marielle 🐱

« vivere vuol dire essere partigiani » Antonio Gramsci

  • L’amour de/dans la rĂ©volution. Lire Alexandra KollontaĂŻ
    ▻https://www.contretemps.eu/kollontai-amour-revolution-communisme-russie

    Mara Montanaro discute le dernier livre d’Olga Bronnikova et Matthieu Renault, qui vient de paraĂźtre aux Ă©ditions La Fabrique : KollontaĂŻ. DĂ©faire la famille. Refaire l’amour.

    Constellations féministes marxistes révolutionnaires

    Nous avons besoin de produire nos gĂ©nĂ©alogies, nos constellations fĂ©ministes marxistes rĂ©volutionnaires : l’objectif Ă©tant celui de transformer radicalement le prĂ©sent et d’inventer un futur, ce qui revient Ă  avoir ou Ă  rĂ©Ă©crire un passĂ© dans lequel nous pouvons inscrire, nous reconnaĂźtre.

    La rencontre entre le fĂ©minisme et le marxisme, loin d’ĂȘtre un « mariage malheureux » pour citer le cĂ©lĂšbre article de Heidi Hartmann de 1979, est la seule critique valable de la dĂ©vastation nĂ©olibĂ©rale. Or, s’il est plus que jamais urgent d’interroger et rĂ©flĂ©chir sur les rapports entre oppression et exploitation, et notamment sur la maniĂšre dont le systĂšme capitaliste a intĂ©grĂ© et profondĂ©ment modifiĂ© les structures patriarcales, encore si la question centrale pour les fĂ©minismes marxistes est l’invisibilisation de ce diffĂ©rentiel d’exploitation qui comprend toutes ces activitĂ©s non reconnues ou mĂ©connues, trĂšs mal rĂ©munĂ©rĂ©es, stratĂ©giquement considĂ©rĂ©es comme improductives caractĂ©risant la grande fabrique de la reproduction sociale, (la clĂ© du cours et du dis-cours capitaliste, condition de possibilitĂ© de toute production), seule Alexandra KollontaĂŻ, « la plus authentique reprĂ©sentante du fĂ©minisme bolchevique » (p. 275) a placĂ© l’amour, les fibres de l’amour en rĂ©volution au centre de ses prĂ©occupations.

    DĂ©faire la famille, refaire l’amour. Tel est le sous-titre de cette magnifique biographie de la pensĂ©e d’Alexandra KollontaĂŻ, signĂ©e Olga Bronnikova et Matthieu Renault et publiĂ©e en mars aux Ă©ditions La Fabrique. Les auteur.e.s, avec une Ă©criture claire et raffinĂ©e qui allie une analyse des textes thĂ©orico-politiques Ă  une Ă©tude prĂ©cise du contexte historique, ont fait le choix de suivre l’itinĂ©raire rĂ©volutionnaire de KollontaĂŻ de la rĂ©volution de 1905 Ă  1923, date Ă  laquelle elle quitte la Russie pour entamer sa carriĂšre diplomatique.

    Il s’agit de la premiĂšre biographie intellectuelle de KollontaĂŻ (1872-1952) en langue française. Une biographie passionnante qui nous invoque et nous convoque, nous Ă©clairant sur sa vie, ses lectures, ses voyages (choisis et forcĂ©s) tout en Ă©tant rigoureuse, historiquement et philosophiquement, dans l’analyse de sa pensĂ©e et le choix des textes de l’autrice...

  • OĂč il est fait explication de ce qui s’accĂ©lĂšre en France depuis 2014 et que (amha) ça pue du cul ...

    IsraĂ«l-Palestine : « C’est la libertĂ© d’expression qu’on veut censurer » | Mediapart
    â–șhttps://www.mediapart.fr/journal/france/250424/israel-palestine-c-est-la-liberte-d-expression-qu-veut-censurer

    LeLe monde navigue depuis 200 jours dans des eaux troubles. Plus de six mois depuis les massacres du Hamas et d’autres groupes palestiniens en IsraĂ«l, 1 100 morts, et toujours 130 otages Ă  Gaza. Plus de six mois de massacres de l’armĂ©e israĂ©lienne Ă  Gaza, plus de 34 000 mort·es et des dizaines de milliers de blessé·es, d’orphelin·es, de disparu·es. Ces massacres nient notre humanitĂ© commune. Personne ne saurait les justifier.

    Dans ces eaux troubles cohabitent, mal, des sentiments mĂȘlĂ©s : la peur, la rage et parfois la haine, l’indignation et la colĂšre. Certains essentialisent les juifs, nourrissant un antisĂ©mitisme inacceptable. D’autres essentialisent les Palestiniens ou les musulmans comme autant de soutiens du Hamas, et portent sur eux un soupçon permanent dĂšs qu’ils manifestent leur solidaritĂ© avec la Palestine. Des manifestations ont Ă©tĂ© interdites.

    À lire aussi – La tribune « Contre une dĂ©mocratie bĂąillonnĂ©e, dĂ©fendons les libertĂ©s publiques » dans Le Club de Mediapart

    Des militant·es, des chercheurs et chercheuses, des Ă©tudiant·es, des syndicalistes, ont Ă©tĂ© sanctionné·es, entendu·es, censuré·es. Certain·es sont jugé·es ou convoqué·es pour avoir fait l’« apologie du terrorisme ». Mais ce ne sont pas des terroristes ni des apologistes de crimes. Ils et elles dĂ©fendent des opinions politiques. Elles peuvent ne pas plaire. Faut-il pour autant bĂąillonner leur libertĂ© d’expression ? Si elles et eux sont visé·es aujourd’hui, ne pourrions-nous pas tous et toutes l’ĂȘtre demain ?

    L’émission spĂ©ciale de Mediapart avec :

    VĂ©ronique Bontemps, anthropologue, chargĂ©e de recherche au CNRS ;
    Rima Hassan, candidate de La France insoumise aux Ă©lections europĂ©ennes ;
    CĂ©line Verzeletti, secrĂ©taire confĂ©dĂ©rale de la CGT ;
    Tayeb Khouira, porte-parole du syndicat Sud aĂ©rien ;
    Olivier Besancenot, militant du Nouveau Parti anticapitaliste, ancien candidat Ă  l’élection prĂ©sidentielle ;
    Cyrielle Chatelain, prĂ©sidente du groupe Ă©cologiste Ă  l’AssemblĂ©e nationale ;
    Vanessa Codaccioni, professeure de science politique Ă  l’universitĂ© Paris 8 ;
    Carine Fouteau, présidente et directrice de la publication de Mediapart.

    #fascisme #dérives autoritaires #lois_scélérates

  • Apologie du terrorisme : derriĂšre la multiplication des procĂ©dures, une loi Cazeneuve de 2014
    ▻https://www.huffingtonpost.fr/politique/video/apologie-du-terrorisme-derriere-la-multiplication-des-procedures-une-

    Rima Hassan, Mathilde Panot, la CGT et des anonymes
 Les procédures pour apologie du terrorisme se multiplient depuis le début de la guerre entre le Hamas et Israël.

    Elections europĂ©ennes 2024 : le socialiste RaphaĂ«l Glucksmann propose un « fonds de dĂ©fense de 100 milliards » d’euros
    ▻https://www.francetvinfo.fr/elections/europeennes/elections-europeennes-2024-le-socialiste-raphael-glucksmann-propose-un-

    La tĂȘte de liste PS-Place publique a par ailleurs promis mercredi « un nouveau contrat » liant les industries d’armement françaises et europĂ©ennes Ă  l’UE.

    Mise en parallĂšle pour rappeler la guignolade du « Mon ennemi, c’est la finance ». Le gars (Hollande, PS) dont le gouvernement (Valls) a pondu la loi dĂ©gueulasse sur l’apologie du terrorisme adoube le gars qu’on te prĂ©sente comme le nouveau Macron, jeune, douĂ©, et vraiment bien sous tous rapports. Ils sont en train de nous faire la mĂȘme chose. Le PS va s’exclamer au soir du premier tour « Vive la Palestine Libre », et dĂšs le lendemain, va t’expliquer que cĂ©compliquĂ©-apologieduterrorisme-expliquĂ©cĂ©justifiĂ©.

  • « Vous pouvez rejoindre le Hamas si vous voulez » – Mon (Ă©phĂ©mĂšre) expĂ©rience de chroniqueur sur BFM TV
    ▻https://www.frustrationmagazine.fr/bfm-tv

    Septembre 2023, 12h56. Mon tĂ©lĂ©phone vibre. Le stress monte, je sais que c’est la programmatrice de BFM TV pour l’émission « le 20h de Ruquier ». Elle m’envoie les thĂšmes du dĂ©bat du jour. « LFI attise-t-elle le feu sur les violences policiĂšres ? ». Ce ne sont pas les violences policiĂšres qui allument le [
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  • Qu’est-ce que l’Organisation juive europĂ©enne, qui multiplie les plaintes pour « apologie du terrorisme » ?
    EnquĂȘte de Paul de Coustin, le 24/04/2024 Ă  19:02

    L’association qui lutte « contre l’antisĂ©mitisme sous toutes ses formes » est prĂ©sente, depuis les attaques du 7 octobre 2023, dans de nombreuses procĂ©dures judiciaires, dont celles concernant l’humoriste Guillaume Meurice, la militante franco-palestinienne Rima Hassan ou la dĂ©putĂ©e insoumise Mathilde Panot.

    ▻https://www.la-croix.com/france/qu-est-ce-que-lorganisation-juive-europeenne-qui-multiplie-les-plaintes-po

    Qu’ont en commun la militante pro-palestinienne Rima Hassan, l’humoriste Guillaume Meurice, le syndicaliste de la CGT Jean-Paul Delescaut et la dĂ©putĂ©e LFI Mathilde Panot ? Ces personnalitĂ©s publiques, marquĂ©es politiquement Ă  gauche, ont toutes fait l’objet d’une procĂ©dure judiciaire dans laquelle est impliquĂ©e l’Organisation juive europĂ©enne (OJE), une association Ă  but non lucratif crĂ©Ă©e en 2014, « qui lutte contre l’antisĂ©mitisme sous toutes ses formes ». Face Ă  la multiplication des actes antisĂ©mites depuis le massacre perpĂ©trĂ© le 7 octobre par le Hamas en IsraĂ«l, et la violente riposte Ă  Gaza, l’association s’est lancĂ©e dans une bataille juridique de grande ampleur.

    L’OJE, composĂ©e de 55 avocats bĂ©nĂ©voles, combat l’antisĂ©mitisme « au quotidien, dans les commissariats, dans les tribunaux, devant les cours d’assises, devant les instances europĂ©ennes », comme le dĂ©taille sa prĂ©sidente, l’avocate Muriel Ouaknine-Melki dans une vidĂ©o de prĂ©sentation visible sur son site Internet. L’OJE – qui n’a pas rĂ©pondu Ă  nos sollicitations – indique qu’elle lutte Ă©galement contre « l’antisionisme », contre le « BDS », les mouvements de boycott Ă©conomique contre IsraĂ«l, et propose des formations d’autodĂ©fense pour « rĂ©sister Ă  une agression ».

