolationisme et la guerre contre l’islam – vos solutions magiques – ne résoudront rien du tout. Les appels réjouis du « nous vous l’avions dit » venant d’Israël et de la droite européenne résonnent déjà.

    Le premier ministre Benyamin Netanyahu et Marine le Pen sont à nouveau ceux à qui profitent le plus la terreur. Nous ne devons pas tomber dans leur piège.

    La droite israélienne dira : nous vous l’avions dit. Voilà comment sont les Palestiniens, voilà comment sont les Arabes et voilà comment sont les musulmans – des animaux assoiffés de sang. La conclusion : il n’y a aucun partenaire. Nous vivrons pour toujours par l’épée.
    L’Europe vit maintenant ce que nous vivons depuis des années. L’Europe fera maintenant des pas en direction d’une guerre contre le terrorisme – les mêmes pas qu’elle a condamnés lorsque nous les avons faits.
    L’Europe nous fichera peut-être maintenant la paix. Après tout, nous avons maintenant un ennemi commun. Voyons s’ils continuent à étiqueter des produits, voyons s’ils continuent à condamner les colonies de peuplement.

    Nos audacieux raids sur l’hôpital Al-Ahli à Hébron et sur l’école primaire à Silwan, à Jérusalem, font partie de la guerre de civilisation que mène l’Occident et à laquelle Israël est si fier de participer. Quiconque n’envahit pas Al-Ahli ne combat pas le terrorisme. Quiconque n’abat pas une jeune femme tenant un couteau à un check-point s’en prend à Paris. La loi pour Ahmed Manasra (le garçon israélien qui a poignardé un garçon israélien) est la même que pour John le djihadi. Le Hamas est l’organisation Etat islamique et la même chose s’applique au Hezbollah, Mahmoud Abbas, le Cheikh Raad Saleh (le dirigeant du Mouvement islamique), les membres de la liste conjointe à la Knesset Ayman Odeh et Ahmad Tibi – tous sont Daesh, tous les Arabes.

    Ceci est évidemment un château de cartes propagandiste qui est complètement déconnectée de la réalité. Le but de celui qui, à Hébron, brandit un couteau, est complètement différent de celui du jihadiste du Stade de France, tout comme l’est leur vision du monde. Ici, le Palestinien se bat pour sa terre et pour son pays, pour sa libération de l’occupation, pour l’autodétermination et pour la liberté – alors que là-bas le jeu consiste à détruire l’Europe et à en prendre le contrôle. Ici, le motif principal est national et politique. Là, c’est du fondamentalisme religieux.

    Seulement, la vérité est que la droite israélienne n’a pas complètement tort. En fin de compte, sa prophétie se réalisera d’elle-même. Si Israël poursuit sa politique, l’enfant au couteau de Hébron deviendra le kamikaze de Daech. Aujourd’hui déjà, il observe avec un regard ardent le succès de ses grands frères.

    Daech n’est pas encore là mais on peut compter sur Netanyahu consorts pour le faire venir. L’occupation a déjà donné naissance au Hamas et au Djihad Islamique. Une Cisjordanie désespérée et un Gaza emprisonné sont un sol fertile pour les faire pousser. Les sections d’assaut et les assassins dans les hôpitaux fournissent l’accélérateur de particules nécessaire pour attirer les djihadistes.(...)

    traduction française de l’article cité ici : http://seenthis.net/messages/429026

  • « Paradoxal : ceux dont la parole est attendue [les musulmans] ne sont pas invités [par les médias] » : Sihame Assbague - Cheek magazine

    http://cheekmagazine.fr/societe/attentats-paris-sihame-assbague-experts-musulmans-medias

    La communauté musulmane se sent-elle exclue du débat ?

    C’est compliqué de parler au nom de tous les musulmans, mais beaucoup m’ont contactée car ils sont extrêmement dépités de ne pas se voir représentés. Les invités ont toujours le même profil et personne ne leur apporte la contradiction quand ils disent des choses fausses. Les musulmans font en ce moment l’objet de beaucoup de discussions et ils aimeraient devenir des sujets.