    Ainsi, le tribunal correctionnel de Lille a condamnĂ© jeudi dernier Jean-Paul Delescaut Ă  un an de prison avec sursis pour « apologie du terrorisme », aprĂšs la publication, le 10 octobre, d’un tract indiquant qu’IsraĂ«l recevait « les rĂ©ponses (
) provoquĂ©es » par « les horreurs de l’occupation illĂ©gale ». Le responsable CGT a Ă©galement Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  verser 5 000 € Ă  l’OJE, constituĂ©e partie civile. Il a fait appel. Le lendemain, on apprenait la convocation pour « apologie du terrorisme » de Rima Hassan, militante pro-palestinienne dont de nombreuses dĂ©clarations ont suscitĂ© la polĂ©mique.

    « Bonne nouvelle, les plaintes que nous dĂ©posons depuis le 9 octobre sont instruites et donnent souvent lieu Ă  des condamnations », s’est fĂ©licitĂ©e l’OJE dans un message sur X, en rĂ©action Ă  la convocation de la candidate insoumise aux Ă©lections europĂ©ennes. Mardi, c’est la prĂ©sidente du groupe LFI Ă  l’AssemblĂ©e, Mathilde Panot, qui dĂ©voilait sa convocation pour le mĂȘme motif.

    Une association « militante »

    Outre ces personnalitĂ©s publiques, l’OJE est Ă©galement impliquĂ©e dans des poursuites Ă  l’encontre d’anonymes. « Ils dĂ©posent de nombreuses plaintes et se constituent partie civile dans de nombreux dossiers », observe Elsa Marcel, avocate qui a dĂ©fendu Mohamed Makni, un Ă©lu municipal d’Échirolles, prĂšs de Grenoble, lui aussi accusĂ© d’« apologie du terrorisme » aprĂšs un post sur les rĂ©seaux sociaux, et condamnĂ© en premiĂšre instance Ă  quatre mois de prison avec sursis.

    « Depuis le 7 octobre, la quantitĂ© de personnes ciblĂ©es est hallucinante, et cela se concentre particuliĂšrement contre la gauche syndicale et politique », dĂ©nonce l’avocate, par ailleurs militante du collectif d’extrĂȘme gauche RĂ©volution permanente, qui considĂšre que « l’OJE exerce une pression politique trĂšs importante sur le dĂ©bat public français ». Selon elle, l’association « exprime un soutien et un relais trĂšs clair de la politique menĂ©e actuellement par le gouvernement d’IsraĂ«l ».

    « Il y a une explosion de l’antisĂ©mitisme depuis le 7 octobre, c’est normal que l’OJE fasse son boulot. Ce qui dĂ©range, c’est qu’ils sont les tenants d’un sionisme militant », constate un avocat spĂ©cialiste de la lutte contre les discriminations. « Ils se sont imposĂ©s comme un interlocuteur sur l’antisĂ©mitisme, mais les associations antiracistes les regardent d’un Ɠil mĂ©fiant », ajoute-t-il. « L’antisionisme est un antisĂ©mitisme », martĂšle ainsi l’avocat Oudy Bloch, premier vice-prĂ©sident de l’OJE, dans la vidĂ©o de prĂ©sentation de l’association.
    De nombreuses condamnations

    « C’est un groupe d’avocats juifs français, pro-israĂ©liens au sens large du terme, qui, comme moi, ne supportent pas le climat de haine en France. Ils ne sont pas progouvernementaux », estime pour sa part l’avocat et essayiste franco-israĂ©lien Gilles-William Goldnadel. L’essayiste conservateur, militant pro-israĂ©lien et prĂ©sident de l’association Avocats sans frontiĂšres, qui multiplie Ă©galement les plaintes, se rĂ©jouit que l’on « demande des comptes Ă  ceux qui ont cru devoir justifier l’action du Hamas ». Au Crif, dont l’OJE ne fait pas partie, on soutient son action juridique, comme le montre le message de son prĂ©sident Yonathan Arfi se fĂ©licitant des diffĂ©rentes condamnations obtenues par l’association.
    À lire aussiAntisĂ©mitisme, racisme : comment lutter contre la propagation de propos haineux ?

    Toutes les procĂ©dures n’aboutissent pas Ă  des condamnations. Les plaintes dĂ©posĂ©es par l’Organisation juive europĂ©enne et Avocats sans frontiĂšres contre l’humoriste de France Inter Guillaume Meurice, accusĂ© d’antisĂ©mitisme aprĂšs une plaisanterie polĂ©mique visant Benyamin Netanyahou, ont Ă©tĂ© classĂ©es sans suite, lundi, par le parquet de Nanterre.

    #OJE

  • Marc Botenga sur X : « Le massacre des Palestiniens serait impossible sans le soutien des pays europĂ©ens. Mais mĂȘme maintenant qu’on dĂ©couvre un #charnier aprĂšs l’autre, image de tout #gĂ©nocide, il n’y a toujours aucune sanction contre IsraĂ«l. MĂȘme pas d’embargo militaire. Impardonnable #complicitĂ©. » / X

    ▻https://twitter.com/BotengaM/status/1782827279598465235

    ▻https://video.twimg.com/ext_tw_video/1782826942745481216/pu/vid/avc1/720x720/HSX6VY5Muq75Gsi4.mp4?tag=12

  • La France est-elle sur le point de basculer vers la dictature ?
    ▻https://www.frustrationmagazine.fr/regime-autoritaire-ou-democratie

    Ce sont des remarques que l’on entend rĂ©guliĂšrement, Ă  un rythme qui s’accĂ©lĂšre : “ça commence vraiment Ă  puer” “on est vraiment en train de basculer vers autre chose” “en marche vers le fascisme !”. Il y a de quoi exprimer ce genre de point de vue, en effet : convocation par la police de [
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  • voit bien que les bourges sont en pleine panique morale et n’ont plus que ce mot-lĂ  Ă  la bouche, le respect le respect le respect — et vas-y que je te vous essaye de l’imposer Ă  grand renfort de Lois ubuesques et dystopiques, de surveillances orwelliennes, de couvre-feu et de coups de matraques assĂ©nĂ©s par des milices du Capital dĂ©chaĂźnĂ©es aux allures de malabars mais aux quotients intellectuels de ChamallowsÂź.

    C’est rigolo parce que visiblement il n’est venu Ă  l’idĂ©e de personne que si l’on voulait qu’un systĂšme soit « respectĂ© » la premiĂšre chose Ă  faire Ă©tait surtout de veiller Ă  ce qu’il soit respectable, et que dĂ©clarer unilatĂ©ralement qu’il l’est ne suffit pas Ă  l’y rendre.

    Sauf sur le prĂ©sent flux SeenThis, bien sĂ»r, mais ici tout est diffĂ©rent depuis l’avĂšnement de la Dictatature du punkĂ chiennariat.

  • Essayez la dictature ? Interdictions de meetings, rĂ©pression, censure, dissolutions...
    ▻https://ricochets.cc/Essayez-la-dictature-Interdictions-de-meetings-repression-censure-dissolut

    Cette semaine, de nouveaux records d’autoritarisme et de censure de la part du pouvoir et de ses alliĂ©s : confĂ©rences pro-palestiniennes interdites et interdiction de la marche contre le racisme Ă  Paris. Les mĂ©thodes de dictature et les inversions de rĂ©alitĂ© Ă  la sauce « orwĂ©lienne » (1984) se multiplient, en toute lĂ©galitĂ©. DĂ©noncer et se dĂ©fendre ne suffira pas, comment passer collectivement Ă  l’attaque ? 🚹DICTATURE : APRÈS LES CONFÉRENCES PRO-PALESTINIENNES, L’INTERDICTION DE LA (...) #Les_Articles

    / #ProcÚs,_justice,_répression_policiÚre_ou_judiciaire, Autoritarisme, régime policier, démocrature...

    #Autoritarisme,_régime_policier,_démocrature...

  • Comme toujours, Allan BARTE a fort bien rĂ©sumĂ© le discours pĂ©tainiste de Gabriel Attal



    ▻https://www.francetvinfo.fr/societe/education/education-les-annonces-de-gabriel-attal-jugees-inutiles-voire-catastrop

    Éducation : les annonces de Gabriel Attal jugĂ©es inutiles voire « catastrophiques » par des avocats et des magistrats

    Le plan d’action prĂ©sentĂ© jeudi par Premier ministre pour lutter contre les violences impliquant des mineurs est « parfaitement populiste », affirme une avocate en Seine-Saint-Denis.

    Chez Meriem Ghenim, avocate au barreau de Seine-Saint-Denis, la surprise a laissĂ© place Ă  beaucoup de colĂšre : « Ces annonces sont parfaitement populistes. En l’état actuel des textes, rappelle-t-elle, les mineurs sont dĂ©jĂ  sanctionnĂ©s et peuvent prendre des sanctions extrĂȘmement lourdes allant jusqu’à la prison . »...

  • Nous avons besoin d’une renaissance de l’analyse marxiste des classes sociales | David W. Livingstone
    ▻https://www.contretemps.eu/renaissance-analyse-marxiste-classes-sociales

    Sans donnĂ©es d’enquĂȘte solides, les discussions sur les classes et la conscience de classe ne sont souvent que des suppositions. Les Ă©tudes marxistes empiriques de la structure et de la conscience de classe sont inestimables pour une Ă©laborer une robuste orientation politique socialiste : nous avons besoin de davantage d’enquĂȘtes.

    La contribution la plus importante de Karl Marx Ă  l’analyse moderne des classes sociales a Ă©tĂ© de documenter la maniĂšre dont les propriĂ©taires capitalistes extraient continuellement du travail non rĂ©munĂ©rĂ© des travailleurs.ses salariĂ©.es dans le cadre du processus de production, ce qui constitue la principale source de leurs profits.

    AprĂšs sa mort, de nombreux analystes ont nĂ©gligĂ© l’importance qu’il accordait Ă  cette « antre secrĂšte » de la production dans le processus de travail capitaliste, se concentrant plutĂŽt sur la distribution inĂ©quitable des marchandises. Plus tard, des intellectuels marxistes et d’autres ont analysĂ© avec perspicacitĂ© d’autres effets gĂ©nĂ©raux dĂ©vastateurs du dĂ©veloppement capitaliste. Mais l’accent mis sur le processus du travail a Ă©tĂ© ressuscitĂ© dans le sillage des manifestations d’étudiant.es et des travailleurs.ses des annĂ©es 1960, notamment par l’ouvrage de Harry Braverman (1920-1976) intitulĂ© Travail et capitalisme monopoliste, publiĂ© en 1974. Une sĂ©rie d’études ont suivi pour identifier la structure de classe des sociĂ©tĂ©s capitalistes avancĂ©es sur la base des relations de travail rĂ©munĂ©rĂ© entre les propriĂ©taires et les employĂ©s embauchĂ©s.

    L’intĂ©rĂȘt initial de Marx pour l’identification des conditions dans lesquelles les travailleurs.ses salariĂ©.es dĂ©velopperaient une conscience de classe s’opposant au capitalisme a connu un parcours similaire : de nombreuses affirmations sur la nĂ©cessitĂ© d’une conscience de classe, mais peu d’enquĂȘtes empiriques sur son existence – jusqu’à ce que les protestations des annĂ©es 1960 dĂ©clenchent une sĂ©rie d’études, telles que Consciousness and Action Among the Western Working Class, (Conscience et action parmi la classe ouvriĂšre occidentale ) de Michael Mann (1942 -). Ces Ă©tudes spĂ©cifiques sur la structure et la conscience de classe ont eu lieu alors que les organisations syndicales atteignaient des niveaux d’adhĂ©sion historiques et que la part de la main-d’Ɠuvre menaçait les marges bĂ©nĂ©ficiaires normales dans de nombreuses Ă©conomies capitalistes. Ces dĂ©veloppements ont conduit la contre-attaque nĂ©olibĂ©rale du capital.

    Cette offensive capitaliste s’est dĂ©roulĂ©e Ă  des moments diffĂ©rents et avec des degrĂ©s de coordination variables dans les pays capitalistes avancĂ©s. Cependant, dĂšs les annĂ©es 1990, ses effets sont devenus Ă©vidents, se manifestant par des rĂ©ductions importantes de l’impĂŽt sur les sociĂ©tĂ©s, la dĂ©rĂ©glementation des entreprises, des rĂ©ductions dans le financement de l’éducation, de la santĂ© et de la protection sociale, la privatisation des services publics, et des efforts soutenus pour affaiblir et dĂ©manteler les syndicats. Cette attaque a eu pour consĂ©quence une diminution de l’intĂ©rĂȘt et du financement de la recherche sur les Ă©tudes marxistes des rapports de classe, coĂŻncidant avec l’attention croissante portĂ©e Ă  la diversitĂ© raciale et sexuelle de la main-d’Ɠuvre. Depuis le dĂ©but des annĂ©es 1980, lorsque Erik Olin Wright (1947 – 2019) a coordonnĂ© des enquĂȘtes nationales dans plusieurs pays capitalistes avancĂ©s, il n’y a pratiquement plus eu d’études marxistes empiriques majeures sur la structure des classes et la conscience de classe dans le Nord global.

    Point de bascule

    Nous vivons probablement l’époque la plus dangereuse pour l’espĂšce humaine depuis ses origines. Les nombreux incendies de forĂȘt qui ont dĂ©truit de vastes Ă©tendues de terre dans de nombreux pays durant l’étĂ© 2023 sont un signe parmi d’autres que nous ne sommes plus qu’à quelques annĂ©es d’une dĂ©gradation irrĂ©versible de l’environnement. Les preuves scientifiques sont dĂ©sormais irrĂ©futables : ces conditions exigent une action humaine immĂ©diate. La guerre en Ukraine et la guerre d’IsraĂ«l contre Gaza nous rappellent que nous pourrions Ă  nouveau ĂȘtre confrontĂ©s Ă  la perspective d’un hiver nuclĂ©aire.

    Nous assistons Ă  des pics historiques d’inĂ©galitĂ© des richesses et Ă  des baisses historiques de la confiance du public dans la capacitĂ© des gouvernements Ă©lus Ă  remĂ©dier aux inĂ©galitĂ©s. La COP28 – la confĂ©rence des Nations unies sur le changement climatique de 2023 – s’est achevĂ©e sans qu’aucun mĂ©canisme rĂ©el n’ait Ă©tĂ© mis en place pour garantir une action environnementale, tandis que les entreprises de combustibles fossiles dĂ©clarent des bĂ©nĂ©fices et des plans de production records avec une opposition publique minimale de la part des Ă©lu.es. Ces derniĂšres annĂ©es ont Ă©tĂ© marquĂ©es par les plus grandes manifestations sociales de l’histoire sur les questions d’environnement et de justice sociale. Aujourd’hui plus que jamais, l’identification des forces de classe et la mobilisation des travailleurs.ses sont essentielles dans la lutte pour un avenir durable.

    Les annĂ©es 1980 ont vu fleurir d’importantes Ă©tudes sur la maniĂšre dont les rapports de classe imprĂšgnent les tĂąches mĂ©nagĂšres et le travail communautaire non rĂ©munĂ©rĂ©, et interagissent avec les rapports entre les hommes et les femmes et les relations raciales. Mais les recherches rĂ©centes axĂ©es sur la structure des classes professionnelles et la conscience de classe ont Ă©tĂ© trĂšs rares. Il existe toutefois une exception significative. Wallace Clement et John Myles, de l’universitĂ© de Carleton, ont menĂ© l’enquĂȘte sur la structure des classes au Canada en 1982, contribuant ainsi Ă  la sĂ©rie internationale d’enquĂȘtes sur les classes et la conscience de classe menĂ©e par Erik O. Wright.

    À partir de 1998, j’ai pu mener une sĂ©rie d’enquĂȘtes similaires grĂące aux rĂ©seaux de recherche gĂ©nĂ©rale que je dirigeais. Ces enquĂȘtes ont eu lieu en 1998, 2004, 2010 et 2016. Elles permettent de mieux comprendre les relations de travail en faisant la distinction entre les employeurs, les cadres et les travailleurs non-cadres, ainsi que d’examiner les niveaux et les formes de conscience de classe. Les rĂ©sultats sont documentĂ©s dans mon rĂ©cent ouvrage, Tipping Point for Advanced Capitalism : Class, Class Consciousness and Activism in the Knowledge Economy (Point de bascule pour le capitalisme avancĂ© : classe, conscience de classe et activisme dans l’économie de la connaissance). Certaines des conclusions les plus importantes sont mises en Ă©vidence dans cet article.

    Structure et conscience de classe

    La figure suivante rĂ©sume la rĂ©partition des classes au Canada en 2016. Les sociĂ©tĂ©s capitalistes et les grands employeurs sont restĂ©s trĂšs peu nombreux. Une tendance notable depuis le dĂ©but des annĂ©es 1980 est le dĂ©clin des travailleurs industriels. Toutefois, le nombre d’employĂ©s professionnels non-cadres a considĂ©rablement augmentĂ©, de mĂȘme que le nombre de cadres moyens, qui contrĂŽlent le travail de connaissance de plus en plus important des employĂ©s non-cadres. Les cadres ont connu une dĂ©tĂ©rioration de leurs conditions de travail et un sous-emploi, tout en devenant la partie la plus organisĂ©e de la main-d’Ɠuvre. Ces tendances basĂ©es sur le processus de travail sont confirmĂ©es au niveau international par les donnĂ©es sur les classes d’emploi de la base de donnĂ©es sur l’économie politique comparĂ©e.

    La conscience de classe Ă©merge Ă  trois niveaux critiques : l’identitĂ© de classe, la conscience oppositionnelle et les visions de l’avenir basĂ©es sur la classe. Ces niveaux correspondent Ă  des questions-clĂ©s : Vous identifiez-vous Ă  une classe spĂ©cifique ? Avez-vous des intĂ©rĂȘts de classe opposĂ©s Ă  ceux d’une autre classe ? Avez-vous une vision de la sociĂ©tĂ© future qui s’aligne sur les intĂ©rĂȘts de votre classe ?

    Actuellement, les personnes engagĂ©es Ă  gauche croient souvent que nombre de travailleurs s’identifient de maniĂšre erronĂ©e Ă  la classe moyenne, qu’ils possĂšdent une conscience oppositionnelle confuse qui a Ă©tĂ© affaiblie par l’idĂ©ologie bourgeoise dominante et qu’ils sont incapables de concevoir une vĂ©ritable alternative au capitalisme. Cela est loin d’ĂȘtre vrai. L’analyse comparative des enquĂȘtes d’Erik Olin Wright des annĂ©es 1980 et des enquĂȘtes canadiennes plus rĂ©centes a rĂ©vĂ©lĂ© ce qui suit :

    –Si de nombreuses personnes s’identifient avec prĂ©cision comme appartenant Ă  la « classe moyenne » – par opposition Ă  ceux qui sont manifestement riches ou dĂ©munis – cette auto-identification n’empĂȘche pas un nombre important de personnes (les mĂ©tallurgistes, par exemple) de dĂ©velopper une conscience de classe progressiste et oppositionnelle.

    –Les personnes ayant une conscience progressiste d’opposition pro-travail (soutenant le droit de grùve et s’opposant à la maximisation du profit) sont nettement plus nombreuses que celles ayant une conscience de classe pro-capital (s’opposant au droit de grùve et soutenant la maximisation du profit), et le nombre de partisans pro-travail semble augmenter.

    –Un nombre important et croissant de personnes expriment leur soutien aux visions d’une future dĂ©mocratie Ă©conomique caractĂ©risĂ©e par des motifs non lucratifs et l’autogestion des travailleurs.

    –Les personnes ayant une conscience ouvriĂšre rĂ©volutionnaire, qui combine une conscience oppositionnelle pro-ouvriĂšre et un soutien Ă  la dĂ©mocratie Ă©conomique, constituent un groupe restreint mais croissant. Ce groupe est beaucoup plus important que les travailleurs dont les points de vue dĂ©fendent clairement les conditions capitalistes existantes.

    –Les non-cadres organisĂ©s, tels que les infirmiĂšres ou les enseignants, comptent parmi les militants les plus progressistes des rĂ©seaux actuels du mouvement syndical et social, rĂ©sistant activement aux empiĂštements sur les droits Ă©conomiques, sociaux et environnementaux.

    Un militantisme de classe

    Dans les pays capitalistes avancĂ©s, de nombreux travailleurs non-cadres expriment un mĂ©lange pragmatique d’espoirs et de craintes. Mais peu de travailleurs dĂ©fendent un capitalisme obsĂ©dĂ© par le profit qui donne la prioritĂ© Ă  l’autoritĂ© managĂ©riale, alors que beaucoup prĂ©fĂšrent nettement une transformation vers une Ă©conomie durable, sans but lucratif et gĂ©rĂ©e par les travailleurs. Parmi ceux qui ont une conscience de classe progressiste, il y a un soutien presque unanime Ă  l’action contre le rĂ©chauffement climatique et Ă  la rĂ©duction de la pauvretĂ©.

    C’est parmi les travailleurs non-cadres appartenant Ă  des minoritĂ©s visibles que le soutien est le plus fort. Le nombre croissant de travailleurs ayant une conscience rĂ©volutionnaire bien dĂ©veloppĂ©e Ă©tait encore faible en 2016 (moins de 10 %). Mais l’histoire a dĂ©montrĂ© que de petits groupes organisĂ©s peuvent provoquer des changements transformateurs lorsqu’ils rĂ©pondent Ă  de vĂ©ritables prĂ©occupations dĂ©mocratiques.

    Ces rĂ©centes enquĂȘtes canadiennes sur les classes sociales suggĂšrent que les travailleurs non-cadres possĂšdent une conscience de classe progressiste latente bien plus importante que ne le supposent souvent les intellectuels de gauche. La conscience de l’exploitation sur les lieux de travail, ainsi que les sentiments plus larges de discrimination raciale et sexuelle, animent de fortes protestations sociales, bien qu’encore occasionnelles. Les travailleurs conscients de leur appartenance de classe sont les principaux militants de la plupart des mouvements sociaux progressistes.