    • Y compris chez les « amis » :

      TOUS AVEC LA-BAS AU LIEU-DIT !
      Enregistrement public
      Mercredi 18 NOVEMBRE À 18H
      http://la-bas.org/la-bas-magazine/au-fil-de-la-bas/mercredi-tous-au-bistro-tous-avec-la-bas-au-lieu-dit-enregistrement-public

      La prochaine émission de Là-Bas Hebdo sera consacrée au attentats de Paris. Avec, entre autres, autour de Daniel MERMET :
      – Alain GRESH, journaliste et auteur du blog « Nouvelles d’Orient »,
      – Laurence BLISSON, magistrate, Secrétaire générale du Syndicat de la magistrature,
      – Julien SALINGUE, docteur en Science politique (Université Paris 8) et auteur du blog « À la recherche de la Palestine »
      – Patrick HAIMZADEH, ancien diplomate français à Tripoli (2001-2004), auteur de l’ouvrage Au cœur de la Libye de Kadhafi (JC Lattès, 2011).
      – Alain DENEAULT, Docteur en philosophie et auteur de La médiocratie (Lux, octobre 2015),
      – Gérard MORDILLAT,
      – Et le musicien Dgiz.

  • Ruée des jeunes français vers les armées
    http://www.lemonde.fr/attaques-a-paris/article/2015/11/19/ruee-des-jeunes-francais-vers-les-armees_4813438_4809495.html

    C’est du jamais vu. Les jeunes français se ruent à la porte de l’armée, pour s’engager. Depuis les attentats du 13 novembre, les demandes reçues par le site internet sengager.fr de la défense ont triplé. « Je suis sur le c… ! », n’hésite pas à s’exclamer jeudi 19 novembre le colonel Eric de Lapresle, chef du bureau marketing et communication du recrutement pour l’armée de terre, « c’est un phénomène totalement inédit ».

    La défense n’a pas voulu communiquer sur ce phénomène durant la période de deuil national, gênée de pouvoir laisser penser qu’elle « surfait sur les morts du 13 novembre ». Aujourd’hui, elle donne ses chiffres : elle reçoit 1 500 demandes par jour contre 500 avant les derniers attentats.

    L’armée de terre, qui exprime traditionnellement les plus gros besoins en effectifs, vivait déjà en 2015 une année exceptionnelle. En effet, après les attentats de janvier contre Charlie et l’Hyper Casher, le président de la République avait décidé de sauver une grande partie des postes qui devaient être supprimés dans la défense, et les bureaux de recrutement avaient dû repartir en campagne. Les régiments auront embauché 15 000 jeunes d’ici à la fin 2015, contre 10 000 en 2014.

    Et pour être curé ? #misère #armée

    • Je venais de lire ça :

      Attentats de Paris : l’armée reçoit de nombreuses candidatures - France Inter
      http://www.franceinter.fr/depeche-attentats-de-paris-l-armee-recoit-de-nombreuses-candidatures

      Le centre d’information et de recrutement de l’Armée de terre à Limoges estime à 25 ou 30% supplémentaires le nombre de demandes de renseignement par téléphone ou sur internet. « Pour certains, les attaques ont été un élément déclencheur, donc certains candidats se renseignent pour une carrière en tant que militaire d’active, d’autres qui ont déjà une vie construite se renseignent pour aider dans la réserve » précise le major Patrick Davos, chef du CIRFA.

    • La défense n’a pas voulu communiquer sur ce phénomène durant la période de deuil national, gênée de pouvoir laisser penser qu’elle « surfait sur les morts du 13 novembre ».

      A Paris sur la ligne 5 du métro il y a de nombreuses affiches pour le recrutement militaire.
      ....
      #surf

    • Suffit de passer dans une gare, pub X25 (si il y’a assez de place, comme à Montparnasse dans les grand halls sous verrières) en 4X4, et dans les métros etc, un max de pub, depuis un bout de temps, pour les seules formes de garantie de #revenu un peu sûres : matons, armée, police.

      En revanche l’église fait campagne pour le « denier du culte » en expliquant qu’ils ont du mal à payer les curés.

      Vu le peu de #salaire disponible, ils n’ont pas de problème de recrutement de soldats, flics et matin mais de qualité de ce recrutement. Elle augmente, il s’agit de l’améliorer encore.