    Regarder vers l’avenir

    À la suite de l’augmentation des votes et des manifestations en faveur des partis de droite au cours des derniĂšres annĂ©es, de nombreux experts ont spĂ©culĂ© sur la possibilitĂ© que de petits groupes non reprĂ©sentatifs accĂšdent au pouvoir politique de maniĂšre non dĂ©mocratique. Les enquĂȘtes canadiennes confirment que la majoritĂ© de ces petits groupes de capitalistes, des grands employeurs et des cadres supĂ©rieurs sont clairement enclins Ă  soutenir les orientations politiques et les partis de droite. Cependant, le poids de cette enquĂȘte, ainsi que quelques autres enquĂȘtes rĂ©centes – sensibles aux classes objectives dĂ©finies par les rapports de travail rĂ©munĂ©rĂ© dans les pays capitalistes avancĂ©s – indiquent que les employĂ©s sont, dans l’ensemble, fortement favorables Ă  des politiques sociales progressistes et Ă  des partis politiques orientĂ©s Ă  gauche.

    Les travailleurs syndiquĂ©s de l’industrie et des services ont gĂ©nĂ©ralement maintenu une position politique progressiste. Toutefois, dans les pays oĂč les mouvements syndicaux sont plus faibles, mĂȘme certains travailleurs non-cadres bien Ă©tablis – distincts des travailleurs des minoritĂ©s visibles confrontĂ©s Ă  la discrimination et Ă  l’exploitation – se sont trouvĂ©s de plus en plus attirĂ©s par les mouvements anti-immigration et anti-diversitĂ© en raison de la prĂ©caritĂ© matĂ©rielle croissante.

    Les idĂ©ologues rĂ©actionnaires et les partis de la droite radicale ont souvent utilisĂ© les insĂ©curitĂ©s matĂ©rielles et psychiques chroniques pour faire appel Ă  une plus grande gloire nationaliste et attiser les peurs racistes et les actions coercitives, en particulier parmi les classes relativement aisĂ©es et les groupes ethniques inquiets de perdre leurs privilĂšges. C’est aussi vrai pour l’insurrection du 6 janvier aux États-Unis que pour la montĂ©e du nazisme dans l’Allemagne de Weimar. Des preuves empiriques limitĂ©es provenant d’une rare enquĂȘte d’opinion dans l’Allemagne de Weimar suggĂšrent qu’une majoritĂ© d’employĂ©s et de travailleurs qualifiĂ©s ont continuĂ© Ă  soutenir les opinions politiques de gauche et Ă  rejeter les sentiments autoritaires. Mais seule une petite minoritĂ© de partisans des partis de gauche s’est montrĂ©e suffisamment attachĂ©e aux droits dĂ©mocratiques pour rĂ©sister au nazisme.

    La diffĂ©rence la plus significative aujourd’hui est que dans la plupart des pays capitalistes avancĂ©s, la majoritĂ© des travailleurs non-cadres, en particulier ceux qui ont une forte conscience de classe, protĂšgent davantage les droits dĂ©mocratiques fondamentaux qu’ils ont durement acquis. Ils sont mieux prĂ©parĂ©s Ă  les dĂ©fendre lorsqu’ils sont sĂ©rieusement remis en question – comme le seront les travailleurs.ses aux États-Unis si Donald Trump gagne en novembre et que les plans du Projet 2025 deviennent opĂ©rationnels.

    Les limites des enquĂȘtes sur des Ă©chantillons de population pour prĂ©dire le comportement rĂ©el sont bien connues. Mais les enquĂȘtes fondĂ©es sur les classes sociales, comme celles menĂ©es au Canada, permettent de suivre avec une grande prĂ©cision l’évolution de la structure des classes et les liens avec les sentiments des classes sociales sur les questions politiques. Depuis la derniĂšre enquĂȘte en 2016, des Ă©vĂ©nements importants se sont produits, notamment la pandĂ©mie, l’aggravation des inĂ©galitĂ©s Ă©conomiques et des revendications raciales, la multiplication des Ă©vĂ©nements liĂ©s au rĂ©chauffement climatique et les guerres qui touchent plus directement les pays capitalistes avancĂ©s.

    Une enquĂȘte partielle rĂ©alisĂ©e en 2020 au Canada, avant la pandĂ©mie, a rĂ©vĂ©lĂ© un soutien croissant Ă  la transformation vers une dĂ©mocratie Ă©conomique durable. Il est urgent de rĂ©aliser des enquĂȘtes complĂštes sur les classes et la conscience de classe dans tous les pays capitalistes avancĂ©s. Ces enquĂȘtes sont cruciales pour aider les forces progressistes Ă  mobiliser les sentiments anticapitalistes qui semblent ĂȘtre plus rĂ©pandus et plus intenses qu’en 2016. Les questions de l’enquĂȘte du rĂ©seau Wright des annĂ©es 1980 et des enquĂȘtes canadiennes ultĂ©rieures sont dĂ©sormais accessibles au public.

    L’accĂšs quasi-universel aux mĂ©dias sociaux, la disponibilitĂ© de nombreux chercheurs qualifiĂ©s, ainsi que l’essor des mouvements sociaux axĂ©s sur des questions prĂ©cises, qui ont besoin d’une telle intelligence de terrain, rendent les enquĂȘtes reprĂ©sentatives des classes actuelles et de leur conscience politique plus pratiques que jamais. Les chercheurs pourraient facilement entreprendre une nouvelle enquĂȘte suĂ©doise pour la comparer aux enquĂȘtes Wright menĂ©es au dĂ©but des annĂ©es 1980, qui ont montrĂ© un fort soutien des travailleurs au plan Meidner, qui reprĂ©sentait une menace significative pour la propriĂ©tĂ© capitaliste de l’économie. De mĂȘme, une enquĂȘte Ă©tatsunienne pourrait apporter des informations prĂ©cieuses en comparant les rĂ©sultats actuels avec ceux de l’enquĂȘte de 1980, d’autant plus que le mouvement syndical semble plus actif aujourd’hui qu’à l’époque. De telles enquĂȘtes pourraient contribuer de maniĂšre significative aux efforts de mobilisation stratĂ©gique.

    Les enquĂȘtes fondĂ©es sur le processus de travail sont aujourd’hui beaucoup plus faciles et rapides Ă  rĂ©aliser que lorsque Marx a tentĂ© d’en rĂ©aliser une auprĂšs des travailleurs français en 1880.

    Les rĂ©centes enquĂȘtes expĂ©rimentales menĂ©es aux États-Unis par la revue Jacobin sont prometteuses, car elles mettent en Ă©vidence des liens significatifs entre les politiques Ă©conomiques progressistes, les candidats aux Ă©lections et certaines des divisions et identitĂ©s de classe de Wright. Les chercheurs devraient poursuivre ces Ă©tudes et les relier plus Ă©troitement aux structures de classe marxistes et Ă  la conscience de classe. Ne pas saisir ces opportunitĂ©s actuelles pour que les analyses marxistes de classe soutiennent l’action politique progressiste, alors que nous approchons du point de bascule entre le nĂ©ant capitaliste et une alternative durable, serait une profonde erreur.

    *

    Publié initialement par Jacobin. Traduction par Christian Dubucq pour Contretemps.

    D. W. Livingstone est professeur Ă©mĂ©rite Ă  l’UniversitĂ© de Toronto et auteur de Tipping Point for Advanced Capitalism : Class, Class Consciousness and Activism in the Knowledge Economy. (Point de bascule du capitalisme avancĂ©, classe, conscience de classe et militantisme dans l’économie de la connaissance)

    #capitalisme, #classes-sociales, #conscience-de-classe, #exploitation, #marxisme, #sociologie, #travailleurs

  • Chronique de la #gauche_bourgeoise (dite de gouvernement)

    Raphaël Glucksmann, nouvel enfant prodige de la bourgeoisie de gauche
    ▻https://lvsl.fr/raphael-glucksmann-nouvel-enfant-prodige-de-la-bourgeoisie-de-gauche

    Comme il y a cinq ans, une petite musique se fait entendre dans le paysage audiovisuel français : un homme providentiel incarnerait le changement tant attendu. Ce champion du progrĂšs, de la libertĂ©, du droit des peuples, de l’environnement, en bref de l’Europe se nomme RaphaĂ«l Glucksmann. Nous voilĂ  sauvĂ©s, soupirent les Français – du moins, une partie d’entre eux. Une partie d’ailleurs plutĂŽt aisĂ©e, inquiĂšte des populismes, déçue du macronisme. Des rĂ©dactions parisiennes aux amphithĂ©Ăątres de sciences politiques, on plĂ©biscite la candidature Glucksmann. D’oĂč vient donc ce nouveau hĂ©raut du centre-gauche, qui a dĂ©sormais « la cote dans les milieux d’affaires » selon le quotidien pro-business l’Opinion ?

  • A 88 ans l"acteur et chef de thĂ©Ăątre Dieter Hallervorden se prononce dans un poĂšme pour un armistice Ă  Gaza et contre le soutien de l’apartheid en IsraĂ«l par l’Allemagne
    ▻https://www.youtube.com/watch?v=PDrKz_cFk6s

    Le problĂšme dans cette histoire est le fait qu’il faut avoir et l’indĂ©pendance d’un millionaire qui possĂšde une Ăźle devant la cĂŽte bretonne et le statut de l’acteur le plus populaire d’Allemagne pour pouvoir se permettre d’exprimer l’opinion de la plupart des gens. Hallervorden se fait traiter de gĂąteux qui a de la merde dans la tĂȘte et d’antisemite par les dĂ©tenteurs de la vĂ©ritĂ© officielle. Quelqu’un d’une moindre notoriĂ©tĂ© verrait sa carriĂšre d’acteur terminĂ©e, alors gĂ©nĂ©ralement on n’entend des positions pacifistes et anti-sionistes que de la bouche des usual suspects qui n’ont plus rien Ă  perdre.

    Hallervorden veröffentlicht Gedicht zum Gaza-Krieg : Kritik an Israel und Deutschland
    ▻https://www.berliner-zeitung.de/news/kritik-an-deutschland-und-israel-hallervorden-veroeffentlicht-gedic

    16.4.2024 - Der Berliner Schauspieler Dieter Hallervorden hat zusammen mit Diether Dehm das Gedicht „Gaza Gaza“ geschrieben. Es thematisiert Waffenlieferungen an Israel und einen mutmaßlichen Völkermord.

    Der Kabarettist und Schauspieler Dieter Hallervorden hat ein Gedicht veröffentlicht, das den Gaza-Krieg thematisiert. In einem dreiminĂŒtigen Video, das der 88-JĂ€hrige am Dienstag auf Facebook postete, fordert er eine Feuerpause und eine Freilassung „aller Geiseln“. In den vorgetragenen Zeilen wird auch ein Zusammenhang mit Israels Politik, „Apartheid“ und einem mutmaßlichen Völkermord hergestellt.

    In dem Video sind unter anderem Propagandavideos der Hamas und Ausschnitte des katarischen Nachrichtensenders Al-Jazeera sowie der Deutschen Welle im Hintergrund zu sehen. Hallervorden spricht das Gedicht mit dem Titel „Gaza Gaza“, das er gemeinsam mit dem Liedermacher und ehemaligen Bundestagsabgeordneten der Linken, Diether Dehm, geschrieben hat. Der Lyrik schickt er eine unmissverstĂ€ndliche Botschaft voraus: „NatĂŒrlich verurteile auch ich den Terror von der Hamas“, betont er. Gleichzeitig regt er zu der Sichtweise an, dass in dem ganzen Grauen „trotz alledem gleichzeitig eine neue Friedenschance fĂŒr eine Zweistaatenlösung“ stecke.

    Er gehört zu den wichtigsten Köpfen des deutschen Films und Theaters. Dieter Hallervorden hat ein emotionales Gedicht zu Gaza veröffentlicht. Und es ist sehr hörenswert.

    „Und ich frag‘ mich da immer wieder: Und das soll kein Völkermord sein“ pic.twitter.com/YAjX04XcaJ
    — Tarek BaĂ© (@Tarek_Bae) April 16, 2024

    Hallervorden sagt, „Grausamkeiten haben zumeist Vorgeschichten und kein Mensch wird als Terrorist geboren“. Über einen Vater aus Gaza, dessen Kind getötet wurde, sagt Hallervorden: „Soll ich diesem Vater empfehlen, so cool wie ein Talkgast zu sein, sich bloß in keinem Wort zu verfehlen, das antisemitisch erscheint?“ Über die deutsche Politik sagt er: „Sie geloben Apartheid die Treue, von Ampel bis AfD. Sie liefern Granaten aufs Neue, bittend, zart damit umzugehen.“

    Die Nutzung des Begriffs der „Apartheid“ in Bezug auf den jĂŒdischen Staat Israel ist ideologisch heftig umkĂ€mpft. Hallervorden kritisiert auch Waffenlieferungen an Israel – und fragt: „Und das soll kein Völkermord sein?“ Zum Schluss des Videos lĂ€sst er symbolisch eine virtuelle Friedenstaube auf der BĂŒhne aufsteigen.

    Bereits vor einigen Wochen hatte der Schauspieler und Berliner Theaterleiter einen Beitrag auf Instagram geteilt, in dem er sich gegen den israelischen MinisterprĂ€sidenten Benjamin Netanjahu positionierte und die deutsche Regierung aufforderte, sich fĂŒr ein Ende des Krieges zwischen Israel und der Hamas einzusetzen.

    Am 7. Oktober hatte die im Gazastreifen herrschende Terrororganisation Hamas Israel ĂŒberfallen, mehr als 1200 Menschen massakriert und etwa 240 Menschen als Geiseln verschleppt. Daraufhin leitete Israel militĂ€rische Maßnahmen gegen die Hamas im Gazastreifen ein. Nach Angaben des von der Hamas gefĂŒhrten Gesundheitsministeriums stieg die Zahl der Toten in Gaza zuletzt auf rund 33.800. Die Angaben der Behörde lassen sich derzeit nicht unabhĂ€ngig ĂŒberprĂŒfen.

  • George Monbiot : « DerriĂšre chaque mouvement fasciste, il y a un milliardaire »
    ▻https://reporterre.net/George-Monbiot-Derriere-chaque-mouvement-fasciste-il-y-a-un-milliardaire

    Vous avez commencĂ© votre chronique dans le Guardian en 1995. Qu’est-il arrivĂ© Ă  l’Angleterre depuis cette date ?

    Une catastrophe. On avait un pays raisonnablement bien gĂ©rĂ© dans ses fonctions de base, et tout cela a Ă©tĂ© dĂ©truit. Nos riviĂšres sont pleines de merde parce que le systĂšme d’égout ne fonctionne plus, parce que pendant des annĂ©es, aucun investissement n’y a Ă©tĂ© fait, parce que les compagnies des eaux privĂ©es qui le gĂšrent n’ont fait qu’aspirer l’argent pour le mettre dans les poches de leurs actionnaires. Nos chemins de fer ne fonctionnent plus pour la mĂȘme raison. Nos Ă©coles s’effondrent littĂ©ralement parce que certaines ont Ă©tĂ© construites avec un bĂ©ton qui ne dure que trente ans. Nos hĂŽpitaux tombent en ruine. Le systĂšme s’effondre sous nos yeux et il n’y a pas de mystĂšre sur la cause de ceci : l’idĂ©ologie nĂ©olibĂ©rale a transformĂ© un systĂšme qui fonctionnait plus ou moins dans l’intĂ©rĂȘt de la population en un systĂšme qui fonctionne dans l’intĂ©rĂȘt des grandes sociĂ©tĂ©s.

  • Pourquoi devrais-je perdre mon emploi pour Ă©conomiser 3,6 tonnes de CO2
    ▻https://bonpote.com/pourquoi-devrais-je-perdre-mon-emploi-pour-economiser-36-tonnes-de-co2

    L’Institut de Kiel menace de licencier #Gianluca_Grimalda, un chercheur en climatologie qui travaille sur le terrain en Papouasie-Nouvelle-GuinĂ©e, parce qu’il a refusĂ© de prendre l’avion comme moyen de transport pour rentrer en Allemagne.

    • Point 1 - Donc en Allemagne, les chercheurs peuvent ĂȘtre licenciĂ©s ? Parce qu’en France, ça peut aller jusqu’ Ă  la torture mentale ou la mise au placard, mais le licenciement, impossible.
      A moins de porter des propos qui rĂ©sonnent avec l’actualitĂ© pendant une fenĂȘtre politique.

      Point 2 - Par contre, il parle de cargo, or ce débat sur les émissions de CO2 des avions a ses failles.
      L’avion c’est 7% des Ă©missions. Le transport maritime, c’est 20%. Le reste c’est la production d’électricitĂ© (25%), le numĂ©rique (7%) et l’agriculture (24%) (sachant que ça se recoupe Ă©lec. et num.).
      Si y’en a un qui devrait faire des efforts entre le bateau et l’avion, c’est bien le bateau.
      Je veux dire, l’avion fait des efforts depuis de nombreuses annĂ©es, les nouveaux rĂ©acteurs sont prodigieux. Et l’avion a une limite de structure et de poids. On n’est arrivĂ© Ă  un point oĂč l’on ne gagne plus que des miettes, voir Ă  devenir contre-productif (bio-kerozĂšne).
      Or les gros bateaux tournent à peine la page du fioul-lourd. Autant dire qu’ils sont à l’age de pierre. Les regards devraient se tourner vers eux.
      D’autant plus que le transport maritime est le reflet de nos excĂšs de consommation quotidienne, alors que les avions sont le reflets de nos consommation Ă©pisodiques.

      (je ne suis pas contre mettre la pression sur l’aviation, mais faudrait pas oublier les autres)

  • A la Biennale de Venise, le pavillon israĂ©lien sera fermĂ©
    par Sonya Faure
    publiĂ© le 16 avril 2024 Ă  15h42 – LibĂ©ration
    ▻https://www.liberation.fr/culture/arts/art-contemporain/a-la-biennale-de-venise-le-pavillon-israelien-sera-ferme-20240416_IS57ITE

    A la Biennale de Venise, le pavillon israĂ©lien n’ouvrira pas ses portes cette annĂ©e. En tout cas pas tant qu’un cessez-le-feu et qu’un accord pour libĂ©rer les otages ne seront pas actĂ©s. En raison de la guerre opposant le Hamas Ă  IsraĂ«l, une campagne mĂ©diatique pro-palestinienne avait tentĂ©, en vain, de faire annuler l’ouverture du pavillon qui accueille l’exposition de Ruth Patir. C’est finalement l’artiste israĂ©lienne elle-mĂȘme, soutenue par les deux curatrices du pavillon, qui a dĂ©cidĂ© ce geste fort de protestation mardi 16 avril.

    Toutes les trois, « nous sommes devenues l’actualitĂ© et non plus l’art, dĂ©plore Ruth Patir sur son compte Instagram. Je m’oppose fermement au boycott culturel, mais comme je pense qu’il n’y a pas de bonne rĂ©ponse et que je ne peux faire que ce que je peux avec l’espace dont je dispose, je prĂ©fĂšre joindre ma voix Ă  ceux qui lancent ce cri : Cessez-le-feu immĂ©diat, ramenez les otages, nous n’en pouvons plus ».

    A l’heure oĂč les journalistes vont commencer Ă  affluer au Giardini (la Biennale n’ouvrira au grand public que samedi), les portes du grand pavillon blanc resteront donc closes, comme l’a annoncĂ© le New York Times. Sur la large baie vitrĂ©e, une affiche annonce en anglais : « The artist and curators of the Israeli pavilion (...)

    #abonnés

    . Italian soldiers stand guard in front of Israel’s pavilion during the pre-opening of the Venice Biennale art fair [Gabriel Bouys/AFP]

  • Peines contre les parents, internats : Attal s’en prend encore aux jeunes de quartiers populaires
    ▻https://www.revolutionpermanente.fr/Peines-contre-les-parents-internats-Attal-s-en-prend-encore-aux


    Mais EDM, il n’a pas justement un gamin qui fait le con ? C’est ballot de se tirer ainsi une balle dans le pied. Ou alors, il faut lire en tout petit en bas : seulement pour les gens racisĂ©s ?

    PrĂ©textant vouloir « restaurer la parentalitĂ© », le texte de loi cible dans un premier temps les parents de mineurs ayant commis des infractions Ă  la loi. Éric Dupond-Moretti s’appuie notamment sur l’article 227-17 du Code pĂ©nal, qui punit les parents lorsqu’un mineur commet « plusieurs crimes ou dĂ©lits ». AprĂšs avoir exhortĂ© les parquets Ă  utiliser ce dispositif, le garde des Sceaux se fĂ©licitait le 9 avril d’une hausse de condamnation des parents. « Plus de 310 condamnations ont Ă©tĂ© prononcĂ©es en un an. Cela fait une augmentation de 40%, depuis le premier trimestre 2023 », a-t-il ainsi proclamĂ© Ă  l’AssemblĂ©e nationale. L’article en question prĂ©voit actuellement des peines allant jusqu’à deux ans de prison et 30 000€ d’amende, qui seraient alourdies par le projet de loi, allant jusqu’à « trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende ».

  • L’aventure de #Gianluca_Grimalda, ce chercheur virĂ© pour avoir refusĂ© de prendre l’avion
    ▻https://reporterre.net/L-aventure-de-Gianluca-Grimalda-ce-chercheur-vire-pour-avoir-refuse-de-p

    Le scientifique « rebelle » Gianluca Grimalda a Ă©tĂ© licenciĂ© de son institut allemand aprĂšs avoir refusĂ© de prendre l’avion pour rentrer d’une mission en Papouasie-Nouvelle-GuinĂ©e. RĂ©cit d’un pĂ©riple de 28 000 km.

    On en parlait :
    ▻https://seenthis.net/messages/1019530

    Et aussi :

    « J’ai vraiment eu 99,99 % d’interactions positives avec les personnes croisĂ©es. Je suis vraiment d’accord avec le journaliste George Monbiot quand il dit que nous sommes une sociĂ©tĂ© d’altruistes gouvernĂ©s par des psychopathes . »

  • Zionism Killed the Jewish-Muslim World -An interview with Ariella AĂŻsha Azoulay
    ▻https://jacobin.com/2024/04/zionism-palestinian-jews-imperialism-history


    Jews in the town of Buqei’a, Palestine, circa 1930. (Keren Kayemet Leyisrael via Wikimedia Commons)

    11.4.2024 interview by Linda Xheza - In an interview with Jacobin, filmmaker and academic Ariella Aïsha Azoulay traces how Western powers’ exploitation of Zionism led not just to the ethnic cleansing of Palestine but to the demise of Jewish communities across the Middle East.