    • Campagnes de recrutement : 27% des engagés quittent l’armée dans les 6 mois, Lieutenant-colonel Frédéric Le Saint, chargé de com’, 2003.

      http://leplus.nouvelobs.com/contribution/787681-armee-francaise-nous-peinons-a-recruter-malgre-des-millions

      « Les jeunes qui viennent à nous veulent de l’action, de l’aventure. Ils veulent que ça bouge. Surtout ceux, en majorité des garçons, qui s’intéressent à l’armée de Terre ». (...) Bien que les effectifs du ministère de la Défense soient orientés à la baisse, les armées ont besoin d’attirer 30.000 jeunes hommes et femmes chaque année, dont 15.000 militaires du rang afin de maintenir une moyenne d’âge relativement basse (33 ans pour le personnel militaire). (...) Ainsi pour un poste de militaire du rang à pourvoir, ils sont à peine deux à se présenter dans les CIRFA, et seulement 1,5 pour l’armée de Terre, selon le 6e rapport annuel du Haut comité d’évaluation de la condition militaire de juillet 2012. Difficile, dans ces conditions, de sélectionner du personnel de qualité. (...) Les principaux freins à l’engagement rejoignent les préoccupations de la société française. Concilier activité professionnelle et vie privée semble plus difficile pour les militaires. Et l’incontournable exigence de mobilité rebute une part croissante des jeunes Français. Enfin, dans une société qui refuse la violence, et toujours selon l’étude de l’IRSEM, 26% des jeunes estiment que les métiers militaires sont trop dangereux. (...) Les exigences de disponibilité, de mobilité ne sont plus dans l’air du temps. Les jeunes rêvent d’aventure, d’action et d’autres horizons. Soit. Mais de là à risquer sa vie loin du pays…

      La mort est, en effet, devenue insupportable pour nos contemporains, surtout la mort violente.

      http://leplus.nouvelobs.com/contribution/787681-armee-francaise-nous-peinons-a-recruter-malgre-des-millions

      #démission

  • Ébriété guerrière
    http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2015-11-16-Paris

    Le 13 novembre 2015, une série de fusillades et d’explosions ont endeuillé Paris et Saint-Denis, provoquant la mort d’au moins 130 personnes. Les auteurs de ces attentats, souvent des jeunes Français musulmans, ont motivé leur acte en invoquant l’intervention militaire de leur pays en Syrie contre l’Organisation de l’Etat islamique (#OEI). Deux jours plus tard, Paris a procédé à de nouveaux bombardements contre les positions de l’OEI en Syrie, principalement dans la « capitale » de l’Organisation, à Rakka. Et, dorénavant, le gouvernement français comme l’opposition de droite s’accordent sur la nécessité de multiplier les « frappes » en Syrie. L’urgence de mener sur le front intérieur une « guerre » implacable ne les distingue pas davantage.

  • Jacques Ellul proteste contre sa mise au puits
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=767

    Des Bordelais, lecteurs et disciples de Jacques Ellul, nous envoient Du bluff technologique à l’esbroufe artistique : leur protestation contre un dispositif d’art contemporain censé honorer dans sa ville l’ennemi de la technologie et de l’art contemporain. Jacques Ellul, l’un des plus précoces, des plus tenaces et des plus lucides critiques du capitalisme technologique, est aujourd’hui victime à Bordeaux d’une tentative de noyade dans les eaux troubles de l’art contemporain. Il ne suffisait pas que la trissotine intelligentsia parisienne et universitaire ait ignoré, étouffé, enfoui ses travaux, sa vie durant, au profit des divaguants de la Rive gauche : communistes & cie. Il ne suffisait pas que cette même clique, convertie à la French theory après les catastrophiques vérifications historiques (...)

    #Faits_divers
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/Du_bluff_technologique.pdf

    • Cet art formaliste et théoricien joue un double rôle, contradictoire : il fait profession d’être une révolte contre notre culture hypermécanisée, hyperenrégimentée, mais il justifie en même temps les produits du système de puissance. Il acclimate l’homme à vivre dans ces villes, dans ce milieu, il le convainc que ce monde d’absurdités, de violence, d’anonymat est le seul monde possible. Il lui fait considérer comme normal, qui plus est, sommet du plus haut de l’art, la désintégration de l’homme, la vie dans les grands blocs (ceux que justement prépare la méga-technologie). Il lui fait considérer comme absurde toute protestation contre cet environnement. Il lui fait accepter comme l’être même ce qui est sa négation.

      #Jacques_Ellul #Bordeaux #art_contemporain #acceptabilité #cynisme