    Born in Israel, Ariella AĂŻsha Azoulay, a filmmaker, curator, and academic, rejects the identity of Israeli. Before becoming an Israeli at age nineteen, her mother was simply a Palestinian Jew. For much of history, there was nothing unusual in this combination of words. In Palestine, a Jewish minority lived peacefully alongside the Muslim majority for centuries.

    This changed with the Zionist movement and the foundation of Israel. The ethnic cleansing of Jews from Europe would lead, thanks to European Zionists, not only to that of Muslims from Palestine but of Jews from the rest of the Middle East, with nearly a million fleeing as a result of the 1948 Arab-Israeli War, many to Israel.

    In an interview with Jacobin, Azoulay contextualizes Israel’s genocide in Gaza in the long history of European and US imperialism. Azoulay is a professor of comparative literature at Brown and the author of Potential History: Unlearning Imperialism (Verso, 2019).

    Linda Xheza

    You identify as a Palestinian Jew. Could you tell us more about this? To many people these words stand in opposition.

    Ariella AĂŻsha Azoulay

    That these terms are understood as mutually exclusive, or in opposition, as you suggest, is a symptom of two centuries of violence. In a lapse of a few generations, diverse Jews who lived all over the world have been deprived of their various attachments to land, languages, communities, occupations, and forms of sharing the world.

    The question that should preoccupy us is not how to make sense of the supposed impossibility of Palestinian-Jewish identity but rather the reverse: How it is that the fabricated identity known as Israeli became recognized by many across the globe after the creation of the state in 1948 as an ordinary one? Not only does this identity obscure the history and memory of diverse communities and forms of Jewish life, but it also obscures the history and memory of what Europe did to the Jews in Europe and in Africa and Asia in its colonial projects.

    Israel has a shared interest with those imperial powers to obscure the fact that “the state of Israel was not created for the salvation of the Jews; it was created for the salvation of the Western interests,” as James Baldwin wrote in 1979 in his “Open Letter to the Born Again.” In his letter, Baldwin lucidly compares the Euro-American colonial project for the Jews with the US project for blacks in Liberia: “The white Americans responsible for sending black slaves to Liberia (where they are still slaving for the Firestone Rubber Plantation) did not do this to set them free. They despised them, and they wanted to get rid of them.”

    Prior to the proclamation of the State of Israel and its immediate recognition by the imperial powers, Palestinian-Jewish identity was one of many that existed in Palestine. The term “Palestinian” was not yet connotated with racialized meaning. My maternal ancestors, who were expelled from Spain in the late fifteenth century, ended up in Palestine before the Euro-Zionist movement began its actions there and before the movement gradually began conflating assisting Jews in response to antisemitic attacks in Europe with the imposition of a European-modeled project of colonization for Jews to partake in — a project not only construed as one of Jewish liberation but predicated upon European crusade against Arabs. Decolonization requires recovering the plural identities that once existed in Palestine and other places in the Ottoman Empire, notably ones whereby Jews and Muslims coexisted.

    Linda Xheza

    In your most recent film, The World Like a Jewel in the Hand, you discuss the destruction of a shared Muslim-Jewish world. You foreground a call by Jews who, in the late 1940s, rejected the European Zionist campaign and urged their fellow Jews to resist the destruction of Palestine. Given the recent destruction of lives, infrastructure, and monuments in Gaza, do you think it is still possible for Jews and Muslims to reclaim their shared world?

    Ariella AĂŻsha Azoulay

    First, the historical part. Zionists have sought to forever erase this call by anti-Zionist Jews from our memories. These Jewish elders were part of a Jewish-Muslim world, and they didn’t want to depart from it. They warned against the danger Zionism posed to Jews like them across this world that existed between North Africa and the Middle East, including in Palestine.

    We must recall that until the end of World War II, Zionism was a marginal and unimportant movement among Jewish peoples around the world. Hence, until that time, our elders didn’t even have to oppose Zionism; they could simply ignore it. It was only after World War II, when the surviving Jews in Europe — who were mostly not Zionists prior to the war — had almost nowhere to go, that Euro-American imperial powers seized the opportunity to support the Zionist project. For them, it was a viable alternative to having Jews remain in Europe or migrate to the United States, and they used the international organs they created to accelerate its realization.

    In so doing, they propagated the lie that their actions constituted a Jewish liberation project, while, in actuality, this project perpetuated the eradication of diverse Jewish communities far beyond Europe. And even worse, Jewish liberation was leveraged as a license and reason to destroy Palestine. This could not have been pursued without a growing number of Jews becoming Europe’s mercenaries: Jews who had migrated to Palestine while fleeing from or after surviving genocide in Europe, the Palestinian Jews who predated the arrival of the Zionists, and those Jews who were lured to come to Palestine or left with no other choice but to depart from the Muslim-Jewish world since Israel was established, with a clear agenda, to be an anti-Muslim and anti-Arab state — all were encouraged by Europe and European Zionists to see Arabs and Muslims as their enemies.

    We should not forget that Muslims and Arabs were never the enemies of the Jews and, moreover, that many of these Jews living in the majority-Muslim world were themselves Arabs. It is only with the creation of the State of Israel that these two categories — Jews and Arabs — became mutually exclusive.

    The destruction of this Jewish-Muslim world following World War II enabled the invention of a Judeo-Christian tradition, which would become, from that moment on, a reality, since Jews no longer lived outside of the Christian Western world. The survival of a Jewish regime in Israel required more settlers, and thus Jews of the Muslim-Jewish world were forced to leave to become part of this ethnostate. Detached and deprived of their rich and diverse histories, they could be socialized to this role assigned to them by Europe — mercenaries of this settler-colonial regime to restore Western power in the Middle East.

    Understanding this historical context doesn’t reduce the Zionist perpetrators’ responsibility for the crimes they committed against Palestinians over the decades; rather, it reminds one of Europe’s role in the destruction and extermination of Jewish communities mainly, but not only, in Europe, and its role in handing over Palestine to the Zionists, the alleged representatives of the survivors of this genocide who formed a Western post for these same European actors in the Middle East.

    Paradoxically, the only place in the world where Jews and Arabs — most of whom are Muslims — share the same piece of land today is between the river and the sea. But since 1948, this place has been defined by genocidal violence. The urgent questions now are how to stop the genocide and how to halt the introduction of more arms to this area.

    In Eichmann in Jerusalem, Hannah Arendt describes the contradictory sentiments felt by Jewish survivors of the Holocaust during the years they spent in camps for displaced persons in Europe. On the one hand, she said, the last thing they could imagine was to live once again with the perpetrators; on the other hand, she said, the thing they wanted most was to return to their places. It should not surprise us that after this genocide in Gaza, Palestinians may not be able to imagine sharing a world with their perpetrators, the Israelis. However, is that a proof that this world, where Arabs and Zionist Jews found themselves together, should also be destroyed to rebuild Palestine out of the ashes? It is only under the Euro-American imperial political imagination that a tragedy on the scale of World War II and the Holocaust could have ended with such brutal solutions as partitions, population transfers, ethno-independence, and the destruction of worlds.

    We, on a global scale, have an obligation to claim what I’ve called the right not to be a perpetrator and exercise it in any possible way. Dockworkers who refuse to ship arms to Israel, students who commit themselves to hunger strikes to pressure their universities to divest, Jews who disrupt with their communities and families and reclaim their ancestral rights to be and speak as anti-Zionists, protesters who occupy state buildings and train stations and risk being arrested — they are all motivated by this right even if they do not articulate it in these terms. They understand the role their governments, and more broadly the regimes under which they are governed as citizens, play in the perpetuation of this genocide, and they understand, as the common slogan says, that it is done in their name.

    Linda Xheza

    Those calling for a cease-fire are also Jewish. But even Jewish voices are being silenced. In Germany, for example, the work of well-established Jewish artists has been canceled. Do you think there is an interest in reinforcing a dominant narrative that has been in place since 1948 by the West and the State of Israel while suppressing Jewish voices that oppose the violence perpetrated in their name?

    Ariella AĂŻsha Azoulay

    It is true that Jewish voices are being silenced, but this is hardly anything new. Jewish voices were silenced immediately after World War II, when the survivors were left with no choice but to stay for years in deracinated camps. During that time, properties looted from their communities, rather than being either restituted to the places in Europe from where they were spoiled, were split by the National Library in Jerusalem and the Library of Congress in Washington like trophies. And not only was the collective trauma of the survivors — and us, their descendants — not attended to, we were silenced through this lie of a liberation project premised on a Zionist narrative of liberation through the colonization of Palestine, which would in turn provide Euro-American powers with another colony to service their imperial interests.

    The exceptionalization of the suffering of the Jews was not a Jewish discursive project but a Western one, part of the exceptionalization of the genocidal violence of the Nazis. In the grand narrative of Western triumph over this ultimate force of evil, the State of Israel became an emblem of Western fortitude and marked the endurance of the Euro-American imperial project. Within this grand narrative, Jews were forced to transform from traumatized survivors into perpetrators. Jews from all over the world were sent to win a demographic battle, without which the Israeli regime could not last. The second and third generations born to this project were born with no histories or memories of their anti-Zionist or non-Zionist ancestors, let alone memories of the other worlds of which their ancestors were part. What’s more, they were totally dissociated from the history of what Palestine used to be and from its destruction. Thus, they were easy prey for a nation-state marketed by the Zionists and Euro-American powers as the culmination of Jewish liberation.

    The Nakba, in this sense, was not only a genocidal campaign against Palestinians but also, at the same time, one against Jews, upon whom Europe forced another “solution” after the final one. Without the massive imperial powers’ funding and arms, the mass killing in Gaza would have ceased after a short while, and the Israelis would have to ask themselves what they were doing, how they arrived to this point, and would be forced to reckon with October 7 and ask themselves why it happened and how to achieve a sustainable life for everyone between the river and the sea.

    Jewish voices in places like Germany or France continue to be the first to be silenced in order to maintain both the Zionist colony and the fabricated cohesiveness of one Jewish people who could be represented by forces that sustain the Euro-American project of white supremacy. No more. The genocidal nature of the Israeli regime is exposed and can no longer be hidden from anyone.

    Linda Xheza

    Do you think there is still a possibility of hope for the Palestinians, and for the rest of us who want to claim a world to share with others?

    Ariella AĂŻsha Azoulay

    If there is no hope for Palestinians, there is no hope for any of us. The battle of Palestine exceeds Palestine, and the many who protest all around the world know it.

    • Je suis preneur pour des prĂ©cisions sur les erreurs dans le texte.

      Cette histoire est un processus qu’on ne peut comprendre qu’en remontant jusqu’à la reconquista.

      cf. JUIFS D’AFRIQUE DU NORD ET EXPULSÉS D’ESPAGNE APRÈS 1492 on JSTOR
      ▻https://www.jstor.org/stable/23671572

      Je ne suis pas spĂ©cialiste de la question alors j’ai notĂ© l’article comme plein d’autres texte intĂ©ressants. D’ailleurs ce qui peut paraĂźtre comme situation insupportable aux uns peut bien se rapprocher d’un contexte justifiable ou idĂ©al aux autres. Dans la cas prĂ©sent on peut sans doute retenir qu’il y eu cohabitation entre juifs et musulmans en Afrique du nord et quelle Ă©tait souvent plus supportable pour les juifs que la situation en Europe oĂč on chassait les sorciĂšres et pendait les prĂȘteurs juifs quand on n’avait pas envie de les rembourser.

    • Je ne dis pas qu’il y a des erreurs dans ce texte -que j’avais Ă©galement retenu pour son intĂ©rĂȘt- mais qu’il Ă©lude la position minoritaire et dominĂ©e des Juifs dans les Ă©tats musulmans, et les humiliations et conflits subis, qui ne dĂ©coulent pas, compris indirectement des mĂ©faits, bien plus terribles en effet, des Ă©tats catholiques europĂ©ens (il y a dĂ©cidĂ©ment plusieurs maniĂšres d’ĂȘtre occidentalo-centrĂ©)

      Que tu conclues en renvoyant les Juifs d’Europe au maniement et Ă  la possessions de l’argent est Ă©loquent. (il serait temps de situer avec prĂ©cision_La question juive_ (1843) de Marx dans son parcours intellectuel et politique ; voir Rubel, BensaĂŻd).

      Les Juifs d’Europe ont dĂšs le VIeme siĂšcle interdiction de travailler la terre (chrĂ©tienne), tandis que les dhimmis juifs subissent celle, moins lourde, de monter Ă  cheval et se voient eux-aussi, Ă  l’occasion, imposer des vĂȘtements distinctifs, comme ce fut le cas, Ă  l’occasion lĂ -aussi, en Europe.
      L’interdiction de travailler la terre c’est l’interdiction d’assurer sa subsistance sans en passer par l’argent comme moyen d’échange, de vendre le fruit d’un autre travail qu’agricole.

      Minoritaire, les Juifs ne l’étaient pas assez pour ĂȘtre tous impliquĂ©s dans des activitĂ©s financiĂšre, bien loin de lĂ  ! On en trouve en Europe au fil des siĂšcles, des floppĂ©es, une grande majoritĂ©, dans des mĂ©tiers artisanaux et de petit commerce, sans lien avec « la finance », et bien souvent pauvres, voire trĂšs pauvres.

      La naissance d’une lĂ©gende : Juifs et finance dans l’imaginaire bordelais du XVIIe siĂšcle
      ▻https://laviedesidees.fr/Les-Juifs-du-Moyen-Age-une

      Les juifs dans le Paris du vĂȘtement et de la mode (avec une longue liste de mĂ©tiers pratiquĂ©s, y compris hors textile)
      ▻https://www.cairn.info/revue-archives-juives1-2006-2-page-4.htm

      #Juifs #Juifs-arabes

  • ▻https://lundi.am/Un-orage-pret-a-eclater-6131

    Romain HuĂ«t rĂ©pond ici au texte de l’historien Anton JĂ€ger L’échec des protestations de masse Ă  l’ùre de l’atomisation paru dans la revue Le Vent Se LĂšve.
    . Alors que certains dĂ©plorent l’absence de parti ou de syndicats consistants et y voient le rĂ©sultat de « l’atomisation » des maniĂšres d’ĂȘtre au monde, Romain HĂŒet pose, au contraire, que les derniĂšres luttes doivent nous forcer Ă  assumer un autre constat : nous sentons un dĂ©sir de retour plus massif au monde.

    Depuis quelques annĂ©es, le perfectionnement et la radicalisation des techniques rĂ©pressives montrent bien la crainte des pouvoirs. Ces derniers ne cessent de commander des enquĂȘtes sur l’acceptabilitĂ© sociale de leurs mesures. Ils s’inquiĂštent de la « radicalisation » et de toutes ces vies saturĂ©es d’énergies insatiables. Partout en Europe, ils renforcent les effectifs et les Ă©quipements de la police. Ils savent que ça dĂ©borde. Ça ne tient que par la force. Sur ce point, les rĂ©cents mouvements sociaux ont obligĂ© les pouvoirs Ă  une pure dĂ©pense physique de la force pour contenir ce qui les dĂ©passe. Les techniques rĂ©pressives s’attaquent Ă  au moins deux choses : aux corps et aux joies explosives des rĂ©voltes. Les institutions policiĂšres sont dĂ©sormais tenues de se mettre en spectacle. Par lĂ  mĂȘme, elles ne sont pas renversĂ©es, elles sont dĂ©potentialisĂ©es. Pendant ce temps-lĂ , les rĂ©actionnaires expriment sans relĂąche leur « panique morale ». C’est l’ultime geste de rĂ©sistance du vieillard sĂ©nile qui annule tout ce qui commence. Il ne comprend plus grand-chose des nouvelles attentes morales qui s’expriment un peu partout. Alors, il s’agite, braille, s’épuise jusqu’à retourner dans son sinistre chez lui, rongĂ© par la petite mort lente du cynisme. Il n’a su rĂ©sister au « devenir con » : celui qui annule les commencements.

    Revoir â–șhttps://seenthis.net/messages/1049118

  • Centrale de Zaporijjia : on s’approche « dangereusement d’un accident nuclĂ©aire » (chef AIEA)
    ▻https://www.connaissancedesenergies.org/afp/centrale-de-zaporijjia-sapproche-dangereusement-dun-acciden

    AFP parue le 15 avr. 2024 - 23h25

    « Nous nous approchons dangereusement d’un accident nuclĂ©aire » Ă  Zaporijjia, a alertĂ© lundi le patron de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), notant qu’il Ă©tait « impossible » de savoir qui Ă©tait responsable des rĂ©centes attaques contre la centrale nuclĂ©aire ukrainienne.

    Le site de Zaporijjia (ZNPP), occupĂ© depuis mars 2022 par la Russie dans le sud de l’Ukraine, a subi une sĂ©rie d’attaques de drones Ă  partir du 7 avril, Moscou et Kiev se rejetant mutuellement la responsabilitĂ©.

    (...)

    S’il Ă©tait possible d’accuser les Russes, sois certain que la dĂ©pĂȘche ne serait pas au conditionnel.

    Mais on préfÚre te faire croire que les russes ne maßtrisent pas leurs drones.

    Aussi, dans les faits, on te dit que pour rĂ©soudre le conflit en Ukraine, il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© cĂŽtĂ© occidental qu’il Ă©tait raisonnable de bombarder la centrale nuclĂ©aire cĂŽtĂ© russe du front.

    Tu noteras comme on nous prend pour des jambons. L’autre jour, on t’annonce que finalement, les ukrainiens ont les moyens d’entamer la construction sur leur territoire d’une centrale nuclĂ©aire de technologie amĂ©ricaine. On te dit dans le mĂȘme temps qu’absolument toutes leurs infrastructures Ă©lectriques sont bombardĂ©es. Mais apparemment, les centrales nuclĂ©aires situĂ©es du cĂŽtĂ© ukrainien du front sont Ă©pargnĂ©es... sinon, tu t’en doutes, cela aussi ferait la premiĂšre page des gazettes d’informations libres et non faussĂ©es.

    Donc oui, tout démontre que la centrale de Zaporijjia est attaquée par des drones ukrainiens.

    ▻https://seenthis.net/messages/1049701

  • Les gens intelligents seraient de gauche, c’est la science qui le dit | korii.
    ▻https://korii.slate.fr/et-caetera/gens-intelligents-gauche-quotient-intellectuel-genetique-liberalisme-aut

    Des travaux rĂ©alisĂ©s par des chercheurs en psychologie de l’universitĂ© du Minnesota affirment avoir trouvĂ© un lien de corrĂ©lation entre des convictions de gauche et plusieurs preuves d’intelligence supĂ©rieure.

    Ça ne vaut Ă©videmment pas pour les gauchistes de droite comme le dirigeant du PCF.

    #selon_une_étude_récente_et_importante

  • La fin de l’innocence, par FrĂ©dĂ©ric Lordon (Les blogs du Diplo, 15 avril 2024)
    ▻https://blog.mondediplo.net/la-fin-de-l-innocence

    [
] Que le poisson pourrisse par la tĂȘte, c’est mĂȘme deux fois vrai. Car on peut d’abord entendre la tĂȘte en un sens mĂ©taphorique : la tĂȘte, ce sont les dirigeants et plus gĂ©nĂ©ralement les dominants — et Ă  cet Ă©tage, en effet, la pourriture est dĂ©sormais partout. Mais on peut aussi l’entendre en un sens mĂ©tonymique : la tĂȘte : comment ça pense — dans l’évĂ©nement ; la tĂȘte : les opĂ©rations de pensĂ©e, et en l’occurrence plutĂŽt le dĂ©rĂšglement des opĂ©rations de pensĂ©e — en fait : l’effondrement des normes qui sont supposĂ©es les gouverner.

    Ici, l’effondrement des formes de l’argumentation n’est pas imputable Ă  la bĂȘtise pure (qui fait rarement une bonne hypothĂšse) : il est imputable Ă  la bĂȘtise intĂ©ressĂ©e. Les intĂ©rĂȘts matĂ©riels dĂ©terminent, mĂȘme si c’est par une mĂ©diation trĂšs Ă©tirĂ©e (jusqu’à en ĂȘtre mĂ©connaissable), des intĂ©rĂȘts de pensĂ©e, ou disons des inclinations Ă  penser comme ceci et Ă  interdire de penser comme cela. C’est ici mĂȘme que la tĂȘte pourrie du poisson articule ses deux sens : la violence du front bourgeois (c’était la mĂ©taphore) dĂ©chaĂźnĂ©e dans l’imposition de ses formes de pensĂ©e (c’était la mĂ©tonymie).

    [
] les bourgeoisies occidentales sont viscĂ©ralement du cĂŽtĂ© d’IsraĂ«l. Les bourgeoisies occidentales considĂšrent que la situation d’IsraĂ«l est intimement liĂ©e Ă  la leur, liaison imaginaire, Ă  demi-consciente qui, bien plus qu’à de simples affinitĂ©s sociologiques (entre start-up nations par exemple), doit souterrainement Ă  un principe de double sympathie, lui parfaitement inavouable : sympathie pour la domination, sympathie pour le racisme — qui est peut-ĂȘtre la forme la plus pure de la domination, donc la plus excitante pour les dominants. Deux sympathies qui se trouvent exaspĂ©rĂ©es quand la domination entre en crise : crise organique dans les capitalismes, crise coloniale en Palestine, c’est-Ă -dire quand les dominĂ©s se soulĂšvent de n’en plus pouvoir, et que les dominants sont prĂȘts Ă  l’écrasement pour rĂ©affirmer.

    Cependant, il y a plus encore, bien plus profond et plus fascinant pour les bourgeoisies occidentales – je dois cette idĂ©e Ă  Sandra Lucbert, qui a vu ce point prĂ©cis en Ă©laborant le mot que je crois dĂ©cisif : innocence. Le point de fascination de la bourgeoisie occidentale, c’est l’image d’IsraĂ«l comme figure de la domination dans l’innocence, c’est-Ă -dire comme « point fantasmatique rĂ©alisĂ© » (1). Dominer sans porter la souillure du Mal est le fantasme absolu du dominant. Car « dominer en Ă©tant innocent est normalement un impossible. Or IsraĂ«l rĂ©alise cet impossible ; et en offre le modĂšle aux bourgeoisies occidentales » (2).

    • L’effort pour ne pas voir

      Les humains ont plusieurs moyens pour ne pas regarder en face leur propre violence et pouvoir s’établir dans l’innocence quoiqu’en se livrant Ă  toutes leurs autres passions, notamment Ă  leurs passions violentes, Ă  leurs passions de domination. Le premier consiste Ă  dĂ©grader les autres humains sur qui ces passions s’exercent : ils ne sont pas vĂ©ritablement des humains. Par consĂ©quent le mal qu’on leur fait est, sinon un moindre mal, un mal moindre. En tout cas il n’est certainement pas le Mal, et l’innocence n’est pas entamĂ©e.

      Le deuxiĂšme moyen, sans doute le plus puissant et le plus communĂ©ment applicable, est le dĂ©ni. C’est Ă  cela par exemple que ne cesse de servir la catĂ©gorie de « terrorisme ». Elle est une catĂ©gorie faite pour empĂȘcher de penser, pour Ă©carter la pensĂ©e, et notamment la pensĂ©e que ex nihilo nihil : que rien ne sort de rien. Que les Ă©vĂ©nements ne tombent pas du ciel. Qu’il y a une Ă©conomie gĂ©nĂ©rale de la violence, qu’elle fonctionne Ă  la rĂ©ciprocitĂ© nĂ©gative, c’est-Ă -dire la rĂ©ciprocitĂ© pour le pire, et qu’on pourrait en paraphraser le principe selon Lavoisier : rien ne se perd, rien ne se crĂ©e, tout revient. Les innombrables, les ahurissantes violences infligĂ©es au peuple palestinien depuis presque quatre-vingts ans Ă©taient vouĂ©es Ă  revenir. Seuls ceux qui, pour toute opĂ©ration intellectuelle, ne possĂšdent que la condamnation Ă©taient assurĂ©s de ne rien voir venir avant ni de ne rien comprendre aprĂšs. Or il est des cas oĂč ne pas comprendre n’est pas une faiblesse de l’intellect mais un tour de la psychĂ© : son impĂ©ratif catĂ©gorique. Il faut ne pas comprendre pour pouvoir ne pas voir : ne pas voir qu’on a part Ă  la causalitĂ© – par consĂ©quent qu’on n’est pas si innocent.

      Avoir voulu faire commencer au 7 octobre la sĂ©quence d’aprĂšs le 7 octobre est la malversation intellectuelle la plus vicieuse et la plus caractĂ©ristique de ce type gĂ©nĂ©ral de situation, malversation Ă  laquelle ne pouvaient adhĂ©rer que des innocents ontologiques, et tous ceux qui, les enviant, adorent croire avec eux aux effets sans cause. Il ne faut mĂȘme pas s’étonner que ceux-lĂ , aprĂšs ça, continuent d’utiliser sans ciller le mot terrorisme pour parler d’écoterroristes ou de terrorisme intellectuel, quand ils devraient se cacher sous terre, Ă©crasĂ©s par une honte sacrilĂšge. Ils ne respectent mĂȘme pas les morts dont ils affectent d’honorer la mĂ©moire et de soutenir la cause. Mais c’est que « terrorisme » est le bouclier de l’innocence bourgeoise et de l’innocence occidentale.

      La situation du mot antisĂ©mitisme s’analyse dans des coordonnĂ©es trĂšs similaires. Dans ses usages, il faudrait plutĂŽt dire dans ses dĂ©voiement prĂ©sents — qui Ă©videmment n’en Ă©puisent pas tous les cas, puisque de l’antisĂ©mitisme, il y en a ! —, dans ces dĂ©voiements prĂ©sents, donc, l’accusation est faite pour ĂȘtre tournĂ©e contre tous ceux qui auraient le projet offensant de rĂ©tablir les causalitĂ©s — et voudraient donc mettre en cause l’innocence.

      Abaissements

      En tout cas, la pourriture par la tĂȘte c’est d’abord ça : la corruption intĂ©ressĂ©e des catĂ©gories et des opĂ©rations de pensĂ©e — parce que ce qu’il y a Ă  protĂ©ger est trop prĂ©cieux. C’est la corruption des catĂ©gories, et c’est par consĂ©quent l’abaissement — en de nombreuses instances on pourrait mĂȘme dire l’avilissement — du dĂ©bat public. Ça n’est pas un hasard que le poisson pourri ait parlĂ© par la bouche d’Attal puisque cet avilissement est l’un des produits les plus typiques du processus de fascisation dans lequel le macronisme, soutenu par la bourgeoisie radicalisĂ©e, a engagĂ© le pays. Un processus qu’on reconnaĂźt Ă  l’empire croissant du mensonge, de la dĂ©formation systĂ©matique des propos, de la dĂ©sinformation ouverte, voire de la fabrication pure et simple. Avec, comme il se doit, la collaboration, au moins au dĂ©but, de tous les mĂ©dias bourgeois. Un processus qu’on reconnaĂźt donc aussi Ă  sa maniĂšre d’arraisonner le dĂ©bat public en lui imposant ses passages obligĂ©s et ses sens interdits.

      Tous les dĂ©nis et toutes les compromissions symboliques du monde cependant, toutes les intimidations et toutes les censures, ne pourront rien contre l’énorme surgissement de rĂ©el qui vient de Gaza. De quoi le camp du soutien inconditionnel se rend-il solidaire, et Ă  quel prix, c’est ce que lui-mĂȘme, obnubilĂ© par ses points de rĂ©affirmation, n’est Ă  l’évidence plus capable de voir. Pour tous les autres qui n’ont pas complĂštement perdu la raison et l’observent, effarĂ©s, la perdition idĂ©ologique oĂč sombre le gouvernement israĂ©lien est sans fond, entre racialisme biologique et eschatologie messianique. Ce que nous savions avant le 7 octobre, et en toute gĂ©nĂ©ralitĂ©, c’est que les projets politiques eschatologiques sont nĂ©cessairement des projets massacreurs. Dont acte.

      Comme l’a montrĂ© Illan PapĂ©, le propre d’une colonisation quand elle est de peuplement, c’est qu’elle enveloppe l’élimination de toute prĂ©sence du peuple occupĂ© — dans le cas du peuple palestinien soit par l’expulsion-dĂ©portation, soit, nous le savons maintenant, par le gĂ©nocide. Ici comme en d’autres occasions pourtant dĂ»ment archivĂ©es par l’Histoire, la dĂ©shumanisation aura de nouveau Ă©tĂ© par excellence le trope justificateur et permissif de la grande Ă©limination — et nous en avons dĂ©sormais d’innombrables attestations, aussi bien dans les bouches officielles israĂ©liennes que dans le flot boueux des tĂ©moignages de rĂ©seaux sociaux, sidĂ©rants de monstruositĂ© heureuse et d’exultation sadique. VoilĂ  ce qui surgit quand le voile de l’innocence est levĂ©, et comme toujours, ça n’est pas beau Ă  voir.

      Un point, dans ce paysage d’annihilation, retient l’attention, c’est la destruction des cimetiĂšres. C’est peut-ĂȘtre Ă  cela qu’on reconnait le mieux les projets d’éradication totale : Ă  leur jouissance portĂ©e jusqu’à l’annihilation symbolique qui, si c’est un paradoxe, n’est pas sans faire penser aux termes du herem de Spinoza (4) : « Que son nom soit effacĂ© dans ce monde et Ă  tout jamais ». En l’occurrence, ça n’a pas Ă©tĂ© une rĂ©ussite. Ça ne le sera pas davantage ici.

      Bascule

      De tous ces Ă©lĂ©ments on peut d’ores et dĂ©jĂ  faire la rĂ©capitulation en faisant voir le tableau qui en Ă©merge. C’est le tableau d’un suicide moral. Jamais sans doute on n’aura vu dilapidation aussi fulgurante d’un capital symbolique qu’on croyait inattaquable, celui qui s’était constituĂ© autour du signifiant Juif aprĂšs la Shoah.

      Mais, solidaritĂ© pour le pire oblige, l’heure des comptes symboliques s’apprĂȘte Ă  sonner pour tout le monde, notamment pour cette entitĂ© qui se fait appeler l’Occident en revendiquant le monopole de la civilisation, et qui aura surtout rĂ©pandu la violence et la prĂ©dation enrobĂ©es dans ses principes avantageux. SupposĂ© qu’il ait jamais flottĂ©, son crĂ©dit moral est dĂ©sormais envoyĂ© par le fond lui aussi. Il faut l’arrogance des dominants bientĂŽt dĂ©chus mais qui ne le savent pas encore pour croire pouvoir soutenir sans dommage ce qu’ils soutiennent actuellement. Des gens qui demeurent ainsi passifs, souvent complices, parfois mĂȘme nĂ©gateurs d’un crime aussi Ă©norme, en train de se commettre sous leurs yeux et sous les yeux de tous, des gens de cette espĂšce ne peuvent plus prĂ©tendre Ă  rien. Le monde entier regarde Gaza mourir, et le monde entier regarde l’Occident regardant Gaza. Et rien ne lui Ă©chappe.

      On a immanquablement Ă  ce moment une pensĂ©e pour l’Allemagne, oĂč le soutien inconditionnel atteint un degrĂ© de dĂ©lire tout Ă  fait stupĂ©fiant, jusqu’au point d’ĂȘtre fait « raison d’État », et dont un internaute Ă  l’humour noir a pu dire : « DĂ©cidĂ©ment, en matiĂšre de gĂ©nocide, ils sont toujours du mauvais cĂŽtĂ© de l’Histoire ». Il n’est pas certain que « nous » — la France — valions beaucoup mieux, mais il est certain que l’Histoire attend tout le monde au tournant. L’Histoire, en effet : voilĂ  avec quoi l’Occident a rendez-vous Ă  Gaza. Si, comme il n’est pas interdit de le penser, c’est le rendez-vous de sa dĂ©chĂ©ance et de sa destitution, alors viendra bientĂŽt un temps oĂč nous pourrons nous dire que le monde a basculĂ© Ă  Gaza.

  • IsraĂ«l – Iran : “agression” ou “riposte” ?
    ▻https://www.frustrationmagazine.fr/iran-israel

    Le 1er avril 2024, IsraĂ«l, cherchant une stratĂ©gie pour ressouder le soutien occidental Ă  son massacre Ă  Gaza, a attaquĂ© frontalement l’Iran en dĂ©truisant son consulat Ă  Damas, tuant seize personnes. Le 13 avril 2024, l’Iran a lancĂ© en riposte une attaque de drones contre IsraĂ«l qui a fait un blessĂ©. Depuis, une large partie [
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